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Les lieux les plus considérables du Wai-lo-tchhing ou de la Ville- Chinoise sont : le temple du Ciel ou Thianthan; sa muraille extérieure a 9 li ou 2664 toises de circonférence; l'empereur s'y rend chaque année le jour du solstice d'hiver pour y offrir un sacrifice au ciel. Les bâtimens dont il se compose sont regardés comme des chefs-d'œuvre de l'architecture chinoise, pour la beauté et la magnificence des ornemens. Ses principales parties sont un temple circulaire qui représente le ciel, l'intérieur est occupé par une vaste salle ornée de 82 colonnes; l'or et l'azur y brillent de tous côtés; le toit a trois étages: le supérieur est bleu céleste, l'intermédiaire jaune et l'inférieur vert; les tuiles en sont vernies. Un autre temple dit aussi la Salle ronde; on y conserve la tablette sur laquelle est écrit le nom du souverain seigneur du ciel. Un massif rond à trois étages avec des escaliers et des accessoires superbes; on y place sous une tente ronde la tablette du Chang-ti, devant laquelle l'empereur sacrifie. Enfin le Tchaï-koung ou palais de retraite et de pénitence, où loge l'empereur pendant les trois jours de jeûne qu'il observe pour se préparer à la cérémonie du sacrifice. Cinq cents musiciens sont attachés au service de ce temple magnifique et y ont leurs demeures. Le Sian-nong-than ou le temple de l'inventeur de l'agriculture, situé à l'ouest du Thian-than; il est également entouré d'une haute muraille, dont la circonférence est de 6 li ou de 1776 toises. L'empereur s'y rend tous les printemps pour y labourer la terre et offrir un sacrifice au ciel.

On ne doit pas oublier dans la VilleMongole, le fameux temple du Tiwangmiao, où sont les tablettes des plus illustres empereurs de la Chine, depuis Fou-hi, fondateur de la monarchie jusqu'à la dynastie Tsing, actuellement régnante; deux grands arcs de triomphe en bois peint et doré accompagnent l'entrée. Un autre temple, non moins remarquable, situé dans le collège Impérial, est celui où l'on offre à Confucius ( Cong-fou-tzeu) des hommages et des sacrifices sanglans au nom de tout l'empire. La salle est au fond de la seconde cour; elle contient la tablette du philosophe avec cette inscription lieu où l'on honore l'ancien et très sage maître Confucius. Un peu

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plus avant, de chaque côté, sont les tablettes de Mencius (Meng-tzeu) et de trois autres de ses principaux disciples qui sont regardés comme des sages du second ordre. Encore plus avant sont les tablettes de dix autres de ses disciples, honorés comme sages du troisième ordre. Enfin, dans des salles qui règnent autour de la même cour, sont les tablettes de 97 personnages illustres par leur sagesse et leur vertu. L'entrée de ce temple est flanquée de deux pay-sang; c'est ce que les Européens appellent, d'après leur forme, des arcs de triomphe, mais dont la destination est d'honorer les personnages des deux sexes qui ont laissé des souvenirs glorieux de leurs vertus, de leur science ou des services considérables rendus à l'état. L'empire renferme un grand nombre de ces monumens. De telles institutions présentent, sous l'aspect le plus favorable, la théorie du gouvernement chinois; mais on dit qu'à la Chine, comme ailleurs, il y a bien loin de la pratique à la théorie.

Dans un des faubourgs, au nord de la Ville-Tatare, se trouve le magnifique temple du Ti-than, dont l'enceinte a environ 200 pas en carré. On y admire surtout le temple proprement dit ou la salle carrée, et le massif devant lequel l'empereur sacrifie à la vertu de la terre. Nous ajouterons que, dans les différens quartiers de Péking, il y a des cloches qui servent à indiquer les veilles de la nuit. Les sept principales se ressemblent; elles ont chacune, selon le père Verbiest, 12 pieds de hauteur sans compter l'anse de suspension qui en a trois, 11 de diamètre intérieur et 40 de circonférence; elles pèsent 120,000 livres. Leur forme est celle d'un cône allongé; on les frappe avec un marteau de bois.

Péking se distingue des autres capitales et des grandes villes de l'Asie par ses constructions et plus encore par une foule d'institutions qui rappellent la civilisation des grandes villes européennes, malgré les différences énormes qu'offrent la manière de bâtir des Chinois et leurs usages. Nous nous bornerons à en citer quelques-unes le Han-linyuan ou le tribunal de l'histoire et de la littérature chinoise. Tous les savans de la Chine, toutes les écoles, tous les collèges dépendent de ce tribunal, qui choisit et nomme les juges et les examina

copie à Moukden. Le père Grimaldi et d'autres jésuites y ont travaillé. Ce n'est qu'à la cour, dit M. Klaproth, qu'il y a des théâtres permanens. La scène y est double et triple, c'est-à-dire à deux ou trois étages, où les acteurs, répartis d'après l'action représentée, jouent une seule et même pièce dans le même temps, avec un tel accord de musique et de paroles, qu'ils ne sauraient mettre plus d'ensemble sur une seule scène. Les autres théâtres ne sont que des échoppes ouvertes, transportables et sans décorations; on y joue presque tous les jours depuis midi jusqu'au soir des tragédies et des comédies mêlées de chants et de musique. Les rôles de femme y sont remplis par des jeunes gens, qui s'en acquittent très bien.

Péking communique avec le grand canal impérial, ce qui facilite beaucoup son approvisionnement et rend très actif son commerce. Près de chaque porte de la ville on trouve des ânes sellés pour le service du public. On monte ces animaux pour aller d'une porte à l'autre, ou pour transporter des fardeaux peu pesans. La course se paie 10 thsian équivalant à environ 4 copèques de cuivre ou 16 centimes.

teurs des compositions qu'on exige des lettrés, avant de les promouvoir aux grades. Les lois lui confient l'éducation de l'héritier du trône; et il est chargé d'écrire l'histoire générale de l'empire et de composer des livres utiles. Le Kouetsu-kian ou collège impérial, où plusieurs professeurs enseignent à bien composer en chinois et en mandchou. L'observatoire impérial, bâti en 1279; ce n'est qu'une tour commune. Les anciens instrumens construits sous la dynastie des Mongols (Yuen) en ont été retirés et remplacés par de nouveaux qui ont été fabriqués en 1673 sur les dessins du père Verbiest, habile astronome et président du tribunal mathématique. Ils sont en bronze et magnifiquement ornés; le plus exact est le globe céleste qui a 6 pieds de diamètre et qui pèse 2000 livres. L'exécution des autres a été un peu négligée par les artistes chinois. Dans cet édifice on conserve aussi les beaux instrumens que le roi d'Angleterre a envoyés en présent à l'empereur Khianloung en 1793. L'imprimerie, d'où sortent les meilleurs livres et principalement les livres historiques, que les libraires de Péking et des autres villes achètent à un prix fixé par le gouvernement. Cette imprimerie publie également tous les deux Dans les environs de Péking et à la distance jours une gazette contenant les évène d'environ 20 li ou 6000 toises de France, près mens extraordinaires qui arrivent dans de Haï-tian, on voit YUAN-MING-YUEN, c'estl'empire, les ordonnances et surtout la à-dire, le jardin rond et resplendissant, suliste des promotions, les grâces accordées perbe résidence impériale d'été. Le palais, selon un excellent observateur, le frère Attiret, par l'empereur, telles que des robes jau- est au moins de la grandeur de Dijon, et l'apnes et des plumes de paon, ce qui équi-partement de l'empereur et de l'impératrice est vaut aux ordres de chevalerie en Europe; la punition des mandarins qui ont malversé, etc., etc. Il y a en outre un tribunal pour les médecins, une maison d'enfans trouvés, une autre pour l'inoculation de la vaccine et plusieurs autres institutions philantropiques. Les écoles publiques y sont très nombreuses, et la bibliothèque impériale est sans contredit la plus grande qui existe hors de l'Europe. M. Abel Rémusat nous a assuré qu'elle contient au moins la matière de 300,000 de nos volumes in-8°. Nous ne devons pas oublier les immenses cabinets d'histoire naturelle de l'empereur; chaque tiroir est accompagné d'un cahier de peintures représentant les objets qui y sont placés. Les objets y sont représentés avec une scrupuleuse fidélité. On en conserve également une

plus étendu que la ville de Dole. Ce palais est composé d'un grand nombre de bâtimens, disposés avec une belle symétrie et séparés par des cours, des jardins et des parterres. La façade de chacun éclate d'or, de vernis et de peintures, et l'appar

tement impérial est orné de tout ce que la Chine, le Japon, les Indes produisent de plus précieux, et même des chefs-d'oeuvre de plusieurs des arts de l'Europe. Les jardins de ce palais sont encore plus admirables. Sur une surface de 60,000 acres anglais s'élèvent des collines de 20 à 60 pieds de haut, couvertes d'arbres à fleurs, séparées par des vallons où serpentent des rivières artificielles,

bordées de rochers que la nature semble y avoir

placés, et que traversent des ponts embellis de balustrades sculptées, de kiosques et d'arcs de triomphe. Ces rivières se rendent dans des lacs artificiels, sillonnés par des barques magnifiques. Chacun de ces vallons a sa maison de plaisance autres; on en compte plus de deux cents. Leurs ou son palais d'une architecture différente des frontispices à colonnade, leur charpente dorée, peinte et vernissée, leurs toits couverts de briques

vernies, rouges, jaunes, bleues, vertes et violettes, figurant des dessins agréables, leurs escaliers rustiques, composés de rochers, les font ressembler à des palais de fées. Le cèdre, la brique et le marbre ont servi à leur construction. Du centre d'un lac, d'une demi-lieue de diamètre en tous sens, s'élève une île de rochers qui soutient un palais d'une beauté que le goût européen même est forcé d'admirer; il renferme plus de cent chambres et salons. De ce palais la vue se promène sur les bords du lac, où l'art s'est épuisé à des édifices et à des imitations de la nature qui produisent des effets les plus pittoresques. Sur la MONTAGNE DE THIAN-CHEOU, à environ 11 milles au nord de Péking, se trouvent les treize mausolées des empereurs de la dynastie des Ming. Le pere Roux, qui les a visités en 1787, dit que cinq jours suffiraient à peine pour les bien examiner. On y admire surtout une grande salle, dont les colonnes, de bois de nanmou et d'une seule pièce chacune, ont 50 pieds chinois de haut et 10 de circonférence. La salle dite de Young-lo a 180 pieds chinois de long sur 83 de large.

Beaucoup plus loin, dans un rayon d'environ 100 milles, on trouve : TIN-TSIN, ville immense, si

tuée sur le Peï-ho; son commerce avec l'intérieur de l'empire dépasse celui de Canton, et sa popula

tion pourrait bien être égale à celle de cette der nière ville; c'est le grand entrepôt du sel, dont on y voit des masses énormes, ainsi qu'à TAKOU, gros village, placé beaucoup plus bas. TCHANGKIA-KHEOU (en mogol Khalgan), petite ville du département de Siuan-hoa, forte et très peuplée, remarquable par son commerce et plus encore par le voisinage de la grande-muraille qui forme une partie même de son enceinte. Ce monument, qui est peut-être le plus grand ouvrage exécuté par la main des hommes, existe depuis environ vingt siècles. Sur une longueur de plus 1300 milles. depuis l'extrémité occidentale du Chen-si jusqu'à l'extrémité orientale du Tchy-li, ce rempart extraordinaire passe sur de hautes montagnes et traverse des vallées profondes. Il est composé de deux murs parallèles; l'intervalle en est rempli de terre et de gravier. Les fondations consistent en grandes pierres brutes; le reste du mur est en briques.Sa hauteur est de 24 pieds, son épaisseur d'environ 13. Des tours, dans lesquelles se trouvent beaucoup de canons en fonte, s'élèvent à 100 pas à-peu-près l'une de l'autre. Inabordable pour la cavalerie des belliqueux nomades de l'Asie-Centrale, cette immense muraille n'a pas été assez forte pour arrêter les conquérans qui ont envahi plusieurs fois la Chine. TCHHING-TE-TCHEOU (Jeho), chateau impérial, situé au-delà de la grande muraille, dans la partie de la Mongolie réunie à la grande province du Tchy-li. Il a été bâti en 1703, sur le plan du palais de Péking, pour servir de pied-àterre à l'empereur, pendant la saison de la chasse. Ses jardins ont été décrits par un connaisseur du goût le plus éclairé, lord Macartney; ils offrent, dit cet ambassadeur, une succession de tableaux enchanteurs; le sublime y domine et la gaité met en harmonie l'ensemble du paysage; les cabinets, les pavillons, les pagodes sont parfaits dans leur

genre: les uns d'une simplicité élégante, les autres superbement décorés; ils ornent toujours la partie du jardin où ils sont, tandis que tout autre la défigurerait. Ce château est bien distribué et tout y est simple et analogue aux localités. Parmi ses nombreux temples, on doit mentionner le Phou-tho-tsoung-ching-miao, au nord du chateau, construit en 1770 sur le modèle de celui de Botala, auquel on prétend qu'il ne cède rien en magnificence. On y voit 500 statues dorées représentant des lamas morts en odeur de sainteté et auxquels on a donné les attitudes contraintes et pénibles qu'ils s'étaient imposées pendant leur vie.

Resserré par l'espace, nous nous bornerons à décrire quelques-unes seulement des villes les plus remarquables qu'offrent la Chine proprement dite, le Tibet, le Boutan la Boukharie et la Dzoungarie, parce qu'il nous semble que ce sont les pays qui inspirent le plus d'intérêt. Dans leur description on a suivi l'ordre adopté dans le tableau des divisions administratives auquel nous renvoyons pour tout ce qui concerne les villes principales des autres parties de l'empire Chinois. Voyez aux pages 777 à 781.

Dans le Chen-si, nous nommerons SI-'AN (Singan), située sur le Wei-ho; c'est une des plus grandes villes de la Chine. On loue surtout quatre de ses portes, qui sont magnifiques et d'une hauteur extraordinaire, ainsi que les trois ponts sur lesquels on passe la rivière. C'est une des places fortes de l'empire, et sa garnison est toujours très nombreuse. On ne sait rien de positif sur sa population, qui pourrait bien s'élever au-delà de 300,000 âmes. Nous ferons observer que cette ville possède une collection d'anciens monumens, parmi lesquels on distingue une copie authentique de l'inscription de l'u, dont l'original est gravé sur une montagne près des sources du Houang-ho; elle est destinée à transmettre à la postérité les immenses travaux par lesquels Yu, ministre d'Yao, et après lui le fondateur de la dynastie des Hia, vers l'an 2200 avant l'ère chrétienne, ouvrit un libre cours aux eaux du fleuve Jaune et de plusieurs autres grands courans, qui auparavant inondaient la plus grande partie du territoire chinois et le menaçaient d'une submersion totale. M. Klaproth a publié une nouvelle interprétation de ce monument, accompagnée d'un commentaire critique. C'est aussi près de Si-'an qu'en 1625, en creusant les fondemens d'une maison, on trouva une table de marbre avec une inscription en caractères chinois, des mots syriaques et une croix gravée au-dessus. Ce monument se rapporte au christianisme introduit dans la Chine par les nestoriens venus de Perse et de Syrie l'an 635 de Jésus-Christ.

Dans le Kouang-loung, nous citerons CANTON, Situé entre le Tchu-kiang, nommé Tigre par les Européens, et le Pe-kiang ou Tchhing kiang, très grande ville défendue par cinq forts

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et par une muraille sur laquelle on a placé quelques canons. Comme Péking, Singan et autres villes de la Chine, elle est partagée en deux parties distinctes et séparées par une muraille; on les nomme la Ville-Chinoise et la Ville-Tatare. Les rues de Canton sont bien alignées, pavées et ordinairement très propres, mais très étroites. Les maisons n'ont qu'un étage et sont bâties en briques; elles ont deux ou trois cours, sur les quelles donnent les magasins et les appartemens des femmes. Toutes les rues sont bordées de boutiques; plusieurs ne sont affectées qu'à une seule espèce d'ouvriers ou de marchands. Les plus beaux édifices de Canton sont les temples, dont plusieurs sont richement ornés de statues et d'arcs de triomphe, et les maisons des Européens. Ces dernières sont toutes sur une même ligne, dans le faubourg méridional, sur le bord du Tchukiang; on les appelle Chy-san-hang ou les treize comptoirs. Elles sont belles et construites avec goût, ce qui contraste d'une manière frappante avec celles des Chinois. Sur un espace d'environ cinq milles, le Tchu-kiang, à Canton, ressemble à une ville immense composée de navires de toute grandeur rangés en lignes parallèles, entre lesquels il ne reste qu'un passage très étroit pour les vaisseaux. Chaque propriétaire de ces embarcations qu'on porte à 10,000 y habite avec toute sa famille, qui ne vient presque jamais, à terre. Il y a des auberges et des restaurans comme sur la terre ferme; les innombrables lampes de différentes couleurs qui éclairent toutes ces barques pendant la nuit, forment un coup-d'œil magnifique. Le terrible incendie du 1er novembre 1823 a consumé 10,000 maisons et tous les comptoirs étrangers; mais cet immense désastre était déjà ertièrement réparé en 1824. Nous avons vu ailleurs l'importance et l'étendue du commerce de cette ville, qui, sous ce rapport, tient une des premières places parmi les villes les plus commerçantes de l'Asie. Dans ces dernières années on y a publié deux gazettes anglaises el un almanach anglais-chinois, rempli de renseignemens utiles et pratiques. M. Gutzlaff y publie aussi depuis quelque temps un journal en chinois, qui est déjà répandu dans les principales villes de l'empire et qui est de la plus haute importance pour la géographie de ces contrées éloignées. Sans adopter les calculs exagérés des missionnaires, qui portent la population de Canton à 1,500.000 ames, et sans admettre les estimations évidemment trop basses de Cook et de Malte-Brun, nous croyons qu'on pourrait accorder à cette ville 500,000 habitans, sans crainte de s'éloigner beaucoup de la vérité. Dans les environs de Canton on trouve: Houang-phou (Whampou), avec un port, où sont les douanes pour les navires européens qui ne remontent pas le Tchukiang plus haut et restent à l'ancre. Fou-chan bourg immense, bien bati et très industrieux, dont la population, estimée à un million par les missionnaires, ne s'éleverait qu'à 200,000 àmnes selon M. Deguignes. On y fabrique une immense quantité d'étoffes de soie et de coton, et une infinité d'articles en cuivre, fer et acier ; il possède aussi de grandes raffineries de sucre et

des manufactures de porcelaine. C'est le siège d'un grand commerce; il nous paralt identique à la ville de Facon, visitée par le capitaine Purefoy, à laquelle ce marin n'est pas éloigné d'accorder un million d'habitans. Plus loin sur une ile est Macao, que nous décrirons dans l'Asie Portugaise. Enfin Lin-ting, entrepôt du com merce interloppe de l'opium, devenu de nos jours le principal article des importations des Européens dans la Chine.

Dans le Fou-kiang on trouve : FOU-TCHEOL, sur le Si-ho, non loin de son embouchure. C'est une des villes les plus grandes et des plus peuplées de la Chine, aussi remarquable par sou grand commerce que par son industrie et par la multitude de lettrés dont elle est le séjour ordinaire Parmi ses constructions les plus remarquables. on doit surtout mentionner le grand pont sur lequel, dans un de ses faubourgs, on passe le Tchang au-dessous de son confluent avec le Si-ho. il est tout construit en pierres blanches, orne d'une double balustrade sur toute sa longueur, et ne compte pas moins de cent arches : c'est sans contredit un des plus grands et plus beaux pouts du monde. SIOUEN-TCHEOC, grande ville, bien bâtie, remarquable par ses beaux édifices publics, ainsi que par l'activité de son commerce. Dans ses environs, près de la ville de Ho-yang, on admire un pont qui est peut-être le pont en pierre le plus long qui existe. Le père Martini, qu l'a décrit, dit que la partie principale consiste en plus de 300 piliers. Il n'a point d'arches. Cinq pierres, chacune de la longueur de 18 pas ordi naires, occupent l'intervalle entre chaque pilier Il est construit en pierres noirâtres, avec des garde fous ornés de lions de la même pierre. Hus (Amoy, Emouy), grande ville populeuse, dont les habitans sont très adonnés au conimerce et à la navigation et possèdent un grand nombre de grandes jonques ou navires chinois; c'est le grand entrepól commercial du Fou-kian.

Dans le The-kiang, on trouve HANG-TCBEDE. sur le Thsian-thang et sur le lac Si-hou, ville tres grande, tres commerçante et industrieuse, avec des fortifications, une nombreuse garnison, UB port et peut-être 600 à 700,000 habitans. Ses rues sont larges et pavées. Parmi ses monumens, 09 remarque quatre grandes tours à neuf étages. et plusieurs arcs de triomphe. Nous rappelle rons que cette ville est la fameuse KINZAI (King szu) de Marco-Polo, la capitale de l'empire des Song ou de la Chine-Méridionale. A quelques milles à l'est était la ville de Canfou du même voyageur, où les Arabes faisaient un commerce maritime très considérable dans le ixe siècle. Robertson et d'autres ont conjecturé qu'il s'agissait de la ville de Canton; mais M. Klaproth a de montré la véritable position de Canfou. Son port est comblé et la ville n'existe plus. Dans le lac St hou, qui s'étend à l'ouest de la ville, il y a trois ilots sur lesquels s'élèvent des temples, des arcs de triomphe, des maisons de plaisance et us palais de l'empereur. NINGPO, ville grande et populeuse que MM. Marsden et Zurla ont cru a tort correspondre au Cantou de Marco-Polo. qui était situé à l'embouchure du Thsiang-thang

kiang ou du fleuve Tche-kiang. Ningpo a pris sa place. Ce port a le privilège de faire le commerce avec le Japon.

Dans le Kiang sou, nous nommerons: KIANGNING, appelé autrefois NAN-KING, parce qu'elle était la résidence méridionale des empereurs des Ming. Cette ville immense est située sur la rive méridionale du Kiang; elle est encore plus grande que Péking, mais plus d'un tiers offre des ruines, des jardins et même des champs labourés. Le beau palais des empereurs, dont elle était la résidence, a été brûlé en 1645 par les Mandchoux. Parmi les édifices qui restent encore à Kiangning, on doit citer le Pao-ngen-lse ou le temple de la reconnaissance, élevé dans le XIV siècle par l'empereur Young-lo; c'est, avec le monastère qui en dépend, un des plus beaux bâtimens de la Chine, surtout par sa fameuse tour, décrite par tous les voyageurs. Cette dernière est un édifice isolé, octogone, de 40 pieds de diamètre à sa base, et de 200 de hauteur totale. Elle a neuf étages, chacun séparé par un toit élégant à huit côtés, et qui semble sortir du mur. A chacun de leurs angles pend une clochette de cuivre Au sommet s'élève un mât haut de 30 pieds, autour duquel, comme dans les temples des Birmans, règne en spirale un cercle de fer. Ce mat est couronné par une sorte de pomme de pin de cuivre doré, que les Chinois prétendent ètre d'or massif. Au milieu du rez-de-chaussée, et sous un dôme en cuivre, est une grande idole dorée. Dans chacun des autres étages on trouve également une statue dorée avec d'autres petites sculptées sur les murs et dorées aussi. Le plancher d'en haut est orné de peintures. L'extérieur de la tour est revêtu de briques ou d'une espèce de faïence vernissée bleue, verte et jaune, que le vulgaire prend pour de la porcelaine. Les tuiles de chaque toit sont d'une de ces couleurs et vernies aussi. Son commerce et son industrie sont très grands, et l'on pourrait porter encore sa population à environ 500,000 àmes. Kiang-ning passe pour la ville savante de la Chine; du moins les bibliothèques et les savans paraissent y être plus nombreux que dans la plupart des autres villes.

L'antiquité et l'importance de la littérature chinoise nous engagent à nous écarter de notre plan pour offrir à nos lecteurs un exposé succinct de l'état des belles-lettres, des sciences et des beaux-arts dans cette contrée célebre; et afin de réfuter par des faits positifs une foule de préjugés les uns trop favorables, les autres trop désavantageux aux Chinois. « La littérature chinoise, dit M. Abel Remusat, est incontestablement la première de l'Asie, par le nombre, l'importance et l'authenticité des monumens. Les ouvrages classiques qu'on nomme King, remontent à une époque très ancienne. Les philosophes de l'école de Confucius en ont fait la base de leurs travaux sur la morale et la politique. L'histoire a toujours été l'objet de l'attention des Chinois, et leurs annales forment le corps le plus complet et le mieux suivi qui existe dans aucune langue. L'usage des concours a donné un grand essor à l'éloquence

politique et philosophique. L'histoire littéraire, la critique des textes et la biographie sont le sujet d'une foule d'ouvrages remarquables par l'ordre et la régularité qui y sont observés. On possède beau coup de traductions de livres sanscrits sur la religion et la métaphysique. Les lettres cultivent la poésie, qui est assujétie chez eux au double joug de la mesure et de la rime; ils ont des poèmes lyriques et narratifs, et surtout des poèmes descriptifs, des pièces de théatre, des romans de mœurs, des romans où le merveilleux est mis en usage. On a composé en outre un très grand nombre de recueils spéciaux et généraux, des bibliothèques et des encyclopédies, et dans le dernier siècle on avait commencé l'impression d'une collection d'ouvrages choisis en 180,000 volumes. Les notes, les gloses, les commentaires, les catalogues, les index, les extraits par ordre de matières, aident à trouver avec facilité les objets que l'on recherche. Les Chinois ont d'excellens dictionnaires où tous les signes de leur écriture et tous les mots de leur langue sont expliqués avec le plus grand soin et dans un ordre très régulier. Les livres sont imprimés sur papier de soie; et comme ce papier est extrêmement fin, on est obligé de n'imprimer que d'un seul côté; les parties en sont classées, numérotées et paginées; enfin, il n'y a pas, même en Europe, de nation chez laquelle on trouve tant de livres, ni de livres si bien faits, si commodes à consulter età si bas prix. »>

La géographie a été cultivée par les Chinois depuis la plus haute antiquité; ce que prouve la description de l'empire donnée par le Chou-king cinq siècles avant notre ère; mais leurs cartes, estimables à certains égards, n'étaient point graduées. Les jésuites ont levé une nouvelle carte de l'empire par ordre de l'empereur Kang-hi, de 1707 à 1715; une nouvelle édition perfectionnée en 104 feuilles fut publiée en 1760 par ordre de l'empereur Khian-loung, sous la direction des missionnaires. La géographie impériale forme 260 volumes in-4° avec des plans et des cartes; elle embrasse tout topographie, hydrographie, description des monumens, des antiquités, des curiosités naturelles, l'industrie, les productions, le commerce, l'agriculture, le gouvernement, la population, l'histoire générale, la biographie et la bibliographie. L'astronomie a toujours été en honneur à la Chine; mais elle n'y a jamais fait que des progrès médiocres. Les connaissances des Chinois en mathématiques paraissent être très bornées; ils emploient le système décimal, et ils exécutent rapidement toutes les opérations d'arithmétique avec une machine, dont l'usage a passé en Russie et en Pologne. La théorie de leur tactique est savamment combinée et a fixé même l'attention de quelques généraux de l'école du grand Frédéric ; mais leur artillerie est très mauvaise; leurs fusils ne sont pas meilleurs et leur poudre ne vaut rien. Cependant ils en ont connu la fabrication longtemps avant nous, de même que l'art de faire des feux d'artifices d'un effet surprenant. La médecine des Chinois est mêlée de pratiques superstitieuses et fondée sur une théorie absolument imaginaire; leur pharmacopée est assez riche;

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