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CHAPITRE VIII.

Des grandes divisions du globe, de leur superficie et du nombre de leurs habitans.

Les anciens, qui n'avaient exploré que la plus petite portion de la terre, l'avaient partagée en trois parties, dont aucune ne leur était connue intégralement, et qu'ils nommèrent Europe, Asie et Afrique. Après la découverte du NouveauMonde, les géographes en ajoutèrent une quatrième qu'ils nommèrent Amérique.

Dès le seizième siècle, Ortelius et Mercator avaient eu l'idée de partager toutes les terres connues en trois mondes, savoir: Monde ancien (orbis vetus), qui embrassait l'Europe, l'Asie et l'Afrique; Monde nouveau (orbis novus), qui comprenait l'Amérique; et Terre australe ou magellanique (terra australis ou magellanica). Varenius fit une autre division, et classa toutes les terres connues en quatre continens : Monde ancien (orbis vetus); Monde nouveau (orbis novus); Terre polaire arclique ou Monde arctique (terra polaris arlica ou orbis articus); et Terre australe ou magellanique (terra australis ou magellanica).

Plus tard, et bien long-temps avant que l'on eût exploré le contour de la Nouvelle-Hollande et que l'on regardat cette grande ile comme un continent, le savant de Brosses avait proposé les trois dénominations suivantes pour la classification des terres australes Australie, pour la NouvelleHollande et les iles voisines; Polynésie, pour les archipels répandus dans le Grand-Océan; cette dénomination avait été donnée deux siècles auparavant par les Portugais Jean de Barros et Diego Coûto aux iles Moluques, Philippines et autres situées à l'est de Java; enfin, Magellanie pour le prétendu Continent-Austral, dont ce savant, avec tous les géographes ses contemporains, admettait l'existence; rève géographique, qui ne disparut entièrement que plusieurs années après, lorsque les voyages de Cook et des navigateurs qui le suivirent en démontrèrent la fausseté.

Les géographies modernes français, allemands, anglais, suédois, et, parmi eux, Mentelle, MalteBrun, Gaspari, Fabri, Pinkerton, Djurberg, Graberg et autres, sentirent la nécessité de classer d'une manière qui fût en harmonie avec les progrès faits par la géographie, toutes les terres éparses surle Grand-Océan entre l'Asie et l'Amérique, et de regarder leur ensemble comme formant une cinquième partie du monde. Mais ils ne s'accorderent ni sur les limites qu'il fallait lui assigner, ni sur la dénomination générale qu'il fallait lui imposer. Ces deux points essentiels ont été savamment discutés par MM. Malte-Brun, Brué et Walckenaer en France, et plus tard par Hassel et quelques autres géographes de l'Allemagne et de divers pays. Les trois premiers sont entièrement d'accord quant à ce qui concerne les limites à assi

gner à cette partie du monde, mais ils different quant à la dénomination : le premier l'a nommée Océanique et les deux autres Océanie. Dès l'année 1780, le Suédois Djurberg, à Stockholm, en donna le premier une description méthodique et systématique, accompagnée d'une grande carte. M. Graberg depuis long-temps l'appelle Polynésie, dénomination composée de deux mots qui veulent dire multitude d'iles, et qui, par conséquent, est très convenable à la nature et à la configuration de cette partie du monde. Ce nom a été adopté par d'autres géographes. MM. Gaspari, Hassel et tous les géographes allemands la nomment Australie; les Anglais, les Anglo-Américains et quelques autres géographes paraissent s'accorder à l'appeler Australasie. Ces deux dénominations sont en partie inexactes, parce que plusieurs terres importantes de l'Océanie sont situées à l'est et non au sud de l'Asie. A l'exception de M. Graberg et de quelques autres géographes, les uns et les autres diffèrent des géographes français dans la détermination des limites, puisqu'ils en retranchent toutes les iles du grand archipel Indien, qui forme notre Malaisie oul'Océanie occidentale des géographes français.

Comme les innombrables terres dont se compose cette cinquième division du globe sont toutes environnées par le Grand-Océan ou l'Océan par excellence, ce qu'on ne saurait dire des autres parties du monde, qui ont toutes un ou plusieurs de leurs côtés baignés par des océans incomparablement plus petits, et qu'il est d'ailleurs utile et mème nécessaire d'avoir pour les habitans de cette cinquième partie une dénomination générale équivalente à celle d'Européens, d'Asiatiques, d'Africains et d'Américains, nous pensons qu'il faut absolument conserver la désignation d'Océanie, proposée dès l'année 1814 par M. Brué dans l'analyse de sa carte de cette partie du monde, et adoptée depuis par M. Walckenaer dans sa Cosmologie en 1815, et par Malte-Brun dans les Nouvelles Annales de Géographie, et même dans les derniers volumes de son Précis. Cette dénomination, au reste, nous parait convenir parfaitement à la position des contrées qu'elle désigne. Mais, comme la division du globe par mondes, proposée par M. Walckenaer, réunit à l'avantage d'être aussi exacte que la précédente. celui d'offrir des oppositions et des contrastes entre les traits caractéristiques des trois plus grandes divisions de la terre, qui sont encore plus prononcés que ne le sont ceux qu'offrent ses cinq parties, il nous semble que ce serait faire reculer la science, si, imitant l'exemple des géographes routiniers, on refusait de l'adopter. Combinart donc les deux divisions du globe proposées par ces

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