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nous ont paru assez forts pour nous engager à introduire sous le nom consacré par les géographes arabes, une division que nous avions déjà proposée dans notre Atlas et qui, comme celle du Nil, est une des mieux tracée sur le globe par la main puissante de la nature.

On se tromperait beaucoup si, en voyant le grand nombre d'ouvrages sur cette région, on en croyait la géographie bien connue. Peu de contrées sur le globe offrent de plus grandes incertitudes et de plus grandes lacunes, malgré la multitude de notions publiées sur ses différentes parties. Parmi le grand nombre d'ouvrages que nous avons compulsés, nous nous bornerons à citer les suivans: outre les relations générales de Léon l'Africain, de Shaw, d'Ali-Bey (Badia), de Pananti, nous avons consulté, pour l'état de Tripoli, Hornemann, Lyon, Della-Pella, Pacho, Denham et une notice publiée, il y a quelques années, par M. Gråberg, ancien consul-général de Suède près de cette régence; pour l'état de Tunis, Blaquières, Maggil, etc.; pour l'état d'Alger, Laugier de Tassy, Shaler, Renaudot et le savant résumé de M. de la Renaudière; pour l'empire de Maroc, Pidou de St-Olon, Windus, Höst, Lemprière, Jackson, Caillié et Washington; pour le nouvel état de Sidy-Hescham, Follie, Saugnier, Robert Adams, Cochelet et Riley; pour le Ssahhrà, les cinq naufragés que nous venons de citer, et de plus, Léon l'Africain, Brisson, Hornemann, Robert Adams, Laing, Denham, Caillié et MM. Ritter, Walckenaer et Jomard. Mais nous avons surtout pris pour guide dans la description de cette région, notre ami M. d'Avezac dont les travaux sur l'AfriqueOccidentale offrent l'autorité la plus imposante. C'est à lui que nous devons spécialement d'ètre sorti du labyrinthe que présentait la classification des peuples et des tribus du Ssahhrâ. M. Reinaud, si souvent mentionné dans cet abrégé, nous a fourni des renseignemens précieux sur l'ancienne Carthage. Nous avons aussi profité des notes que M. Guillaume Barbie du Bocage, employé comme géographe au ministère des affaires étrangères, a tirées de son grand travail, historique, statistique et géographique sur les états barbaresques et particulièrement sur Alger

et Maroc.

Après l'indication de toutes ces sources, nous espérons que nos lecteurs n'attribueront pas à ignorance de notre part l'omission de la florissante ville de Tafilelt, dont l'existence est aujour d'hui révoquée en doute on ne blâmera pas non plus, nous l'espérons. l'importance que nous donnons à des contrées, à des villes et à des peuples que plusieurs géographes daignent à peine nommer, et la mention restreinte à laquelle nous nous bornons au contraire à l'égard de certains autres, auxquels les géographes, accordent de brillantes descriptions. Ainsi, nous n'avons pas mentionné, parmi les villes les plus remarquables de l'état de Maroc, la célèbre Sedjelmesse, parce que nous ne savons pas si son terrritoire, dont Ebn-al-Ouardi, Bakoui, Léon et Ben-Ayas ont tant célébré la fertilité et la richesse, appartient encore à cet empire. D'ailleurs

cette grande ville, qui s'élevait sur les bords du Ziz et qui a été le premier siège de la dynastie des Almoravides, n'existait déjà plus du temps de Léon; elle avait été abandonnée par ses habitans à la suite de nombreuses révolutions.

NIGRITIE OU RÉGION DES NEGRES. Un usage ba nal désigne depuis long-temps sous les noms de Soudan, de Sénégambie, de côtes de Guinée et de Congo, toutes ces vastes contrées que nous proposons d'appeler Nigritie, nom qui traduit fidèlement celui de Belad-al-Soudan, ou pays des négres que lui donnent les Arabes et les nègres musulmans eux-mêmes; il nous paraît préférable à des dénominations et à des divisions inexactes et inconnues aux indigènes. Ceux-ci n'ont guère, dans leurs langages propres, de noms généraux pour désigner les grandes divisions terrestres, parce qu'ils ont trop peu de rapport entre eux; mais les Maures, dont les caravanes parcourent en tous sens l'Afrique boréale. ont senti le besoin de dénominations générales pour indiquer ces grandes régions. Leur système géographique sur cette partie du monde a été exposé dans un mémoire bien connu de M. d'Avezac qui sert d'introduction à ses Considérations critiques sur la géographie de l'Afrique-Inté rieure-Occidentale.

Nous n'avons ni l'espace ni le temps nécessaires pour montrer l'inexactitude des dénomination adoptées dans toutes les géographies; nous fe rons seulement observer que la Sénégambie, d'a près cette dénomination, ne devrait comprendr que les pays arrosés par le Sénégal, la Gambie e leurs affluens, tandis qu'elle embrasse de vaste contrées traversées par d'autres fleuves; qu'il es absurde d'appeler côtes des pays qui s'étendent 3 ou 400 milles dans l'intérieur d'un continent; que la dénomination de Soudan convient en g néral, à tous les pays nègres, au lieu d'ètre ex clusivement applicable à ceux que les géograph comprennent sous ce nom. D'ailleurs la subdiv sion de la Guinée en différentes côtes n'est à pr prement parler en usage que chez les marins, q en outre different dans la détermination des lin tes qu'ils assignent à chacune d'elles. A tout ce il faut ajouter que l'état encore imparfait de géographie de l'Afrique ne permet pas de trac une ligne de démarcation entre le Soudan, qu'il est restreint par les Européens, et la Guin enfin, que toutes les lumières réunies jusqu présent sur le cours du Djioliba ou Kouarra, p les voyageurs les plus judicieux et surtout par frères Lander, tendent à porter le bassin de fleuve ou le Soudan-Occidental jusqu'aux côtes Benin et de Calabar, dont la plus grande par parait former le delta de ce grand fleuve. T ces motifs nous ont engagé à modifier les gran divisions de l'Afrique, de manière à ranger par ses subdivisions géographiques les divisions ba les, inexactes et inutiles adoptées par le comm des géographes et connues depuis long-ter sous les noms de Soudan, de Sénégambie, Guinée et de Congo.

Mais si nous avons été sobre d'innovations p ce qui regarde l'introduction de nouveaux n et de nouvelles divisions principales, nous ne

vons aucunement été pour ce qui concerne les subdivisions et le choix des états, sans aucun égard pour les indications ou descriptions de pays que nous trouvons dans les meilleurs traités de geographie, et à plus forte raison dans ce déluge d'abrégés, de manuels, de résumés et autres ou wages prétendus élémentaires; nous avons choisi parmi le millier d'états que renferme cette vaste région, ceux qui nous paraissaient mériter une description ou du moins une mention autant que le cadre de cet ouvrage nous le permettait. Nous n'avons pas craint de nous exposer à la critique, en traitant avec quelques détails les puissances prépondérantes de la Sénégambie, de la Guinée et du Soudan proprement dit, auxquelles les auteurs d'abrégés et de tableaux n'accordent que quelques lignes lorsqu'ils ne les passent pas entièrement sous silence. Nous n'avons pas craint non plus de nous mettre en opposition avec plusieurs geographes recommandables en donnant la description abrégée de certaines villes de ces vastes contrées pour lesquelles ils se bornent à une simple mention et dont quelquefois même on cher che en vain les noms dans leurs ouvrages. Nous laisserons ces géographes décrire encore minulieusement en 1827, 1828 et r829 les royaumes de Darfour, de Galam, d'Amanahea, de Commenda, etc., etc., et ne consacrer que quelques ligues à la description de l'empire des Fellatah, le plus puissant état de la Nigritie; décrire encore d'après les récits vagues des indigènes, l'empire de Boraou, que la mémorable exploration de Denham et Clapperton nous a fait connaître; se borner à la simple indication des contins du Fouta-Toro, qui est une des puissances prépondérantes de la Sénégambie, et accorder en même temps one mention pareille aux royaumes de Geduma et de Jafnou, depuis long-temps effacés du sol de cette région; omettre enfin tout-à-fait le royaume de Cap-Monte, qui est l'état principal de la Guinée-Occidentale. A l'égard de tous les autres états, nous avons eru qu'une simple nomenclature aurait été aussi complètement inutile que fatigante pour la classe de lecteurs auxquels ce livre est consacré. Les noms géographiques dans un ouvrage élémentaire n'offrent d'intérêt qu'autant qu'ils rappellent à notre esprit des pays importans, soit par leur étendue, leur population ou leurs souvenirs historiques, soit par leurs productions, l'industrie et le caractère de leurs habilans. Or, cette région présente des centaines f'etats qui sont encore à-peu-près nuls sous tous les rapports. Nous avons pensé que le meilleur parti à prendre était de négliger entièrement dans un traité, toutes ces dénominations barbares que néanmoins les géographes ne doivent point omettre sur leurs cartes, vu qu'ils peuvent servir de documens aux voyageurs à venir. D'ailleurs plusieurs de ces noms de pays, ainsi que la position qu'on leur assigne, sont dus aux rapports vagues d'indigenes peu instruits; ce sont des dénominations diverses d'une même contrée, que l'ignorance et l'inattention a eu le talent de transformer en trois ou quatre royaumes différens.

Voici les principaux auteurs que nous avons consultés pour décrire cette vaste partie de l'Afri

que. Pour la Nigritie-Centrale ou Soudan des géographes; Léon l'Africain, Windus, Browne, Hornemann, Lyon, Seetzen, Burckhardt, Mungo-Park, Bowdich, Denham et Clapperton, Caillie, les frères Lander, etc, etc.; pour la Nigritie-Occidentale ou Sénégambie, Labat, Adanson, Golberry, Durand, Winterbottom, Mungo-Park, Mollien, Beaufort, Roger, etc.; pour la Guinée, Barbot, Bosman, d'Elbée, Smith, Desmarchais, Robert Norris, Isert, Dalzel, La Barthe, Roemer, Meredith, Adams, Robertson, John M'Leod, Bowdich, Laing, Dupuis, Hutton, Clapperton, les frères Lander, etc., etc.; pour le Congo, Cavazzi, Zucchelli, Proyart, De Grand-Pré, Tucker, d'Etourville, Feo de-Torres, Bowdich, etc.

Le résumé que nous avons donné de la distribution ethnographique des états nègres de la Sénégambie, est emprunté aux savans travaux de M. d'Avezac.

RÉGION DE L'Afrique Australe. Nous avons cru pouvoir réunir sous cette dénomination générale les deux contrées connues depuis si long-temps sous le nom de Hottentotie et de Colonie du Cap-de-Bonne-Espérance, la lisière le long de la côte occidentale que les géographes modernes s'accordent à nommer Cimbebasie, et le vaste pays habité par des peuples que l'ethnographie regarde comme appartenant à une même souche, et dont nous avons formé la famille Cafre. Quoique cette division n'ait pas absolument toutes les conditions nécessaires pour être une région physique, elle offre cependant l'avantage d'être assez bien déterminée sous le rapport politique et ethnographique, malgré le petit territoire que les Portugais réclament le long du Mafumo, de l'Inhambane, du Sabia et du Sofala, malgré les incertitudes qui enveloppent encore l'extension de la souche Cafre du côté du nord, et malgré la partie, non explorée encore, qui s'étend au nordouest du territoire occupé par les Cafres Morolongs. Ces considérations nous ont engagé à en faire une des divisions principales de l'Afrique; et nous espérons que les géographes l'approuveront. Nous croyons inutile de justifier les dénominations que nous avons proposées de Cafrérie maritime, pour les pays occupés par les tribus cafres de la côte de Natal, et de Cafrérie intérieure, pour les pays où vivent les autres peuples appartenant à cette souche.

Pour décrire ces différens pays, nous avons consulté les ouvrages de Patterson, Le Vaillant, Barrow, Percival, Lichtenstein, Campbell, Latrobe, Burchell et Georges Thompson.

RÉGION DE L'AFRIQUE INTÉRIEURE ET DE LA CÔTE ORIENTALE. Quand on compare l'abondance des matériaux à la pénurie des résultats certains sur la géographie des pays compris dans cette division, on se sent presque découragé. Un géographe éclairé et consciencieux hésite presque à chaque pas dans ce labyrinthe de notions contradictoires. Peu de parties de la terre exigent d'aussi penibles recherches de la part du géographe et procurent au lecteur aussi peu de satisfaction. Rien n'est plus aisé que de dire beaucoup, et rien n'est si difficile que de dire vrai, Il nous sem

trois derniers dans les Annales des voyages. Nous avons examiné aussi plusieurs articles publiés récemment dans les journaux anglais, les docu mens rassemblés par Bowdich et publiés aprés sa mort, et les renseignemens que nous avons p bliés en 1822 dans les Variétés statistico-politiques de la monarchie Portugaise.

Nous regrettons que la relation de la reconnaissance faite par le capitaine Owen sur toute la côte orientale n'ait pas été publiée : elle encore nous aurait éclairci bien des doutes, et sauvé, peutêtre, de bien des erreurs.

L'ile de Madagascar si fameuse et si importante par son étendue, sa fertilité, sa population, et par les progrès que la civilisation y a faits de nos jours, avait été jusqu'à présent presque dédaignée par les écrivains. Elle a été, pour nous, l'objet d'investigations laborieuses, et nous avons tâché de réunir, avec la plus grande concision, tout ce que sa géographie politique offrait d'essentiel. Pour atteindre ce but, nous avons eu recours surtout à Flacourt, à Drury, à Le Gentil, aux mémoires de Fressange, du Maine, Chapellier, ainsi qu'à d'autres travaux publiés dans les Annales des voyages, ou à des documens plus récens insérés dans la Revue britannique. Notre savant collègue et ami, M. Thomas, qui a publié une excellente statistique de l'ile Bourbon. et qui a rassemblé beaucoup de renseignemens sur Madagascar, nous a puissamment aidé dans la description de cette grande fle.

ble que, dans l'état actuel de nos connaissances vit, Chapellier et Epidariste Colin; ces sur cette vaste partie de l'Afrique, le géographe qui sait le plus est, en quelque sorte, celui qui peut le moins apprendre aux personnes avides de savoir. On voudrait connaître des divisions naturelles, ou du moins des divisions politiques, avoir quelques notions certaines sur l'étendue, la population, l'état social des états de cette région; mais quand on veut être de bonne foi, il faut rejeter comme faux, ou du moins comme conjectural, tout ce que l'on trouve dans les meilleures géographies, quoiqu'elles abondent en détails présentés d'une manière positive, comme s'il était question de décrire un comté de l'Angleterre ou un département de la France. Guidé par ces considérations, nous n'offrons à nos lecteurs que le peu de faits qui nous paraissent avérés. Nous avons donc été très bref sur un sujet immense. Non-seulement l'intérieur est presque ignoré, mais même les côtes sont en partie mal connues. Quoi, pourra-t-on dire, la côte orientale n'est pas assez connue? Ouvrez les traités de la science, et vous y verrez même des détails. Nous nous bornerons à répondre que nous traitons de la géographie actuelle, et que, nous ne voulons pas donner comme telle, une géographie surannée, vieillie de deux ou trois siècles. Nous laissons aux compilateurs le plaisir d'offrir en 1830 et 1831, le tableau de la domination Portugaise sur la côte orientale, et les brillantes descriptions du royaume de Melinde, de la république de Brava, et d'autres états sur cette même côte, quoique les Portugais n'y exercent plus une domination générale depuis plus d'un siècle, et que l'état de ces pays ait changé, ou que l'on ignore leur situation actuelle. Nous ne suivrons pas non plus leur exemple relativement au royaume de Gingiro et autres états, dont ils parlent sans prévenir qu'on ne les connait que par certains rapports suspects faits par des indigènes et anciens déjà de plusieurs siècles. Il en est de même de l'empire du Monomotapa, qui, dissous définitivement en 1752, n'en figure pas moins dans presque toutes les géographies et sur des cartes très récentes, comme un des plus grands et des plus puissans états de l'Afrique.

Pour la description de la partie continentale de cette division de l'Afrique, nous avons consulté Barros, Dos Santos, Lobo, Hamilton, Thomann, Sall, Saulnier de Monde

POSSESSIONS DES PUISSANCES ÉTRANGÈRES EN AFRIQUE. Nous n'avons rien à dire sur cette partie de l'Afrique. Les pays qu'on y décrit, appartenant géographiquement aux cinq grandes régions dans lesquelles nous avons partagé cette partie du monde, le lecteur connait déjà tous les principaux ouvrages que nous avons dù consulter. Nous ajouterons cependant que nous avons tàché de présenter véritablement l'état actuel de ces possessions, tâche difficile dans laquelle nous avons été aidé par MM. Jomard, d'Avezac, Thomas, ainsi que par quelques-uns de nos collaborateurs dans l'Essai statistique sur le royaume de Portugal et d'Algarve, et entre autres par M. Pussich, gouverneur-général des iles du Cap-Vert, qui en 1821, nous a donné à Lisbonne une excellente statistique manuscrite de cet archipel.

AMÉRIQUE.

Ce vaste continent, auquel l'Europe doit en grande partie sa puissance et ses richesses, avait été aperçu, dès le 1x siècle, par les intrépides Scandinaves, et, vers la fin du xive, par les frères Zeni, navigateurs vénitiens; mais ces tentatives partielles et incomplètes étaient demeurées sans résultat pour l'Ancien-Monde, et ce ne fut qu'en 1492 que l'immortel Colomb, guidé par une hypothèse ingénieuse, fa

vorisé par un heureux hasard, et soutenu par une intrépidité héroïque, réalisa cette importante découverte.

Si la géographie de l'Amérique n'offre pas les ténèbres qui enveloppent encore une si grande partie de l'intérieur de l'Asie; si sa vaste surface ne présente pas les lacunes que nous avons trouvées dans les grandes terres de l'Océanie; si enfin le géographe ne rencontre pas, dans le

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Nouveau - Monde, les vides immenses qu'offre l'Afrique, il en est redevable à la rapide activité des premiers conquérans qui parcoururent, dans tous les sens, ce nouvel hémisphère pour y chercher des trésors, ainsi qu'à la pieuse sollicitude des missionnaires catholiques qui, conquérans d'un nouveau genre, firent marcher la propagation de l'évangile de pair avec les progrès de la civilisation et les découvertes géographiques. Plus tard, le plus célèbre des voyageurs modernes, le baron de Humboldt, eut le talent difficile d'embrasser toute la géographie du Nouveau-Monde dans la relation de son mémorable voyage. Sous sa plume habile, on vit naltre la géographie physique de cette contrée sur laquelle on n'avait encore que quelques faits isolés, mêlés à beaucoup d'erreurs; il discuta, avec un talent remarquable, tous les points encore douteux, et combla une foule de lacunes qu'offrait, avant lui, la description de l'Amérique. Son exemple ne fut pas perdu, et Fon vit naître les savantes explorations entreprises sous les auspices de l'emperear d'Autriche et du roi de Bavière, qui nous firent connaitre si bien une si vaste partie de l'Amérique-Méridionale; d'autres savans entreprirent la découverte des principales régions de l'Amérique-du-Nord, tandis que les grandes explorations, ordonnées par les présidens de l'Union, dans l'intérieur de l'Amérique-du-Nord, et les navigations non moins importantes faites par ordre du roi de France le long des côtes de l'Amérique-du-Sud, et par ordre du roi d'Angleterre dans les mers boréales et australes, apportèrent de nouvelles richesses au géographe et complétèrent les découvertes qui restaient à faire dans le Nouveau-Monde. La création de nouveaux états enrichit encore la géographie de la masse de documens publiés par lears gouvernemens respectifs, par les commissaires étrangers envoyés pour examiner leur situation, et par les nombreux voyageurs qui accoururent de toutes les parties de l'Europe pour visiter les magnifiques régions qui avaient été jusqu'alors fermées à la curiosité du savant, aux investigations du politique et aux spéculations du négociant.

Mais si la géographie proprement dite de l'Amérique n'offre presque plus de lacunes importantes à remplir, il n'en est pas de même de la topographie ni de la

statistique; et, si l'on veut être sincère, il faut convenir qu'à l'exception de la partie orientale du sol de l'Union, c'est-à-dire des vingt-quatre états, du district fédéral et des trois territoires organisés, tout le reste de cette puissante confédération, ainsi que du continent américain, est, à quelques exceptions près, resté en dehors du domaine de la statistique et même de la topographie. Les guerres intestines qui continuent à désoler les nouveaux états élevés sur les débris des colonies espagnoles et portugaises, n'ont pas encore laissé à leurs gouvernemens le loisir de rassembler des documens officiels. Tout ce que l'on possède jusqu'ici se réduit à des généralités pour chaque état, encore sont-elles bien loin d'être exactes et complètes. Si l'on veut éviter les erreurs et les méprises, il faut renoncer à reproduire les détails minutieux dans lesquels les géographes se complaisent ordinairement. Les longues et difficiles recherches auxquelles nous nous sommes livré pour la rédaction de la Balance politique du globe, jointes à nos relations personnelles avec quelques-uns des chefs des principales républiques, avec plusieurs diplomates distingués et avec quelques administrateurs habiles de ces nouveaux états, nous ont convaincu de cette vérité; tout cela même a contribué, comme nous l'avons déjà fait observer, à nous faire renoncer au plan d'après lequel nous nous étions proposé de décrire tous les états de cette partie du monde.

Les Etats-Unis sont la première puissance du Nouveau-Monde; leur marine marchande n'est inférieure qu'à celle de la monarchie Anglaise; leurs monumens, leurs canaux, leurs établissemens scientifiques et littéraires rivalisent avec les constructions et les établissemens correspondans de l'Europe; leur population, déjà considérable par elle-même, l'est encore plus lorsqu'on la compare avec celle des autres états de l'Amérique, sur lesquels elle influe doublement par sa masse et par l'entreprenante activité de son gouvernement; les Etats-Unis enfin sont à la tête de la civilisation qui marche rapidement d'un bout à l'autre de cette partie du monde. Tels sont les motifs qui nous ont engagé à traiter cette partie de l'Amérique d'après le plan adopté par nous dans la description des états de l'Europe et des grands empires de l'Asie. Nous

avons décrit tous les autres états d'après le plan suivi dans la description de l'Océanie et de l'Afrique, mais sur une échelle un peu plus large à l'égard de l'empire du Brésil et des principales républiques.

ETATS-UNIS. La confédération Anglo-Améri caine est sans contredit la partie de l'Amérique la mieux connue. Nous avons déjà dit qu'elle est aussi la seule comprise dans le domaine de la statistique; nous ajouterons que c'est la partie du Nouveau-Monde sur laquelle on a publié le plus grand nombre d'ouvrages. Au milieu de tant de richesses, il semble tout naturel de croire que sa description n'offre aucune difficulté au géographe. Mais ici un élément d'un genre nouveau vient rendre sa tâche plus laborieuse. Les progrès extraordinaires de la population, le développement prodigieux que présentent l'agriculture, les fabriques et le commerce, la fondation de nouvelles villes, l'ouverture de nouveaux canaux, la construction de nouvelles routes, et les nouvelles divisions du territoire rendues nécessaires par tant de progrès et par l'affluence de sa population dans des terrains encore vierges, sont autant de causes d'erreurs pour le géographe le plus consciencieux, surtout lorsque c'est en Europe qu'il rédige sa description; des villages et même de simples hameaux deviennent en quelques mois des villes importantes par la construction d'un chemin de fer, par l'ouverture d'un canal, ou par l'exploitation d'une mine nouvelle; tel état qui ne comportait que 30 à 40 comtés peut, dans le court espace de deux ou trois ans, en avoir un quart, un tiers et jusqu'à la moitié de plus. Nous engageons ceux de nos lecteurs à qui notre assertion pourrait paraitre exagérée, à comparer la description des différens états de l'Union, donnée par notre abrégé, avec la description correspondante offerte dans l'Atlas des deux Amériques, rédigé et publié en 1825, par M. Buchon, d'après les ouvrages nationaux les plus récens. Ils verront peutêtre avec surprise que, tandis que l'Atlas accorde seulement 18, 48, 67 et 59 comtés aux états du Mississipi, du Ténessée, du Kentucki, et de l'Ohio, nous avons porté le nombre respectif de leurs comtés à 26, 62, 83 et 73. L'atlas sous les yeux, ils y chercheront en vain la description particulière de chaque état, les grands canaux de la Pennsylvanie, de l'Ohio et d'autres contrées, que nous avons indiqués à l'article où nous avons tracé le cours de ces grands moyens de communication; il n'y trouveront pas non plus l'indication d'un seul des nombreux chemins de fer pratiqués sur plusieurs points de l'Union; ils n'y trouveront pas davantage les villes florissantes que nous avons décrites ou simplement indiquées dans le voisinage des riches mines de charbon exploitées dans la Pennsylvanie, ni les villes fondées récemment à l'embouchure des nouveaux canaux.

Nous avons fait tout ce qui dépendait de nous pour donner un calque fidèle du pays. L'espace nous manque pour indiquer toutes les précieuses

ressources dont nous nous sommes entouré pour écarter toute erreur. Nous nous bornerons à citer les auteurs auxquels nous avons fait le plus d'emprunts, et les savans estimables qui ont bien voulu nous aider. Nous nommerons parmi les premiers: Morse, Pitkin, Seybert, Lewis et Clark, Long et Keating, Sidon, Mellish, Tanner, Darby, le duc Bernard de SaxeWeimar, Schoolcraft, Basil Hall, Bellrami, etc., etc. Nous devons une foule d'indications excellentes à nos deux savans amis, M. Varden, attentif à suivre tous les changemens que subit la géographie d'une contrée sur laquelle il a publié une statistique supérieure à celle de tous ses devanciers, et M. le docteur Constancio qu'un séjour dans les Etats-Unis comme chargé d'affaires du Portugal, a mis à mème de connaitre parfaitement cette puissante confédération. La reconnaissance nous fait aussi un devoir de nommer M. Milbert, le savant auteur de l'itinéraire pittoresque du fleuve Hudson, auquel nous devons plusieurs éclaircissemens; ainsi que MM. Varden et Constancio, il a bien voulu revoir les épreuves de cette partie de notre ouvrage. Malgré tant de ressources, nous n'aurions jamais pu peindre sous ses véritables couleurs ce pays extraordinaire, sans un heureux hasard qui conduisit en Europe M. Worcester, auteur de la meilleure géographie élémentaire publiée en Amérique, et M. le major Poussin, aide-de-camp du général Bernard. Ces deux savans, qui venaient à peine de quitter le sol de l'Union, dont ils possédaient la topographie dans ses moindres détails, ont eu l'extrême obligeance, non-seulement de revoir nos épreuves, mais d'y ajouter une multitude d'indications précieuses.

NOUVEAUX ETATS DE LA CI-DEVANT AMÉRIQUEESPAGNOLE. Depuis quelques années tous les regards de l'Europe se portent vers les états indépendans qui se sont élevés sur les débris des magnifiques colonies de l'Amérique-Espagnole. Plusieurs rivalisent pour l'étendue avec les plus grands empires du monde; leur population collective, quoique très faible relativement au sol sur lequel elle est distribuée, est néanmoins très considérable lorsqu'on la compare à celles des autres puissances du Nouveau-Monde, surtout si l'on pense qu'elle dépasse les deux cinquièmes de la population totale de ce vaste continent; les villes principales de ces nouveaux états rivalisent pour leur beauté avec les capitales de l'AncienMonde, et, sous le rapport du nombre de leurs habitans, elles figurent parmi les plus grandes de l'Amérique; enfin le produit des mines de quelques-unes de ces contrées, quoique considé rablement diminué depuis quelques années, est encore si important, que, sous ce rapport, leur richesse dépasse celle de tous les autres pays du globe. Tous ces motifs nous ont engagé à élargir un peu notre cadre lorsqu'il s'agissait de les décrire.

Nos guides principaux ont été les voyages et les ouvrages du baron de Humboldt, de Ward, Bullock, Lyon, Hardy, Beltrami, Mollien, Thompson, Rengger et Longchamp, Nuñez.

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