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L'HELLADA, qui traverse la partie méridionale de la Thessalie, passe près de Patratchik, et laissant Isdin ou Zeitoun au nord, et la fameuse gorge des Thermopyles au sud, entre dans le golfe de Zeitoun.

La MER MÉDITERRANÉE reçoit :

L'IRIS, nommé RIVIERE D'HELOS au-dessous de Scala; il descend du plateau central de la Morée, traverse l'ancienne Arcadie et la Laconie, et débouche dans le golfe que nos cartes nominent de Kolochina. Ce petit fleuve est le célèbre Eurotas, qui, selon la remarque de Villoison, porta dans le moyen àge le nom de Vasili-Polamos ou de fleuve royal, à cause du séjour des despotes de Morée à Misitra.

La MER IONIENNE et ses GOLFES reçoivent : Le ROFIA (Alpheus), qui descend du plateau central de la Morée, où il traverse l'Arcadie et l'Elide. Malgré la petitesse de son cours, c'est le plus grand courant de la Morée.

L'ASPRO POTAMO descend du Mezzovo ou Pinde, traverse du nord au sud l'extrémité occidentale

de la Thessalie, arrose l'Etolie à la gauche et l'Acarnanie à la droite, et après avoir reçu le

tribut des eaux du lac de Soudi ou de Vrachori,

il entre dans un des golfes formés par la mer Jonienne.

L'ARTA, descend du Pinde, traverse l'Epire Oriental, baigne Arta et entre dans le golfe ou la lagune de ce nom.

Le CALAMAS, parait descendre des montagnes

qui s'élèvent au nord-ouest du bassin de Janina,

traverse les campagnes naguère si florissantes de l'Epire ou de la Basse-Albanie, cultivées par ies Philates, tribu grecque, et va aboutir dans le canal de Corfou. On pourrait regarder le beau bassin de Janina, si florissant avant les troubles qui ont désolé cette contrée, comme une dépendance hydrographique de ce bassin.

La MER ADRIATIQUE reçoit :

Le Voïussa ou Vedis, qui descend du Pinde,

traverse la Basse-Albanie en passant par Conitza,

Premiti et Tebelen, et se rend dans l'Adriatique. Parmi ses affluens nous nommerons au moins l'Argyrocastron à la gauche, qui passe par la

ville de ce nom.

L'ERGENT, dit aussi BERATINO et KREVASTA; il descend des montagnes qui s'élèvent au nord

ouest de Kastoria, traverse l'Albanie-Moyenne,

passe par Berat et débouche dans l'Adriatique.

Le SCOMBI OU TOBI qui prend sa source dans la chaîne où nait l'Ergent, traverse la mème contrée, passe peu loin d'Elbassan, et, après avoir baigné Pekim, entre dans l'Adriatique.

lac d'Ochrida, passe près de Haute-Dibre, BasseDibre et bali, et DRIN-BLANC qui vient du côté opposé; Prisrend et lacovo appartiennent au bassin de ce dernier. Le Drin passe ensuite par Dagno, Alessio et entre dans l'Adriatique. Ce fleuve qui paraît être le plus grand de cette contrée, traverse la partie nommée Haute-Albanie.

La BOJANA, nommée MORACCA dans la partie supérieure de son cours, traverse la Haute-Albanie en passant par Podgoritza, entre dans le lac de Scutari, d'où elle sort sous le nom de Bojana, arrose la ville de Sculari, et au-dessous de St-Georges elle entre dans l'Adriatique. Presque tout l'intéressant canton du Montenegro appartient au bassin de ce fleuve.

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ETHNOGRAPHIE. Un grand nombre de peuples différens, que l'ethnographie classe en six souches principales, vivent dans cette partie de l'Europe; la souche slave et la souche gréco-latine sont les deux familles ethnographiques auxquelles appartient le plus grand nombre de ses habitans. La SOUCHE GRÉCO-LATINE Conprend les Grecs, qui occupent maintenant presque sans mélange tout le territoire du nouvel Etat de la Grèce; ils sont aussi très nombreux dans la Thessalie, dans la Basse-Albanie, dans une partie de la Macédoine, de la Romélie ou Thrace, dans l'ile de Candie; on en trouve aussi quelques milliers dans les principautes de Valachie et de Moldavie, où ils se sont établis à la suite des hospodars qui étaient choisis dans des familles grecques. Les Grecs forment aussi la nation dominante et la très grande majorité de la population de la république des IlesIoniennes. Parmi les nombreuses peuplades grecques connues sous des noms particuliers, nous ne nommerons que les Maïnotes comme les plus célèbres. Les Roumnaje ou Roumouni, plus connus sous le nom de Valaques; ils forment presque exclusivement la popula

Le MATI, dont le cours est beaucoup plus tion des principautés de Valachie et de

petit que celui des précédens, mais que nous nommons, parce qu'il parcourt la contrée montagneuse habitée par les Mirdites, peuplade albanaise catholique, qui conserve une sorte d'indépendance. Ce fleuve nait dans la chaîne qui s'élève à l'ouest du Drin-Noir, passe peu loin

d'Ischmid et entre dans l'Adriatique. Croïa ou Akseraï et Orocher appartiennent à son bassin.

Le DRIN, qui est formé par la réunion des deux branches nommées DRIN-NOIR, qui sort du

Moldavie, et une fraction de la population des provinces intérieures de l'empire Ottoman; ils sont surtout nombreux dans les vallées du Pinde. Les Italiens, qui forment presque un vingtième de la population de la république des Iles Ioniennes, et qu'on rencontre en assez grand nombre dans les principales villes commerçantes de l'empire Ottoman. Les Skipe-

tars, nommés Arnaut par les Turks et Albanais par les Européens; ils forment la population principale de l'Albanie, et sont répandus en assez grand nombre dans la Romélie, la Bulgarie et la Macédoine, provinces de l'empire Ottoman; on les trouve aussi dans le nouvel état de la Grèce, par exemple à Hydra, Spetzia, dans l'Argolide et autres cantons leurs tribus principales paraissent être les Guegues, dans la Haute-Albanie; les Mirdites et les Toskes ou Toxides dans la Moyenne, les Chami ou Choumi et les Liapi ou Lapy dans la Basse. Les principaux peuples compris dans la souCHE SLAVE Sont les Šerbli ou Serviens, qui occupent presque exclusivement toute la principauté de Servie et l'Hertzegovine ou Dalmatie Ottomane; les Bosniens, qui forment la grande masse de la population de la Bosnie, et les Montenegrins, qui dans les montagnes du Montenegro conservent depuis si longtemps leur indépendance. La SOUCHE TURQUE, répandue, il y a plusieurs années, sur tous les pays de cette région qui dépendaient du grand-seigneur, est maintenant restreinte dans les bornes actuelles de l'empire Ottoman. Ses principaux peuples sont les Osmanlis, nommés Turks par les Européens, dénomination qu'ils regardent comme une injure, ayant depuis long-temps secoué le joug des moeurs sauvages de leurs ancêtres nomades, descendus du plateau de l'AsieMoyenne. Les Osmanlis sont la nation dominante de l'empire; ils se distinguent aussi des autres peuples par leur civilisation assez avancée. Viennent ensuite les Turks Dobrudjis, improprement nommés Tatares, les lourouk et autres moins nombreux. Les SOUCHES ARMÉNIENNE et SÉMITIQUE comprennent les Arméniens et les Juifs, répandus dans toutes les villes les plus commerçantes des états compris dans cette région La SOUCHE SAMSKRITE OU INDIENNE ne comprend que ce peuple vagabond et abruti, connu en Europe sous différentes dénominations, et en France appelé Bohémiens; c'est dans les principautés de Moldavie et de Valachie qu'on le trouve en plus grand Dombre, ensuite dans les provinces intérieures de l'empire Ottoman.

RELIGION. L'ISLAMISME ou la RELIGION DE MAHOMET est le culte dominant dans l'empire Ottoman; tous les autres, quoi

que professés publiquement, n'y sont que tolérés. Les Osmanlis, les Turks des embouchures du Danube, les Iuruk et une partie considérable des Bosniens, des Albanais et des Bulgares sont mahométans, et reconnaissent pour chef spirituel le Moufti, qui est le vicaire du grand-seigneur pour tout ce qui regarde la religion et l'exercice de la justice civile. Le CHRISTIANISME est professé par le plus grand nombre des habitans de cette région, mais ses disciples sont divisés en plusieurs églises; les Grecs, les Valaques, les Serviens et une grande partie des Bosniens et des Bulgares appartiennent à l'église Grecque Orthodoxe, dont le chef est le patriarche de Constantinople. Une partie assez considérable des Albanais, des Bosniens et des Arméniens, près d'un cinquième de la population des Îles Ioniennes et une fraction des insulaires de l'Archipel sont attachés à l'église Catholique Romaine. La majorité des Arméniens professe les dogmes de l'église Arménienne. La RELIGION DE MOISE est suivie par les Juifs tant du rit karaïte que du rit rabbiniste.

INDUSTRIE. Toutes les branches de l'industrie sont plus ou moins arriérées dans cette région, malgré la beauté et l'abondance des matières premières. L'invariabilité des usages a pendant long-temps contribué à cette langueur, pour tout ce qui regarde l'habillement et les branches de commerce qui en dépendent. Quelques villes se distinguent cependant par leur industrie et font exception. Constantinople, Salonique, Andrinople, Roustchouk, Seres et Choumla sont les villes qui offrent le plus d'activité sous le rapport manufacturier. On prépare bien le maroquin et le cordouan ou cuirà Larissa, Salonique, Gallipoli, Janina, etc. Il y a des teinturiers très adroits à Ambelakia, à Larissa, etc.; des manufactures de coton à Salonique, Seres. Constantinople, Silistrie et à Turnavos en Thessalie. On fait d'assez bonnes étoffes de soie à Constantinople et à Salonique. Les chaudronniers et les ferblantiers de Choumla ont porté leur art à une très grande perfection. On travaille bien l'acier à Bosna-Seraï, à Scutari, à Caratova et à Constantinople. On fabrique des armes à feu à Semendria, à Grabora, etc. Enfin, l'imprimerie orientale établie à Constantinople fournit, con

curremment avec l'imprimerie du Caire, des livres arabes, persans et turks à tout l'empire. On ne peut rien dire de l'industrie du nouvel état de la Grèce et des principautés de Valachie et de Moldavie; désolés par la guerre, ces pays n'offrent sous ce rapport rien qui mérite d'être mentionné. Les lles loniennes, malgré les progrès faits par certains arts depuis une trentaine d'années, sont encore très arriérées sous le rapport de l'industrie. Cependant les habitans de ces les ainsi que ceux du nouvel état de la Grèce se distinguent par leur habileté dans la construction des nombreux bâtimens marchands qui naviguent dans les parages de cette partie de l'Europe, et qui pendant la longue guerre de la révolution française poussaient leurs courses jusqu'en Frauce, en Espagne et même en Amérique.

COMMERCE. Le commerce maritime et terrestre de l'empire Ottoman est très important; mais la plupart des affaires sont faites par les Grecs, les Arméniens, les Juifs et les Albanais, ainsi que par le grand nombre d'étrangers Autrichiens, Russes, Anglais, Français, Hollandais et autres Européens qui y sont établis. Le commerce du nouvel état de la Grèce, si florissant avant la guerre de l'insurrec tion, est presque entièrement anéanti: nous signalerons dans la topographie les villes qui offrent encore quelque importance sous ce rapport. Les Iles loniennes, grâce à la paix dont elles jouissent depuis plusieurs années, présentent un cominerce florissant et une navigation assez étendue ; les franchises accordées d'abord à Corfou et depuis aux autres ports en sont en grande partie la cause. Les principales EXPORTATIONS des états compris dans cette région consistent en bé-. tail, surtout chevaux, bœufs et cochons; en peaux tannées et brutes; laine, vins, tabac, coton, raisin de Corinthe, amandes, figues sèches, dattes et autres fruits, huile d'olive, cire, miel, soie crue et filée, camelot, tapis, maroquin, noix de galle, garance, gomme dragant, éponges, cuivre, alun, terre sigilée, etc., etc. Les principaux articles d'IMPORTATION sont toile, étoffes de soie, draps, bonnets, fourrures, miroirs, verres et autres objets de cristal et de verre; montres et pendules, porcelaine, papier, aiguilles, plusieurs articles en métal et en bois, sucre, café et autres denrées coloniales, et

des sommes assez considérables d'argent comptant, surtout de sequins de Venise. On doit ajouter que l'on importe une grande quantité de blé, de gros et menu bétail et de bois dans les lles Ioniennes, qui exportent en revanche une grande quantité d'huile, de vin, de liqueurs, de raisin de Corinthe et de sel.

Les villes maritimes les plus commerçantes sont: Constantinople, Salonique, Gallipoli, Enos et Varna dans l'empire Ottoman; Syra, Hydra, Nauplia et Patras dans le nouvel état de la Grèce, Zante, Corfou et Argostoli dans la république des Îles Ioniennes. Parmi les places les plus commerçantes de l'intérieur de l'empire Ottoman, on doit nommer Andrinople, Bosna-Seraï et Janina; et dans les principautes, Belgrade en Servie, Bukarest en Valachie et Gulacz en Moldavie.

PLACES FORTES et PORTS MILITAIRES,

Les principales forteresses de cette région sont: Widin, Silistrie, Roustehouk Choumla, Varna, Scutari, Zwornik, Bihacz, Banialouka et Candie dans l'empire Ottoman. On peut ranger dans la même catégorie les fortifications qui défendent le passage de l'Hellespont ou détroit des Dardanelles et celui du Bosphore ou détroit de Constantinople, ainsi que la chaine du Balkan; on peut même dire que cette dernière est le principal boulevard de l'empire contre les ennemis du Nord. Par son développement de l'occident à l'orient et parallèlement au cours du Danube, elle servit longtemps de barrière contre les incursions des Daces, des Goths et des Bulgares, et elle avait jusqu'à ces derniers temps arrêté tous les efforts des Russes. C'est ce qui fait que les Turks l'ont aussi nommée Emineh-dagh, c'est-à-dire montagne qui sert d'abri. Les Turks ont de plus le droit de tenir garnison dans l'importante place de Belgrade dans la principauté de Servie. Nauplia, Negrepont, Missolonghi, les citadelles de Corinthe, d'Athenes, le château de Morée, celui de Lepante, Modon et Coron sont les principales forteresses de la Grèce. Corfou, dans la république des Iles Ioniennes, passe justement pour une des plus fortes places de l'Europe. Les forteresses le long de la rive gauche du Danube, qui appartiennent à la principauté de Valachie devant être démolies, cet état n'en

offrira alors aucune qui mérite d'être citée pour sa force.

Les principaux ports militaires de cette partie de l'empire Ottoman sont: Constantinople, Varna, Gallipoli. Le nouvel Etat de la Grèce offre Navarin, Poros et Lepante. Dans la république des Iles Ioniennes Corfou est la station ordinaire d'une partie de la flotte anglaise dans la Méditerranée.

DIVISIONS POLITIQUES. Nous avons déjà vu les différens états dans lesquels cette région est actuellement partagée. Ici nous les répéterons pour indiquer l'ordre que l'on suivra dans leur description. Ces états sont: l'empire Ottoman, dont nous décrirons la seule partie que l'on puisse regarder comme appartenant à l'Europe; le nouveau royaume de Grèce, les principautés de Servie, de Valachie et de Moldavie, tributaires de l'empire Ottoman; la république des Iles 10niennes.

Mais avant de passer à la description de ces différens états, qu'il nous soit permis de faire quelques observations sur leurs divisions administratives et leur topographie. Malgré tous les soins que nous avons mis à offrir l'état actuel de ces contrées, nous sommes bien loin de nous flatter d'avoir atteint le but de tant de recherches. L'anarchie,, les guerres intérieures et extérieures, la famine, la peste et d'autres fléaux qui ont désolé ces contrées, les réformes qu'elles subissent depuis quelque temps de la part de leurs gouvernemens respectifs qui sont encore mal affermis, laissent encore de grandes lacunes et bien des doutes sur tout ce qui concerne les divisions administratives de ces états. Aidé par notre savant ami M. Reinaud, nous avons essayé de tracer les divisions actuelles de l'empire Ottoman, autant que ces différens obstacles

Empire

CONFINS. All nord, les Confins Militaires dans l'empire d'Autriche, les principautés de Servie, de Valachie et de Moldavie et la province russe de Bessarabie. A l'est, la mer Noire, le Bosphore ou le détroit de Constantinople, l'Hellespont ou le détroit des Dardanelles et l'Archipel. Au sud, la mer de Marmara, l'Archipel et la mer Méditerranée, le nouvel Etat de la Grèce. A l'ouest, la mer lonienne, la

le permettaient. A l'égard de la Grèce nous offrons le tableau officiel publié il y a quelques années par le gouvernement. A l'égard des divisions administratives des principautés de Valachie, de Moldavie et de Servie, nous aimons encore mieux n'en donner aucune que de nous exposer à rédiger un tableau erroné. La seule république des Iles Ioniennes est excmpte de ces incertitudes, grâce à la stabilité de son gouvernement et à la paix dont elle a jouì. Ce que nous venons de dire sur les divisions administratives doit nous servir de justification pour la marche que nous avons suivie dans l'article topographie. Imitant notre célèbre ami, nous décrirons, comme l'auteur du Précis, les principales villes de l'empire Ottoman d'après les cinq grandes régions que l'usage appelle Romélie, Macédoine, Albanie, Bosnie, et Bulgarie. Nous avons ajouté à la Macédoine la Livadie Septentrionale, qui correspond à l'ancienne Thessalie, et nous avons joint à la Bosnie la Dalmatie et la Croatie Ottomanes. Fidèle au plan adopté dans cet Abrégé, nous avons groupé autour des villes principales de ces grandes divisions toutes les autres villes qui méritaient d'étre mentionnées. La topographie de la Grèce n'offrirait aujourd'hui presque aucune ville remarquable sous le rapport du commerce, de l'industrie, de la population et des établissemens littéraires. Mais ces villes classiques offrent tant d'intérêt sous le rapport historique et archéologique, que nous avons cru devoir entrer dans quelques détails pour présenter le tableau de ses imposantes ruines et de ses vénérables souvenirs. Ce sont les conseils et les lumières de M. Dubois, directeur de la section archéologique de l'expédition française en Morée, qui nous ont guidé dans cette tâche difficile.

Ottoman.

mer Adriatique, la Dalmatie et les Confins Militaires dans l'empire d'Autriche. PAYS. Toute la ci-devant Turquie Euro-péenne, moins la Bessarabie et la partie de la Moldavie, cédées à la Russie, ainsi que les pays qui forment les principautés de Servie, de Valachie et de Moldavie, et le nouvel Etat de la Grèce. Tant de pertes n'ont été compensées que par l'acquisition des petits territoires de Butrinto,

Parga, Prevesa et Vonitza qui appartenaient à la ci-devant république de Venise.

FLEUVES. Le Danube, la Maritza, le Karasou, le Vardar, l'Indje-Karasou, la Salambria, l'Hellada, l'Aspropotamo, l'Arta, le Voïoussa, le Drin, la Bojana et la Narenta. Voyez aux pages 564 et 565.

GOUVERNEMENT. Il est absolu, et le souverain, réunissant dans sa personne la puissance temporelle et spirituelle, ne reconnait pas de frein à ces volontés. Néanmoins, dans la pratique, le souverain n'ose pas se mettre ouvertement au-dessus des volontés de la nation. Les circonstances d'ailleurs ont été, depuis près de deux siècles, tellement défavorables, que si le sultan fait trembler le peuple, le peuple n'inspire pas moins d'effroi au sultan. Nous allons tracer un tableau rapide de l'état actuel du gouvernement Ottoman, que nous devons à l'obligeance de M. Rainaud. Ce tableau est ici d'autant plus nécessaire, qu'il nous dispensera d'y revenir de nouveau, lorsqu'il sera question des provinces Ottomanes d'Asie et d'Afrique.

Le Coran, livre sacré des musulmans, servant à-la-fois de code religieux, civil et politique, et le sultan étant regardé comme le successeur des anciens califes, il en résulte que le prince est investi de tous les pouvoirs à-la-fois. Mais le sultan, du moins depuis plus de deux siècles, n'exerce pas l'autorité par lui-même il a deux lieutenans qui sont censés le représenter. Le premier, sous le nom de mufti, est à la tête des ministres de la religion et de la loi, décorés du nom d'oulemas ou savans; le second, appelé grand-vizir, dirige le gouvernement civil et militaire.

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Sous les ordres de ces deux grands dignitaires se trouvent tous les fonctionnaires de l'empire. Ceux dont il est le plus souvent question dans nos relations sont les pachas. Le mot pacha, qu'on prononce aussi bacha, est d'origine persane et signifie chef. Il sert de titre au grand-vizir et au capitan-pacha,qui est le commandant en chef des forces navales de l'empire; mais il désigne d'une manière plus générale le gouvernement des provinces. On en distingue trois classes, suivant l'étendue des pays soumis à leur juridiction, et ils reçoivent, pour emblème de leur autorité, une queue de cheval suspendue au bout d'une pique terminée par un pommeau doré. Les pachas du premier rang reçoivent trois de ces queues; ceux du second rang, deux; et ceux du troisième une. L'usage des queues de cheval vient de la Tartarie, pays d'où les Turks tirent leur origine.

La réunion du grand-vizir, du mufti, du capitan-pacha et de tous les chefs d'administration en conseil, s'appelle divan: ce mot est d'origine arabe et signifie assemblée; ainsi le divau est pro

prement le conseil de l'empire, et il traite de toutes les grandes affaires d'état. Il n'est pas besoin d'ajouter qu'il ne s'assemble qu'à Constantinople.

Le gouvernement reconnaît au reste deux classes de sujets bien distinctes: les musulmans, qui représentent les vainqueurs et constituent l'état proprement dit; et les non-musulmans, c'est-àdire les chrétiens, les juifs et les païens, qui représentent le parti vaincu et qui sont soumis à la capitation. Les sujets non musulmans sont appelés du nom général de rayas, mot arabe qui signifie troupeau. Jusqu'ici la loi les avait placés fort audessous des musulmans : ils ne laissaient pas ce

pendant de jouir de certains privilèges; par exemple, dans chaque localité, là où ils étaient un peu nombreux, ils formaient une espèce de communauté présidée par un d'entre eux appelé primat. est privée de tout droit politique: c'est celle des Il existe encore une classe de sujets, et celle-ci esclaves. L'esclavage est admis dans les pays musulmans, comme il l'a été de tout temps en Orient; seulement il est de principe qu'un musulman né libre ne peut pas être fait esclave; et si étant esclave il embrasse l'islamisme, il reçoit ordinairement la liberté. Cette classe est malheureusement très nombreuse. Les Turks, ainsi que les Asiaesclaves des deux sexes, soit pour se décharger tiques en général, ont toujours recherché des sur eux de toutes les fonctions pénibles, soit pour satisfaire plus librement leur penchant à la volupté, penchant qui est plus fort en Orient qu'ailleurs. Il n'est guère de musulman qui n'ait une femme esclave pour partager son lit, et quelquesuns en ont vingt et même davantage. Ce goût même a été commun à des chrétiens et à des juifs. Les esclaves sont nés dans une condition servile, ou ont été pris à la guerre, ou bien encore ils ont été achetés à prix d'argent de parens inhumains. Leur nombre tend sans doute à diminuer d'une part, le gouvernement Ottoman commence à user de quelqués ménagemens envers les prisonniers de guerre; de l'autre, la Circassie et la Géorgie, où se faisait surtout le commerce des jeunes filles, étant maintenant au pouvoir des Russes, les parens doivent se porter plus difficilement à ce sacrifice contre nature. Une chose qui n'a rien de contradictoire avec le despotisme,c'est que les esclaves deviennent quelquefois pachas et grands-vizirs.

L'empire Ottoman s'est formé des conquêtes successives faites par les sultans, et quelques-unes de ces conquêtes ont été assujéties à des restrictions. Non-seulement certaines contrées, telles que la Crimée, la Transylvanie, les régences de Tunis, de Tripoli et d'Alger avaient conservé leur gouvernement particulier, ce qui a fait qu'avec le temps plusieurs d'entre elles ont été détachées de l'empire; mais quelques-unes, tout en recevant un gouverneur nommé par le sultan, jouissaient d'institutions locales fort étendues. C'est ainsi que la Bosnie est encore divisée en capitaineries héréditaires, dont les titulaires réunis en corps représentent le pays. Il y a même des contrées où il reste des familles seigneuriales dont la puissance remonte à plusieurs siècles, et qui se sont toujours maintenues dans leurs possessions. La famille Ghaurini possède depuis 1427 plusieurs

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