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cer des divisions naturelles de l'Europe qui correspondent exactement à ses divisions politiques. Nous avons signalé d'autres difficultés relatives au même sujet dans diverses parties de cet ouvrage. Ici nous devons nous arrêter sur un point, qui est le plus important de toute la géographie politique; car il ne s'agit de rien moins que de la classification des principaux pays du globe. A la page 22, dans les principes généraux, nous voyons ce que c'est qu'un état, définition qu'on cherche en vain dans les traités de géographie, malgré la confusion et les erreurs graves qui résultent de cette lacune. Pénétré de cette vérité, dès l'année 1816, nous nous sommes empressé de la mettre à la tête des définitions de la géographie politique. Mais quelques observations sont indispensables pour démontrer la justesse et les inconvéniens du silence que gardent, à ce sujet, des géographes connus pour marcher à la tête de la science.

Tous les pays qui forment la monarchie Anglaise et la monarchie Prussienne, Pempire d'Autriche et celui de Russie, n'ont qu'un seul pouvoir suprême qui réside dans leurs capitales respectives; toute contrée qui fait partie de ces états, quels que soient d'ailleurs son étendue, son importance et le titre dont elle est décorée, n'en est pas moins une partie intégrante qui reconnaît le pouvoir suprême résidant à Londres, à Berlin, à Vienne, à SaintPétersbourg, et ne peut et ne doit jamais figurer de son côté parmi les états politiques. Ce principe, qui ne devrait être méconnu par aucun géographe, n'est pas toujours respecté. Il en résulte la plus grande confusion. Non-seulement toute division politique devient vague quand il ne s'agit plus de l'Europe, mais on trouve une foule de contradictions et d'erreurs, même dans cette partie du monde, dont la description offre encore aux véritables savans tant de lacunes et d'incertitudes. Ne voyonsnous pas des traités de géographie très estimés publiés dans ces dernières années, accorder une place principale à la Corée, au Tibet, à la Mongolie, à l'Arabie avec le titre de principaux états de l'Asie. N'avons-nous pas trouvé dans ces mêmes ouvrages un tableau statistique où, parmi les principaux états de l'Europe, figurent l'Islande et la Laponie? Mais la Corée est un royaume tributaire de laChine et du Japon; le Tibet et la Mongolie sont

des régions géographiques, qui, depuis long-temps, peuvent être regardées comme comprises dans l'empire Chinois; l'Arabie n'est pas un état, mais une région géographique subdivisée en un grand nombre d'états de différente étendue et gouvernés différemment; l'Islande appartient géographiquement à l'Amérique, et forme sous le rapport politique une partie intégrante du royaume de Danemark; la Laponie n'a jamais été un état et n'est qu'une grande région géographique, partagée aujourd'hui entre la monarchie Norwégiéno-Suédoise et l'empire Russe. En admettant de semblables divisions politiques, l'auteur aurait pu compter avec autant de raison parmi les états actuels de l'Europe, la république de Venise et celle de Gènes, la péninsule Hispanique et la péninsule Italienne, et les nombreux états ecclésiastiques Allemands qui ont cessé d'exister au commencement du x1x siècle.

En adoptant la définition de l'état telle que nous l'avons donnée, cette confusion disparaîtrait; mais il resterait toujours quelques doutes, conséquence des anomalies qu'offrent le gouvernement et les relations politiques de certains petits états comparés avec d'autres états beaucoup plus considérables, ou bien des grands privilèges que d'anciens traités ou des chartres ont accordés à certains territoires. Quelques exemples aideront le lecteur à se former une idée précise de ces anomalies politico-géographiques.

Tous les géographes s'accordent maintenant à classer parmi les états la république des Iles-Ioniennes, parce que son existence politique a été reconnue par le congrès de Vienne. Mais l'indépendance de cette république, que quelques géographes nomment Etats-Unis des Iles-Ioniennes, est plutôt nominale que réelle; car le protectorat qu'y exerce le roi d'Angleterre par l'intermédiaire du lord hautcommissaire, est une véritable souveraineté. Tous ceux qui voudront se donner la peine d'examiner, d'une part les attributions accordées à ce fonctionnaire, et, de l'autre, les privilèges dont jouissent les intéressantes peuplades qui habitent le Saterland dans le grand-duché d'Oldenbourg et l'ile d'Helgoland, annexe du Royaume-Uni, n'hésiteront pas à accorder à ces deux petits pays l'honneur de figurer parmi les états de l'Europe, à côté de la République septinsulaire,

C.

privilège auquel ils ont même plus de droit que cette dernière, car leur administration est, de fait, indépendante des deux royaumes dont ils sont censés faire partie. Nous avons vu il y a quelques années un savant sortir de la routine, en accordant une place dans le tableau général des états de l'Europe à la principauté de Monaco, que, mal-à-propos les géographes et les auteurs d'almanachs politiques et statistiques s'accordent à classer parmi les souverainetés médiatisées. Mais, pourquoi, ayant fait cette utile innovation à l'égard d'un si petit état, ne l'a-t-il pas étendue à la république d'Andorre? L'existence de ce pays indépendant, entre la France et l'Espagne, avait déjà été signalée à l'attention des géographes, dès l'année 1823, par la Revue encyclopédique. Pendant la dernière guerre de la péninsule Hispanique, nous avons vu la poursuite des soldats de la Foi par l'armée des Cortès, étre considérée comme une violation du territoire de cette république, que la France regardait comme un état neutre. La petite redevance que les Andorrans payaient aux autorités françaises résidant dans le ci-devant comté de Foix, en France, et à l'évêque d'Urgel, dans la Catalogne, ne saurait être alléguée contre son indépendance, puisque tous les géographes s'étaient accordés à classer parmi les états indépendans la république de Raguse, malgré la redevance de trois mille ducats que, tous les trois ans, elle payait à la Porte-Ottomane.

Des transactions récentes ont assuré l'indépendance politique du nouvel état de la Grèce et des trois principautés de Servie, de Valachie et de Moldavie, naguère encore regardées comme faisant partie de l'empire Ottoman; mais plusieurs autres contrées de cet empire, même en Europe, pourraient être considérées comme des pays indépendans, sinon de droit, au moins de fait: tels sont le Montenegro, le vaste territoire des Mirdites, qui compte plus d'habitans que certains états de l'Europe, etc., etc. Plusieurs motifs nous ont empêché de faire cette innovation; mais nous avons cru indispensable de signaler au lecteur l'indépendance de ces pays, tout en les décrivant comme parties intégrantes de l'empire Ottoman, de peur qu'il ne les confondit avec les pays complètement soumis. Et, puisque nous en sommes sur ce sujet, nous mentionnerons

aussi en Espagne la vallée de Roncal, dans la Navarre, qui a un gouvernement presque démocratique, et la ville et le territoire de Cazar de Caceres, dans l'Estramadure, qui jouissait de tant de privilèges qu'on pouvait presque la regarder comme une république démocratique; enfin, dans le grand-duché de Mecklembourg-Schwerin, la ville de Rostock qui, à cause de ses privilèges, peut être regardée, dit M. Stein, plutôt comme une république vassale que comme une ville soumise au grand-duc.

Nous nous sommes souvent demandé pour quelle raison les géographes et les auteurs de statistique, dans leurs traités élémentaires et leurs tableaux, s'accordent à décrire, avec les plus grands détails, jusqu'aux plus petits états indépendans de la Confédération-Germanique, tandis qu'ils ne décrivent qu'en masse, et comme ne formant qu'un seul état, les vingt-deux cantons de la Confédération - Helvétique. Cependant ces derniers pays sont tout aussi indépendans les uns des autres que le grand-duché de Bade l'est à l'égard du royaume de Wurtemberg, ou ce dernier état à l'égard de la Bavière. Nous avons senti l'inconséquence d'une semblable méthode, et dans le chapitre de la Confė– dération-Suisse nous avons indiqué tous les états différens que comprennent ses vingt-deux cantons.

Nous n'avons pas été peu surpris de voir quelques savans estimables nous reprocher d'une part le silence que nous avons gardé, dans la Balance politique du globe, relativement au duché de SaxeGotha et à la principauté de Reuss-Lobenstein, et de l'autre la place que nous avons accordée à la seigneurie de Kniphausen parmi les états de la Confédération-Germanique. Ces critiques nous ont cité, à l'appui de leurs observations, des géographies et des tableaux statistiques publiés en France et ailleurs, en 1826 et 1827, dans lesquels les deux premiers états figurent encore parmi les membres de la Confédération, tandis qu'on y cherche en vain le troisième. Notre justification a été bien facile. Nous n'avons eu que la peine d'ouvrir les cahiers des Ephemérides géographiques de Weimar, où l'on voit que, dès l'année 1824, la principauté de Reuss-Lobenstein, et dès l'année 1825, le duché de Saxe-Gotha, ont été réunis à d'autres états par la mort de

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leurs princes respectifs décédés dans ces mémes années, sans héritiers måles. Un autre article de ce même journal donne Phistorique des longs débats entre le comte de Bentink, seigneur de Kniphausen, et le duc de Holstein-Oldenbourg, qui prétendait être son suzerain, débats qui ont fini par l'admission à la Confédération-Germanique du chef de la maison de Bentink comme seigneur de Kniphausen. Mais les contradictions et les lacunes dont est semée la géographie politique de Europe, ne sont rien en comparaison des innombrables et inconciliables incohérences que nous offrirait la géographie politique des autres parties du monde, si nous voulions examiner quels motifs déterminent les géographes dans le choix des pays qu'ils nous présentent comme des élats, c'est-à-dire, comme des contrées tout-à-fait indépendantes. Ainsi, presque tous décrivent comme des pachaliks ou des sandjaks, ou comme des provinces turques, les territoires de Bayazid, Mouch, Van, Djoulamerk, Amadia, Souleimanieh, Kara-Djolan, et Zahou ou Séhau dans le Kurdistan, tandis que M. Jaubert, qui a traversé ces pays, nous a dit positivement, qu'a l'exception de Van, le grand-seigneur n'en est le souverain que de nom. Ne voyons-nous pas tous les géographes donner encore Balkh, Koulm, Khoundez ou Khoundouz, Kachemire et autres vastes contrées au schah de Kaboul, et ôter au roi de Siam le droit de suzeraineté sur les petits royaumes de la péninsule de Malacca, en les représentant comme touta-fait indépendans? Mais d'après un excellent article publié en 1825 par le Singapoura-Chronicle, journal que, pour ces régions éloignées, on peut citer comme autorité, tous ces prétendus états ne sont réellement que des principautés vassales de la cour de Siam. Le Kachemire, en 1819, est passé sous la domination de Randjit-Singh, qui du plus puissant chef de la confédération des Seikhs, en est devenu le roi, en réunissant toutes les principautés rivales dont elle était composée en une puissante monarchie. Au contraire, le pays de Khoulm avec Balkh et celui de Khoundez, non-seulement sont, de fait, indépendans, mais paraissent meme jouer maintenant un rôle important dans cette partie de l'Asie. Myr-Kahtch-Ali-khan à su, non-seulement soustraire a la dépendance immédiate du

schah de Kaboul le territoire de Khoulm, mais encore y réunir celui de Balkh. Les derniers renseignemens nous représentent le souverain de Khoundez comme un guerrier très entreprenant. En 1820 et 1821, il paraît avoir soumis à sa domination une grande partie des khanats que le voyage à Boukhara de M. de Meyendorf nous représentait comme des états indépendans.

Notre abrégé, ainsi que toute géographie élémentaire, étant destiné à présenter les points culminans et la partie positive de la science, nous nous sommes borné à classer parmi les états du Turkestan-Indépendant, de la Perse, de l'Arabie et des autres grandes régions géographiques de l'Asie, ceux qui paraissent avoir le plus de stabilité, et sur la situation politique desquels nous avions trouvé le moins de contradictions dans les rapports les plus récens des voyageurs et des journaux de l'Orient. A la page 609 nous citons l'opinion d'un savant célèbre à l'appui de notre manière d'envisager les Etats Barbaresques, qu'on regarde à tort comme des parties intégrantes de l'empire Ottoman. Nous verrons, en parlant de la Nigritie, quels sont les principes qui nous ont guidé dans le choix des états de cette vaste partie de l'Afrique. Des renseignemens précieux sur l'Océanie hollandaise nous ont mis à même de rayer de la liste des états, l'empire de Menangkabou et d'autres contrées que les géographes regardent comme indépendantes, mais qui ne sont que de simples principautés vassales de la monarchie Hollandaise. Cette soumission est le résultat des victoires remportées il y a quelques années par les troupes néerlandaises sur différens. peuples, et particulièrement sur les Padri. Cette secté de Mahometans fanatiques, dirigée par des chefs aussi adroits que belliqueux, voulant convertir à ses dogmes. le peuple de l'empire de Menangkabou, commença par en déposer les chefs, et finit par y établir son oligarchie théocratique. Depuis 1825, les anciens souverains, rétablis par les Hollandais sur letrône de leurs ancêtres, reconnaissent la suzeraineté du roi de Hollande, et les Padri, retirés dans un district des frontières de cet empire, pratiquent tranquillement les rites de leur religion et observent les stipulations convenues.

Mais devra-t-on classer parmi les états.

politiques les territoires plus ou moins étendus, occupés par les Cricks et les Tcherokis, qui ont fait de nos jours de si grands progrès dans la civilisation; par les Moquis, les Cazas-Grandes et les Araucans, qu'on nous représente comme si supérieurs sous ce rapport aux autres peuples de l'Amérique, parmi lesquels ils conservent encore leur liberté entière ? Que dirons-nous des vastes espaces que parcourent les belliqueux et terribles Sioux, les Apaches, les Arrapahoes, les Marépizanos, les Manitivitanos, une foule d'autres peuples indépendans répandus d'un bout à l'autre du nouveau continent, et qui ne reconnaissent d'autre autorité que celle de leurs chefs? A notre avis, il n'y a pas de géographe qui puisse leur refuser la qualité dont il s'agit; mais nous avons suivi à leur égard la méthode adoptée pour les contrées semblables de l'Asie, de l'Afrique et de l'Océanie, en leur accordant les seuls détails que notre cadre comportait.

Les nouveaux états qui se sont élevés au-delà de l'Atlantique sur les débris des colonies espagnoles, portugaises et françaises, n'ont pas encore pris cette attitude calme qui succède tôt ou tard aux agitations politiques. Ni la forme de leur gouvernement, ni leurs divisions administratives ne sont encore bien consolidées. Nous avons vu le Mexique passer

de la monarchie à la république, et constituer enfin une confédération. Le Chili, au contraire, après avoir été une confédération, est maintenant une république. La république de Colombie, après avoir beaucoup souffert par les discordes intestines, paraît s'être définitivement partagée en trois républiques, pour ne former qu'une fédération. On sent bien qu'il nous est impossible, en arrivant à ces états livrés à la guerre civile et à l'anarchie qui en résulte, d'atteindre à une parfaite exactitude dans leur description, et surtout dans l'indication de leurs confins et de leurs divisions administratives, malgré nos nombreuses relations, et malgré les secours multipliés que nous avons reçus d'un grand nombre d'hommes distingués appartenant à ces régions lointaines.

On ne doit chercher dans cet abrégé ni l'empire du Grand-Mogol, ni l'empire d'Abyssinie, ni celui du Monomotapa, ni la Confédération des Maharattes, ni les Possessions hollandaises en Asie, etc., etc. Les trois premiers états n'existent plus depuis long-temps; la Confédération des Maharattes a été dissoute dans ces dernières années par les Anglais; et d'après le dernier traité conclu entre l'Angleterre et les Pays-Bas, la Hollande n'a plus de possessions territoriales en Asie.

§ IV. Géographie particulière.

TITRES DES ÉTATS. Il serait à-peu-près inutile, ou du moins de peu d'intérêt, de discuter tous les titres employés pour désigner les différens états décrits dans cet abrégé. La géographie extra-européenne offre seule, sous ce rapport, des difficultés véritables. Cependant le géographe qui raisonne ne sait pas s'il doit, d'après les traités et les actes officiels, donner le titre d'Etats-Unis des îles Ioniennes à la République des lles de ce nom, ou bien, si d'après la forme de leur gouvernement, il ne doit pas leur conserver cette dernière qualification. Selon nous, celle-ci leur convient beaucoup mieux. En effet, ces îles forment une république et non une confédération comme l'indique le titre d'Etats-Unis des îles Ioniennes. C'est pourquoi nous avons préféré employer le titre de République des iles Ioniennes dans la Balance poli

tique du globe et dans notre abrégé. En outre, il est nécessaire de dire un mot sur le titre de monarchie, employé si souvent dans cet ouvrage. Nous l'avons constamment donné à tout état formé par la réunion de plusieurs royaumes et autres souverainetés, ou dont les possessions s'étendent dans différentes parties du monde ; nous avons conservé celui de royaume à tout état homogène qui a un roi pour chef. Faute d'adopter cette distinction, tout est confusion dans la géographie politique, ou bien il faut employer à chaque instant de longues périphrases. Comment distinguer autrement la totalité des pays soumis au roi de Prusse, de ceux qui forment la Prusse proprement dite? En appelant monarchie - Prussienne les premiers, et royaume de Prusse les seconds, toute confusion disparaît. C'est ainsi que nous avons nommé

monarchie-Anglaise, monarchie-Espagnole, l'ensemble des contrées soumises aux rois d'Angleterre et d'Espagne, et que nous avons réservé au noyau même de ces états, la qualification particulière de Royaume-Uni, et de Royaume d'Espagne. Nous n'avons donné le titre d'empire qu'aux états qui l'ont réellement. Cette qualification est cependant très vague, lorsqu'on sort des confins de l'Europe. Devons-nous conserver le titre d'empire aux pays gouvernés par les sultans indépendans d'Achem, de Bornéo, de Mindanao et de Soulou, ou même à ceux qui sont gouvernés par les sultans de Souracarta, de Djocjocarta, de Menangkabou, de Ternate, de Tidor, de Batchian, et autres vassaux des Hollandais dans l'Océanie? Devons-nous conserver encore aux contrées gouvernées par les princes qui résident à Ségo, à Coumassie, à Kouka, les titres d'empires de Bambara, d'Achanti et de Bournou? En cela, le meilleur parti que nous eussions à prendre nous a paru être de maintenir les qualifications consacrées par l'usage et par les rapports les plus récens.

ou des steps parcourus par des hordes nomades? Comment suivre tous les changemens produits par l'esprit belliqueux et entreprenant de certains chefs, par les dissensions et l'anarchie qui désolent et dissolvent certains états? Comment suivre les altérations non moins importantes qu'apportent, dans les contrées les plus éloignées, la politique des puissances européennes, et bien souvent la marche paisible, mais toujours progressive de la civilisation? Les peuples nomades peuvent quitter si facilement le pays où ils errent, que la prétendue domination de leurs chefs est, on ne peut plus incertaine et variable. N'avons-nous pas vu de nos jours un grand nombre de tribus turkomanes se soustraire au vasselage du khan de Boukhara, pour passer sous celui de l'entreprenant Rahim, khan de Khiva, qui parvint en outre à étendre sa domination sur les Araliens, sur les Karakalpaks, et sur la plus grande partie des nomades qui parcourent les solitudes de l'isthme des Turkomans, entre la mer Caspienne et la mer d'Aral? Le court espace de quelques années n'a-t-il pas suffi au khan de Khokand, pour soumettre le Dans le but de réunir en un seul groupe Turkestan et le Tachkend; à l'infatigable tous les pays qui dépendent d'un même vice-roi d'Egypte, pour mettre fin à la état, ce qui est de la plus haute impor- vaste monarchie des Vahabites et pour tance pour la géographie politique, nous porter ses frontières jusqu'à l'Abyssínie? avons formé à la suite des grands états de N'est-ce pas aussi de nos jours que l'enl'Asie, de l'Afrique, de l'Océanie et de treprenant et astucieux chef des Seikhs, l'Amérique, d'autres divisions qui leur Randjit-Singh, est parvenu à fonder un ervent d'appendice, et dans lesquelles puissant état sur les bords de l'Indus, avec nous rangeons, sous les noms d'Asie des lambeaux du royaume de Kaboul; en française, anglaise, etc. d'Océanie même temps que le politique Radama déanglaise, hollandaise et d'Amérique cuplait le petit héritage que lui avait française, anglaise, etc., etc., tous laissé son père, par la conquête de la plus les pays que les Français, les Anglais et grande partie de la vaste ile de Madagasd'autres nations possèdent en Asie, en car, et que Finow et Tamehameha ler Afrique, en Amérique, et que les Anglais agrégeaient à leurs royaumes, celui-ci et les Hollandais occupent dans l'Océanie. tout l'archipel de Hawaii (Sandwich), et CONFINS. La détermination des limites celui-là presque toutes les îles qui comdes états de l'Europe n'offre aucune dif- posent les archipels de Tonga et de Viti ficulté celle des états de l'Amérique ne (Fidji). présente d'autres obstacles que les résullats naturels de la guerre civile qui désole ces nouvelles républiques. Mais il en est bien autrement lorsqu'il s'agit de déterminer les confins des états des autres parties du monde. C'est une des plus grandes difficultés qu'on ait à vaincre dans la rédaction d'une géographie générale. Comment se flatter de tracer des limites entre des états que séparent des déserts arides

PAYS. On ne peut saisir complètement l'équilibre actuel des différens états politiques, si l'on ne remonte aux derniers évènemens à la suite desquels ils se sont constitués, si l'on ne se rend compte de la marche qu'a suivie l'agrégation des diverses provinces de chaque état, et si l'on ne connaît enfin la situation antérieure de ces provinces elles-mêmes. Nous avons rassemblé, dans les articles intitulés pays,

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