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comparer la densité de la population des états entre eux. M. Fersell, dans un beau travail sur la Suède, a démontré, il y a quelques années, que l'espace occupé par des lacs et des marais, forme plus d'un huitième de la superficie totale de ce royaume; que ce même espace, dans le gouvernement de Nykoping, monte à un sixième; que, dans ceux d'OErebro et de Christianstad, il dépasse ce rapport, tandis que dans le gouvernement de Kronoberg il s'élève presque à un cinquième. Mais lorsqu'il est question de comparer d'une manière spéciale le nombre des habitans au sol sur lequel ils sont répandus, surtout lorsque, sur les traces de quelques statisticiens célèbres, on veut regarder la population relative comme la mesure de la force, de la richesse et de la civilisation des états, alors il faut absolument que les élémens soient comparables. Pour les obtenir tels, il faut retrancher de la surface d'un état toute la partie condamnée à la stérilité ou par des froids excessifs ou par la qualité aride du sol, les vastes espaces occupés par les lacs et les lagunes, ainsi que tous les terrains qui ne sauraient être rendus cultivables sans des travaux préliminaires très dispendieux, tels que ceux qu'exigent le dessèchement des marais et la culture des bruyères et des landes, quoique l'industrie isolée de quelques habitans parvienne quelquefois à triompher de ces derniers obstacles. Des espaces immenses doivent donc être retranchés, pour ces différentes causes, de la superficie de l'empire Russe. Toute conséquence que l'on voudrait tirer de la population relative de cet état comparée à la population relative d'un autre état quelconque, sans avoir fait subir à cet élément les modifications que nous venons d'indiquer, serait inexacte pour ne pas dire absurde. Mais un exemple, tiré d'un état peu éloigné et très bien connu, mettra dans toute son évidence ce principe, tant négligé par tous les auteurs qui s'occupent de statistique générale. Les maremmes du grand-duché de Toscane s'étendent dans les environs de Sienne, de Pise et de Livourne; elles occupent les territoires de Manciano, Orbitello, Grossetto, Castiglione, Massa, Volterra, Piombino, Campiglia, etc. M. Thaon, qui a fait un important travail sur ces terrains, si funestes à ceux qui osent y séjourner, es

time leur superficie à près de 1900 milles carrés et leur chétive population à 76,000 âmes. Nous verrons dans le tableau statistique que la superficie totale de cet état est de 6324 milles, et que sa population absolue à la fin de 1826 était de 1,275,000 âmes; en retranchant de ces deux sommes les parties qui appartiennent aux espaces occupés par les maremmes, nous aurons une superficie de 4424 milles et une population de 1,199,000 âmes, qui nous donneront une population relative de 271.02, au lieu de celle de 201.61 que nous aurions obtenue de la division des deux premiers nombres sans leur faire subir la modification nécessaire pour avoir des élémens comparables.

Nous avons fait toutes ces soustractions pour déterminer la population relative de quelques états que nous avons pris pour base de nos remarques sur la civilisation, sur les forces et la richesse respective de chacun considéré isolément et comparé aux autres dans notre Tableau physique, moral et politique des cinq parties du Monde; mais nous regrettons de n'avoir pas eu assez de loisir pour calculer de la même manière la population relative de tous les états admis dans les tableaux statistiques des cinq parties du monde de cet Abrégé. Celle que nous y offrons a été obtenue sans faire subir à la superficie aucune des modifications que nous avons signalées. Nous faisons cette remarque pour indiquer au lecteur les limites au-delà desquelles il tirerait des conséquences erronées s'il voulait raisonner sur la colonne de la population relative de nos tableaux statistiques.

Mais il y a une autre circonstance majeure qui rend tout-à-fait oiseuses ces sortes de comparaisons, lorsqu'elles se rapportent à de très petits états. En effet, que pourrait-on inférer en voyant dans notre tableau que la population relative de la république de Hambourg est de 1302 habitans, que celle de Brême est de 980, tandis que la population relative de la France n'est quee 208, et celle de l'empire d'Autriche de 185? Si l'on décrit un cercle de 20 à 30 milles autour de chaque grande ville de l'Europe et autour des capitales de tous ces petits états, on trouvera que la population relative des surfaces, dont ces grandes villes occupent les centres, non-seulement

nière étonnante dans le court intervalle de quelques années. Nous nous bornerons à citer l'Espagne dont les revenus en 1802 s'élevèrent, indépendamment de ceux provenant de ses riches colonies et de plusieurs impôts d'un produit assez important, à la somme de 199,001,000 fr. tandis qu'en 1789 ils ne montaient qu'à 154,074,000! Cette différence serait encore bien plus considérable si l'on voulait comparer les revenus de cette monarchie en 1807 avec ceux de 1809. Par les taxes de guerre et les emprunts, les revenus de l'Angleterre en 1813, 1814 et 1815 se sont élevés à 128,374,286, à 123,047,516 et à 131,799,772 livres sterling; dans ces trois sommes énormes les emprunts ne figurent que pour 36,050,575, 36,078,048 et 39,421,959 livres sterling. En comparant ses revenus dans les trois années de 1793, 1794 et 1795, on les trouverait seulement de 22,370,983, de 31,086,745 et de 40,916,672 livres sterl., sommes dans lesquelles les emprunts correspondans ne figurent quepour 3,925,000, 11,000,000 et 17,300,000, livres sterling. Les revenus de la Confédération AngloAméricaine, provenant la plupart des droits perçus sur les importations et les exportations, offrent des différences énormes dans un petit nombre d'années d'intervalle. C'est ainsi que le revenu fédéral qui en 1809, année de guerre contre l'Angleterre, ne s'était élevé qu'à 7,773,473 dollars, dont 7,296,021 produit des douanes, s'est élevé en 1816 à 57,171,422, dont 36,306,875 provenant des douanes et 9,494,436 seulement des emprunts.

L'évaluation de la dette calculée à différentes époques offre des différences encore plus grandes. Les empires Russe et d'Autriche et la monarchie Prussienne, qui ont maintenant des dettes très considérables, avaient peu ou n'avaient point de dette avant la première révolution française. Dans la courte période de 8 ans, c'est-àdire de 1816 à 1823 inclusivement, la France a augmenté sa dette d'un capital nominal de 1,998,787,720 francs, ce qui exigea une augmentation de 99,939,386 francs dans les dépenses annuelles pour en payer les intérêts. Depuis 1803 jusqu'en 1815 la dette anglaise s'est augmentée de 491,940,407 livres sterling ou de 12,298,510,175 francs. Le 11 octobre 1824, la dette fédérale des EtatsUnis était encore de 90,797,920 dollars;

vers la fin de 1826 elle n'était plus que de 74,000,000 de dollars.

Une différence non moins remarquable vient de la manière de calculer les revenus : les uns prennent toute la totalité de la recette y compris les frais de régie et d'administration, ce qu'ils appellent le revenu brut; les autres au contraire défalquent du revenu total les sommes dépensées pour la régie et l'administration; la somme restant constitue le revenu net. La différence entre ces deux sommes est plus ou moins grande selon l'imperfection des systèmes administratifs des divers pays. Dans les contrées bien administrées la totalité de ces frais n'arrive pas même à un douzième, tandis que dans certains états elle dépasse le tiers. Les états de l'Europe offrent sous ce rapport, comme sous tant d'autres, les différences les plus frappantes. Tandis que les frais de perception et de régie ne montent, selon quelques auteurs, qu'à onze pour cent en Angleterre et qu'ils forment actuellement en France environ un neuvième de la recette, ils figurent pour un peu plus qu'un neuvième dans le budget du royaume de Hanovre, pour un huitième dans celui du royaume de Bavière et pour plus d'un tiers dans celui de Portugal.

Mais quelques faits jetteront sur ce sujet plus de jour que tous les raisonnemens que nous pourrions faire. La recette totale de la France pendant l'année 1826 est évaluée dans le budget à 987,620,000 fr., dont 140,000,000 environ représentent les frais de régie et de perception. Le revenu brut moyen de l'Espagne a été évalué en 1822 à 663,763,457 réaux de vellon; en retranchant decette somme 113,763,457 réaux pour les frais de perception et de régie, on aura le revenu net de 550,000,000 de réaux, tel qu'il a été estimé par le ministre des finances et adopté par les cortès. Le revenu brut du royaume de Hanovre pendant la même année s'est élevé à 3,698,920 rixdalers, somme réduite à 3,278,400 par les frais de perception et de régie; dans ces deux sommes ne sont pas compris les revenus des biens de la couronne qui montent presqu'à la même somme. Le ministre des finances a évalué le revenu brut du royaume de Wurtemberg pendant les trois années 1823, 1824 et 1825 à 11,040,808 florins du Rhin, et le revenu net correspondant à 9,679,123

florins; celui de Bade a estimé le revenu brut de ce grand-duché pendant les années 1825, 1826 et 1827, à 9,468,613 fl. et le revenu net à 7,355,715. Ces deux estimations officielles citées par M. de Malchus, ancien ministre des finances du royaume de Wurtemberg, signalent la source de la méprise de Hassel; par la simple inspection de la dernière colonne du tableau à la page 615, on voit que ce savant statisticien a donné le revenu net du royaume de Wurtemberg et le revenu brut du grand-duché de Bade. Les documens of ficiels, dont l'ensemble forme l'excellente statistique du gouvernement de Venise par M. Quadri, démontrent que le revenu brut des Provinces Vénitiennes s'éleva en 1823 à 50,551,200 francs; mais les frais de régie et de perception ayant absorbé 10,126,022 francs, le revenu net ne fut quede 40,425,178 francs.

Dans la rédaction de nos tableaux statistiques nous avons tâché de donner, toutes les fois qu'il nous a été possible, le revenu brut de chaque état, parce que les frais de régie et de perception, formant une partie réelle des sommes payées par les contribuables, représentent une partie des ressources du pays, et ne peuvent ni ne doivent être négligés lorsqu'il est question de les comparer à ceux d'autres états. D'ailleurs ces frais donnent des moyens d'existence à un grand nombre de personnes; et en soumettant l'administration des finances et toutes les autres branches à un plan plus économique et mieux entendu, il ne tient qu'au gouvernement d'en tourner une plus grande partie au profit de l'état en augmentant le revenu net, à proportion qu'il parvient à diminuer les frais de régie et de perception. Dans un article rédigé avec un talent remarquable par un des collaborateurs du National, on a prouvé que, en admettant que le gouvernement français ait encaissé réellement de 550 à 560 millions en 1785, ia totalité des charges imposées immédia tement sous toutes les formes à la population, aurait monté à la somme de 725 millions, qui, au prix du marc d'argent à cette époque, équivalait à 832,200,000 francs. En considérant ensuite l'effet produit par la manière dont cette somme était levée, l'auteur de cet article en tire la conséquence, que la France en 1785 payait directement et indirectement 1,550,000,000 de francs, somme immense

surtout lorsqu'on la compare à la population qu'on ne portait alors qu'à 26 millions.

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Mais il y a certaines sommes qui figurent dans les recettes de quelques budgets dont le statisticien ne doit absolument tenir aucun compte, parce que ce ne sont aucunement des revenus bruts, mais bien des dépôts ou des capitaux seulement avancés pour l'achat du sel, du tabac et d'autres articles que le gouvernement revend ensuite avec des bénéfices très considérables. C'est ainsi que dans le budget des revenus de quelques cantons suisses, il faut faire de fortes soustractions pour l'achat du sel; que dans les budgets français et espagnols il en faut faire de plus fortes pour l'achat du tabac; et que le budget anglais exige uné immense réduction pour la recette provenant des drawback dénomination que nous croyons devoir expliquer pour nous mettre à la portée de tous nos lecteurs. Les marchandises de fabrication anglaise sont, quand on les exporte, exemptées des droits attachés à la consommation intérieure. Cette exemption a été établie afin que l'étranger, dans le but de ne pas contribuer aux charges publiques de l'Angleterre, n'achète point ailleurs des marchandises de qualités inférieures, mais non taxées. Quoique le droit soit acquitté par le producteur, on en rembourse le montant à l'exportateur, quand la marchandise a été placée à bord du navire. C'est ce remboursement que le budget désigne sous le titre de drawback. Dans l'année 1828 le gouvernement anglais déboursa de cette manière la somme énorme de 2,700,000 liv. sterl. ou 67,000,000 fr., dont 1,400,000 liv. sterl. sur des tissus de coton, 900,000 liv. sterl. sur du sucre raffiné et 400,000 liv. sterl. sur des verres. Les primes à Pexportation, qui en France correspondent jusqu'à un certain point aux drawback de l'Angleterre, se sont élevées en 1826 à 4,000,000 francs, somme qu'il faudrait déduire de la recette du budget français.

Il y a plusieurs états, où les biens domaniaux ont une administration toute particulière, et dont les revenus, malgré leur grande importance, ne figurent jamais dans le budget. Quelques statisticiens et bien des géographes, soit par ignorance de cet élément statistique, soit

parce qu'il leur semble plus convenable de suivre en cela le procédé des gouvernemens respectifs de ces états, ne tiennent aucun compte des revenus provenant de ces biens, et donnent ainsi des évaluations qui diffèrent énormément des estimations correspondantes faites par des auteurs qui les admettent dans le budget. Par le rapport fait en 1822 aux états du grand-duché de Hesse, on voit que sur la totalité des recettes, estimées à 5,998,510 florins, les domaines seuls entrent pour la valeur de 1,910,635 florins, c'est-à-dire qu'ils forment le tiers du revenu. La recette provenant des domaines du royaume de Hanovre égale presque celle des revenus de l'état, qui sont les seuls portés dans le budget et dont parlent les journaux et les écrits périodiques. On peut en dire autant de ceux du duché de Nassau. Ceux du grand-duché de Saxe-Weimar montaient même à 690,000 rixdalers en 1830, lorsque les revenus de l'état n'étaient évalués qu'à 659,595 rixdalers. On peut dire en général que presque tous les revenus domaniaux des petits états de la Confédération Germanique sont beaucoup plus forts que les revenus publics ou nationaux. Il est inutile de dire que nous avons cru devoir porter toutes ces sommes dans la recette des états respectifs.

Mais ici se présente une difficulté qui nous paraît avoir échappé jusqu'à présent à l'attention de tous les statisticiens et des géographes les plus distingués. Doiton, dans un tableau comparatif général comme le nôtre, porter dans la recette de certains états les revenus considérables qui proviennent des biens situés

hors de leurs territoires respectifs on de transactions politiques passées avec d'autres états? Dans ce cas particulier nous croyons que le meilleur parti à prendre serait d'omettre ces sommes qui ne doivent jamais figurer parmi les ressources de ces pays auxquels elles sont étrangères, tout en indiquant cependant leur existence dans des notes ou des observations préliminaires. C'est aussi ce que nous avons fait dans le tableau statistique de l'Europe, auquel ce paragraphe doit servir de commentaire. Le lecteur n'aura plus aucune difficulté à expliquer l'étonnante disparité d'évaluation qu'offre le revenu de la principauté de Lichtenstein, en apprenant que MM. Cannabich, Liechtenstern, Reichard, Stein et Malchus n'ont tenu compte que de la recette brute ou nette provenant, dans des années différentes, du territoire de cette petite principauté, tandis que MM. Hassel et Zedlitz ont compris dans leur estimation tous les revenus des immenses possessions médiates que le souverain de ce petit état possède dans l'empire d'Autriche et dans la monarchie Prussienne. Nous indiquerons ici les sommes que, pour ce motif, il faut ajouter aux revenus offerts dans le tableau statistique de l'Europe, à la page 636. A l'exemple de M. de Malchus, nous prenons pour guide de nos estimations le Statisticher Umriss de Hassel et ses Almanachs statistiques. Nous disposerons ces sommes dans le tableau ci-dessous, afin d'en faciliter l'addition aux colonnes correspondantes du tableau de l'Europe sus-mentionné.

TABLEAU DES SOMMES QU'IL FAUT AJOUTER A LA COLONNE DES REVENUS, DU TABLEAU STATISTIQUE DE L'EUROPE.

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1,500,000 florins d'Augsbourg à la PRINCIPAUTÉ DE LICHTENSTEIN pour ses possessions médiates dans l'empire d'Autriche et la monarchie Prussienne; dans cette somme 300,000 florins représentent les revenus de la branche cadette ou du Carlischen Majorat. Nous ajoutons ce renseignement pour expliquer les deux estimations si différentes des revenus de cette principauté données par M. Hassel en 1822 et en 1826, que nous avons citées dans le tableau à la page 615. A l'égard des dettes de cette principauté, trop considérables pour être négligées, nous nous bornerons à dire qu'elles paraissent s'élever à 7,800,000 francs. 200,000 florins au DUCHE D'ANHALT-DESSAU pour ses possessions médiates dans les états des rois de Prusse et de Saxe. 30,000 florins au DUCHE D'ANHALT-BERNBOURG pour ses possessions médiates dans la monarchie Prussienne.

90,000 florins au DUCHE D'ANHALT-COETHEN pour la principauté de Pless en Silésie. 175,000 florins au DUCHE DE BRUNSWICK pour la principauté d'OEls en Silésie.

34,000 florins au LANDGRAVIAT DE HESSE-HOMBOURG pour ses possessions médiates dans la monarchie Prussicune.

100,000 florins à la PRINCIPAUTÉ De Hohenzollern-SIGMARINGEN pour ses possessions médiates en Bavière et dans les Pays-Bas. 143,000 florins à la SEIGNEURIE DE KNIPHAUSEN pour ses possessions médiates dans le grand-duché d'Oldenbourg et dans les Pays-Bas.

Sur l'autorité du savant estimable qui continue la rédaction de l'Almanach généalogique, historique et statistique de Weimar, nous n'ajouterons rien au revenu de la PRINCIPAUTE DE HOHENZOLLERN-HECHINGEN, à cause de l'alienation de ses possessions médiates dans les Pays-Bas; mais nous ajouterons 100.000 florins au revenu de la BAVIERE provenant de la somme annuelle que l'empereur d'Autriche s'est engagé à payer à cet état en dédommagement des cessions territoriales faites en 1814; près de 300.000? francs à la PRINCIPAUTE DE MONACO pour les biens que le prince possede en France et en Italie; et 500,000 francs au DUCHE DE LUCQUES pour la somme correspondante payée annuellement par l'empereur d'Autriche et le grand-duc de Toscane jusqu'à ce que le duc actuel succède à l'impératrice Marie-Louise dans le duché de Parme.

La recette des produits extraordinaires provenant d'emprunts, de ventes de possessions publiques ou de paiemens arriérés, doit être comptée parmi les causes qui concourent le plus à produire la disparité qu'on observe dans l'estimation des revenus des états. Toutes les sommes provenant de ces trois branches ne devraient jamais, selon nous, figurer dans un tableau comparatif, parce que ses colonnes ne doivent, autant que possible, offrir au lecteur que des élémens comparables. Envisageant ce sujet sous un point de vue peut-être différent, des auteurs estimables n'ont pas hésité à porter les revenus bruts du royaume de Wurtemberg en 1819 à 14,862,000 florins et les revenus nets à 11,077,000; mais ces fortes sommes n'ont été obtenues qu'en y comprenant plusieurs millions de recettes extraordinaires. Le revenu brut du grandduché de Bade se serait élevé en 1821 à 12,183,314 florins si l'on voulait y comprendre les 2,597,073 florins de recettes extraordinaires, la plupart provenant d'arrérages. Nous avons vu des géographes très distingués et des administrateurs habiles porter bien haut les revenus des nouveaux états transatlantiques, en mettant dans les recettes respectives les sommes considérables qui provenaient des emprunts que les nouvelles républiques de l'Amérique avaient ouverts en Angleterre. C'est ainsi que l'on a porté à 14, 159,349 piastres fortes le revenu de la Confédération Mexicaine en 1826, somme qui doit être diminuée de 2,458,559 piastres, produit d'un emprunt. Le budget du nouvel Etat de la Grèce estime la recette totale faite depuis le 1er janvier 1828 jusqu'aux 30 avril 1829 à 25.618,664 piastres turques; mais dans cette somme les véritables revenus de l'état n'arrivent pas à 9,000,000; c'est-à-dire qu'ils forment à peine le tiers de la recette; tout le reste provient des subsides français et russes dont l'ensem

ble forme la moitié de la recette totale, et d'autres sources extraordinaires. On commettrait donc une erreur grave si, sur la base de ce document officiel, on évaluait le revenu de la Grèce à près de 26,000,000 de piastres turques, comme l'a déjà fait quelque auteur et comme on nous conseillait de le faire.

Dans un tableau statistique de l'Europe publié en 1818 dans les Éphémérides géographiques de Weimar, les revenus de la monarchie Britannique ne sont évalués qu'à 199,273,833 florins, ou à environ 20,760,000 livres sterling. Dans celui de Fredau publié en 1819 ils montent à 290,000,000 rixdalers ou à 58,000,000 livres sterling; et dans celui du baron de Liechtenstern, publié à Vienne en 1819, ils sont portés à 465,000,000 florins. Hassel dans son Dictionnaire géographique, publié à Weimar en 1817, les évalue à 421,000,000 florins ou environ 43,850,000 livres sterling. Stein dans son Dictionnaire géographique, imprimé à Leipzig en 1818, les porte à 57,360,691 livres sterling. L'état actuel de l'Angleterre au commencement de 1822, rédigé sur des documens officiels, estime le revenu annuel à 56,000,000. On voit d'un coup-d'œil que ces grandes différences viennent de ce que les uns comptent pour rente les seuls revenus qui servent à couvrir les frais d'administration, faisant abstraction tantôt de ceux qui sont employés à payer les intérêts de la dette qui montaient vers cette époque à environ 30,000,000 liv. sterl., tantôt de ceux qui forment le fonds d'amortissement, qui s'élevait le 5 janvier 1820 à 15,815,001 liv. sterl. et tantôt de ces deux sommes ensemble, pendant que d'autres comprennent dans leur évaluation tous les revenus quelle que soit leur destination, comme nous l'avons fait nous-même dans nos tableaux, afin de pouvoir y présenter une échelle comparative des finances des

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