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édition de notre Compendio, et d'en ang-pentent dans la péninsule, de celles qui menter même le nombre. Si l'on persiste appartiennent au grand système de l'Asieà considérer, d'après les plus célèbres Centrale. D'un autre côté, la dépression géographes, d'un côté les Pyrénées, de si remarquable du sol qui environne la F'autre les montagnes qui forment le mer Caspienne et celle d'Aral, plusieurs système Hercynio-Carpathien, comme lacs salés et des déserts d'un niveau très des massifs indépendans du système des bas, forment la séparation entre le masAlpes proprement dites, il faudra bien en sif de l'Oural et celui de l'Altaï-Hymalaya, déterminer les limites. Or, c'est en cela tandis que les déserts assez unis du nordque consiste la plus grande difficulté de est de l'Arabie, forment une interruption cette classification. Viendra-t-on nous de hauteurs, suffisante pour faire regarder objecter que la vallée du Rhin n'est pas les derniers rameaux qui descendent du assez large pour former la séparation en- Liban, comme entièrement indépendans tre l'Hundsruck qui se rattache aux Vos- de ceux qui viennent du plateau central ges, et le Taurus qui, par le Vogelsge- de la péninsule arabique. birge et le Rhöngebirge, tient au Fichtelgebirge, un des grands nœuds du systeme Hercynio-Carpathien? Mais aussi nous pourrions objecter à ceux qui regardent les montagnes de la péninsule hispanique comme un massif indépendant des Alpes, que le bassin parcouru par le canal du Languedoc est trop peu large pour former une séparation entre le système bespérique et le système alpique.

Dans l'état actuel de la géographie, ou il faut renoncer à toute classification des montagnes, ce qui serait jeter la confusion dans une des parties les plus importantes de la science, ou bien il faut adopter des divisions générales susceptibles de certaines modifications. La nature se joue de nos systèmes, de nos classifications; il faut toujours les modifier d'après des circonstances particulières. Dans la détermination des systèmes de montagnes, il y a plusieurs circonstances qu'on ne saurait négliger sans de graves inconvéniens. Nous signalerons entre autres certaines divisions généralement reçues et consacrées par un laps de temps considérable; la direction de la ligne qui indique le principal partage des eaux; la position des sommets les plus élevés de tout le système, et parfois même des souvenirs historiques ou des considérations politiques dont il faut tenir compte.

On peut regarder, si l'on veut, toutes les montagnes de l'Asie comme autant de rameaux d'un seul et même tronc, tant il semble, au premier coup-d'œil, que toutes partent de cet immense plateau qui s'élève au milieu de la surface de cette partie du monde. Mais dès qu'on examine avee attention les meilleures cartes, on voit que la plaine du Gange et le désert de PAdjmer séparent les hauteurs qui ser

Les nombreuses montagnes qui couronnent les îles offrent des difficultés non moins grandes dans leur classification. Faudra-t-il en faire autant de systèmes indépendans des uns des autres? ou bien faudra-t-il les considérer comme des dépendances d'un système continental voisin? ou bien encore conviendra-t-il de les réunir en un système insulaire ? Nous avons regardé comme une dépendance du système alpique les montagnes de la Sicile, que le détroit de Messine sépare à peine de celles de la péninsule italienne; nous avons vu un appendice du système scandinavique, dans la longue chaîne d'iles très élevées qui bordent la côte nord-ouest de la Norwège; mais nous avons élevé au rang de systèmes indépendans les montagnes des îles britanniques, des îles Açores et des îles, qui, au nord de l'Europe, forment le groupe du Spitzberg. Quoiqué les pics élevés de la petite chaîne de la Crimée-Méridionale, soient tout-à-fait séparés des trois systèmes Slavique, Slavo-hellénique et Taurocaucasien, nous n'avons pas hésité à regarder ces hauteurs comme une dépendance de ce dernier système, tant à cause de l'extrême voisinage de la chaîne du Caucase, que du peu d'étendue qu'a le chainon de la Crimée.

Mais l'emploi même du terme chaîne exige quelques observations. Il n'est presque aucune des grandes chaines connues qui soit composée de montagnes absolument contigues par leurs bases apparentes. Des vallées plus ou moins larges et profondes, des plaines élevées ou doucement ondulées séparent, à différens intervalles, ces prétendues chaînes continues. Si nous persistons à employer ce terme, c'est pour aider à l'intelligence

des lecteurs qui s'y sont accoutumés; c'est pour éviter l'introduction de nouvelles dénominations. C'est ainsi que nous avons considéré comme la même chaîne les Karpathes-Orientaux, les Karpathes-Occidentaux, les Sudėtes, l'Erzgebirge, le Fichtelgebirge et le Schwarz-Wald (Forêt-Noire), malgré les grandes interruptions qui les séparent.

Après la position et la direction des montagnes, c'est la détermination de leur hauteur qui doit surtout attirer l'attention et concentrer les recherches du géographe. Si les huit ou neuf mille côtes de hauteurs que l'on est parvenu à connaître étaient réparties également sur toute la surface du globe, cette partie de l'orographie n'offrirait pas les lacunes immenses qui causent les regrets du géographe. Plus des neuf dixièmes de toutes ces hauteurs appartiennent aux parties montueuses les plus connues de l'Europe et à diverses contrées de l'Asie, de l'Afrique et de l'Amérique, objets des explorations récentes de quelques célèbres voyageurs. Tout le reste de la terre n'offre qu'un petit nombre de sommets dont on connaisse la hauteur; et souvent il faut même se contenter d'une simple approximation. Les géographies et les tableaux orographiques du globe donnent une foule de chiffres pour les régions les plus connues, telles que la Suisse, l'Italie, l'Allemagne, la France, la Grande-Bretagne, la Scandinavie, quelques parties de l'Inde, de l'Asie-Russe et des Etats-Unis, quelques cantons du Mexique et de la Colombie, quelques fractions de l'Afrique, enfin quelques îles de l'Océanie; mais ces mêmes recueils de documens gardent le silence sur la hauteur des montagnes de toutes les autres régions du globe. Nous avons cru devoir traiter ce sujet d'une manière différente; nous avons lâché d'offrir au lecteur le tableau abrégé, mais complet, de l'état actuel de cette partie de la géographie; nous avons, en conséquence, donné tous les points culminans connus de chaque système, et lorsque nous l'avons pu ceux des chaînes principales. Dans un travail semblable, il ne s'agit pas d'entasser toutes les mesures connues, mais d'en donner un certain nombre, en les choisissant parmi les plus remarquables, surtout en tachant d'indiquer, au moins approximativement, un ou deux points culminans, sinon de chaque chaîne, du moins de

chaque système. C'est ce qui n'avait pas encore été fait jusqu'à présent.

Mais quelques observations importantes, faites par un astronome célèbre, éclaireront mieux ce sujet. « Le nombre de points, dit M. Arago, dont l'élévation au-dessus du niveau de l'Océan se trouve irrévocablement fixé, est très considérable; et néanmoins, sans parler ici des contrées où les géographes n'ont pas encore pénétré, il serait difficile de dire avec certitude, pour l'Hymålaya, pour le Caucase, pour les Cordillères, et même pour quelques chaînes de l'Europe, si l'on a véritablemen mesuré les points culminaus. Ce n'est pas qu'en tout lieu le voyageur n'ait dirigé son attention sur les sommités qui lui paraissaient les plus élevées; mais malheureusement en ce genre les apparences sont souvent trompeuses, et rien ne saurait suppléer à une mesure effective. L'isolement plus ou moins grand d'une montagne, l'inclinaison de ses pentes, sa distance, sa forme, la disposition et la hauteur des terrains environnans, l'état de l'atmosphère enfin, sont autant de causes d'illusion dont l'observateur le plus exercé ne saurait s'affranchir et qui disparaissent seulement devant le baromètre et les instrumens géodésiques. S'il fallait citer des exemples à l'appui de ces réflexions, ils ne manqueraient pas. Ainsi, je pourrais dire qu'au commencement du XVIIIe siècle, on regardait généralement le pic de Ténériffe comme la plus haute montagne du gloke, quoique les Alpes suisses renfermassent des sommités qui le surpassent de plus d'un tiers, quoique des milliers de voyageurs, revenant du Pérou, eussent aperçu la grande Cordillère des Andes, et visité même des villes populeuses établies sur des plateaux beau coup plus élevés que le pic. Je pourrais faire remarquer aussi que les Pyrénées avaient été parcourues par de savans académiciens, munis de grands instrumens, qu'on donnait encore le Canigou pour la plus haute sommité de la chaine, tandis que nous savons aujourd'hui non-seulement que la Maladetta, le Mont-Perdu, le Cylindre, etc., le surpassent de 600 mètres; mais encore, d'après les observations récentes de M. Corabeuf, qu'à une petite distance de cette montagne, dans les limites même du département des Pyré– nées-Orientales, il existe des sommités de 140 mètres plus élevées, etc.; il ne faut

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done pas s'étonner si, de temps à autre, certains pics descendent du rang qu'on leur avait assigné. Le Mont-Blanc luimême, depuis si long-temps en possession de la première place dans le système des montagnes européennes, a failli la perdre à la suite d'une mesure imparfaite du Mont-Rose; aujourd'hui c'est le tour du Chimborazo. Cette montagne, si célèbre par les travaux de Bouguer, de La Condamine, et surtout par ceux de M. de Humboldt, n'est plus la plus haute sommité du globe, comme on le supposait depuis tant d'années; les mesures de l'Hymalaya Font prouvé, elle n'est pas même, à beaucoup près, la plus haute des Cordillères; M. Pentland vient de le reconnaître de la manière la plus évidente, dans un voyage très intéressant dont tous les amis des sciences desirent la prompte publication. »

Notre cadre ne nous permet pas d'indiquer tous les ouvrages que nous avons compulsés pour rédiger l'article montagnes dans chaque partie du monde. Nous nons bornerons à signaler ceux auxquels nous avons fait le plus d'emprunts, ou qui nous ont le plus servi pour les classifications que nous avons tracées : ce sont les ouvrages de M. de Humboldt, pour la direction et la hauteur des montagnes du Nouveau-Monde et de l'Asie-Intérieure; ceux de M. Klaproth, pour les systèmes qui traversent l'empire Chinois et l'Asie centrale; les travaux publiés par les Anglais, pour les montagnes de l'Inde, en deçà du Gange, et le beau travail de M. Bruguière sur l'orographie de l'Europe. Les faits importans recueillis il y a quelques années par d'infatigables voyageurs et d'habiles marins, nous ont aidé à remplir une foule de lacunes et à rectifier plusieurs erreurs. Ainsi, par exemple, nous devons à l'amitié de M. Simonov, professeur d'astronomie à l'université de Kazan, et employé comme astronome dans l'expédition du capitaine Bellinghausen, la mesure exacte du Pic-Egmont dans la Tasmanie (Nouvelle-Zélande), qui n'a que 1274 toises de hauteur perpendiculaire, au lieu de 2395 qu'on lui donne dans tous les ouvrages les plus estimés, d'après l'évaluation approximative de Forster. C'est M. de Rienzi qui nous a mis en état d'indiquer la hauteur du Pic-Carayan dans les Philippines et de l'AmbaHadji dans l'Abyssinie. C'est encore d'a

près MM. Ferry et Terletzky que nous réduisons à 574 toises et demie le plus haut point de cette chaîne, tandis que depuis long-temps on s'accorde à donner 1037 toises au Pavdinskoïkamen, qui cependant, ne passe point pour être le point culminant de l'Oural. Enfin, d'après les mesures prises par des voyageurs Russes, nous portons à 2700 toises la hauteur de l'Ararat, montagne à laquelle on n'assigne encore généralement que 1600 ou tout au plus 2000 toises. Nous ferons même observer à propos de cette dernière montagne, que, dans notre Essai sur la statistique du royaume de Perse, publié en 1826, nous l'avions déjà estimée approximativement au moins à 2500 toises, d'après l'idée que nous nous étions faite de sa hauteur, sur la description puisée dans les auteurs Arméniens que nous en avait donnée M. Saint-Martin. La mesure exacte, prise par M. Parrot fils, dans son ascension, a confirmé ces conjectures, et a assigné à cette montagne une place parmi les plus hautes de l'Asie. Nous avons cité ces exemples, que nous pourrions faire suivre d'un grand nombre d'autres, afin qu'on ne regardât pas comme des erreurs des évaluations positives ou approximatives, résultat de longues et difficiles recherches, parce qu'elles diffèrent beaucoup d'autres estimations regardées généralement comme exactes et admises comme telles dans tous les tableaux orographiques du globe. Nous devons aussi avertir que nous avons ajouté un point d'interrogation après les mesures douteuses, et deux après toutes celles que nous avons calculées nous-mêmes suivant des méthodes approximatives, et en tenant compte de toutes les circonstances qui doivent entrer comme élémens dans ces sortes de calculs.

Quelques critiques nous reprocheront peut-être de n'avoir pas assigné une place parmi les principales hauteurs de l'Amérique, aux chaines connues sous le nom de Cerros de Alta-Gracia et del Bergantin, entre le méridien de Caracas et celui de Cumana; à la chaîne qui, dans le district des Missions et dans la ci-devant province Cisplatine du Brésil, s'étend entre les 28° et 34° 30' de latitude, en séparant les versans de l'Uruguay de ceux de la côte orientale; à une autre suite de hauteurs considérables que l'on repré

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sente dans le centre de l'Amérique-duSud, comme formant la séparation entre les eaux tributaires de l'Amazone et celles du Rio de la Plata, ainsi qu'à une autre chaîne de l'Amérique-du-Nord, qui sépare les bassins du Saskatchawan et de la Rivière Rouge (du Winnipeg), de ceux du Missouri et du Mississipi. Toutes ces chaînes, nous dira-t-on, sont figurées sur des cartes assez généralement estimées et récemment publiées; pourquoi les passer sous silence? Pour toute réponse nous ferons observer que les explorations de MM. de Humboldt, Olfers, Spix et Martius, Pohl, Eschwege, Long et autres voyageurs célèbres ont, depuis assez long-temps, démontré qué ces hauteurs étaient purement imaginaires. Déjà, sur quelques cartes publiées à Paris, à Berlin, à Vienne et à Londres, par de savans géographes, des plaines entièrement unies ont pris la place des chaines d'Alta-Gracia et de Bergantin, et des collines ou des plateaux peu élevés et légèrement ondulés, ou bien un simple relèvement de deux contrepentes dans les plaines, ont remplacé ces prétendues chaines de montagnes.

Pour éviter les répétitions, et en même temps pour ne pas séparer des choses qui doivent être réunies, nous avons tracé la direction des chaines principales de chaque système et indiqué leurs points culminans dans le chapitre consacré à la géographie physique générale de chacune des cinq parties du monde. Nous n'avons donné ensuite, dans la description particulière de chaque état de l'Europe, que l'indication des points les plus élevés des systèmes dont les chaînes principales ou secondaires traversent le territoire de ces états. Le lecteur sait déjà pourquoi nous n'avons imposé qu'avec une extrème réserve des noms nouveaux, aux nouveaux groupes que l'état actuel de la science nous obligeait de former.

Nous devons encore prévenir un autre reproche d'omissions graves qui pourrait nous étre adressé par des juges peu compétens. Nous avons cru pouvoir passer entièrement sous silence quelques prétendues hauteurs prodigieuses, telles que la montagne de Hickershill dans les Florides, le Coimbatorine Hill du Nilgherry dans l'Inde, et les montagnes très élevées de la Terre des Etats, à l'extrémité de l'Amérique - Méridionale.

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En effet, nous savons, d'après les renseignemens que nous a donnés le major Poussin, que la plus grande élévation des Florides n'est que de 240 pieds anglais chose qui rend tout-à-fait inconcevable l'épithète de montagnes prodigieuses que lai donne le révérend éveque de Mobile. Nous lisons dans le Bast-India Gazetteer de M. Hamilton, à l'article Coïmbatoor, que la prodigieuse élévation du Coimbatorine Hill n'est que de 5548 pieds anglais au-dessus de l'Océan. Enfin un capitaine anglais, qui en 1829 a visité l'île des Etats n'estime qu'à 2000 pieds la hauteur de ses rochers. Si l'on voulait ranger parmi les montagnes toutes les inégalités du sol, qui, dans les différens pays, surtout ceux qui consistent en vastes plaines, reçoivent le titre pompeux de mont, on verrait reproduire sur les cartes une foule de hauteurs très peu considérables et quelquefois même entièrement imaginaires, dues soit au peu de connaissance que les voyageurs ont de la langue du pays qu'ils parcourent, soit à la manière inexacte dont s'exprinient les indigènes. Ainsi, par exemple, le mot monte, synonyme en Espagnol de forêt, a fait tracer sur les cartes de l'Amérique un grand nombre de montagnes qui n'ont jamais existé. Les Canadiens dit M. M’Grégor, nomment montagnes, des collines qui ne dépassent jamais 340 pieds, et dont l'élévation moyenne est de 83 à 100 pieds; les habitans de la vaste forêt de Bialowicza, située dans les gouvernemens de Bialystock et de Grodno, disent qu'ils vont à la montagne quand ils vont à la Bialowicza, quoique le terrain de cette forêt soit presque entièrement plat.

PLATEAUX, « L'étude de ces masses saillantes de notre globe, dit M. Lamouroux, est indispensable au géographe charge de tracer les limites des empires, au géologue qui veut pénétrer les mystères des anciennes révolutions du globe, au minéralogiste qui cherche à connaître la composition des montagnes, par les débris que les eaux entraînent; enfin, à l'ingénieur qui doit diriger de grands travaux hydrauliques. »

Malgré leur grande importance, ces portions de terre sont entièrement négli– gées dans les traités de géographie, on bien n'y sont indiquées que d'une manière superficielle ou erronée. Nous pourrions citer tei prétendu plateau, qui, non-seu

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lement n'est pas plus élevé que les plaines de la partie du monde à laquelie il appartient, mais qui est même une des régions les plus basses. Ayant senti toute l'importance de ce trait principal de la géographie physique, nous avons tâche de grouper dans chaque partie du monde, tous les terrains qui nous paraissent pouvoir être regardés comme de véritables plateaux, et nous osons nous flatter d'offrir, dans cet abrégé, sinon un travail complet, du moins un essai dans ce genre, anssi neaf qu'étendu.

VOLCANS. « Les détails que la plupart des voyageurs nous ont transmis sur les volcans sont incomplets et très vagues. Aux yeux de l'un, toute portion de terrain d'où il s'élève un peu de fumée ou sur laquelle on aperçoit quelques étincelles, est un volean; l'autre n'accorde ce nom qu'aux montagnes qui lancent incessamment des torrens de laves, de matières incandescentes et de cendres. Le premier inserira dans son catalogue les flammes légères de Pietra-Mala, de Barigazzo, de Velleia, de la Perse, de la Caramanie; le second rangera Santorin lui-même dans la classe des solfatares. Il faut joindre à cette première difficulté, la difficulté plus grande encore d'établir quelle distance doit séparer deux cratères pour qu'ils soient l'indice de deux volcans distincts. A Ténériffe, l'éruption de 1706 se fit par une bouche éloignée de deux lieues du pic; celle qui détruisit Garachico était du côté opposé, dans un point distant du même pic, d'une lieue et demie; il y avait donc trois lieues et demie entre les deux bouches, sans que personne ait songé à les considérer comme appartenant à deux volcans distincts. Mais maintenant regarderons-nous l'ile de Palma, où il y eut une éruption de laves en 1699, comme renfermant un volcan séparé de Ténériffe? La destruction du tiers de l'île de Lancerote, en 1730, devra-t-elle être considérée comme l'effet d'une éruption latérale du volean du pic, ou comme l'indice d'un volcan particulier? Quel est le laps de temps que l'on doit admettre pour regarder un volcan comme éteint? Celui de Ténériffe s'était reposé quatre-vingt-douze ans, lorsque, le 9 juin, il commença subitement l'éruption de 1798. Le sommeil du Vésuve avait été encore bien plus long, forsque son cratère se rouvrit en l'an 79 aprés Jésus-Christ, et ensevelit les villes

d'Herculanum, de Pompeia et de Stabies. Après avoir brûlé pendant un millier d'années, ce volcan parut s'ètre totalement éteint, à tel point qu'en 1611, la montagne était habitée jusque près de son sommet, et qu'il existait un taillis et de petits lacs dans l'intérieur du cratère. Cependant depuis lors, son cratère se rouvrit de nouveau, et le Vésuve est actuellement regardé comme un des volcans les plus actifs. >>

Ces remarques judicieuses, dues à M. Arago, doivent être étendues aux volcans sous-marins de l'archipel proprement dit, à ceux des îles de Lipari, des Açores, des Aléoutes, de l'Irlande, et de la mer des Indes. Pour ne parler que d'un seul volcan de cette espèce très peu connu, nous citerons l'éruption qui eut lieu, en 1757, à trois lieues de Pondichéry; elle a été vue et mentionnée par Prior. Depuis lors on n'en a pas observé d'autres dans ces parages.

La multiplicité des langues que parlent les indigènes de l'Amérique méridionale, doit être regardée comme la source inépuisable d'une foule de méprises qui tendent à multiplier le nombre des volcans de cette partie du monde. Bien souvent une même montagne y porte, chez différentes tribus limitrophes ou peu éloignées, des noms tout-à-fait différens. Le voyageur est donc exposé à croire à l'existence de deux ou trois montagnes ignivomes, au lieu d'une seule qmi existe réellement.

VALLÉES, DÉSERTS, etc. Nous n'avons aucune remarque à faire sur les articles vallées et plaines, déserts et steps, et climats. Nous avons déjà dit tout ce qui était nécessaire dans les principes généraux et dans les chapitres respectifs de la géographie générale des cinq parties du monde. Il ne nous reste rien à dire non plus sur l'article enfoncemens, après ce que nous avons exposé à la page 657; mais nous réservons pour un autre ou vrage l'indication de quelques dépressions du sol, sinon aussi étendues et aussi profondes, du moins très remarquables, que nous avons reconnues, et qui ont échappé encore à l'attention des géographes et des géologues, mais dont la démonstration exige des calculs et des recherches que nous n'avons pas le loisir d'entreprendre pour le moment.

MINÉRAUX, VÉGÉTAUX, ANIMAUX,

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