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des terres brûlées par le soleil. Voici pourquoi les iles Antilles jouissent d'une température modérée. tandis que la Sénégambie et la Guinée doivent être rangées parmi les régions du globe tourmenlées par la plus excessive chaleur. Le Congo est plus chaud que le Zanguebar. Si le climat des monlagnes du Pérou est plus froid que celui du Brésil, c'est que l'élévation du terrain, ou toute autre circonstance locale, peut souvent avoir assez d'inQuence pour anéantir l'effet d'une cause générale. Jetons maintenant un coup-d'œil sur la température des cinq zones qui servent à diviser le globe. La zone torride n'a que deux saisons: l'une sèche et l'autre pluvieuse. La première est regardée comme l'été, et l'autre comme l'hiver de ces climats; mais elles sont en opposition directe avec l'été et l'hiver célestes; car la pluie accompagne toujours le soleil; ainsi, lorsque cet astre se trouve dans les signes septentrionaux, les contrées an nord de la ligne ont leur saison pluvieuse. I parait que la présence du soleil au zénith d'une contree y échauffe et raréfie continuellement l'at mosphere; l'équilibre est rompu à chaque moment; l'air froid des contrées plus voisines des poles y est à chaque instant attiré; il y condense les vapeurs suspendues dans l'atmosphère; aussi y tombe-t-il des pluies presque continuelles. Les contrées de la zone torride où il ne s'élève point de rapeurs ne connaissent pas de saison pluvieuse. Mais les chaines de montagnes qui sont assez hautes pour arrêter ou détourner les moussons et les Fents, influent tellement sur les saisons physiques de la zone torride, que souvent, dans l'espace de quelques lieues, on passe d'une chaleur excessive à une température très froide. En d'autres endroits, il y a deux saisons pluvieuses et deux saisons sèches, qu'on distingue par les dénominations de grande et de petile.

La chaleur est presque toujours la même à 10 ou 15 degrés de la ligne équinoxiale. Mais, vers les tropiques, on ressent déjà une différence entre la température qui règne au moment où le soleil est an zenith, et celle qui a lieu lorsque, dans le solslice opposé, les rayons de l'astre du jour tombent sous un angle qui est de 47 degrés plus obtus; aussi pourrait-on, avec Polybe, diviser la zone torride en trois autres. La zone équatoriale proprement dite est tempérée, si on la compare à la zone du tropique du Cancer, presque enGièrement composée des contrées les plus chaudes et les moins habitables de la terre. La zone du tropique du Capricorne contient peu de terres; mais il parait qu'elle est exposée à des chaleurs momentanées extrêmes.

Les anciens, pour la plupart, méconnaissant Fobservation de Polybe, crurent que la chaleur allait en augmentant du tropique vers l'équateur. Ils en conclurent que le milieu de la zone torride était inhabitable. On sait aujourd'hui que plusieurs circonstances concourent à y établir une température supportable. Les nuages, les grandes pluies, les nuits naturellement tres fraiches, leur durée égale à celle des jours; une forte évaporation. la vaste étendue des mers, la proximité de montagnestres hautes et souvent couvertes de neiges eternelles, les vents alizés et les inondations pé

riodiques, contribuent à diminuer la chaleur. Voilà pourquoi, dans la zone torride, on rencontre toutes sortes de climats : les plaines sont brûlées des feux du soleil, tandis que les côtes orientales des grands continens, battues par les vents alizés, jouissent d'une température douce. Les contrées élevées sont même froides; un éternel printemps règne dans la vallée de Quito, aiasi que sur les plateaux les plus élevés de l'intérieur de l'Afrique. Rien n'égale la beauté majestueuse de l'été dans la zone torride. Le soleil s'élève verticalement; il traverse, en un instant, les nuages brûlans de l'orient, et remplit la voûte des cieux d'une lumière éblouissante dont aucune trace d'ombre n'interrompt la splendeur. La Lune brille ici d'un éclat moins pale; les rayons de Vénus sont plus vifs et plus purs, la Voie lactée répand une clarté plus scintillante. A cette pompe des cieux il faut ajouter la sérénité de l'air, le calme des flots, le luxe de la végétation, les formes gigantesques des plantes et des animaux, toute la nature plus grandiose, plus animée, et cependant moins inconstante. Les zones tempérées sont dédommagées par les charmes doux et variés du printemps et de l'antomne, par les chaleurs modérées de l'été et les rigueurs salutaires de l'hiver; cette succession de quatre saisons n'est point connue au-delà du tropique, ni vers les pôles. La partie même de la zone tempérée boréale qui s'étend entre le tropique et le 35 degré de latitude ressemble, en beaucoup d'endroits, à la zone torride. Jusque vers le 40e degré, la gelée, dans les plaines, n'est ni forte ni de longue durée; il est également rare d'y voir tomber de la neige. Les contrées élevées ressentent toute la rigueur de l'hiver; et les arbres, méme dans la plaine, perdent leur feuillage, et restent dépouillés de verdure dans les mois de novembre et de décembre. C'est depuis le 40o jusqu'au 60o degré que la succession des quatre saisons se montre la plus régulière et la plus sensible, sans toutefois compromettre la santé de l'homme. Mais ici c'est l'homme lui-même qui a créé en grande partie ces climats salubres; la France, l'Allemagne et l'Angleterre ressemblaient, il y a 20 siècles, au Canada et à l'Asie centrale, contrées situées, comme l'Europe, à une distance moyenne du pôle et de l'équateur.

Au-delà du 60 degré, et jusqu'au 78°, limite des terrains habitables dans l'hémisphère boréal, on ne connait, en général, que deux saisons un hiver long et rigoureux, auquel succèdent brusquement quelquefois des chaleurs insupportables. L'action des rayons solaires, faible en raison de l'obliquité de leur direction, s'accumule pendant les jours extrêmement longs, et produit des effets auxquels on ne s'attendrait que dans la zone torride. Dans l'hiver, au contraire, on voit l'eau-devie se congeler dans des chambres chauffées, et une croûte de glace couvrir jusqu'aux draps de lit. On a trouvé la terre gelée à 100 pieds de profondeur, et le mercure, figé dans le thermomètre, laissait le degré de froid indéterminé. Les expositions méridionales, ou le voisinage de la grande mer, adoucissent le climat jusqu'à un degré qui paraitra incroyable aux esprits prévenus. A Bergen, en Norwege, et sur toute la

que par un terrain étroit, se nomme presqu'ile ou péninsule, comme la Morée, la Crimée, etc. La portion resserrée de terre qui l'empêche d'être entièrement entourée d'eau est un isthime, comme celui de Corinthe qui joint la Morée à la Livadie, de Pérékop qui réunit la Crimée au reste du gouvernement de la Tauride. La plus grande de toutes les péninsules du globe est l'Afrique, qui ne tient à l'Asie que par l'isthme de Suez. Un autre isthme célèbre est celui de Panama, qui joint l'Amérique du Nord à l'Amérique du Sud. L'usage classe depuis long-temps parmi les péninsules: l'Espagne avec le Portugal, l'Italie, la Turquie d'Europe au sud du Danube, l'Asie-Mineure, l'Arabie, l'Inde et l'Indo-Chine, etc., malgré la largeur du côté qui les unit au corps du continent. Nous admettrons volontiers cette qualification pour l'Espagne et le Portugal, pour l'Italie moyenne et méridionale, pour l'Asie-Mineure, pour l'Arabie entre la mer Rouge et le golfe Persique, pour l'Inde au sud de la Nerbouddah, etc., etc.; mais il nous semble que cette qualification devient tout-à-fait impropre en l'appliquant sans aucune restriction aux pays que nous venons de nommer. Nous pensons, avec M. Walckenaer, qu'il conviendrait d'appeler ces péninsules et tant d'autres qu'offre le globe, presqu'iles ouvertes, parce que le plus souvent elles ne tiennent au continent que par leur côté le plus large, comme l'lude, l'Indo-Chine et l'Italie.

L'extrémité d'une terre qui s'avance dans la mer d'une manière bien prononcée se nomme promontoire ou cap, comme le Cap-Nord dans la Laponie, le Cap-de-Bonne-Espérance à l'extrémité de l'Afrique australe, etc. Les saillies les moins considérables et peu élevées s'appellent pointes. Ces deux distinctions ne sont pas toujours employées avec tout le discernement desirable, Le mot promontoire, comme synonyme de cap, appartient au style élevé et désigne plus particulièrement l'extrémité d'un continent dans une direction remarquable.

Les montagnes sont les éminences les plus considérables de la terre, et qui en même temps out une pente rapide, ou du moins sensible. Il faut les distinguer des plateaux, qui sont de grandes masses de terre élevées, formant d'ordinaire le noyau des continens ou des îles, mais qui ont des pentes moins rapides et plus étendues. Un plateau peut renfermer des montagnes, des plaines et des vallées; il y en a qui sont assez inclinés pour laisser écouler les eaux qui se rassemblent à leur surface; il y en a d'autres qui conservent pendant un long espace le même niveau, et où les rivières ne trouvent point de débouché. On rencontre des plateaux de cette dernière espèce en Europe, principalement en Croatie et en Carniole; mais ils sont de petites dimensions; la Tartarie, la Perse, l'intérieur de l'Afrique et de l'Amérique en possèdent une étendue très considérable. Ces plateaux ont un niveau général plus élevé que le reste des continens; ils semblent être les plus anciens massifs de la terre, et comme les noyaux autour desquels les terrains nouveaux se sont accumulés. Le plus vaste et le plus célèbre de tous les plateaux est celui de l'Asie moyenne. Les pentes des

plateaux et les monts qui les soutiennent et par où l'on y monte, se nomment leurs escarpemens. Les anciens n'ont pas su distinguer les plateaux des montagnes, ou plutôt ils désignaient toujours les plateaux par le nom de montagnes, ce qui a causé beaucoup de méprises, surtout à l'égard de la chaine du mont Taurus.

Quelquefois, sur un sol entièrement uni et loin de toute grande chaîne, s'élève une montagne ou un amas de rochers, qui supportent une plaine fertile et arrosée de sources, semblable à une île verdoyante suspendue au milieu des airs. Cette espèce de montagnes est assez commune dans l'Abyssinie où on les nomme ambas; nous proposons d'étendre ce nom à toutes les hauteurs de ce genre. Après l'Abyssinie, c'est le Congo, l'Hindoustan, la Chine et le nord de l'Amérique méridionale, qui sont les régions où on les rencontre. Les ambas sont comme disposées par la nature à recevoir des forteresses; aussi y a-t-on construit celles de Gwalior et de Doulatabad dans l'Inde, celle de San-Salvador dans le Congo. Les plus célèbres ambas de l'Abyssinie sont l'amba Geshen, où l'on renfermait les membres de la famille impériale; l'ambacel qui servait au même usage, l'amba Gideon, l'amba Sanet, etc. Kænigstein, Lilienstein et Sonnenstein en Saxe, rappellent les ambas de l'Asie et de l'Afrique.

On distingue dans un mont ou une montagne, sa base ou le pied, qui est l'endroit où elle commence à se séparer de la plaine; le flanc, qui forme la pente; la croupe, qui surmonte le flanc; le sommet, qui repose sur la croupe; la cime, qui couronne le sommet ; et le point culminant, qui est l'extrémité de la cime. Les montagnes, au lieu de s'élever de la base au sommet par une pente insensible, sont souvent taillées en gradins réguliers qui se nomment assises. Quand le sommet d'une montagne est conique ou pointu, on le nomme pic, piton ou puy; un mont est souvent désigné par la forme de son sommet: c'est ainsi qu'on dit le pic de Ténériffe et le Puy de Dóme. Un sommet prismatique ou anguleux, comme dans les Alpes, prend le nom d'aiguille, de dent ou de corne; s'il est détaché on le nomme brèche; telle est la brèche de Roland dans les Pyrénées. Un sommet arrondi, comme on en trouve plusieurs dans la chaîne des Vosges, s'appelle ballon. Si un sommet a une forme cylindrique, il prend le nom de cylindre, comme le cylindre de Marboré, dans les Pyrénées; s'il est aplati, comme la montagne du Cap-de-BonneEspérance et le fameux Mont-Thabor, on le nomme table ou plateau.

On appelle volcan toute montagne qui vomit des flammes, des laves, etc., etc., quelles que soient son élévation et sa position.

Les montagnes sont isolées, ou assemblées en chaines, groupes ou systèmes. Une chaine est formée d'une longue suite de montagnes dont la base se touche; un groupe est l'union de plusieurs chaines, et un système est l'ensemble de plusieurs groupes. Le point où des chaines de montagnes se réunissent s'appelle nœud. Indépendamment de ces deux grandes divisions des montagnes, il existe des groupes de plusieurs chaines

CHAPITRE VII.

Des principales définitions géographiques.

Os a recherché, dit M. Walckenaer, et on a décrit avec soin les plus petits animaux, les plantes les plus humbles; mais on n'a point encore considéré le globe terrestre en lui-même, et comme le corps de la nature le plus digne d'attention, le plus important à connaître et à décrire. Des mots sans nombre ont été inventés pour peindre par la parole les signes et les formes des plus petites parties des minéraux, des végétaux et des animaux, et la geographie n'en a point encore pour dessiner plusieurs des grands traits que présentent les continens et les mers, pour exprimer convenablement la configuration si variée des côtes, les formes si diverses des montagnes, les lignes sinueuses et compliquées des fleuves et des rivières; pour caractériser enfin toutes les différences principales que le sol présente dans ses convexités et ses enfoncemens, sa composition, sa nature et son aspect. Il est vrai que dans ces derniers temps on a essaye de remplir ces lacunes, et Malte-Brun, Ritter, Walckenaer et les savans continuateurs de Encyclopédie Méthodique ont proposé plusieurs termes aussi justes que convenables pour parvenir à ce but; mais il reste encore beaucoup à faire pour l'atteindre entièrement. Notre cadre ne nous permettant pas de donner tous les termes techniques de la géographie, nous nous sommes borné à offrir dans ce chapitre ceux qui sont les plus indispensables pour l'étude de cette science et pour Pintelligence des relations de Forages. Nous les avons partagés en deux classes distinctes: termes qui appartiennent à la géographie physique, et termes qui appartiennent à la géographie politique. Nous commencerons par ceux de la première classe. En jetant les yeux sur un globe terrestre, ou sur un planisphère, on est frappé d'abord de l'espace mense, occupé par la masse d'eau continue nommée Océan, réceptacle de la plus grande partie des eaux du globe, dont elle couvre environ les trois quarts de la surface. Au milieu de l'Océan se montrent différentes portions de terres, toutes séparées les unes des autres. Ces parties de terres ainsi environnées d'eau se nomment iles. Parmi ces portions de terre, trois se font remarquer au premier coup-d'œil par leur grandeur, et doivent être nommées continens. La plus considérable est appelée Ancien-Continent, parce que c'est le premier dont nous avons eu connais sance elle comprend l'Europe, l'Asie et l'Afrique; la seconde est nommée Nouveau-Continent, parte qu'elle a été découverte beaucoup plus tard; on l'appelle aussi Amérique; enfin, la troisième, qui est incomparablement plus petite que les deux premières, a reçu le nom impropre de Nouvelle-Hollande, nom que depuis quelque temps on remplace généralement par celui de Australie, et auquel nous donnerons, par analogie avec les deux précédens, le synonyme de Continent-Austral. Toutes les autres terres qui SCAvent au-dessus du niveau des eaux sont regar- qui ne tient au continent ou à l'ile dont elle dépend

dées comme des îles. Les contours des continens et des îles que baignent les eaux de l'Océan et de ses subdivisions, se nomment cótes.

Les circonstances différentes de position absolue ou relative dans laquelle se trouvent les iles, ont engagé les géographes à leur donner différentes dénominations. Nous croyons que dans l'état actuel de la géographie on pourrait s'arrêter aux distinctions suivantes :

Ile proprement dite tout espace de terre environné de tous côtés par l'eau, quelle que soit son étendue; le géographe n'admet que trois seules exceptions, qui sont les trois continens que nous avons nommés. Les plus grandes îles du globe sont: Bornéo, la Papouasie (Nouvelle-Guinée), le Groenland, Sumatra, Madagascar, Niphon, Cuba, la Grande-Bretagne, etc., etc.

Un petit nombre d'iles placées à peu de distance les unes des autres, ou bien une île principale environnée de plusieurs autres incomparablement moins étendues qu'elle, forme un groupe; le groupe de Malle, en Europe, et le groupe de Sumatra, dans l'Océanie, peuvent servir d'exemple.

Plusieurs îles, de différente étendue, tantôt assez rapprochées entre elles pour être en vue l'une de l'autre, tantôt même à de plus grandes distances, forment un archipel. Presque tous les archipels se composent de la réunion de plusieurs groupes. Tout le monde connait l'archipel grec, que par antonomase on appelle l'Archipel. Nous citerons en outre l'archipel des Antilles, en Amérique, et l'archipel de Sumbava-Timor, dans l'O

céanie.

Nous proposons d'étendre la dénomination d'Attole ou Attolon, que depuis long-temps l'usage a employée pour désigner les groupes qui forment l'archipel des Maldives, à toutes les réunions d'iles qui offrent le même caractère. Ce sont de petites iles basses, groupées sur d'étroits plateaux madréporiques, qui ceignent un bassin oval ou circulaire et présentent des dentelures plus ou moins accessibles aux pirogues ou aux navires. Toutes les îles de l'archipel de Pomotou (Dangereux) et de l'archipel Central (Mulgrave, etc.), sont des attolons. Des attolons servent aussi quelquefois de ceintures à des îles fort élevées, et plus importantes; ainsi les lles d'Hogoleu, dans l'archipel des Carolines, celles de Borabora et de Maupiti, dans l'archipel de la Société, sont entourées par des attolons, sans lesquels elles n'auraient pas de bons ports. L'Amérique nous offre sous les dénominations de Keys, de Cares, de Jardins, et d'Arrecifes, de véritables attolons dans l'archipel de Bahama et près des côtes de la grande ile de Cuba. L'Afrique en offre aussi dans le grand archipel, que nous avons proposé de nommer archipel de Madagascar, et dont les Seychelles font partie.

Une portion de terre qui avance dans la mer, et

tion va depuis 2000 jusqu'à 4000 pieds; il nomme montagnes moyennes, ou de second ordre, celles dont la hauteur est comprise entre 4000 et 6000 pieds. Les pointes qui s'élèvent de cooo à 10,000 pieds sont pour lui des monts alpíns (alpengebirge); il range enfin parmi les montagnes gigantesques (riesen gebirge) tous les sommets qui dépassent ces limites.

C'est toujours relativement au niveau des mers qu'on évalue les hauteurs respectives des montagnes. Les plus hautes que l'on ait mesurées jusqu'à présent se trouvent dans l'Himalaya, en Asie, et dans les Andes, dans l'Amérique-Méridionale. La surface du globe offre plusieurs grands espa ces incultes, dépourvus de montagnes, et dont le sol, quoique fécond, n'est pas propre dans son état naturel à la production de grandes forêts. Ces vastes solitudes different beaucoup entre elles par leur aspect général, par leurs produits et par le caractère de leur végétation. On les nomme steppes dans l'empire russe, djengles dans l'Inde, karrous dans l'Afrique la plus méridionale, savanes, llanos et pampas dans l'Amérique. Des solitudes semblables, mais infiniment moins étendues, se trouvent dans l'Europe occidentale, où on leur donne les noms de landes ou de bruyères en France, comme les landes de Bordeaux, entre les embouchures de la Garonne et de l'Adour, et les bruyères ou le bocage dans la BasseBretagne; dans la Nouvelle-Castille, en Espagne, elles sont appelées arendal; et haiden, dans le nord de l'Allemagne, etc. Comme ces solitudes, que la plupart des voyageurs et des géographes confondent avec les véritables déserts, n'ont pas encore reçu de dénomination spéciale, nous pensons qu'on pourrait étendre celle de steppe à toutes les solitudes du globe qui présentent la réunion des caractères propres à ces vastes plaines. Quelques-unes des steppes de l'Asie sont sablonneuses et n'offrent que de rares touffes de gazon ou de buissons rabougris; il en est qui se couvrent d'herbes; d'autres se parent de plantes salines toujours vertes, grasses et articulées; un grand nombre, revêtues d'efflorescences muriatiques, cristallisées, jettent au loin des lueurs chatoyantes; pendant la saison sèche, tout y parait brûlé, les pluies seules y ramènent la verdure. Les karrous de l'extrémité méridionale de l'Afrique sont sillonnés, pendant la saison des pluies, par un plus grand nombre de cours d'eau que les steppes de l'empire Russe et du Turkestan-Indépendant; mais, composés d'une terre glaiseuse, parsemée de pierres, ils sont tout aussi stériles. Les savanes de l'Amérique-du-Nord sont au contraire couvertes d'herbes hautes et abondantes; il en est de même des llanos de la Colombie; situées dans la zone torride, leur aspect change deux fois chaque année à des époques régulières, et ces vastes plaines sont tantôt arides et stériles comme les karrous de l'Afrique, tantôt verdoyantes et fertiles comme quelques steppes d'Asie. Les immenses pampas de Buenos-Ayres sont entrecoupées de bosquets de palmiers. Les djengles de l'Inde sont des espèces de fourrés composés d'arbrisseaux, de hautes herbes et de roseaux.

On doit aussi comprendre sous la désignation

générale de steppes ces grandes plaines de la côte de Guinée, où l'herbe dite de Guinée, s'élève de dix à treize pieds de hauteur, et forme pour ainsi dire d'immenses foréls herbacées; ainsi que ces vastes espaces qui paraissent formés d'alluvions, et dont le sol, composé de sable ou de terre fine, ne contient pas une seule pierre. On en trouve dans le royaume de Benin, dans la Basse - Guiane, dans le bassin de l'Orénoque et dans celui de l'Amazone. Ceux de ce dernier, dits pampas dei Sacramento, sont les plus grands de tous; les sauvages nomades qui y demeurent parcourent souvent de 800 à 1100 milles, sans rencontrer une seule pierre; et leur idiome manque même d'expression pour désigner ce minéral.

Les déserts proprement dits sont des espaces. quelquefois d'une étendue immense, absolument stériles, où les végétaux ne peuvent croître, où les hommes et les animaux ne peuvent subsister. Ces affreuses solitudes privées d'eau et de verdure, dévorées par un soleil brûlant, n'offrent que des plaines sablonneuses, des montagnes encore plus arides, sur lesquelles l'œil se fatigue vainement à chercher quelque indice de vie.

Parfois un vent embrasé s'élève, suffoque les hommes et les animaux, soulève et roule des co lonnes et des montagnes de sable, qui engloutissent tout sur leur passage, et ensevelissent des caravanes et des armées entières. Au milieu de ces océans de sable se trouvent des espaces resserrés, arrosés par des sources, ombragés par des arbres bienfaisans, où la nature développe souvent avec une surprenante fécondité ses productions les plus précieuses; ces terres heureuses, placées au milieu des déserts comme les îles au milieu des mers, se nomment oasis. L'Afrique et l'Asie offrent les déserts les plus vastes du globe. Celui de Sahara en Afrique jouit depuis des siècles d'une triste célébrité; c'est le plus vaste que l'on connaisse.

Le sol fertile de la terre dont l'eau n'a pas envahi la surface se couvre ordinairement d'arbres majestueux qui, réunis en grandes masses, forment ce que l'on appelle forêts, séjour ordinaire des bêtes féroces. Ces forêts naturelles, épaisses el sombres, ne ressemblent point à celles que l'homme civilisé plante et exploite; la végétation, plus riche chaque jour de ses propres produits, s'y développe sans obstacle et offre aux regards étonnés des prodiges de végétation. C'est en détruisant par le fer et le feu ces immenses forêts que le colon européen est parvenu à défricher quelques por tions déjà considérables du Nouveau-Monde. Lorsque les arbres ne couvrent point une grande étendue de pays, ils ne forment point des forêts, mais des bois; et quand ils sont réunis en masses encore moins considérables, ils composent ce qu'on appelle bocages.

Dans le voisinage des mers, des rivières et des sources, on trouve souvent plusieurs sortes de terrains qui tiennent le milieu entre le sol des marais et celui de la terre ferme; tels sont ces polders de Hollande, ces kogs de Danemark, terrains cultivés, enlevés à l'Océan qui les couvrait, et enfermés par des digues et par des canaux de desséchement; telles sont encore ces lavines, or

resterreins amollis par les pluies et par les eaux souterraines qui coulent dans les sinuosités des montagnes et dans le fond de certaines vallées, et , delayés, produisent les troubles des fleuves: tels sont enfin ces cores ou terreins errans au milieu des eaux, qui forment les iles flotti

tes.

Baltique, malgré sa triple ouverture, est aussi une autre Méditerranée proprement dite. il en est d'autres dont l'enceinte est formée par des continens et des iles, ou par plusieurs rangées d'iles, et qui par conséquent communiquent avec l'Océan par plusieurs détroits; M. Walckenaer propose de les appeler mers méditerranées percées. Il nous semble qu'il serait préférable de les désigner sous le nom de mers méditerranées à plusieurs issues. Nous nommerons les deux qui se font remarquer par leur immense étendue, et que des l'année 1815 nous avons proposé d'appeler méditerranée Asiatico-Orientale et méditerranée Colombienne. Cette dernière est formée par la côte de l'Amérique, depuis la Floride, dans les Etats-Unis, jusqu'au golfe de Paria, dans la Colombie, et par l'Archipel des Antilles; l'autre est formée par le continent Asiatique et les îles qui s'étendent depuis le cap Lopatka, dans le Kamtchatka, jusqu'au cap Romania, dans la péninsule de Malacca. Enfin, plusieurs mers ne sont que des enfoncemens très larges de l'Océan, entre des côtes très écartées, et pourraient être désignées par le nom de mers mediterranées ouvertes ; la mer de Guinée, sur la côte d'Afrique, celle de Panama, entre l'Amérique du Nord et l'Amérique du Sud; la mer d'Oman ou d'Arabie et celle du – Bengale au sud de l'Asie, sont les mers de ce genre les plus remarquables.

il n'y a sur notre g.obe, à proprement parler, qu'une seule mer, un seul fluide continu répandu autour des terres, et qui parait s'étendre d'un pole à l'autre, en couvrant à-peu-près les trus quarts de sa surface. Tous les golfes, toutes les méditerranées ne sont que des parties détachées, mais non pas séparées, de cette mer universelle que nous proposons de nommer Ocean general. Pour plus de commodité, on a subdiVisé, dans l'usage ordinaire, l'Océan en plusieurs sections, auxquelles on a donné des noms differeas; mais ces divisions et leurs dénominations sont incompletes et offrent encore beaucoup d'interitude, parce que les géographes et les auteurs de systemes ne sont pas d'accord entre eux. Considerant comme une peine inutile le soin de les mettre d'accord, nous ferons observer qu'à la simple inspection d'un globe terrestre on voit que FOcéan n'offre que cinq sections qu'on puisse regarder comme principales, et auxquelles nous proposons de donnner la qualification d'Océan particulier. Ces divisions sont : le Grand-Océan, ainsi nommé à cause de son immense étendue; il Lorsque l'Océan ou les mers pénétrent dans les a pour bornes l'Asie, la Malaisie (l'Archipel-in- terres et forment des enfoncemens trop peu condien), l'Australie (Nouvelle-Hollande) et l'Améri- sidérables pour mériter le nom de mers, ces enque; l'Océan-Atlantique, qui sépare l'Europe foncemens ou ces avances se nomment golfes; etl'Afrique de l'Amérique, l'Ocean-Indien, qui et comme les golfes ne sont à proprement parler s'étend entre l'Afrique, l'Asie-Méridionale, la que de petites méditerranées, on devrait meme les Malaisie et l'Australie; rOcean-Arclique gla- diviser en golfes proprement dits, en golfes à cial, renfermé par les extrémités boréales de plusieurs issues el en golfes ouverts. Parmi les Ancien et du Nouveau-Continent; et l'Ocean- premiers, toujours resserrés à leur entrée, les Antarctique glacial, qui n'est à proprement plus célebres sont: le golfe Arabique, nommé parler que la continuation du Grand-Océan, de de temps immémorial mer Rouge; le golfe PerF'Océan Indien et de l'Atlantique, et qu'on pour-sique, le golfe de l'enise, dit communément rail faire commencer au cercle polaire antarctique, pour l'étendre jusqu'au pôle de cette dénomination. Quelques géographes subdivisent l'O cean-Atlantique et le Grand-Océan, en trois parties, en désignant par le surnom d'equinoxiale celle qui est comprise entre les tropiques, et en appliquant aux deux autres les surnoms de boreale et d'australe, d'après leurs positions astronomiques.

L'Océan général, en pénétrant dans l'intérieur des terres, forme des mers méditerranées, des golfes, des manches, des detroits, des ports, des havres, etc., que nous allons définir, en suivant, pour les méditerranées et pour les golles, les distinctions aussi ingénieuses que nouvelles proposées par M. Walckenaer.

Il y a trois espèces de mers méditerranées : les unes sont presque entièrement entourées par les terres des continens, et ne communiquent avec F'océan que par une ouverture peu large, nommée détroit; celles-ci peuvent être considérées comme des mers méditerranées proprement dites. La plus célèbre est celle qui communique avec l'Ocean parle détroit de Gibraltar et qu'on nomme exclusivement la mer Méditerranée. La mer

mer Adriatique; le golfe d'Azof et le golfe de Zuiderzée, auxquels l'usage, par un étrang abus de mots, a donné le titre de mers; les golfes de Bothnie et de Finlande, etc., etc. Parmi les golfes à plusieurs issues, on peut citer en Europe ceux de l'Archipel et de Marmara, qualifiés improprement du titre de mers; le golfe de Tonquin, en Asie, seulement en partie termé par l'ile de Hainan, celui de Saint-Laurent, en

Amérique, que cernent les côtes du continent et celles de l'ile de Terre-Neuve et de l'ile Royale. Les golfes ouverts les plus remarquables sent: le golfe de Gascogne, entre la France et l'Espagne, en Europe; les golfes de Cambare et de Siam, en Asie, et celui de Carpentarie, dans le Continent-Austral (Nouvelle-Hollande).

Lorsqu'un golfe à plusieurs issues est d'une forme très allongée, que ses sorties sont larges et non resserrées par des détroits, il prend le nom de

bras de mer, ou de manche ou de canal; ainsi l'espace de mer compris entre Madagascar et la

côte de Mozambique, en Afrique, se nomme canal de Mozambique; entre la France et l'Angleterre, la Manche ou canal de la Manche; entre la péninsule de Malacca et l'ile de Sumatra,

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