de désespoir et d'un sombre chagrin qui le minoit visiblement. Dans les premiers mouvemens de sa colère, il s'emporta contre le Châtelet. Je poursuivrai, s'écria -t-il un jour dans le sein de l'Assemblée nationale, je poursuivrai les juges de ce tribunal jusqu'au TOMBEAU. Et moi, lui cria un royaliste, je vous déclare en leur nom, qu'ils vous poursuivront jusqu'au TOMBEREAU. Ce mot fut un trait empoisonné qui perça son cœur, et y laissa le germe de la mort. Quelque circonspection que Mirabeau mît dans sa conduite, il fut aisé de s'appercevoir qu'il abandonnoit et les Jacobins et d'Orléans. Devenu suspect à la faction, il ne sut plus quelle marche tenir; après bien des vacillations, il se vendit sourdement au parti royaliste. Les ministres firent la sottise de l'acheter quand il n'avoit aucun service à leur rendre. Dépouillé en effet de la faveur populaire, il ne pouvoit plus leur nuire. C'étoit la vipère à qui on a arraché son dard. D'ailleurs Mirabeau comme tous ceux de son espèce, se vendoit, et ne se livroit pas. Enfin au bout de quelques mois, et après une maladie de trois ou quatre jours extraordinairement douloureuse, Mirabeau mourut non sans soupçon de poison. Le malheureux au reste périt comme il avoit vécu ; il périt blasphemant Dieu, et maudissant sa propre mère. Telle fut la fin de cet homme plus fameux que célèbre, plus original qu'éloquent inquiet, intrigant, agitateur, avide de renommée et d'argent, sans mœurs, sans aménité, d'un commerce peu sûr, d'un caractère audacieux, brutal et féroce. Les royalistes signèrent, et déposèrent en lieu sûr une protestation énergique contre l'absolution prononcée par l'Assemblée nationale en faveur de d'Orléans. La chaleur que les membres du côté ganche mirent à obtenir cette absolution, et la persécution qu'ils suscitèrent contre tous ceux qui la regardèrent comme une honte, prouvent qu'au moins à cette époque ils étoient orléanistes. Si comme ils l'ont prétendu depuis, d'Orléans n'eût été pour eux qu'un prince méprisable, qu'un homme couvert de crimes, il est évident bien loin de faire effort pour l'arracher à ses juges, ils eussent vu avec contentement la justice arrêter le cours de que ses attentats. Si personne ne goût a les diverses apologies du prince, il y eut peu de personnes en France et même dans la faction, qui ne lût avec avidité, et qui ne retînt par cœur les couplets suivans: Célébrons la grande innocence De ce grand prince de la France, Et nous fait dire en souriant: Ma foi, c'est un grand innocent! Falloit-il que la calomnie Si quelque méchant lui conteste On dit qu'il étoit à Versailles, Son ayeul avoit, je présume, Car c'est dans les traités secrets Graces donc à notre assemblée, Fin du Livre Quatorzième. GA Projet de d'Orléans pour donner le commandement de la garde nationale à Santerre. Affronts faits à la famille royale, Départ de Louis XVI pour Montmédi. Intrigues des orléanistes pour faire décréter la déchéance de Louis XVI, et élever d'Orléans sur le trône. Lettre de d'Orléans. Lettre de Syeyes. Diversion imprévue dans le parti de d'Orléans. Combat de la Fayette contre les orléanistes. Fin du règne de la première assemblée nationale. COUVER OUVERT du mépris de toutes les nations, en horreur à la saine partie de ses concitoyens, convaincu à la face de l'Eu |