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les cartes les meilleures et les plus récentes. C'est aussi en vain que nous avons cherché la CICDAD DE FERNANDINA DE JAGUA, autre colonie fondée depuis 1817 sur la baie de Jagua ou Xagua, qui y forme un des meilleurs ports du monde, défendu par le fort de Nuestra-Señora de los Angeles, regardé par des militaires habiles comme la meilleure forteresse de l'ile après les fortifications de La-Havane et le Morro de Santiago de Cuba; depuis quelques années son commerce a pris un grand accroissement. CIUDAD MARITIMA DE TRINIDAD, ville assez bien batie, chef-lieu d'une division maritime, avec une société patriotique; c'est une des plus peuplées et des plus commerçantes de l'ile; en 1830 on y publiait une gazelle. Dans ses environs est située la superbe baie del Masio. VILLA DE SANTA CLARA et VILLA DE ESPIRITU-SANTO, petites villes, situées dans l'intérieur et remarquables par leur population; la seconde possède une société patriotique. VILLA DE SAN-JUAN DE LOS REMEDIOS, petite ville, chef-lieu d'une division maritime et importante par la beauté de son port. Dans le DEPARTEMENT ORIENTAL SANTJAGO DE CUBA, une des plus anciennes villes de l'Amérique, ayant été fondée en 1514, considérée comme la capitale de l'île jusqu'en 1589, et actuellement chef-lieu de ce département, d'une division maritime et siège d'un archevêché. Son port, qui est un des plus beaux de l'Amérique, est défendu par le fort del Morro. Les constructions intérieures de Cuba, quoique présentant plus de régularité et une meilleure disposition que celles de la plupart des autres villes de l'ile, n'offrent cependant aucun monument remarquable. Dépourvue, pour ainsi dire, d'eau potable, sans cesse exposée à la réverbération du soleil, par la nature crayeuse de son sol et le voisinage des montagnes, l'air qu'on y respire est suffocant. Les miasmes qui s'exhalent des lagunes qui l'environnent, et de la baie au fond de laquelle elle s'élève en amphithéatre, rendent son séjour malsain; aussi les habitans aisés, pour respirer un air plus pur et plus frais, se retirent, de juillet à octobre, dans leurs maisons de campagne, la plupart situées sur de rians coteaux, au milieu de riches plantations de cannes à sucre et de caféiers. Depuis 1778, époque de l'ouverture de son port, Santiago a pris une grande extension, et en 1827 elle a vu ses exportations monter à la valeur de 7,637,554 francs et celle des importations à 6,734,105 francs. En 1830 on y publiait une gazette. CARIDAD DEL COERE (Villa de Nuestra-Señora de la Caridad del Cobre), très petite ville, remarquable par son sanctuaire, visité annuellement par un grand nombre de pélerins. HOLGUIN et BAYAMO, petites villes de l'intérieur, importantes par leurs populations et leur commerce; MANZANILLO est le port de la seconde et fait un commerce qui augmente tous les jours. BARACOA, très petite ville, avec un port; c'est le premier établissement que les Espagnols ont fait dans l'ile

Mais avant de quitter cette superbe colonie, que des documens officiels que nous avons sous les yeux nous autorisent à regarder comme la plus

riche de toutes les colonies fondées par les Européens, qu'il nous soit permis de nous arrêter un instant pour offrir au lecteur quelques faits relatifs à sa grande importance et à son étonnante prospérité. « L'importance politique et commerciale de Cuba n'est pas seulement fondée sur l'étendue de sa surface, supérieure à celle des autres Antilles, sur l'admirable fertilité de son sol, sur ses établissemens militaires et sur la nature de sa population, composée de trois cinquièmes d'hommes libres; elle s'accroit encore, dit M. de Humbolt, par les avantages de sa position géographique sa forme étroite et allongée la rend à-la-fois voisine d'Haïti et de la Jamaïque, de la partie la plus méridionale des Etats-Unis (la Floride) et de l'état le plus oriental de la confédération Mexicaine (le Yucatan), Réduite pendant les deux derniers siècles à puiser dans les caisses de la Nouvelle-Espagne les sommes nécessaires pour subvenir aux frais de son administration intérieure et à payer sa nonbreuse garnison, elle s'est vue depuis en mesure de suffire non-seulement à ses propres besoins. mais encore de venir au secours de la métropole pendant la lutte opiniâtre qu'elle a soutenue com tre les colonies du continent. Ce changement favo rable est dù principalement à la levée des inconcevables entraves qui arrêtaient le développement de son commerce et de son industrie, à l'introduction de la culture de la canne à sucre de Ta hiti, à la grande population blanche qui s'y est établie pour échapper aux massacres de St-Demingue, et pour éviter les horreurs inséparables des guerres civiles, surtout de celle qui à ensanglanté dans ces dernières années les possessions continentales ci-devant Espagnoles; au nouvel essor donné à l'agriculture et au commerce par les colons arrivés des Florides et de la Louisiane. enfin à ce grand nombre d'esclaves qui, importés pendant les dix dernières années, ont créé tant de nouvelles plantations. Un concours heureux de circonstances politiques, la modération des officiers de la couronne, la liberté des échanges avec les nations étrangères, la conduite prudente deshabitans et les nombreuses concessions de la métropole ont puissamment contribué aux progrès de la population, de l'agriculture, du commerce et de l'industrie, et ont rendu Cuba, eu égard à son étesdue et à sa population, la plus florissante et la plus riche de toutes les colonies, non-seulement de l'Amérique, mais de tout le globe. Sa population qui en 1775 n'était que de 170,370 àmes, s'était élevée à 272,140 dès l'année 1791, à 551,998 es 1817 et en 1827 à 730,562; dans ce dernier nombre les esclaves ne figurent que pour 286,912, leur nombre en 1775 n'était que de 44,336 individus, Cet accroissement de population, même en faisant abstraction de ce qui est dù à l'infàme commerce des nègres, est teilement considérable, qu'on ne saurait le comparer qu'à l'augmentation qui a eu lieu aux Etats-Unis et dans le Canada, les pays de l'Amérique qui sous ce rapport se présentent sous le jour le plus favorable. L'agriculture a fait des progrès encore plus rapides; l'exportation du sucre, qui de 1790 à 1800 n'étail. année moyenne, que de 110,091 caisses, s'est élevée

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de 1800 à 1820 à 207,696 caisses, et de 1820 à 1825 à 250,384 caisses; celle du café, qui en 1804 n'était que de 50,000 arrobas, monta à 320,000 arrobas en 1809, et à 1,221,609 arrobas en 1826. La douane de La- Havane, qui en 1817 ne rapporta que 2,110,000 piastres, en rapporta 3,733,000 en 1826 et 4,389,262 en 1827. Dans la même année le mouvement général de tous les ports de l'ile a été de 1841 navires entrés et 1649 sortis. A la mème époque, le montant des importations, d'après les relevés de la douane, s'est élevé à 17,352,854 piastres, et celui des exportations à 14,286,192 piastres, dans lequel la valeur des produits indigènes figurait pour une somme de 10,724,577 piastres. Ces chiffres, au reste, ne doivent être considérés que comme le minimum de la valeur des importations et des exportations; car, d'un côté, les estimations de la douane, en général au-dessous de la valeur réelle des marchandises, et de l'autre, les entrées et les sorties frauduleuses qui ont lieu en grand nombre, doivent nécessairement rehausser les sommes que nous venons d'indiquer. Enfin les revenus de l'ile qui en 1778 ne montaient qu'à 885,358 piastres, et qui ne s'étaient encore élevés en 1794 qu'à 1,136,918 piastres, ont été de 8,469,973 piastres en 1827, ce qui fait près de 45,000,000 de francs. Maintenant si l'on voulait comparer cette colonie avec d'autres regardées comme les plus riches, nous verrions que, d'après M. de Humboldt, le Mexique en 1804, avec une population de 5,800,000 ames, rapportait 20,000,000 de piastres; toutes les Possessions Anglaises en Asie, dont la population était estimée à la même époque a 32 millions offraient une recette brute de 43,000,000 de piastres; la magnifique ile de Java,la contrée la plus riche et la plus peuplée de l'Océanie, avec une population d'environ 6,000,000 d'ames, ne rapportait en 1822, avant le commencement de la guerre qui a ralenti sa prospérité, que 63,900,000 francs. Si l'on voulait pousser plus loin ces rapprochemens et comparer les revenus de l'ile de Cuba avec les revenus des principaux états de l'Amérique indiqués à la page 1128, on verrait que la recette brute de Cuba dépasse de beaucoup celle de tous les états du Nouveau-Monde, à l'exception des confédérations Anglo- Américaine et Mexicaine, de l'empire du Brésil et des Etats-Unis du Sud. Si l'on voulait faire la comparaison avec les états de l'Europe, dont nous avons donné les revenus aux pages 636 et 637, on trouverait que la recette brute de cette colonie dépasse la recette correspondante de tous les états de cette partie du monde, celles des grandes puissances et de quelques monarchies du second ordre seules exceptées; que son revenu est de peu inférieur à la recette de la monarchie Portugaise, et presque égal à celle des états réunis de Wurtemberg et de Hanovre, ou à la somme des recettes du royaume de Saxe et du grandduché de Bade; que son revenu est supérieur à celui des deux grands-duchés de Bade et de Hesse réunis à la Hesse-Electorale; qu'il égale celui de l'Etat du Pape, qu'il dépasse le revenu des royaumes de Suede et de Pologne et celui de la monarchie Danoise! telles sont les immenses

ressources de cette colonie, qui est exempte de toute espèce de dette. Elles étonnent d'autant plus que des documens officiels prouvent qu'elles ne proviennent que de la septième partie de son territoire; que serait-ce si toute l'lle était mise en culture! « Bien plus florissante, dit M. Galibert, que la plupart des nouveaux états indépendans de l'Amérique, obérés déjà par leurs emprunts, elle voit tous les jours accroitre sa prospérité, sans compromettre son avenir.»>

Nous avons déjà dit que l'ILE DE PORTORICO est la moins étendue des GrandesAntilles. Quoique sur une moindre échelle, les progrès de sa population, de son agriculture et de son commerce, furent aussi considérables que ceux de Cuba. Sa population, qui en 1778 était estimée à 80,650, s'éleva, en 1827, à 288,473 âmes; dans ce nombre, 28,408 seulement étaient esclaves; 101,749 étaient laboureurs. Voici les villes et les lieux les plus remarquables de cette importante colonie, à laquelle un terrible ouragan causa des pertes énormes le 26 juillet 1825 :

elle

PORTO-RICO ou SAN-JUAN DE PORTO-RICO, ville assez grande et assez bien bâtie, sur une presqu'ile de la côte septentrionale, au milieu d'une vaste baie, communiquant à la terre-ferme par un isthme d'une longueur considérable; cette position et les importans travaux qu'on y a faits, l'ont rendue une des plus fortes places de l'Amérique. Son port est sûr, spacieux et profond. Porto-Rico est la résidence du capitaine général et d'un évêque. Son commerce est florissant et sa population est estimée à près de 30,000 ames. ARECIFE et GUAYAMA, bourgades importantes par leur population considérable; CoAmo, village remarquable par ses eaux thermales sulfureuses; SAN-GERMAN, petite ville, chef-lieu de la seconde division administrative de l'ile a été bâtie en 1511. MAYAGUEZ, bourgade à laquelle la tentative de Ducoudray a donné de nos jours une certaine célébrité. En 1822, un parti de pirates ou flibustiers commandé par cet aventurier s'empara de son port, y fit paraître une proclamation pour annoncer l'indépendance de toute l'ile sous le titre de république de Boïqua; battus par les Espagnols ils furent obligés d'évacuer l'ile; mais leur tentative, dit M. Buchon dans son Atlas géographique, statistique et historique des deux Amériques, et leur proclamation n'est pas un des épisodes les moins curieux de cette époque historique. CABO-Roxo, village près du cap de ce nom, important par ses salines qui fournissent du sel à une grande partie de l'ile. PONCE, bourgade florissante par ses plantations. Les ilots qui dépendent de Porto-Rico n'offrent rien de remarquable. Nous ferons seulement observer que celui de BIEQUE est de beaucoup le plus grand de tous, et qu'il égale en étendue la florissante ile danoise de Santa Cruz qui en est voisine,

AMÉRIQUE SUÉDOISE.

La Suède ne possède dans le NouveauMonde, que la petite île de St-Barthelemi, que la France lui a cédée en 1784. C'est la plus petite des divisions politiques de l'Amérique. Environnée par des iles occupées par les Hollandais, les Français, les Anglais et les Danois, elle est assez importante par l'état florissant de son agriculture; mais son commerce a beaucoup perdu depuis la cessation de la guerre maritime, pendant laquelle son

port, ouvert à toutes les nations, faisait d'immenses affaires. GUSTAVIA (longitude occidentale 65° 10′; latitude boréale 17° 55') est la résidence du gouverneur ; c'est une petite ville, assez bien bâtie, avec un port franc, fréquenté par un assez grand nombre de navires; c'est encore un des principaux entrepôts du commerce des Petites-Antilles; on porte à 10,000 le nombre de ses habitans.

TABLEAU STATISTIQUE DE L'AMÉRIQUE.

Nos lecteurs connaissent déjà les difficultés sans nombre qui s'opposent à une appréciation exacte des forces et des ressources des états, ainsi que les principes qui nous ont guidé dans ces recherches difficiles. Dans l'introduction au tableau statistique de l'Europe, nous leur avons meme exposé nos doutes relativement à plusieurs points de la statistique des principaux états de l'Amérique. Mais quel ques remarques nous paraissent encore nécessaires pour justifier des changemens importans que nous avons fait subir aux résultats statistiques admis dans la Balance politique du Globe. D'ailleurs, il est bon de signaler les limites au-delà desquelles toute application, que l'on voudrait faire à d'autres états des élémens contenus dans le tableau statistique que nous allons offrir, donnerait des résultats

erronés.

SUPERFICIE. Aux pages 607, 609, 1095, 1097, 1113, etc., nous avons déjà signalé les doutes que le géographe a encore sur certains pays, et les causes qui ne peuvent manquer de produire une grande différence dans l'estimation de la superficie des possessions des Anglais, des Français et des Anglo- Américains dans cette partie du monde. Aussi nos évaluations ne sont basées que sur les limites que leur accordent les meilleures cartes, et surtout celles de M. Brné. La

contradiction apparente qu'offre l'èvaluation de la surface du Brésil donnee par la Balance avec celle que nous avons adoptée dans le tableau que nous allons donner, vient de ce que, à l'époque de la publication du premier ouvrage, toute la superficie du Nouvel-Etat-Oriental de l'Uruguay, formant alors partie de la province Cisplatina de l'empire du Brésil, devait être nécessairement comptée dans la surface générale de cette vaste monarchie.

POPULATION. Dès l'année 1808, dans notre Prospetto politico geografice dello stato attuale del globo sopra u nuovo piano, nous avons fait connaitre les exagérations des géographes sur la population du Nouveau-Monde. Dans cet ouvrage, nous la portions à 27,400,000. d'après les renseignemens les plus positifs qu'on pouvait avoir à cette époque. Les recherches que nous avons faites, et les travaux géographiques publiés depuis lors sur les principales régions de ce continent, nous ont engagé à porter sa population, d'après les sommes spéciales de ses différentes parties, à 33,800,000 en 1816, et à 36,000,000 en 1819. Mais ces calculs avaient besoin d'une rectification.

Ne nous étant pas encore livré à des études sur les langues de l'Amérique, nous n'avions aucun moyen de corriger

les exagérations des géographes et des voyageurs sur le nombre des Indiens sauvages ou indépendans. Quelques écrivains, même parmi ceux que la renommée place au premier rang, avaient augmenté extrordinairement, et eontinuent à augmenter leur nombre. Le savant géographe Morse portait encore, en 1812, à 5,000,000 les sauvages indépendans de l'Amérique, lorsque l'ingénieux Volney, dès l'année 1804, avait taché de prouver qu'ils ne sauraient être estimés au-delà de 1,639,000. L'éditeur de la Grammar of general geography of Goldsmith ne tenant aucun compte des estimations de Morse et de Volney, publiait encore à Londres, en 1822, que les sauvages indépendans du Nouveau-Monde s'élèvent à 12,000,000, dont 5,000,000 vivent dans l'Amérique du Nord et 7,000,000 dans celle du Sud ! Un voyageur très instruit, M. Buchanan, estimait en 1824, à 2,000,000 ceux qui errent entre l'itshme de Panama et l'OcéanGlacial-Boréal. Hassel, dans une dissertation sur le nombre d'habitans de l'Amérique, insérée dans les Ephémérides géographiques de Weimar, croyait pouvoir évaluer tous les sauvages du Nouveau-Monde à environ 2,500,000 en 1825. Dès l'année 1816, et après un premier examen sur ce sujet difficile, nous avions cru pouvoir les réduire à ce nombre dans notre Compendio. Mais les études de M. de Humboldt sur ce même sujet, les faits que M. Gallatin a consignés dans un mémoire manuscrit, dont nous devons la communication à l'obligeance du premier, ainsi que les détails multipliés que nous avons rassemblés sur le nombre des Indiens sauvages en rédigeant l'Atlas ethnographique du Globe, nous ont engagé à diminuer de moitié notre première évaluation. Ayant publié, dans le XXXVIII volume de la Revue Encyclopédique, nos recherches sur la population de l'Amérique, nous croyons inutile de répéter ici les raisonnemens que nous avons faits pour justifier nos calculs. Nous ferons seulement quelques remarques sur la population de quelques états à laquelle nous avons fait subir de grandes modifications.

La population de la Confédération Anglo-Américaine, que, pour la fin de 1826, nous avions estimée à 11,600,000

âmes, doit être portée pour la même année à 11,800,000 Cette erreur vient de ce que, dans la multiplicité des calculs que nous devions faire pour la rédaction de la Balance politique du Globe, nous avons oublié d'ajouter à la somme provenant du recensement de 1820 et de l'augmentation qui avait eu lieu depuis cette époque jusqu'au 1er janvier 1827, la population des tribus indépendantes, toujours comprises dans nos évaluations du nombre d'habitans de tous les autres états de cette partie du monde. Le recensement de 1830, dont nous avons donné les résultats aux pages 1012, et 1013, nous a servi à contrôler les calculs approximatifs que nous avions faits pour 1826; et, à part l'erreur que nous venons de signaler, entièrement indépendante des calculs relatifs à la population des races blanche et noire, nous avons eu le plaisir de voir que dans cette évaluation, si différente des estimations exagérées faites à la même époque par les journaux indigènes et étrangers, nous nous étions tellement approché de la réalité, que nous n'avons eu besoin de leur faire subir aucune modification. A la page 1013 nous avons expliqué la cause des contradictions apparentes qu'offrent nos calculs relatifs à la population des EtatsUnis.

A la page 611, nous avons indiqué les motifs qui nous ont engagé à diminuer la population de l'Amérique-Espagnole. D'autres prétendus recensemens officiels relatifs aux deux Canada et publiés par un journal allemand, qui jouit d'une célébrité justement acquise, nous ont fait évaluer trop haut la population de l'Amérique-Anglaise. Selon le rédacteur de ce journal, un recensement de 1824 aurait donné au Bas-Canada 622,628 habitans et 280,567 au Haut-Canada, ce qui fait plus de 900,000 pour ces deux seules provinces. Des documens officiels que nous avons reçus depuis, et dont la vérité et l'exactitude sont confirmées par les faits importans que MM. Bouchette, Douglas et M'Gregor ont publiés à Londres, nous ont fait rejeter ces dénombremens imaginaires, et nous out engagé à réduire toute la population de cette partie du Nouveau-Monde à 1,900,000 àmes pour la fin de l'année 1826.

Les incertitudes qui subsistent encore sur le nombre des habitans du Brésil

sont tellement considérables, qu'il nous a paru plus convenable de conserver les nombres ronds admis dans la Balance, plutôt que d'offrir une précision illusoire, en faisant la soustraction des 70,000 habitans que nous avons assignés au Nouvel-Etat-Oriental de l'Uruguay. On sera peut-être étonné de nous voir estimer si bas la population de cette république, à laquelle on s'accorde à donner 175,000 âmes d'après les calculs erronés de Hassel, suivis de tous les statisticiens allemands ainsi que des statisticiens et des géographes français, qui exploitent ses ouvrages sans presque jamais daigner le citer. Mais notre évaluation est basée sur les faits positifs que nous devons à l'amitié dont nous honorait M. le vicomte de San-Lourenço, ancien ministre des finances de la monarchie Portugaise, sous la direction duquel a été fait le dernier recensement du Brésil. D'autres renseignemens plus récens que nous devons à l'obligeance de M. Varaigne, qui connaît si bien tout ce qui concerne Fancienne vice-royauté du Rio de la Plata, dont cet état faisait partie, ne diffèrent que de quelques milliers en moins des estimations du ministre brésilien.

Nous devons aussi faire subir une grande diminution à la population que nous avons donnée à la république d'Haïti sur l'autorité d'un prétendu dénombrement officiel publié par les journaux des Etats-Unis, d'après lequel cet état, en 1824, n'aurait pas compté moins de 935,335 habitans. Un observateur habile, M. Mackenzie, ancien ministre anglais auprès du président Boyer, a réduit à sa juste valeur ce prétendu recensement dans l'intéressant ouvrage qu'il a publié à Londres. Un autre voyageur, ci-devant consul - général de France à Haiti, M. Mollien, auquel nous devons beaucoup de renseignemens précieux sur cette république où il a séjourné assez long-temps, nous assure que la population actuelle de l'ile est au-dessous de 600,000 âmes. Comme on ne peut nullement compter sur l'exactitude d'aucun recensement fait jusqu'à présent dans cette contrée, et que l'on ne connaît que très imparfaitement le mouvement de sa population, nous croyons qu'on pourrait provisoirement adopter en nombre rond les - 800,000 àmes que lui accordait M. de Humboldt en 1822; mais cette somnie

doit être regardée comme le maximum de la population qu'on puisse assigner à Haiti pour la fin de 1826.

Nous n'avons aucune raison pour modifier les populations que nous avons assignées aux autres états de l'Amérique. quelque différentes que soient les estimations données par d'autres géographes et statisticiens. Nous ne sommes pas surpris que le savant statisticien Hassel, dans la multiplicité des calculs auxquels il était livré, ait, par un double emploi, si étrangement exagéré la population des Provinces-Unies du Rio de la Plata, ei accordant à cette seule partie la totalite de la population qu'on assigne à ces mémes provinces, à la républipue de Bolivia, au Paraguay et au Nouvel-Etat-Oriental de l'Uruguay; nous concevons aussi que des savans, étrangers aux points difficiles de la géographie et aux difficultés de la statistique, persistent encore à donner 2,200,000 âmes à la seule confédération du Rio de la Plata après tout ce que nous avons dit sur ce sujet dans le mémoire sur la population de l'Amérique, publie par la Revue encyclopédique, journal que son mérite justement apprécié met entre les mains de tout le monde; mais nous ne pouvons comprendre qu'une erreur aussi grossière puisse être annuellement reproduite dans des recueils et dans des ouvrages estimables publiés en Allemagne, en Angleterre, dans l'empire d'Autriche et dans les Etats-Unis, tous rédigés par des hommes spéciaux et d'ai savoir profond. A l'égard de la population de la république de Bolivia, que deux généraux, célèbres dans les guerres de la Colombie, nous ont reproché confidentiellement d'avoir portée trop haut, nous ferons observer que M. Pentland, qui a visité cette intéressante partie de l'Amérique, sur laquelle il a bien voulu nous communiquer de précieux renseignemens, nous ayant fourni les résultats du dénombrement fait en 1827, nous avons trouvé qu'en y comprenant les indigènes indépendans, ce document officiel donne un total presque identique avec la somme publiée par la Balance Politique du Globe. Cette concordance remarquable avec des faits positifs et avec les estimations d'un observateur habile, nous engage à persister dans notre opinion.

Aux pages 1087 et 1088 nous avons

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