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entre dans la Colombie, où il forme sa jonction avec le NOUVEAU-MARAÑON, dans le territoire encore contesté de la province de Maynas; il poursuit ensuite son cours dans cette méme province et, à San-Francisco de Tabatinga, il entre dans l'empire du Brésil, dont il traverse de l'ouest à l'est l'immense province du Parà, jusqu'à son embouchure dans l'Atlantique; là il forme, avec le Parà ou Rio des Tocantins, la grande ile Marajo. Nous devons faire observer que depuis sa onction avec le Nouveau-Marañon, jusqu'au confluent du Rio-Negro, il est connu dans le pays sous le nom de SOLIMOENS, et que ce n'est qu'audessous de l'embouchure de ce dernier affluent qu'on l'appelle AMAZONE. Ses principaux affluens à la droite sont: le Javary, la Madeira, qui pour la longueur de leurs cours rivalisent avec les plus grands fleuves du monde; le Tovayos et le Xingu, ces quatre affluens arrosent le Brésil. Les principaux affluens à la gauche, outre le Tunguragua ou NouvelAmazone, sont le Napo, le Putumaya ou Iça, le Caqueta ou Yupura, le RioNegro, grossi par le Cassiquiare, branche de l'ORÉNOQUE, et par le Rio-Branco; le premier de ces affluens appartient entièrement au territoire de la Colombie; la plus grande partie du second et le cours supérieur du Caqueta appartiennent à ce même état; tous les autres arrosent le territoire de l'empire du Brésil.

Le TOCANTIN, dit PARA dans la partie inférieure de son cours. Ce grand fleuve, que plusieurs géographies regardent à tort comme un affluent de l'Amazone, avec lequel il communique par un canal naturel, dont l'eau est salée, nommé TAJ PURU, est formé par la jonction du RIO DES ToCANTINS ou le TOCANTIN proprement dit avec le RIO-GRANDE OU ARAGUAY; c'est ce dernier qui est la branche principale. Tout le bassin de ce fleuve appartient à l'empire du Brésil.

Le SAN-FRANCISCO est un des cinq grands fleuves du Brésil, dont il arrose la province de MinasGeraes et celles de Pernambuco, d'Alagoas et de Sergipe.

La dénomination de RIO DE LA PLATA n'appar tient, rigoureusement parlant, qu'au grand courant formé par la réunion du PARANA avec l'URAGUAY; il est si large qu'il ressemble plutôt à un bras de mer qu'à un fleuve; il passe par BuénosAyres, Montevideo et Maldonado. Les géographes modernes regardent avec raison le PARANA comme la branche principale de ce grand fleuve, dont ils placent la source dans la province de Minas-Geraes au Brésil. Le PARANA traverse toute la partie sud-ouest de cet empire, forme la séparation entre cet état, le directorat du Paraguay et la confédération du Rio de la Plata, et, après avoir traversé la partie méridionale de cette dernière, il confond ses eaux avec celles de l'URAGUAY. Son principal affluent à la droite est le Paraguay, grossi lui-même par le Pilcomayo et le Rio-Grande ou Vermejo; le Tieté parait ètre le plus grand affluent à la gauche du Parana. La partie de la MEDITERRANEE-ARCTIQUE, nommée MER D'HUDSON, reçoit:

Le CHURCHILL OU MISSINIPI, dont on ne con

naît pas encore bien la source, et dont le cours laisse encore bien des doutes sur plusieurs points. Ce fleuve traverse, ainsi que le suivant, la Nouvelle-Bretagne dans l'Amérique-Anglaise.

Le NELSON, formé par la réunion des deux branches la SASKATCHAWAN-SEPTENTRIONALE et la SASKATCHAWAN-MERIDIONALE; après leur jonction il prenait autrefois le nom de FLEUVE-BOURBON; aujourd'hui on l'appelle NELSON. C'est le débouché des eaux du grand lac Winnipeg et de ses tributaires.

La MEDITERRANÉE-COLOMBIENNE, dans la parlie nommée GOLFE DU MEXIQUE, reçoit les fleuves suivans:

Le MISSISSIPI, dont le cours appartient entièrement aux Etats-Unis. C'est le plus grand fleuve de l'Amérique-du-Nord et un des plus grands du monde. Ses principaux affluens sont le Missouri, qu'on regarde à tort comme le plus grand de ses affluens, tandis qu'on devrait le considérer comme la branche principale du Mississipi, qu'il dépasse de beaucoup sous le rapport de la longueur du cours et sous celui du volume de ses eaux; l'Arkansas et la RivièreRouge (Red-River) sont les principaux affluens du Mississipi à la droite; l'Ohio est son principal affluent à la gauche; ce dernier est grossi par un grand nombre de rivières qui arrosent les états de la partie occidentale de l'Union. La remarque que nous avons faite sur le Missouri peut s'appliquer aux affluens supérieurs des fleuves Nelson et Mackensie, et à plusieurs grands fleuves de l'Amérique et des autres parties du monde.

Le RIO-DEL-NORTE, autrefois RIO-BRAVO. C'est le plus grand fleuve de la confédération Mexicaine, dont il traverse le territoire du NouveauMexique et les états de Cohahuila-Texas et de Tamaulipas.

La MER DES ANTILLES, qui est une dépendance de la Méditerranée-Colombienne, reçoit : La MAGDALENA, qui traverse les départemens de Cundinamarca, de Boyaca et de Magdalena dans la république de Colombie.

Le GRAND-OCEAN, malgré l'immense développement de sa côte orientale, ne reçoit qu'un seul fleuve, c'est:

L'OREGON OU COLOMBIA, dont le bassin appartient presque entièrement aux Etats-Unis. Ce fleuve naît dans la cordillère Missouri-Colombienne (Montagnes-Rocheuses) et traverse le grand district que les géographes de l'Union appellent de l'Oregon. Ses principaux affluens sont : Potchenankane, à la droite, le Lewis et le Multnomah, à la gauche.

On peut aussi nommer le RIO-COLORADO (occidental), dont tout le bassin appartient à la confédération Mexicaine; il descend de la SierraVerde, traverse la Nouvelle-Californie, et, après avoir reçu le Yaquesila et le Gila à la gauche, il méle ses eaux avec celles du golfe de Californie, que nous avons vu être un enfoncement du Grand-Océan.

L'OCEAN-ARCTIQUE reçoit:

Le MACKENZIE, qui est le plus grand fleuve de cette mer. Dans la partie supérieure de son cours, ce fleuve est connu sous les noms de RIVIÈRE DE

LA PAIX, d'OUNGIGAH (Unijah) et de RIVIERE DU

LAC DE L'ESCLAVE. Tout le bassin du Mackenzie appartient à l'Amérique-Anglaise. La Rivière de l'Elan, ou Alapeskow, que quelques géographes regardent comme la branche principale du Mackensie, est son plus grand affluent. CANAUX. Malgré les obstacles sans nombre que le système colonial a opposés au développement de l'industrie et du commerce depuis la découverte du NouveauMonde jusqu'à nos jours, on est surpris de pouvoir citer quelques constructions hydrauliques dignes de figurer à côté de celles que possède l'Europe. Dans la description des Etats-Unis, du Canada, du Mexique et de la Guyane-Hollandaise, nous signalerons à l'attention du lecteur les principaux canaux navigables, ceux d'irrigation et de dessèchement les plus remarquables qu'offre, l'Amérique. Ici nous nous bornerons à indiquer, d'après le savant mémoire de M. le baron de Humboldt, les cinq canaux navigables projetés il y a quelques années pour ouvrir une communication entre l'Atlantique et le Grand-Océan. Le géographe ne saurait passer sous silence des projets dont l'exécution peut amener une grande révolution dans le commerce maritime du monde.

La partie centrale du continent Américain offre, selon M. de Humboldt, cinq points propres à effectuer la jonction des deux Océans, dont trois se trouvent dans le territoire de la Colombie et les deux autres dans les confédérations de l'Amérique-Centrale et du Mexique. Ces points importans sont l'ISTHME DE TEHUANTEPEC dans l'état Mexicain d'Oaxaca (latitude boréale, 16°-18°), entre les sources du Rio Chimalapa et du Rio del Passo qui se jette dans le Rio Huasacualco (Goazacoalcos); on a calculé que la navigation de Philadelphie à Noutka et à l'embouchure de l'Oregon (Colombia), qui est à-peu-près de 15,000 milles, en prenant la route ordinaire autour du cap Horn, serait au moins diminuée de 9000 milles, si le passage de Huasacualco à Tehuantepec pouvait être effectué par un canal, sans compter l'avantage immense d'éviter les tempêtes qu'éprouvent les navires qui doivent doubler ce cap non moins terrible que le promontoire qui termine l'Afrique. Le point culminant de l'isthme de Tehuantepec est le mont Pelado, élevé de 317 toises au-dessus de

la mer; la plus grande élévation de la ligne de partage des eaux entre les deux Océans est de 210 toises. L'ISTHME DE NICARAGUA (latitude boréale, 10°—__ 12°), dans la confédération de l'AmériqueCentrale, entre le port de San-Juan de Nicaragua, à l'embouchure du RioSan-Juan, le lac de Nicaragua et la côle du golfe de Papagayo, près des volcans de Granada et de Bombacho. Le gouvernement fédéral de Guatemala a déjà commencé à traiter avec des capitalistes de New-York pour son exécution, retardée sans donte par la guerre civile qui désole cette fédération. La plus grande hauteur de la ligne de partage de cet isthme est de 21 toises 1/2. L'ISTHME DE PANAMA (latitude boréale, 8° 15′-9° 36′), entre Portobello et Panama. Des travaux géodésiques exécutés par des ingénieurs anglais par ordre de Bolivar, ont engagé le gouvernement à renoncer au projet de ce canal, et à y substituer un chemin en fer; on aurait déjà commencé les travaux sans les troubles sanglans qui agitent la Colombie. Le mont Maria Henriquez, élevé de 98 toises, est le point culminant de cet isthme. L'Isthme de Darien ou de CUPICA (latitude boréale, 6° 40′7° 12′), entre le Rio-Atrato et le RioNapipi. Le prétendu CANAL DE RASPADURA, entre le Rio-Atrato et le RioSan-Juan de Choco (latitude boréale, 4° 58′—5° 20′). M. de Humboldt regarde d'abord l'isthme de Nicaragua et ensuite celui de Cupica comme les points les plus favorables pour établir des canaux de grande dimension, semblables au canal Calédonien dont nous avons parlé à la page 474. Lorsqu'il s'agit d'une communication mécanique capable de causer une révolution dans le monde commercial, il ne peut être question des moyens qui établissent un système de navigation intérieure par des écluses de 16 à 20 pieds de largeur entre les bajoyers, comme dans les canaux de Languedoc, de Briare en France, de la Grande-Jonction ou de la Clyde dans la Grande-Bretagne. Une profondeur moyenne de 15 pieds 1/2 à 17 pieds 1/2, c'est-à-dire inférieure de 15 pouces à celle du canal Calédonien, suffira pour des bâtimens de 300 à 400 tonneaux, minimum ordinaire de la portée des navires employés dans les mers Orientales.

LACS. Aucune partie du monde n'en

offre un plus grand nombre que l'Amérique, surtout la partie de sa surface située entre le 42 et le 67° degré de latitude boréale. Ce vaste espace, que dans l'Atlas ethnographique du globe nous avons proposé de nommer la Région des lacs, présente à lui seul, non-seule ment les plus grandes masses d'eau douce de tout le globe, mais un si grand nombre de lacs et de marais, qu'il est presque impossible au géographe de pouvoir les nommer tous. Ces lacs constituent un des grands traits de la géographie physique de l'Amérique. Dans la saison des pluies, plusieurs débordent, et grâce à la petite pente du sol, qui sépare à peine le bassin d'un fleuve de celui d'un autre, il s'établit des communications naturelles temporaires entre des fleuves dont les embouchures respectives se trouvent à d'immenses distances, comme celle, par exemple, du Mississipi-Supérieur avec des affluens méridionaux du lac Winnipeg, qui verse ses eaux dans le Nelson. Voici les principaux lacs que notre cadre nous permet de nommer.

Le bassin du Saint-Laurent nous offre les lacs Supérieur, Michigan, Huron, St.-Clair, Erié et Ontario qu'à la page 926 nous avons vus s'écouler par le fleuve St.-Laurent; ils forment ce que quelques géographes appellent la mer d'eau douce ou bien la mer du Canada. C'est la plus vaste masse d'eau douce qui existe sur la surface du globe; le seul lac Supérieur dépasse tous les autres lacs d'eau douce connus du globe. Un grand nombre de lacs de moindre étendue appartiennent à ce même bassin, tels que le Nipissing, le St.-Jean, etc., dans le Canada; le Champlain, etc. etc., dans les EtatsUnis.

Le bassin du Bourbon ou Nelson, dans l'Amérique-Anglaise du Nord, offre les lacs de la Pluie; des Bois; le Winnipeg (Ouinipeg; Winnipic ), qui est un des plus grands de l'Amérique; le Manitow; le Petit-Winnipeg et une foule d'autres assez considérables.

Le bassin du Missinipi ou Churchill présente les lacs du Buffle, de la Crosse, de l'OursNoir, etc., et celui des Rennes, par lequel il communique avec le Mackenzie.

Le bassin du Mackenzie offre d'abord les trois grands lacs Atapeskow ou des Montagnes, de l'Esclave et du Grand-Ours; ensuite le lac Wollaston, qui lui est commun avec le bassin du Missinipi, et une foule d'autres lacs de moindre étendue qu'il serait oiseux de nommer. Le lac de l'Esclave ainsi que celui du Grand-Ours doivent être rangés parmi les plus grands de l'Amérique. Nous attendons la publication de la récente exploration du capitaine Back avant d'admettre avec quelques savans que le lac de

l'Esclave soit le plus grand lac de l'AmériqueSeptentrionale.

Passant sous silence les nombreux lacs qui couvrent pour ainsi dire la surface de la NouvelleGalles, du Maine-de-l'Est, du Bas-Canada Septentrional et d'autres parties de l'Amérique-Anglaise, parce que, malgré leur étendue, ils offrent peu d'intérêt au géographe, nous indiquerons les principaux lacs situés dans le bassin de l'Oregon ou Colombia; ce sont le Timpanagos, sur le terdernières explorations, ce lac est la source du ritoire de la confédération Mexicaine; d'après les Multnomah. Nous nommerons ensuite, sur le

territoire des Etats-Unis, les lacs Otchenankane. Cutsamin ou Eardbebs et Flat-Bow.

Le bassin du Mississipi en a un grand nombre, mais peu remarquables par leurs dimensions; dans le delta de ce fleuve, parce qu'il les surpasse tous pour l'étendue.

nous citerons cependant le lac Pontchartrain,

Nous indiquerons, dans la description des Etats-Uuis, les autres principaux lacs qui se trouvent sur le territoire de cette confédération. Dans le bassin du Tololotlan ou du Rio-Grande, on voit le grand lac de Chapala, dans l'état

mexicain de Xalisco. Ses environs offrent des vues pittoresques d'une grande beauté. Un voyageur très instruit, qui l'a visité il y a quelques années trouve que les géographes ont beaucoup trop exagéré son étendue.

La belle vallée de Mexico ou de Tenochtitlan offre cinq lacs, dont trois au moins seraient assez remarquables par leurs dimensions, s'ils étaient situés en Europe, mais qui ne peuvent être distingués en Amérique que par l'aspect délicieux de leurs rives, par leur position élevée et par les superbes travaux hydrauliques entrepris pour empêcher les dommages causés par leurs fréquens débordemens. Ces lacs sont ceux de Tezcuco, qui est le plus grand, de Xochimilco, de Chalco, de San-Christobal et de Zupango. Parmi les lacs du territoire Mexicain, il faut encore nommer le Teguayo, dans la NouvelleCalifornie; d'après les explorations faites il y a quelques années, ce lac n'a aucune issue. Voyez les fleuves de la confédération Mexicaine.

Le territoire des Etats-Unis de l'Amérique-Centrale offre plusieurs grands lacs, parmi lesquels se distinguent le lac Nicaragua, un des plus grands de l'Amérique; il reçoit les eaux du lac Managua ou de Léon, qui est beaucoup plus petit; ce lac est connu par la beauté de ses vues, par ses volcans et par les projets conçus depuis long-temps dans le but de le faire servir de base aux travaux hydrauliques qu'on se propose d'entreprendre pour effectuer la jonction tant desirée et si utile des deux Océans; le fleuve St.-Jean ou San-Juan en sort et se jette dans la mer des Antilles; et le lac Izaval, d'où sort le Rio-Golfo dit aussi le Rio-Dulce; ce lac, nommé improprement lagune d'Izaval par quelques géographes, est célèbre dans l'histoire du Guatemala.

Les principaux lacs de l'Amérique-du-Sud, qui sous ce rapport offre un grand contraste avec l'Amérique-du-Nord, sont les suivans:

Le lac Titicaca: c'est le plus grand de tous; 59

et le niveau de ses eaux, malgré sa vaste élendue, est plus élevé que le sommet du pic de Ténériffe. Ce lac, situé sur les territoires des républiques de Bolivia et du Pérou, est aussi remarquable, parce qu'il offre dans son bassin les montagnes les plus élevées de toute l'Amérique; parce que c'est dans une de ses iles que naquit le célèbre Manco-Capac, fondateur de l'empire des Incas; et parce qu'on doit y placer le foyer de la civilisation indigène la plus avancée de toute l'Amérique-Méridionale. On trouve encore sur ses bords de beaux restes de monumens élevés par une des nations civilisées les plus anciennes du NouveauMonde. Le lac Titicaca, environné de tous côtés par des montagnes d'une hauteur prodigieuse, forme un bassin isolé, qui n'a aucune communication avec la mer.

Le bassin du Rio-Colorado ou Mendoza offre plusieurs grands lacs dont la plupart devraient elre classés parmi les marais, à cause de leur peu de profondeur; ils sont tous situés sur le territoire de la confédération du Rio de la Plata; le plus remarquable est le lac Guanacache.

Le bassin du Rio-Negro, partagé entre le territoire de Buenos-Ayres et celui de la Patagonie. Dans ce vaste espace de l'Amérique, encore presque entièrement inconnu, on indique sous les noms de lagunas del Desaguadero, laguna Grande et lac del Tehuel, de grandes étendues d'eau, qui ne sont pour la plupart que de vastes marais qui paraissent être temporaires.

L'immense bassin du Rio de la Plata offre, le long du haut Paraguay, le grand lac temporaire des Xarayes, dont les bords, dans la saison des pluies, s'étendent sur les deux rives du fleuve à quelques centaines de milles sur les territoires brésilien et bolivien. Ce n'est, à proprement parler, qu'un des plus vastes marais de l'Amérique. On pourrait ranger à côté du lac des Xarayes la grande laguna de Rogaguado, vaste lac temporaire de la république de Bolivia, qui s'étend à la droite du Paro ou Beni et qui parait être la source du Javary, du Jutay, de Jurua, du Tefe eta u Purus, affluens de l'Amazone, ainsi que de deux autres courans moins considérables qui se rendent dans la Madeïra, autre affluent de ce grand fleuve.

L'agriculture florissante et la population concentrée sur les rives du lac de Tacarigua dit aussi de Valencia, donnent une trop grande importance à ce lac', situé dans le département colombien de Venezuela, pour que nous puissions le passer sous silence, malgré la petitesse de ses dimensions qui dépassent à peine celles du lac suisse de Neufchâtel. Les trésors retirés par Ferdinand Perez de Quesada et par Antonio de Sepulveda, et les travaux entrepris il y a quelques années par une compagnie anglaise pour en retirer d'autres, ont donné une grande célébrité au lac de Guatavila, situé au nord de Bogota, sur le dos des montagnes de Zipaquira, à la hauteur absoJue de 1400 toises, pour nous engager à le nommer, quoique sa circonférence ne soit que de 3 milles. Nous ajouterons que c'est sur les bords de ce petit bassin, entouré de montagnes neigeuses, que les Indiens avaient construit un

temple fameux, et qu'au temps de leur indépendance ils accouraient de plusieurs contrées tres éloignées pour jeter dans ses eaux limpides, à titre d'offrande et en signe d'adoration, différens objets précieux, fruits de leur industrie. Nous rappellerons à ce sujet que, selon M. de Humboldt, c'est un lac de la vallée d'Orcos, dans le Pérou, que l'on suppose renfermer la fameuse chaine d'or massif que l'inca Huayna-Capac fit fabriquer lors de la naissance de son fils Huescar, et qui a tant occupé l'imagination des premiers colons de cette partie de l'Amérique; on prétend qu'elle avait 233 aunes de long.

Nous citerens aussi le lac Lauri, dans la république du Pérou, nommé à tort par les géographes lac Lauricocha, puisque cocha en péruvien veut dire lac. Malgré la petitesse de ses dimensions, c'est un des plus remarquables de l'Amérique, à cause de la grande hauteur à laquelle il se trouve, et parce qu'on le regarde comme la source du Nouveau-Marañon ou Tunguragua.

Nous nommerons enfin le fameux lac Parime pour signaler la non-existence de cette vaste nappe d'eau imaginaire décorée du titre de mer Blanche. Un voyageur célèbre a savamment discuté ce point important de la géographie de l'Amérique-du-Sud, en débarrassant les cartes de cette partie du Nouveau-Monde de ces grands lacs et de ce réseau bizarre de rivières placées comme au hasard entre les 60° et 68° de longitude occidentale. Personne, dit M. de Humboldt, ne croit plus en Europe aux richesses de la Guyane et à l'empire du Grand-Patiti. La ville de Manoa et ses palais couverts de lames d'or massif ont disparu depuis long-temps; mais l'appareil géographique servant d'ornement à la fable du Dorado, ce lac Parime qui, semblable au lac de Mexico, reflétait l'image de tant d'édifices somptueux, a été religieusement conservé par les géographes. Dans l'espace de trois siècles les mêmes traditions ont été diversement modifiées; par l'ignorance des langues américaines on a pris des fleuves pour des lacs, et des portages pour des embran chemens de fleuves; on a fait avancer le petit lac Cassipa de 5o de latitude vers le sud, tandis que l'on a transporté un autre lac, le Parime ou Dorado, à 100 lieues de distance de la rive occidentale du Rio Branco à la rive orientale de l'Orénoque. Nous ajouterons que les roches micacées de l'Ucucuamo, le nom du Rio Parime, les inondations des rivières Urariapara, Parime et Xurumu, et surtout l'existence du lac Amucu, ont donné lieu à la fable de la mer Blanche et du Dorado de Parime, but de tant d'expéditions désastreuses faites à la recherche de trésors imaginaires et dont la dernière est de l'année 1775!

ILES. Fidèle à notre plan, nous classerons, d'après les différentes mers qui baignent le Nouveau - Continent, les les principales qui appartiennent géographiquement à l'Amérique.

Dans l'OCEAN-ATLANTIQUE et ses dépendances hydrographiques, on trouve

un grand nombre de groupes que nous proposons de classer de la manière suivante:

L'ARCHIPEL DE TERRE-NEUVE OU DU ST-LAURENT; nous proposons la première de ces dénominations à cause de l'ile de Terre-Neuve qui est la plus grande de ce groupe; la seconde à cause du golfe du St-Laurent. Cet archipel appartient entièrement à l'Amérique Anglaise, à l'exception des deux ilots St-Pierre et Miquelon qui dépendent de la France. Ses iles principales sont: Terre-Neuve, Cap-Breton, Prince-Edouard ou St-Jean et Anticosti.

Nous indiquerons dans la description des EtatsUnis les îles principales situées le long des côtes de l'Atlantique; ici nous ne citerons que l'ile RHODE qui donne le nom à un des états de l'Union, et l'ile LONGUE, dans l'état de New-York, qui est la plus grande.

Le petit ARCHIPEL DES BERMUDES appartient à l'Amérique Anglaise; Bermude est la plus grande, et St-George l'ile principale.

L'ARCHIPEL COLOMBIEN OU des ANTILLES; c'est un des plus grands et des plus peuplés du monde, et le plus important de toute l'Amérique; il est partagé entre les Amériques Anglaise, Espagnole, Française, Danoise, Suédoise et la république d'Haïti, auxquelles nous renvoyons pour les détails. Les géographes ne s'accordent pas dans les divisions principales de ce grand archipel, que d'après l'usage le plus universellement suivi nous partagerons en:

Grandes Antilles, qui comprennent les 1les de Cuba, et Haili autrefois nommée St-Domingue; ce sont les plus grandes; et la Jamaique et Porto-Rico, qui viennent après.

Petites Antilles, où les géographies font plusieurs subdivisions qui, différant chez les diverses nations qui les possèdent, exigeraient des détails étrangers à cet ouvrage. Les iles principales de ce groupe sont : la Trinité, la Martinique, la Guadeloupe et la Dominique, qui sont les plus grandes; la Barbade, Antigoa, SainteCroix, etc., remarquables par leur richesse et leur agriculture florissante.

Archipel de Bahama ou iles Lucares, dont les plus grandes iles sont : Inague; Grande-San-Salvador; Grande-Bahama; Providence, où se trouve la capitale de tout l'archipel; Hetera, etc., etc.

Nous indiquerons dans la description des états respectifs les principales iles qui longent les côtes de l'Amérique sur la méditerranée Colombienne. Aux embouchures de l'Amazone et du Parà on trouve la grande ile MARAJO OU JOANES; elle forme une banlieue du Brésil. Les côtes de cet empire offrent un grand nombre d'iles, que nous indiquerons dans sa description; ici nous citerons l'ile MARANHAM, située à l'embouchure du Maranhão ou Maranham; ITAPARICA, à l'entrée de la baie de Bahia ou de Todos-os-Santos; GRANDE, dans la province de Rio Janeiro; SANTA-CATHARINA, dans la province de ce nom; et, à environ 200 milles au nord-est du cap St-Roque, l'ilot stérile de FERNANDO-DE-NORONHA.

Les ILES MALOUINES OU l'ARCHIPEL DE FALKLAND,

sur lequel la république de Buenos-Ayres se propose de former un établissement à cause de ses bons ports, de ses tourbieres et de la riche pêche des phoques qu'on fait dans ses parages. D'ailleurs ces iles servent aujourd'hui de relâche aux navires expédiés pour la pêche des baleines et la chasse des phoques. L'archipel des Malouines se compose de deux iles principales et de 90 autres beaucoup plus petites. Celle dite Hawkins's Maiden-Land, et plus tard Falkland, est l'Occidentale et la plus grande. En 1766, les Anglais y ont fondé l'établissement du Fort-Georges, près d'un port superbe qu'ils Kommèrent Port-Egmond; mais cette petite colonie fut détruite en 1770 par une escadre espagnole partie de BuenosAyres. L'ile Soledah (ile Conti) ou l'Orientale, presque aussi grande que la précédente, est aussi remarquable par la petite colonie du Port-Louis, fondée par les Français et vendue aux Espagnols en 1767. C'est au milieu de la baie de la Soledad que s'élèvent les deux ilots aux Loups-Marins et aux Pingoins, dénominations qui rappellent les animaux qu'on y a chassés par milliers pendant long-temps, et surtout cet être singulier, dont l'existence tient de l'oiseau et du poisson, et dont la yue ne frappa pas moins les anciens návigateurs que les modernes ne furent frappés d'étonnement à l'aspect de l'ornithorhynque. Il n'y a, dit M. Lesson, presque point de relations de voyages qui ne mentionnent ce manchot ou pingoin très anciennement connu, que l'on retrouve aussi au Cap-de-Bonne-Espérance, au sud de la Terre-de-Diemen et sur toutes les îles placées sur les limites du pôle austral, telles que la Désolation, Macquarie, à l'extrémité de l'Amérique, aux Orcades du Sud et au Nouveau-Shetland. Partout, les rivages en sont peuplés; leurs innombrables légions stupides, pressées, inactives, courent les grèves et forment de longues files qui ressemblent à une procession de pénitens provençaux, ou comme le dit Pernetty, à des enfans de chœur en camail. Depuis quelque temps le gouvernement anglais a fait occuper cet archipel; la confédération du Rio de la Plata a protesté contre cette occupation.

Leur situation rend importans les deux ilots TRINITE et ST-PAUL, perdus pour ainsi dire dans l'immensité de l'Atlantique; le premier, à la latitude australe d'environ 21 degrés, a été occupé par un petit poste de Brésiliens, qui le nom'ment aussi ile Ascensão ou Ascension, qu'il ne faut pas confondre avec celle que nous avons décrite à la page 913; le second est presque au milieu de l'Atlantique et sous le premier parallèle boréal.

L'OCEAN-AUSTRAL ou ANTARCTIQUE offre dans sa partie explorée les îles suivantes :

L'ARCHIPEL DE MAGELLAN, plus connu sous le nom de TERRE-DE-FEU: il se compose d'un grand nombre d'iles, qui n'ont été explorées en détail que depuis quelques années par le capitaine King. Nous proposons de conserver provisoirement le

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