Page images
PDF
EPUB
[merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small]

LOUIS-PHILIPPE-JOSEPH D'ORLÉANS,

SUR NOMMÉ ÉGALITÉ.

LIVRE TREIZIE ME.

LE Club Breton s'établit place des Victoires; il engendre le Club des Jacobins. Menées qui se font dans ce club pour faire insurger tous les régimens en faveur de d'Orléans. La conspiration de ce prince s'étend dans les pays étrangers. Les conjurés le déterminent à revenir en France.

IL n'y eut jamais une institution humaine
plus extraordinaire et plus affligeante que
celle qui a été connue parmi nous sous le
nom de Société des Jacobins. Une aggré-
gation de vauriens, de bandits, de scélé-
rats ne connoissant dautre Dieu que Vol-
Tome III.
A

[ocr errors]

taire, d'autre évangile que le contrat-social du misantrope Rousseau, d'autre morale que celle de l'apostat Raynal, d'autre politique que celle de Cartouche, conspirant au grand jour contre toute religion, toute police, contre tous les trônes, tous les gouvernemens, proscrivant avec la plus solemnelle publicité tous les propriétaires, tous ceux qui par une haute naissance ou des talens rares, ou une probité incorruptible jettoient quelque éclat, voilà un de ces phénomènes que nous regarderions comme une chimère si on nous disoit qu'il a été vu chez une nation de l'antiquité, ou chez un peuple lointain. Qu'un tel ramas se soit constitué sans contradiction en sénat suprême au sein de la capitale d'un grand empire; qu'il ait fondé dans presque toutes les villes considé -rables de l'Europe, un semblable sénat, sans que l'Europe entière en ait pris du souci; qu'il ait organisé sous les yeux de tous les souverains, des compagnies de larrons, d'assassins, d'empoisonneurs, sans que les souverains se soient armés de la foudre pour abbattre ces nouveaux Titans; qu'il ait ébranlé tous les trônes, sans que les rois se soient allarmés; qu'il ait fait égorger par les bour reaux, un roi, son épouse, sa sœur; qu'il ait fait périr dans les fers et de longues to:tures, l'héritier de soixante-six rois, sans que ces régicides lui aient coûté d'autre peine que de les vouloir; que ceux enfin qu'il pros crivoit, se soient laissés dépouiller, incarcérer, traîner à l'échafaud, sans opposer la lpus

[ocr errors]

légère résistance sans proférer un murmure, voilà un de ces mystères de résignation d'une part et d'audace de l'autre, qu'il faut bien croire,puisque nous l'avons vu. Il prouve que tout est possible et croyable dans ces bouleversemens qui amènent la chûte des empires. Quand un cadavre est prêt à tomber en putréfaction, des milliers d'animaux immondes accourent, s'en disputent, les lambeaux, ne laissent que les parties osseuses, et finissent par s'entre-dévorer. Cette image dégoûtante représente au naturel l'état de la France livrée aux jacobins ; ils ont tout dévoré; ils n'ont laissé que le sol.

On peut voir dans mon Histoire de la conjuration de Robespierre, le peu que j'ai dit de cette société. Tout ce qui la concerne, se trouvera développé avec une juste étendue dans un autre ouvrage considérable dont je n'ai pu encore donner au public, qu'une partie, et que je conduirai à sa fin, s'il plait au Ciel de me prolonger des jours qu'il me conserve si miraculeusement depuis 1789. Dans cette histoire de d'Orléans je ne parlerai des jacobins qu'autant qu'il sera nécessaire pour montrer que les travaux et les forfaits de leur société eurent pour principal but le succès de la conjuration de ce prince. Je raconterai ici de suite tous les faits qui appuient cette vérité.

L'assemblée nationale ayant en consé-, quence de la conspiration des 5 et 6 octobre, transporté le lieu de ses séances à PaA a

ris, le club Breton alla s'établir place des Victoires, No. 7, vis-à-vis l'hôtel de Massiac. Là il procéda avec moins de mystère; et bien loin de se rendre difficile sur le choix de nouveaux membres à admettre, il attira dans son sein un grand nombre de personues prises dans toutes les classes de la société. Bailly et la Fayette toujours inconsidérés toujours cherchant la popularité, se firent aggréger à ce club; ainsi sans le vouloir et sans s'en douter, ils entrèrent dans toutes les machinations qui poussoient au trône ce même d'Orléans qu'ils exécroient. Ce fut pour les attirer dans leur caverne, que les clubistes feignirent de les caresser, et obtinrent même de l'assemblée qu'elle leur vofât des remercimens. Ils se laissèrent prendre à cet appât.

Les clubistes en devenant plus nombreux, devinrent aussi plus audacieux, plus entreprenans, et acquirent un véritable despotisme sur la majorité des députés. Les candidats se présentant journellement en foule, le club conçut dès-lors l'idée de fonder une société immense qui étendroit ses branches et son influence sur tout l'empire et même sur toute l'Europe. Il loua à cet effet le couvent des religieux de la rue St.Honoré, qu'on appelloit Jacobins. Lorsqu'il fut maître de cet emplacement, il se réduisit à un petit nombre de membres, et envoya tous les autres au couvent des jacobins, où ils furent comme les fondateurs de

1

« PreviousContinue »