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mille carré. On l'obtient en divisant la population
absolue par le nombre de milles carrés qui expri-
ment a surface de l'état auquel elle appartient.
Ainsi, la population absolue de la France à la fin
de 1826 étant d'environ 32,000,000; ce nombre di-
visé par sa superficie, qui est de 154,000 carrés,
donne 208 habitans par mille carré; ces derniers
chiffres expriment sa population relative.
Le gouvernement est l'unité des forces physi-
ques et morales de la société civile pour maintenir
les lois et la constitution. La force du gouverne-
ment régularisée par les lois constitutives s'appelle
le pouvoir suprême. Celui-ci peut être subdivisé
en différentes branches, comme, par exemple, le
pouvoir législatif, subdivisible en pouvoir propo-
sant, délibérant et décrétant; le pouvoir exé-
cutif subdivisible en pouvoir administratif judi-
caire, militaire et de suprême inspection. Ces
divisions sont, en partie, arbitraires. La manière
dont le supreme pouvoir est organisé, subdivisé,
concentré, s'appelle forme de gouvernement.
Il y a un grand nombre de formes de gouverne
ment; elles varient depuis la plus grande dissémi-、
nation du pouvoir entre les membres du corps
social, jusqu'à sa plus grande concentration dans
les mains d'un seul. Chaque peuple en a une qui lui
est particulière. Nous les ferons connaître succes-
sivement dans la description de chaque pays; nous
nousbernerons ici à indiquer les suivantes, comme
effrant les nuances principales des différentes sor-
tes de gouvernement.

On appelle gouvernement monarchique celui où le pouvoir suprème estconfié à un seul individu, quelle que soit la dignité dont il est revêtu. Lorsque cet individu n'est retenu par aucune loi, et peut disposer à son gré des propriétés, de la liberté et de la vie de ses sujets, alors son gouvernement se nomme despotique. On appelle monarchique absolu tout gouvernement dont le chef a le droit de faire des lois à son gré. On dit qu'un gouvernement est monarchique limilé ou constitutionnel, lorsque le chefest privé de ce droit, et ne peut Pexercer qu'avec le concours des principaux représentans de la nation. Ces personnes privilégiées forment ces corps qu'on appelle parlement en Angleterre, chambres des pairs et des députés en France, états du royaume en Suède, etc., etc. Un gouvernement républicain est celui où le peuple en corps ou seulement une partie du peuple a la souveraine puissance. Lorsque le pouvoir suprême est confié seulement aux principaux citoyens, on le nomme gouvernement républicain aristocratique; lorsqu'il est confié à l'assemblée du peuple, où bien à ses représentans, on Pappelle gouvernement républicain démocratique. Souvent il existe une subordination de pouvoirs et une gradation dans la dépendance que produisent le droit même de propriété et les circonstances qui l'ont fait naître; une suprématie héréditaire s'établit entre les propriétaires des biens concédés à de certaines conditions; l'autorité du seigneur sur celui qui tient ses biens de lui ou de ses ancêtres est souvent supérieure à celle du chef de l'état, c'est là ce qu'on appelle un gouvernement féodal; pendant le moyen age, c'était le gouvernement de presque toute l'Europe; et on

en aperçoit encore aujourd'hui des traces en quelques parties; c'est aussi celui qui régit presque tous les peuples civilisés et les peuples barbares de l'Océanie, ainsi que plusieurs nations de l'Asie et de l'Afrique.

Les états considérés sous le rapport de leur étendue, de la forme de leur gouvernement et du titre de leurs chefs, reçoivent les dénominations de monarchie, d'empire, de royaume, de grandduché, de duché, de principauté, de comté, de landgraviat, de khannat, d'imanat, de schérifat, de république, de confédération, etc., etc. L'application de tous ces termes s'apprendra successivement dans la partie descriptive de cet ouvrage. Nous avons présenté ailleurs quelques observations sur les titres que prennent les chefs de certains états. Nous ajouterons seulement, pour plus de clarté, ce que l'on doit entendre par confédération, qualification que bien des géographes et des voyageurs donnent à tort à de simples républiques, tandis qu'ils appellent républiques de véritables confédérations.

Un système fédératif, ou une confédération, est la réunion de plusieurs états indépendans sous une autorité supérieure choisie par eux, qui a des pouvoirs plus ou moins étendus, pour maintenir l'ordre public et pour les défendre contre les ennemis extérieurs. Les systèmes fédératifs sont de deux sortes: ou des réunions de républiques, comme la confédération Anglo-Américaine, les Etats-Unis proprement dits; la confédération Mexicaine, etc., etc.; ou des réunions d'états gouvernés différemment, comme la confédération Germanique, qui offre dans les états dont elle se compose, des monarchies, des royaumes absolus, d'autres qui sont constitutionnels, des républiques, etc. La confédération Suisse, avant les derniers troubles dont elle a été le théatre, offrait des républiques oligarchiques, aristocratiques, démocratiques, et un gouvernement monarchique constitutionnel.

Les chefs des peuples sauvages ou barbares se font donner en nature les objets de nourriture, de luxe et d'ornement dont ils ont besoin; ces prestations forment leurs revenus. Cette méthode est aussi jusqu'à un certain point plus ou moins suivie chez plusieurs peuples civilisés de l'Asie, de l'Océanie et de l'Afrique; mais elle a été restreinte en Europe par les progrès de la civilisation. Le système des finances européen, qui est commun aussi aux états du Nouveau-Monde, est devenu une machine très compliquée, liée intimement avec le commerce et le cours du change. Voici cependant un tableau général des sources d'où les états tirent ordinairement leurs revenus en temps de paix. Nous l'empruntons à la grande géographie publiée par Mentelle et Malte-Brun; mais avec plusieurs corrections et additions importantes qui nous ont été suggérées par un employé supérieur de l'administration.

1o LES DOMAINES ce sont des terres possédées parl'état et souvent inalienables, autrefois seule source des revenus publics et spécialement affectés à l'entretien du souverain. On distingue, dans quelques états monarchiques :

4. Les terres de l'état, appelées dans certains pays terres de la couronne, dont les revenus entrent dans le trésor public, ou la chambre des rentes.

B. Lesterres patrimoniales, ou biens de la cassette, ou domaines de la couronne, dont les revenus alimentent la caisse particulière du prince.

C. Les terres d'apanage sont les domaines affectés à l'entretien d'un prince non régnant, membre ou aliié de la famille régnante.

2o LES DROITS REGALIENS: ce sont des droits que l'état s'est réservés sur certains objets que l'on ne peut exploiter, ou dont on ne peut se servir sans sa permission. Le nombre et la nature de ces objets varient dans les différens pays, et mème de province à province. Les plus remarquables sont: 4. Les péages sous ce nom sont compris les droits sur l'entrée et la sortie des marchandises; les droits de passe pour les voitures et les chevaux; les droits de barrières, les hautsconduits, etc., etc.; les droits sur les passeports, et en quelques pays le péage des juifs. B. Les postes et messageries.

C. La régale des eaux, qui s'étend sur les fleuves, lacs ou détroits compris dans le territoire de l'état, ainsi que sur une étendue de mers voisines encore indéterminée. Cette régale comprend les droits de douane, de port, d'ancrage, ainsi que les redevances pour l'entretien des phares, des piloles, etc., etc. Les droits de passe dans les détroits et canaux par les écluses et sur les ponts. Les droits de flottage de bois, sur les radeaux, les gares, etc., etc. Les droits sur la péche (les pêcheries de perles sont ordinairement réservées), sur les moulins, sur l'orpaillage et le lavage; les nouvelles iles et allérisse

mens.

D. La régale des forêts: elle consiste dans la faculté qu'a le souverain de disposer de forets appartenant à l'état; dans le droit qu'il a de fixer des règles économiques pour l'administration des forêts particulières, afin d'empècher leur dégradation.

E. La régale de chasse, le droit de portd'armes de chasse.

F. Les mines et les salines: cette régale est extrêmement importante. Le souverain a ordinairement seul le droit de faire exploiter toutes les mines de ses états pour son compte, ou d'en permettre l'exploitation aux particuliers à certaines conditions, comme de lui payer la dime du produit et de lui livrer les métaux à un prix au-dessous de celui de leur valeur ordinaire.

G. La régale de battre monnaie.

H. Le monopole du tabac et de l'eau-devie, de l'opium, du sel, des poudres et salpétres, des cartes à jouer.

3o LES CONTRIBUTIONS: elles sont de deux sortes. A. Contributions directes, qui se lèvent directement sur les possessions, les revenus et les personnes des sujets. On y distingue la contribution personnelle ou capitation, la contribution foncière sur toute possession immobilière, sur les terres, les maisons, les cheminées; la contribution des portes et fenêtres,

etc.; la contribution mobilière ; les impôts sur le luxe, soit en habits, soit en équipages et domestiques. La contribution industrielle, sur les métiers, sur les revenus, le droit de patentes, etc., etc.

B. Contributions indirectes, qui se lèvent à l'occasion de quelques actes civils, que les contribuables peuvent faire ou ne pas faire à leur gré. Ces contributions varient à l'infini; voici les genres les plus ordinaires : les impôts sur les consommations, autrefois nommés accise ou aides et gabelles ; le papier timbré; les pourcents sur les achats et ventes, les loteries, la ferme des jeux, etc., etc.

4° LES REVENUS CASUELS sont rarement d'une grande importance, du moins dans les états bien policés.

Les sources principales sont :

4. Les droits de vasselage ou féodaux qui se divisent en plusieurs branches, savoir : les services de cour et de guerre que les seigneurs rachètent aujourd'hui avec de l'argent; les droits d'investiture, etc.; l'octroi de différentes concessions demandées par les seigneurs vassaux; la réunion des fiefs à la couronne, en cas de vacance.

B. Le droit d'aubaine, qui rend l'état héritier des étrangers morts sur son territoire; ce droit a été dernièrement aboli dans un grand nombre d'états; de plus les successions vacantes

C. Les amendes, les confiscations, les sportules, les concessions de privileges, titres et dignités, les brevets d'invention. Toutes ces branches différentes des revenus d'un état sont ordinairement détaillées dans sa statistique, mais dans une géographie générale abrégée on se contente d'indiquer les résultats sous le titre général de revenus d'état. Le tableau des finances soumis tous les ans à l'approbation des corps législatifs (aristocratiques ou démocratiques) de certains états, qui participent à l'exercice du suprème pouvoir, comme en Angleterre, en France, etc., s'appelle budget.

:

Tous les états européens et les nouveaux états de l'Amérique, ainsi que quelques états de l'Asie, se sont vus successivement, par plusieurs causes, obligés à emprunter des sommes plus ou moins considérables. C'est ce qu'on appelle delle d'état ou dette publique. Ces dettes sont d'une double nature les unes proviennent de véritables emprunts que l'état a faits aux particuliers, ou aux divers gouvernemens avec lesquels il est en rapport; les autres ont été formées par l'émission du papier-monnaie. Les empruntssont souvent hypothéqués sur certains revenus, certains territoires plus souvent les prèteurs ne demandent pour sûreté que la foi publique. Le degré d'estime qu'on a pour la foi d'un état s'appelle le crédit public. Les obligations que l'état donne pour les sommes empruntées s'appellent fonds ou effets publics. Ils haussent et baissent en raison du crédit de l'état. Dans l'évaluation de la dette des divers états, nous avons toujours compris la somme représentée par les inscriptions en circulation, et non celles qui appartiennent aux caisses d'amortisse

meat. On appelle amortissement la somme consacrée chaque année à l'extinction de la dette de Pétat ou au retrait des inscriptions.

Les puissances européennes ont, depuis plus d'un siècle et demi, des troupes toujours sur pied pretes à marcher au premier signal. Elles forment ce qu'on appelle les forces de terre ou l'armée permanente de l'état. Leur entretien absorbe aujourd'hui le tiers et souvent la moitié de tous les revenus publics. L'armée se compose de quatre parties ou armes différentes, non compris leurs subdivisions, savoir : l'infanterie ou les combattans à pied, la cavalerie ou les combattans à deval, l'artillerie qui dirige l'emploi de ces maclines meurtrieres d'où dépend le sort des batailles, et le genie, qui calcule la défense ou l'attaque des places fortifiées. Il ne suffit pas d'indiquer, dans la description détaillée d'un royaume, le Bombre et Templacement des forteresses, les passes on défilés les plus importans, ainsi que le nombre de troupes qu'il a sur pied; il faut encore dire si ce sont des troupes régulières, ou des bandes sans discipline et sans science, dont le nombre est peu redoutable sur un champ de bataille: il faut enfin indiquer les avantages et les desavantages physiques de ses frontières. Quelques états comptent aussi des réserves sous le nom de landwhers, landsturn, garde-coles, jeuRes soldats en disponibilité, milices ou gardes nationales. Les empires de Russie et d'Autriche ont dans leurs colonies militaires des réserves importantes.

On appelle place forte ou forteresse une ville fortifiée qui est capable de résister à l'invasion d'une armée ennemie. C'est ordinairement dans tes villes que se trouvent les arsenaux, où l'on fabrique les instrumens et les armes nécessaires à la guerre et où l'on conserve les provisions d'armes et de munitions.

Les nations voisines de la mer ont été naturellement portées à équiper quelques vaisseaux de guerre, leur propre sûreté, et l'agrandissement de leur commerce les ont ensuite obligées à avoir des flottes. Un vaisseau de guerre est un bâtiment de mer pourvu de troupes, de canons et d'ouvriers. Un certain nombre de ces vaisseaux composent une flotte; un nombre moindre forme une escadre. On divise les bâtimens de guerre en différentes classes, que l'on appelle rangs. Notre cadre ne nous permettant pas d'entrer dans les details qu'exigerait ce sujet, nous dirons seule ment que la détermination des rangs differe chez les divers peuples, et se fait principalement d'après le nombre de ponts et de canons. On distingue aussi les vaisseaux de guerre en vaisseaux de ligne, en frégates, en corvelles, et en batimens légers ou avisos : à la première classe appartiennent ceux qui sont assez grands et assez bien armés pour être rangés en ligne dans un combal naval; et par frégales on entend des bâtimens qui, n'ayant qu'une seule batterie couverte, ne sauraient tenir ligne avec les autres. Les premiers portent au moins 50 canons, mais le plus souvent ils enont bien davantage; ils peuvent en porter jusqu'à 140. Les frégates n'en avaient autrefois jamais plus de 14; depuis quelque temps, et surtout chez

les Anglo-Américains, elles en ont jusqu'à 64. Les corvettes sont les plus forts batimens d'un ordre inférieur; viennent après les bricks, les goėlettes, les cutters, etc., etc. Dans la mer Méditerranée et ses branches, ainsi que dans la Baltique on se sert depuis plusieurs siecles de certains vaisseaux à voiles et à rames nommés galères. Ces batimens avec les chaloupes canonnieres, en usage chez toutes les nations maritimes de l'Europe, et dans quelques autres parties du monde, composent ce qu'on appelle une flottille. Nous citerons aussi les navires à vapeur, qui, déjà si utiles pour la navigation des fleuves et les communications régulieres, changeront peut-être un jour le système des marines militaires.

On appelle ports militaires les ports où stationnent ordinairement les bâtimens de guerre d'un état quelconque; et arsenal maritime ou chantier militaire les endroits où l'on construit ces vaisseaux.

On appelle généralement manufactures et fabriques ces établissemens plus ou moins importans où l'on prépare, pour certains usages, les matières premières tirées des trois règnes de la nature. Une partie de ces établissemens est d'une nécessité absolue pour satisfaire nos besoins; l'autre contribue à augmenter notre bien-être et nos commodités; mais tous sont plus ou moins nécessaires à nos sociétés modernes dont la force consiste principalement dans le nombre de leurs membres, dans leur indépendance, dans l'utile activité de tous et dans l'accroissement de la richesse générale. La plupart des fabriques et des manufactures se trouvent dans les villes et dans les bourgs; lorsqu'elles y sont en grand nombre, ces lieux reçoivent l'épithète de manufacturiers ou industriels. Il est bon cependant de faire observer que les mots manufacture et fabrique sont indifféremment employés l'un pour l'autre, quoiqu'il existe une légère nuance entre eux; mais l'usage a prévalu, et on les confond presque toujours. Ainsi l'on dit alternativement des fabriques ou des manufactures de drap; mais on ne dira pas une manufacture de verres à vitres. Ce serait trop nous écarter de notre plan que d'insister davantage sur la valeur de ces deux mots.

Le commerce est l'échange, la vente ou l'achat des marchandises ou denrées. On vend, on achète ou on échange des denrées de consommation, ou des matériaux de construction, ou des matières premières, destinées à être travaillées dans les manufactures, ou, enfin, des produits manufacturés. On peut diviser le commerce en sept branches principales, savoir: l'agriculture, les manufactures et les fabriques, les arts libéraux et mécaniques, la péche, la navigation, les colonies et le change.

On distingue plusieurs sortes de commerce, dont il faut connaitre les définitions pour bien entendre la description des différens pays et les indications contenues dans les journaux.

Le commerce intérieur, qui est le plus important, consiste à transporter, d'un point à l'autre du même état, les objets nécessaires à sa consommation. Il sert ainsi à établir l'équilibre entre les différentes espèces de production.

Le commerce extérieur ou d'exportation et d'importation consiste à vendre aux étrangers les productions du pays, ou même celles d'un autre pays qui y ont été apportées, et à prendre en échange les produits de leur sol ou de leur industrie. Le commerce est actif lorsque l'état vend à l'étranger beaucoup plus de marchandises et de denrées qu'il ne lui en achète; il est passif si l'état achète plus qu'il ne vend. La comparaison du montant de la vente ou des exportations, avec celui de l'achat ou des importations, est ce qu'on appelle balance. Long-temps on a cru qu'un pays ne pouvait prospérer qu'autant que la balance lui était favorable; c'est-à-dire que l'excédant des valeurs de l'exportation sur celles de l'importation était à son profit: mais enfin on est revenu de cette erreur, et dans notre tableau de la Monarchie française comparée aux principaux états du monde, nous avons démontré combien tous ces calculs étaient faux et illusoires. On appelle, dans certains états, comme en Suède, par exemple, ville d'étape, certaines villes qui ont le privilège de recevoir les denrées et d'en faire la distribution au reste de la province, et aux villes de l'intérieur qui n'ont pas ce droit.

Le commerce intermédiaire offre trois subdivisions principales dont il est essentiel d'avoir une idée exacte. Le commerce intermédiaire de spéculation, qui consiste à faire venir pour son propre compte des marchandises d'un pays étranger, afin de les vendre avec avantage dans un autre pays étranger. C'est ce genre de commerce qui, dans le moyen age, accumulait des richesses immenses dans les villes de Venise, de Gènes, de Pise et autres cités très commerçantes de cette époque. C'est aussi ce genre de commerce qui, plus tard, a élevé Amsterdam, Londres et Hambourg au-dessus des autres places commerçantes de l'Europe. Le commerce de commission, qui se fait en achetant ou revendant des marchandises par ordre d'un négociant étranger, comme par exemple, les cafés anglais à Hambourg. Le commerce d'expédition, genre subordonné et qui se borne à l'expédition, c'est-à-dire à l'envoi vers une destination ultérieure des marchandises arrivant de l'étranger et pour le compte des étrangers.

Le commerce des colonies participe des divers genres que nous venons d'indiquer, mais on en fait une classe à part à cause de sa grande importance. Avant l'indépendance de l'Amérique, ce commerce faisait plus de la moitié de la totalité du commerce européen. La situation politique actuelle des pays avec lesquels avait lieu ce commerce en fait entrer la plus grande partie dans la classe que nous avons nommée commerce exté

rieur.

Le commerce du change comprend toutes les négociations qui ont pour objet la vente ou l'échange des matières d'or et d'argent monnayées, ou en lingots, ainsi que de toute sorte de papiers représentant une valeur métallique. Ceux qui s'en occupent sont nommés banquiers, cambistes, changeurs, etc. Le cours du change pour les effets de commerce et les papiers monnaies, c'està-dire la différence entre la valeur que ces papiers

doivent représenter et celle pour laquelle on les reçoit dans le commerce, varie selon le degré de confiance dont jouissent le gouvernement, ou les négocians qui ont émis ces papiers. Les villes qui par l'étendue de leurs relations ont acquis une grande influence sur le reste du monde commercial, ou qui par leur situation sont devenues les intermédiaires entre tel pays et tel autre, s'appellent places de change. Hambourg, par exemple, est une place de change, principalement entre l'Angleterre et le continent, entre la France et le Nord; c'est-à-dire que lorsqu'un négociant français doit acquitter telle somme à Stockholm, en Suède, il trouve ordinairement plus commode de payer par une lettre de change sur Hambourg, et vice versa.

Les compagnies de commerce sont des asso ciations de plusieurs négocians pour certaines opérations, dont ils partagent entre eux les risques et les gains. Elles peuvent être publiques, autorisées et protégées par le gouvernement ou avoir lieu entre des particuliers sans autorisation de l'état; alors on les appelle plutôt sociétés. Souvent on donne à telle compagnie le droit exclusif de commercer avec tel ou tel pays; quelquefois on se borne à lui accorder quelques prérogatives. Aucune de ces associations n'a atteint la splendeur et la puissance de la Compagnie Anglaise des Indes-Orientales, qui de nos jours est devenue la puissance prépondérante de l'Asie, et de laquelle aujourd'hui dépendent, soit immédiatement, soit médiatement, presque toute l'Inde et plusieurs contrées de l'Indo-Chine; mais sa charte qui expirait en 1834 n'ayant pas été renouvelée par le parlement, cette compagnie ne fonctionne plus aujourd'hui que comme corps politique; et le commerce de l'Inde et de la Chine est devenu libre pour tous les habitans de la Grande-Bretagne.

Les banques sont des établissemens où l'argent destiné à la circulation est déposé ou censé être déposé, et qui mettent à sa place, dans la circulation, des billets de crédit ou promesses de paiement, dont l'objet est de rendre le porteur propriétaire de la somme exprimée sur le billet qu'il reçoit. On distingue plusieurs sortes de banques 1o les banques de dépôt ; 2o les banques de circulation; 3o les banques d'escomple; 4° les banques prétantes. Les banques de dépôt reçoivent l'argent des particuliers, et en facilitent la transmission par le virement des parties, ou en donnent des récépissés qui entrent dans la circulation. Les banques de circulation ne se contentent pas de faire circuler les capitaux qu'on leur confie, elles émettent en outre, des billets payables au porteur. La principale opération des banques d'escompte consiste à escompter des lettres de change; c'est-à-dire à en payer le montant par anticipation, en retenant un escompte ou intérêt proportionné à l'éloignement de leur échéance. Les banques prètantes sont aussi appelées mont-de-piété lorsqu'elles ne sont pas instituées pour prendre au-delà d'un intérêt compensatoire, et lombards lorsqu'elles le sont à titre lucratif. C'est aux Etats-Unis et dans la Grande-Bretagne que le système des banques est le plus développé.

Les foires sont des réunions de vendeurs et d'acheteurs qui ont lieu dans certaines villes, dans certains bourgs et même dans certains villages, à des époques déterminées. Ces institutions ne sont plus d'une utilité aussi grande que dans le moyen age, où l'on n'avait ni poste aux lettres ni messageries. Les foires de Leipsick, de Francfort, de Nijnei-Novogorod, de Beaucaire, peuvent ètre regardées comme les plus importantes de celles qui se tiennent de nos jours.

Sous le nom de bourse, on désigne dans les villes commerçantes de l'Europe et de l'Amérique le lieu où les marchands et les banquiers traitent de leurs affaires. Ces réunions se tiennent ordinairement dans un bâtiment remarquable par son étendue et par son architecture. Paris, Londres, Amsterdain, Rotterdam, Anvers possèdent peut-être les bourses les plus belles du monde; celle de Venise doit être aussi classée parmi ces dernières, depuis qu'elle a été établie dans le superbe palais qui pendant tant de siècles a servi de résidence aux doges de cette république.

On donne le nom de caravane (mot qui parait d'origine persane) à une réunion de marchands, ou de pelerins, qui, sous la conduite et le commandement d'un chef, voyagent ensemble pour se preter un mutuel secours, soit contre les périls de la route, soit pour repousser les attaques des voleurs ou tout autre acte d'hostilité. Ce chef est ordinairement propriétaire d'une grande partie des chameaux ou bêtes de somme composant la caravane, et destinés à porter les hommes, les vivres et les marchandises. Dans les déserts de l'Afrique, ces chefs sont de véritables entrepreneurs de transports par terre. La discipline et l'ordre de la caravane leur appartiennent; ils commandent les baltes et le départ, et en cas d'attaque ils veillent à l'organisation des moyens de défense, tout en partageant ce soin avec les voyageurs qui paraissent les plus braves. Le commerce de toute l'Afrique musulmane et idolatre, et de l'intérieur de P'Asie occidentale et moyenne, se fait par caravanes. Les relations de la Russie avec le TurkestanIndépendant, ainsi qu'avec la Chine, ont lieu par caravanes. Cette manière de voyager remonte à la plus haute antiquité, puisque nous savons par la Bible que les fils de Jacob vendirent leur frère Joseph à une troupe de marchands d'esclaves qui allait en Egypte. Nous remarquerons aussi que les marins donnent le nom de caravane à plusieurs vaisseaux marchands qui vont de conserve.

On entend par échelles, dans le Levant, des ports ou des villages d'étape, où les marchands d'Europe ont des magasins, envoient des vaisseaux, et liennent des comptoirs, et où les princes européens, dont les sujets sont en rapport avec ces contrées, ont des consuls. Dans l'Inde, en Perse et en d'autres contrées, ces lieux sont appelés loges, sur la côte d'Afrique, comptoirs, okelle en Fgypte, palissade à Madagascar, etc., etc. Le plus souvent ces stations sont accompagnées d'un petit fort garni de canons et défendu par une garnison d'un nombre de soldats proportionné à leur importance.

Un grand commerce demande nécessairement une marine, et une marine suppose des ports,

des matelots et des vaisseaux. Les navires que le commerce emploie sont appelés vaisseaux marchands. Leur grandeur est estimée par le nombre de tonneaux qu'ils peuvent charger, et l'on entend par tonneau un poids de 2000 livres pesant; le laste est de deux tonneaux. On appelle frét ou nolis le prix du transport. L'assurance est le contrat passé entre un assureur et un homme qui fait une entreprise maritime par ce contrat ie premier se charge de tous les risques, promet en cas de perte de restituer ce qui est perdu, et reçoit pour les risques qu'il court un intérêt qui ordinairement varie de 3 à 10 pour cent de la valeur qu'il assure. On appelle ports francs ceux où les vaisseaux de toutes les nations peuvent entrer chargés de toutes sortes de marchandises sans payer aucun droit. On entend par phare ces feux dont on se sert pour éclairer pendant la nuit les passages très fréquentés ou dangereux, où les vaisseaux pourraient aborder et s'échouer. L'architecture navale, ou l'art de construire les navires, diffère dans tous les pays de la terre; les Européens peuvent seuls entreprendre les plus grandes navigations.

Les colonies proprement dites sont des établissemens de culture et de commerce dans des parties plus ou moins éloignées de l'Europe; elles dépendent absolument de leur métropole, et celles qui subsistent encore sont ordinairement soumises à des lois restrictives plus ou moins sévères. Les colonies espagnoles et portugaises, ainsi qu'une partie des colonies anglaises et françaises du Nouveau-Monde, en secouant le joug de la mère-patrie, ont donné naissance à plusieurs états indépendans, qui ont changé entièrement les relations politiques et commerciales de l'Europe avec l'Amérique. Les colonies modernes different entièrement de celles de l'ancienne Grèce qui ont répandu les arts et la civilisation dans une si grande partie des contrées baignées par la Méditerranée et ses branches; elles étaient les enfans et non pas les vassales de leurs métropoles.

Les premières colonies modernes ont eu pour but l'exploitation des mines, l'accaparement d'un commerce très riche et la culture des productions précieuses, étrangères à l'Europe et devenues nécessaires à son luxe. Plus tard quelques-unes d'entre elles devinrent un asile où les victimes de la politique, du fanatisme et de la misère portèrent leur industrie et l'amour de l'indépendance telle fut l'origine des Etats-Unis. La nécessité de se débarrasser de l'écume de la société donna naissance au système de déportation d'abord infructueux, mais auquel on a dů des établissemens florissans, lorsqu'on a enfin jeté les yeux sur des climats tempérés et sains, tels que certains états d'Amérique et les rivages de l'Australie, où la civilisation et la richesse semblent avoir été improvisées.

De nos jours le nom de colonie a été appliqué à des réunions d'hommes dans des parties jusqu'alors négligées de leur propre pays, où le gouvernement leur a procuré des ressources contre la misère, comme dans les Pays-Bas et le Holstein; dans d'autres contrées on a donné ce nom au

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