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A quelques honorables exceptions près, en France et en Angleterre surtout, les traités, destinés à propager et à favoriser l'étude de la géographie, sont devenus, pour ainsi dire, la proie de savans ou de littérateurs complètement étrangers à cette science. Presque tous semblent sortir du même moule : ignorance des faits, absence de critique, voilà leur cachet général; presque tous sont la reproduction plus ou moins modifiée d'autres traités de géographie auxquels on a ajouté des lambeaux de voyages récens, des extraits de journaux et des séries de chiffres statistiques, pris dans les feuilles quotidiennes et qui se rapportent à des époques differentes. Eh bien! ce chaos où entrent pêle-mêle les élémens les plus hétérogènes, ce mélange monstrueux d'erreurs et de vérités, cette mosaïque de choses contemporaines et de choses qui ont cessé d'exister depuis des siècles, est présenté à la jeunesse studieuse comme une source de lumière et d'instruction, comme l'état actuel de la Terre, et exerce malheureusement une pernicieuse influence nonseulement sur l'étude de la géographie, mais aussi sur celle de plusieurs autres branches des connaissances humaines. Il est en France des hommes célèbres dans

la science: cenx-là ont produit de savans mémoires ou des ouvrages d'une profonde érudition. Plus d'une fois, en étudiant leurs productions, nous avons regretté qu'ils ne descendissent pas des hauteurs où ils sont justement placés, pour faire euxmêmes, comme Bossuet, le catéchisme aux enfans. Leur silence (*) et le besoin de remplir une lacune dans l'instruction, a dirigé depuis long-temps nos méditations sur la composition d'un véritable traité élémentaire. Nous l'avions déjà essayé dans notre patrie avec les faibles ressources que nous offraient nos propres moyens et les établissemens littéraires de Venise. Habitant depuis plusieurs années la capitale de la France, qu'on pourrait, sans exagération, appeler le rendez-vous obligé de tout ce qu'il y a de plus distingué et de plus remarquable sur le giobe, nous avons pensé que nous pourrions tirer parti de cette circonstance favorable, qui nous rendait accessibles les immenses richesses littéraires renfermées dans les collections publiques et particulières, et qui nous mettait en rapport avec une foule de savans et de personnages distingués, pour améliorer et pour étendre le plan dé notre Compendio di Geografia universale, en le modifiant de manière à le

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un traité élémentaire en harmonie avec l'état actuel de la science. On peut s'étonner encore que la Société de géographie, qui décerne chaque année plusieurs prix pour des ouvrages relatifs aux objets principaux de ses études, n'ait jamais mis au concours la composition d'un semblable traité. Il est pénible d'avouer que, jusqu'aux temps actuels, l'enseignement de la géographie dans nos écoles ne s'est fait qu'au moyen de traductions d'ouvrages anglais et allemands, dont notre indigence a fait exagérer le mérite, et qui, grâce à elle, ont obtenu depuis trente aus de nombreuses réimpressions. »

a

Roy

Petre en harmonie avec les progrès que Ly science avait faits depuis sa première apparition, et à le rendre digne de l'époque éclairée où nous vivons.

Telle est l'origine de l'ouvrage que nous offrons au public. Mais, ayant exposé les motifs qui nous ont conduit à l'entrepren

dre, le moment ne nous paraît pas encore venu d'entrer dans tous les détails du plan et de la distribution des diverses parties qui le composent : nous sentons le besoin de faire connaître auparavant les idées générales qui ont dominé tout l'ensemble de ce travail.

CHAPITRE Ier.

VUES GÉNÉRALES SUR LA GÉOGRAPHIE.

§ I. Bornes de la géographie.

Séparation de la

géographie et de la statistique.

« La confusion extrême que l'on voit régner, tant dans les définitions fondamentales que dans les attributions et la circonscription des diverses branches de la géographie, me paraît provenir, chez quelques auteurs, de l'isolement plus ou moins complet dans lequel ils ont envisagé la géographie, et du point de vue sous lequel ils ont examiné quelques connaissances qui l'avoisinent; chez d'autres ce sont des études spéciales qui les ont fait par trop abonder dans certaines parties de cette science, en même temps qu'ils en négligeaient de plus importantes; beaucoup encore ayant mal saisi l'ensemble de la géographie et de ses divisions principales, ont gardé le silence sur plusieurs de ses divisions, les ont faussement désignées, les ont confondues ou placées entre elles dans des rapports inexacts; enfin quelques écrivains ont compris dans la géographie une foule de choses qui en sont tout-à-fait distinctes. C'est ainsi que, pour ne point s'être attachés à classer d'abord cette science dans l'ordre qu'elle doit occuper dans le tableau des connaissances humaines, pour ne point s'être occupés à définir et à tracer les limites de celles qui en approchent le plus près, la plupart des auteurs allemands enveloppent la géographie dans la statistique, tandis que presque tous les Français comprennent dans celle-ci les nombreux rameaux de la première; c'est ainsi que l'économie, Parithmétique politiques ont été confondues avec la statistique; la cosmographie dans la géographie et même dans la topographie, la géologie dans la géographie physique; c'est ainsi qu'on a placé, tantôt dans la géographie, tantôt dans

la statistique, l'hydrographie et la géognosie, la chorographie et la topographie, et que resserrant souvent cette dernière dans la sphère étymologique de sa dénomination, on en a fait par fois la description universelle d'un pays étendu.»

Ainsi s'exprimait, en 1819, M. le baron de Férussac, dans son mémoire sur la nécessité de fixer et d'adopter un corps de doctrine pour la géographie et la statistique. Nous pourrions apporter les résultats de notre propre expérience à l'appui des justes plaintes de ce savant. Mais nous nous contenterons d'ajouter quelques réflexions relatives à la statistique, parce que c'est à cette dernière science que des mains peu exercées ont, de nos jours, fait le plus d'emprunts mal calculés.

La géographie étant la description de la terre en général et de ses divisions politiques en particulier, on voit que cette science, pour être traitée complètement doit recourir à plusieurs autres. Mais ce serait en faire une véritable encyclopédie, et la rendre inaccessible au plus grand nombre de lecteurs, que de vouloir y comprendre la cosmogonie l'uranographie, l'astronomie, la géologie, l'histoire naturelle dans ses différentes branches, la physique, la météorologie, l'anthropologie, la statistique, l'économie politique, le dessin et la cartographie, l'histoire ancienne, celle du moyen âge et l'histoire moderne, l'archéologie, l'ethnographie et une foule d'autres sciences qu'il serait fastidieux d'énumérer, et avec lesquelles la géographie à des points de contact plus ou moins nombreux. Les principaux faits de quelques-unes de ces scien

ces seulement doivent y être indiqués, mais aucun ne doit y être décrit et traité en détail, la connaissance en étant présupposée. La surface, la population absolue et la population relative, les revenus et la dette, les forces de terre et de mer étant les principaux élémens de la force et des ressources d'un état, entrent également dans la sphère de la geographie et dans celle de la statistique, mais avec cette différence que le géographe se contente des résultats généraux, et que le statisticien descend dans les détails de chacun de ces élémens. Ainsi, par exemple, le premier se contente de savoir que la surface de la France est de 154,000 milles carrés ; que sa population absolue en 1826 était de 32,000,000 d'habitans; que sa population relative était de 208 habitans par mille carré ; que son revenu à la même époque était de 987,600,000 francs; que sa dette montait à 3,900,000,000 francs; que son armée était de 279,957 hommes, etc. Le second au contraire veut savoir quelle portion des 154,000 milles carrés est destinée à la culture des céréales ou aux pâturages, quelle antre est occupée par des vignobles, des potagers, des jardins et des vergers, par des cultures particuhieres, ou bien par des bois, par des terres incultes, par des routes, rivières, montagnes et rochers; combien de ces milles carrés sont envahis par des propriétés bâties, par des étangs, par des marais, par des mines et carrières, etc. Le statisticien ne se borne pas à savoir que la France a 32,000,000 d'habitans; mais il veut connaître comment cette population est partagée sous le rapport ethnographique et religieux, pour juger par là de la force ou de la faiblesse de l'état, selon le plus ou le moins d'homogénéité entre les élémens dont la population se compose; car en général, un état composé d'habitans parlant tous la même langue et professant tous la même religion offrirait plus d'élémens d'union et par conséquent plus de force et de durée, que celui qui serait formé par l'agglomération de plusieurs nations parlant des idiomes différens et professant des religions diverses. Le statisticien veut en outre savoir com bien, sur ces 32,000,000 d'habitans, il y en a du sexe masculin et du sexe féminin, combien de célibataires, de gens mariés

et de veufs, et comment les uns et les autres se divisent sous le rapport de l'âge; combien sont propriétaires, adonnés au commerce, aux manufactures, ou à la navigation; combien appartiennent à l'état ecclésiastique ou à l'état militaire; combien sont employés dans les différentes administrations du royaume; combien se livrent aux arts libéraux; quel est le nombre des écoliers, des pauvres, des prisonniers, des criminels; combien il y a d'enfans illégitimes; dans quel rapport les naissances sont aux décès, les naissances aux mariages, et une foule d'autres choses qui sont du domaine exclusif de la statistique. Si le géographe se contente de connaître la somme générale de la recette et de la dette, le statisticien entre dans tous les détails du budget, et veut savoir combien de millions sur les 987,600,000 ont été le produit de la contribution foncière, de la contribution personnelle et mobilière, etc.; combien proviennent de l'enregistrement et des domaines; combien des droits à l'importation et de ceux sur les sels; combien des droits sur les boissons, sur les tabacs, et enfin quelle a été la recette des postes et celle de la loterie, etc. Il demandera de plus quelle est la quote part de chaque département. En décomposant la dette en ses différentes parties, il veut savoir à combien monte la dette fondée, et à combien la dette flottante, il distingue dans la première les rentes à 3 pour cent de celles à 4 à 4 172 et à 5 pour cent; il sépare dans la seconde, les intérêts aux receveurs généraux de ceux des bons royaux, des escomptes à la banque, des intérêts aux communes, etc.; il veut connaître la somme destinée chaque année à l'amortissement de la dette fondée, le montant de la dette viagère et celui des cautionnemens. Il ne lui suffit pas de savoir que l'armée est de 279,957 hommes; mais il veut connaître la force des différentes armes qui la composent, le pied de paix, le pied de guerre et le nombre effectif sous les drapeaux, et en outre les départemens qui fournissent particulièrement les recrues de certaines armes, afin d'en conclure la différence que présente la taille commune de l'homme dans les différentes régions du royaume.

a.

§ 11. Reproches que l'on fait à la statistique.
Moyens de les éviter.

Si les géographes de profession, si même les hommes qui ne s'occupent de la science géographique que par occasion ou nécessité, s'étaient tenus dans des bornes raisonnables et n'avaient admis dans leurs traités que des données statistiques puisées à de bonnes sources, en les signalant au lecteur et en indiquant l'année à la quelle ces données se rapportent, ils n'auraient pas attiré à la géographie et surtout à la statistique des reproches en apparence mérités. Le peu d'accord qu'on remarque entre certaines évaluations ne doit pas être attribué à l'imperfection des deux sciences, mais au peu de soin et d'attention de quelques écrivains, à l'ignorance, à la présomption ou à la mauvaise foi d'un grand nombre d'autres.

Dira-t-on que la statistique donne des résultats contradictoires, parce que trois auteurs écrivant en 1827, évaluaient la population de la France, le premier à 30,750,000 âmes, d'après le recensement fait à la fin de 1821, en y comprenant l'armée et la flotte; le second à 30,465,291 pour la même année, en faisant abstraction de l'armée et de la flotte; le troisième à 31,845,428, d'après le recensement qui eut lieu au commencement de 1827? Osera-t-on soutenir que la statistique n'aboutit en définitive qu'à des groupes de chiffres illusoires et indignes de la confiance des esprits sérieux, parce qu'en dépit de tous les calculs et de tous les raisonnemens auxquels nous nous sommes livré, appuyés sur le recensement de l'année 1819, pour prouver que la population du Portugal continental s'élevait en 1822 à 3,173,000 âmes, deux savans estimables, mais étrangers à cette science, reproduisant les anciennes évaluations approximatives faites en 1798 et basées sur le nombre de feux, la portaient contre toute probabilité en 1827, l'un à 3,680,000, l'autre à 3,683,400 âmes? Est-ce à l'imperfection de la statistique qu'il faut s'en prendre si des littérateurs, si des savans recommandables, peu familiarisés avec les difficultés sans nombre qu'elle offre même à ses adeptes, commettent, lorsqu'ils se lancent dans une carrière si éloignée de leurs études spéciales, les mépri

ses les plus ridicules? L'un, par exemple, attribue à la seule ville de Boston la totalité des importations et des exportations de toute la confédération Anglo-Américaine; l'autre, confondant le mouvement du port de Liverpool avec sa marine marchande, fait monter cette dernière à 1,180,914 tonneaux! nombre presque neuf fois plus grand que le tonnage de ce port, et qui dépasse la moitié de toute la mariné marchande du Royaume-Uni. Celui-ci prétend prouver la supériorité morale des habitans du duché de Bade sur ceux du royaume de Wurtemberg, en fondant ses calculs sur des documens évidemment erronés, puisqu'ils lui donnent pour résultat définitif un seul accusé sur 1600 habitans dans le grand-duché de Bade, tandis que, selon ces mêmes documens le royaume de Wurtemberg n'en compterait pas moins d'un sur 169! celui-là voulant estimer la surface des principaux états du globe puise ses chiffres à des sources diverses et range dans une même colonne, en prétendus milles carrés allemands de 15 au degré, des évaluations dont les unes sont réellement exprimées dans cette mesure, mais dont plusieurs autres ont pour véritable unité le mille géographique de 60 au degré et même le mille anglais de 69; au degré d'où il résulte que la Chine est représentée dans ce tableau comme ayant une surface supérieure à plus de la moitié de toute la partie terrestre du globe!

On doit avouer que si la statistique particulière a produit déjà un grand nombre d'ouvrages d'un mérite réel, il n'en est pas de même de la statistique générale, malgré les profondes connaissances et les travaux remarquables de quelques savans. Les travaux que nous avons eus à faire en ce genre nous ont prouvé que la statistique générale est encore dans l'enfance, pour ne pas dire au berceau, et que l'auteur le plus consciencieux est justement celui qui remplit le moins de colonnes, tant sont grandes les lacunes qu'offre encore cette science, non-seulement pour les pays situés hors d'Europe, mais même pour presque toutes les contrées de cette partie du monde. Nos lecteurs peuvent s'en assurer facilement en parcourant les

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