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Baudeloque (voyez page 340). Et pourquoi ces femmes ne seraient-elles pas vierges, en ce sens que le caractère de la virginité n'a pas été détruit et que l'introduction du membre viril n'a pas eu lieu dans leur vagin? et aussi ceux rapportés par Mauriceau Mukes, Walter, Capuron et autres. — Telles sont, suivant nous, les règles qui doivent guider le médecin légiste. Il ne faut pas voir, en médecine légale, la virginité morale, mais bien la virginité matérielle. Laissons aux magistrats et aux jurés le soin de constater l'atteinte morale à la pudeur, et contentons-nous de les éclairer sur les désordres matériels qui peuvent avoir été l'effet des tentatives commises. En résumé tout ce qui se rattache à la défloration peut se réduire à ceci : 1° si la membrane hymen existe, la défloration n'a pas eu lieu; 2o si elle n'existe pas, la défloration a, dans les neuf cent quatre-vingt-dix-neuf centièmes des cas," été opérée; 3o l'existence de la membrane hymen ne prouve pas d'une manière absolue que des tentatives de viol n'aient pas été exercées.

2o Quelles sont les causes qui peuvent opérer la défloration? Ces canses sont de deux ordres. A, les agens mécaniques; B, les maladies.

Tout corps étranger introduit dans le vagin, et dont le volume excède assez notablement le diamètre possible de l'ouverture de ce canal, pourra opérer la rupture de la membrane hymen, et sa transformation én caroncules myrtiformes, si ce corps est introduit brusquement et avec force, Tout corps étranger, fût-il d'un diamètre en rapport avec celui du vagin, pourra, s'il n'est pas introduit peu à peu, distendre la membrane hymen, l'alonger, diminuer sa hauteur, augmenter son étendue et tendre à la faire disparaître, de manière à ce qu'elle ne consiste plus qu'en une sorte de ruban placé à l'entrée du vagin; et alors les caroncules myrtiformes n'existeront pas, ou seront très peu prononcées. C'est là le résultat ordinaire de la masturbation, de l'introduction graduée et répétée dans le vagin, d'étuis ou de cylindres, de plus en plus gros, dans le but de se procurer, de cette manière, des jouissances que les mœurs réprouvent; l'onanisme en offre

tous les jours des exemples. Un saut, l'élargissement subit des cuisses, l'introduction d'un pessaire ou d'un moyen ex plorateur, comme un speculum uteri, des verres, des pots de pommade, des étuis, des courses à cheval, alors qu'on monte en cavalier, sont autant de causes physiques qui peuvent détruire la marque la plus certaine de la virginité.

Plusieurs affections morbides peuvent opérer le même résultat, alors qu'elles entraînent à leur suite des ulcérations : telles sont une affection vénérienne, une maladie scrofuleuse, une sécrétion d'humeur âcre qui irrite les parties génitales, les enflamme et les ulcère.

Enfin, quelques auteurs admettent, MM. Fodéré et Belloc, par exemple, que les efforts de la menstruation peuvent opérer la rupture de la membrane hymen; que cette membrane peut même être déchirée par un caillot de sang plus gros que l'ouverture qu'elle présente. Nous concevons difficilement la possibilité de pareils résultats.

La conséquence des faits énoncés dans ce paragraphe est que si la membrane hymen est détruite, il faut rechercher à quelle cause elle doit d'avoir disparu, et qu'il ne faut pas conclure au viol par le fait seul de sa disparition.

Moyens de distinguer si la défloration est récente ou ancienne.

Quand la défloration est récente et qu'elle dépend d'une cause physique, elle offre tous les caractères d'une solution de continuité des parties molles (plaie). Elle est déchirée en plusieurs lambeaux; les bords de la déchirure sont inégaux, saignans, frangés, plus rouges que le reste de la membrane; ils peuvent fournir une légère suppuration, mais le plus souvent ils n'en donnent pas; ils sont douloureux au toucher; en un mot, c'est l'aspect d'une plaie récente sur une membrane de peu d'étendue, plaie qui intéresse toute l'épaisseur de cette membrane ou seulement une partie: aussi y a-t-il effusion de sang, et cette effusion de sang a-t-elle toujours été regardée comme un caractère assez probant, surtout lorsqu'il donne lien aux deux genres de taches que nous dé crirons plus loin. Nul doute que cet écoulement de sang

doive se montrer dans la défloration d'une vierge, et par conséquent lorsque l'hymen est encore intact. Mais il peut aussi avoir lieu lorsqu'une femme a été déflorée. C'est le cas où les parties génitales très étroites reçoivent un membre viril très fort; néanmoins cette circonstance est fort rare. Mais ces phénomènes persistent pendant un laps de temps fort court, et déjà après trois ou quatre jours, ils ont en grande partie disparu. Les lèvres de la plaie se sont cicatrisées plus ou moins parfaitement, et l'on ne trouve que les débris de la membrane hymen ; alors il n'est plus possible de dire si la défloration a été récente ou ancienne.

Nous n'attacherons aucune valeur au changement qui survient, dit-on, dans la voix dans les premières vingt-quatre heures de la défloration'; c'est un des phénomènes de la puberté, phénomène qui ne peut pas se montrer du jour au lendemain ; il en est de même de l'augmentation du volume du cou, auquel les matrones romaines accordaient tant de confiance chez les jeunes mariées.

Enfin, quelques auteurs ont prétendu qu'il existait des hommes dont l'odorat était tellement fin, qu'ils savaient distinguer l'approche d'une fille vierge d'avec celle d'une fille déflorée. Démocrite était, dit-on, un de ces hommes qui, d'après l'apparence extérieure, portaient un jugement certain sur ce fait. Le cas de cet aveugle qui s'aperçut que sa fille venait de céder à son amant est très facile à concevoir, à cause de l'odeur spermatique qu'elle répandait probablement. Quant à ce moine de Prague dont l'odorat était encore plus fin que celui de l'aveugle, puisqu'il reconnaissait le même fait ancien, aussi bien que récent, nous le regardons comme tout-à-fait apocryphe.

Lorsque la défloration est ancienne, on ne peut pas lui assigner une époque, et, en matière de viol, une défloration est déjà ancienne au bout de huit à dix jours.

La défloration qui dépend d'une affection morbide ne peut être bien constatée qu'alors que l'affection qui amène les ulcérations existe encore; et c'est en constatant les caractères de ces ulcérations placées sur la membrane elle-même,

que

l'on peut arriver à assigner la source de sa destruction. Une fois les ulcérations guéries, il ne reste plus que des cicatrices qui ne peuvent pas établir la conviction de l'expert, tout en laissant des traces de leur existence.

Nous ne poserons pas, à l'instar de M. Orfila et de plusieurs autres auteurs, la question de savoir s'il y a des moyens de distinguer si la défloration dépend de l'introduction du membre viril, ou d'un corps étranger d'une autre nature! non' plus que cette autre question : la défloration a-t-elle été consentie ou forcée? Les détails dans lesquels nous venons d'entrer feront assez sentir qu'il est impossible de résoudre la première question; et, quant à la seconde, elle est du ressort des magistrats et non du médecin. Un seul fait médical peut l'éclairer ce sont les traces de violences que nous allons décrire; mais ces violences pourront avoir été commises dans des buts bien différens; il appartient seulement au magistrat d'apprécier les intentions de leur

auteur.

Quelles sont les traces de violence que l'on peut trouver sur les parties génitales, sur les diverses parties du corps, ou sur les vêtemens, dans le cas de viol ou de tentative de viol?

1° Aux parties génitales, lorsque des tentatives de viol ont été faites sur une femme qui a déjà eu des enfans ou qui a eu des rapports avec des hommes, on ne constate presque jamais de traces de violence, parce que, comme les parties génitales sont naturellement assez élargies pour permettre l'introduction du membre viril, de deux choses l'une: ou la femme a conservé toute sa connaissance, et alors elle s'oppose à l'accomplissement de l'acte vénérien et ne peut pas être violée; ou au contraire elle est, par des circonstances diverses, dans l'impossibilité d'opposer de là résistance, et alors l'acte vénérien s'exécute sans violence. Toutefois je ne présenterai pas ces données d'une manière tout-à-fait absolue, mais comme l'expression des cas les plus généraux.

Il n'en est pas de même chez une vierge ou chez un enfant : chez une vierge, parce que les parties génitales sont naturellement et ordinairement étroites, que la membrane hy

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men existe, et que le coupable ne peut saisir qu'un moment dont il profite pour satisfaire sa brutalité. Chez un enfant, parce qu'alors la disproportion est tellement grande, qu'il est impossible que l'introduction du membre viril n'amène pas des désordres plus ou moins notables.

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Ces désordres consistent dans des contusions; froissement du pénil et des grandes lèvres; excoriations; déchirures de la membrane muqueuse des parties génitales externes avec ecchymoses sous-muqueuses; injections vasculaires dans fe voisinage de ces excoriations; déchirure de la membrane hymen; quelquefois déchirure de la fourchette, et enfin excoriations de la membrane muqueuse qui tapisse le vagin.

Mais, dira-t-on, tous ces désordres ne pourraient-ils pas être aussi bien produits par un corps étranger que par le membre viril? Nul doute à cet égard; et il y a plus, un corps étranger plus dur produirait tous ces effets avec beaucoup plus de facilité; nous tirerons plus tard des conséquences de ces faits. On sait que plus d'une fille a été obligée d'appefer un chirurgien à son secours pour extraire des corps étrangers qu'elle s'était introduits dans le vagin.

Sur les diverses parties du corps, et principalement aux aines, aux cuisses, aux poignets, aux seins, on peut trouver des traces de pressions brusques et fortes, se dessinant par des taches noires évidemment dues à la peau ecchymosée.

Enfin, les linges, et principalement la chemise, peuventprésenter deux ordres de taches sur lesquelles nous allons appeler l'attention, parce qu'elles établissent quelquefois les preuves les plus fortes du viol. Ces taches sont de deux espèces, et occupent sur la chemise deux positions différentes: les unes sont situées sur le devant de la chemise; les autres, sur le derrière; au moins c'est la disposition la plus commune. Les taches placées sur le devant de la chemise offrent tous les caractères du sperme ; elles sont d'un blanc grișâtre, circonscrites, arrondies, et terminées à leur circonférence par une ligne grişâtre d'une coloration plus foncée. Le tissu est empesé; si la tentative de viol est récente, ces taches peuvent, alors même qu'elles sont sèches, répandre

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