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« leurs dons seront reçus par nous avec beaucoup « de plaisir et de reconnaissance.

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« C'est ainsi que fut autrefois formé un comité « grec, et, à ce propos, j'exprimerai le vœu que le "gouvernement s'occupe de fixer enfin des limites larges et convenables à ce pays, en y comprenant « l'île de Candie, d'autant plus intéressante, qu'au « moment où les Candiotes étaient armés pour ache<< ver l'expulsion des Turcs, ils ont été arrêtés par << l'intervention des puissances maritimes.

« On vous a parlé hier du Portugal, messieurs; « j'aime à penser que le gouvernement du roi s'oc«< cupe partout à faire respecter le nom et les cou<< leurs de la France. On m'a parlé d'insultes contre « notre pavillon à Sétuval, d'un Français pro"mené et battu dans les rues d'une autre ville. « Nous avons été traités de scélérats dans un jour«<nal officiel, écrit sous les auspices de l'assassin << du marquis de Loulé, le meilleur ami du roi son père.

« A ce mot de Portugal, je m'indigne qu'on ait « osé mêler le nom de souveraineté du peuple au « nom de ce lâche et cruel tyran, comme disait si « bien son protecteur, lord Aberdeen ! C'est comme << si l'on appelait république le régime de 93, et religion la Saint-Barthélemy! Qu'on ne traite donc « pas avec don Miguel, mais qu'il soit puni; il « mérite d'être chassé ; il le sera...

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« Messieurs, je vous ai soumis quelques principes que je crois vrais, qu'il importe à notre existence

« de soutenir, et dont nous devons admettre toutes « les conséquences. »

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Un mois après il disait : «Ma diplomatie belge a toujours été fort simple. Se hâter de reconnaître l'indépendance de la Belgique, interdire aux puis"sances voisines l'entrée de leurs troupes sur ce « territoire : c'est ce qu'on a fait et bien fait. Ne « s'immiscer ni dans leurs institutions, ni dans «<leurs choix : c'est ce qu'on aurait dû faire. Aujour<«<d'hui que nous sommes entrés dans la carrière « des protocoles, il reste au gouvernement français « à défendre l'intégrité du territoire des Belges, si « évidemment tracée par leur représentation aux « états-généraux et la déclaration d'indépendance << de leurs provinces.

«Ne serait-il pas bien inconséquent, messieurs, <«< que les puissances qui, avec raison, ont reconnu la séparation de la Belgique d'avec la Hollande, << voulussent regarder comme un mème empire la « Russie et la Pologne, si distinctes sous tous les << rapports, et déclarées telles même par le congrès << de Vienne, et ne pas trouver une violation «<manifeste du principe de non-intervention dans <«<l'entrée des Russes sur le territoire polonais, quoi qu'en aient dit, non-seulement les amis de la << liberté et de la raison, mais, ce qui est bien autre chose, les actes mêmes de ce congrès ?

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Quant à l'Italie, de même que j'ai rendu justice

à la déclaration forte et explicite que le dernier "ministère fit aux puissances voisines de la Belgi

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que, j'aime à penser que pareille déclaration, << sans faiblesse ni exception, a été faite aux puis«sances voisines des nouveaux états italiens, et j'ai « lieu de croire que M. le ministre des affaires étran «gères ne répudiera ni cette assertion, ni l'éloge « dont elle est l'objet.

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« J'observerai seulement qu'il est étrange que le « duc de Modène, que nous avons connu mauvais correspondant, et que son pays n'a pas trouvé « bon prince, ayant emmené un prisonnier à Mantoue, ce prisonnier, M. Menotti, soit détenu « dans les prisons d'un pays étranger, comme étant « le seul sujet qui lui reste : et si l'on ne connaissait «< ce que sont les prisons autrichiennes, on pourrait en juger par certains détails qu'on nous annonce « sur l'état actuel des prisonniers de Spiegelberg.

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« Mais ce qu'on ne peut pas comprendre, mes«sieurs, dans l'Europe civilisée, c'est la manière << dont les voisins de la Pologne se conduisent en« vers elle. La Prusse, par exemple, a saisi à la banque de Berlin tous les fonds de la banque de « Varsovie qui y étaient déposés, et qui apparte« naient, non pas à la couronne, mais à l'État et à << des particuliers ; elle arrête les voyageurs, s'em« pare de leur argent, les emprisonne ; et tous ces excès, qui rappellent certaines forêts autrefois << fameuses, se commettent sous l'influence de l'am«bassadeur russe qui règne à Berlin. Il me semble « que ce genre d'intervention doit être l'objet dø "représentations diplomatiques. »

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374 LAFAYETTE PENDANT LA RÉVOLUTION DE 1830.

Dans tous ses entretiens avec Louis-Philippe, dans toutes ses discussions avec les divers membres du cabinet, Lafayette professa hautement et constamment les mêmes principes. De là, ce débordement de haines et d'invectives dont le poursuivirent toutes les aristocraties de l'Europe (1), de là, aussi, les efforts de la diplomatie étrangère, dont l'influence fut décisive sur la conduite que le cabinet du Palais-Royal tint à son égard, aussitôt que ce cabinet eut résolu de se réconcilier avec la sainte-alliance, en neutralisant l'élan patriotique de la France, et en laissant le champ libre à la politique des cabinets despotiques, contre les peuples qui voulaient se régénérer à notre exemple. La présence de Lafayette dans les conseils de la nouvelle royauté, son influence sur la direction des affaires, sa puissance à la tête de la nation armée, en faisaient un épouvantail pour les absolutistes du dehors autant que pour ceux du dedans, et j'ai la preuve matérielle que la diplomatie fit de son éloignement la condition nécessaire de toute transaction ultérieure avec le cabinet du Palais-Royal.

(1) A propos de la haine dont les aristocraties européennes honorent Lafayette, Napoléon lui dit un jour : << Tous << ces gens-là me détestent bien moi, ils nous détestent <«< tous; mais bah! cela n'est rien auprès de la haine qu'ils « vous portent; je n'aurais jamais cru que haine humaine pût aller si loin. » Et Napoléon était bien à portée de savoir à quoi s'en tenir à cet égard.

FIN DU PREMIER VOLUME.

DU PREMIER VOLUME.

PREMIÈRE PARTIE.

AVANT.

CHAPITRE UNIQUE.

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Premières années de Lafayette. Il refuse d'entrer
à la cour de Louis XVI. - L'insurrection américaine
marque sa vocation. - Il arrive à Charleston en 1777.
Ses premières campagnes en Amérique.
retour en France. La nation l'accueille avec en-
thousiasme.
pagne de 1780.

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veau voyage en Amérique.
et visite les cours de l'Europe.
l'Assemblée des notables, et demande seul la con-
vocation d'une Assemblée nationale. Lafayette
aux États-Généraux. — S1 déclaration des droits.
Il est nommé commandant-général de la garde na-
tionale. - Versailles, et journées des 5 et 6 oc-
Lafayette assure pendant deux ans la tran-
quillité de Paris. Sa conduite dans l'Assemblée
nationale. Il refuse le bâton de maréchal et l'é-
pée de connétable. — Le 14 juillet 1790.- Évasion

tobre.

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TOME I.

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