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et des Cottica sur le Haut-Cottica. Ce sont des Marons ou Nègres esclaves qui se sont enfuis dans les bois et sont parvenus à faire reconnaître leur indépendance par les colons. Les deux premières républiques subsistent depuis l'année 1766; celle des Cottica s'est formée plus tard. Un traité conclu en 1809 par les colons avec ces états nègres confirma leur indépendance. Depuis lors des relations amicales et de commerce se sont établies entre eux et les Hollandais; plusieurs de ces nègres viennent chercher du travail dans la colonie ou y apporter du bois et d'autres provisions. Ces trois petits états, dont quelques voyageurs ont extraordinairement exagéré la population, ont trop souvent jeté l'épouvante dans cette riche colonie

GOUVERNEMENS.

PARTIE CONTINENTALE.

pour que nous puissions imiter l'exemple de presque tous les géographes, qui n'en font pas seulement mention, ou qui se bornent à nommer celui de Sarameca seulement.

Sous le rapport administratif cette partie de la monarchie Hollandaise offre trois divisions, savoir : le gouvernement de Paramaribo ou de Surinam, qui comprend la Guyane : il est subdivisé en 8 districts, qui prennent leur dénomination de leur position sur les rivières qui les arrosent; le gouvernement de Curaçao et celui de St-Eustache. Le tableau suivant offre les divisions géographiques et administratives de cette partie de l'Amérique.

CHEFS-LIEUX, Villes et LIEUX LES PLUS REMARQUABLES.

Sara

GOUVERNEM. DE SURINAM. Paramaribo, Vredensborg; Fiedrich-Wilhelm: Victoria; Savanna. Les républiques des Negres Marons, Aukas (Oukas), meca (Sarameka ou Saramaca) et Cottica (Cottika).

PARTIE INSULAIRE. GOUV. DE CURAÇAO.

GOUV. DE ST-EUSTACHE.

Willemstadt, dans l'lle de Curaçao; les iles Aruba (Oruba) et Aves, sans habitans permanens; l'ile Bonaire (Buen-Ayre), avec des salines et un petit établissement.

St-Eustache (San-Eustaz); l'ilot de Saba, qu'on peut regarder comme une forteresse naturelle presque imprenable; la partie méridionale de l'ile de St-Martin avec la bourgade de Philisburg, qui est le lieu le plus important et le plus peuplé de toute l'ile. Voyez l'Amérique-Française à la page 1111.

PARAMARIBO, chef-lieu de la Guyane, située sur la rive gauche du Surinam, à une vingtaine de milles de son embouchure; ce beau fleuve, qui en cet endroit a un mille de large, y forme une vaste rade constamment remplie de barques et de navires que son commerce florissant y attire. Paramaribo passe justement pour une des plus jolies villes de l'Amérique-Méridionale, et est sans contredit la plus grande et la plus peuplée nonseulement de toute l'Amérique-Hollandaise, mais aussi de toute l'immense région nommée Guyane. Les rues sont parfaitement alignées et ornées d'allées d'orangers, de citronniers, de tamariniers qui se couvrent de fleurs et font de cette ville un séjour délicieux. L'hôtel du gouverneur et l'hôtel de ville sont deux beaux bâtimens, surtout pour ces contrées. Les maisons, bâties presque toutes en bois, et à deux ou trois étages, ont une belle apparence, sont entourées de jardins et généralement meublées avec luxe et élégance. La ville est ouverte, mais le fort Zelandia et plusieurs accidens du

terrain environnant la protègent suffisamment pour qu'il ne soit pas facile à un ennemi de s'en emparer. Son commerce, qui autrefois était de beaucoup supérieur à celui de toutes les autres villes depuis de la Guyane, a été surpassé quelques années, par celui de Stabroek ou George-Town, chef-lieu de la GuyaneAnglaise décrit à la page 1100. On s'accorde à lui donner de 18 à 20,000 habitans.

Dans les environs immédiats de Paramaribo et dans un rayon de 40 milles on trouve le FORTAMSTERDAM, regardé comme la meilleure forteresse de la Guyane; il est bâti sur une langue de terre entre le Surinam et la Commewyne. SAVANA, joli village, bati et habité exclusivement par des Juifs, sur la rive droite du Surinam; il possède une belle synagogue, une école supérieure, et un séminaire. C'est une véritable NouvelleJérusalem pour ce peuple partout si opprimé : il y jouit d'une entière liberté, et s'adonne à l'a. griculture et surtout au commerce.

Voici les autres villes les plus remarquables de l'Amérique-Hollandaise. Dans le GOUVERNEMENT DE CURAÇAO: WIL

LEMSTADT, jolie ville, chef-lieu de l'ile de Curaçao et du gouvernement de ce nom, remarquable surtout par la beauté et la sûreté de son port, et très importante par son commerce encore florissant, quoique bien diminué en comparaison de ce qu'il était, lorsque la contrebande faisait gagner des sommes énormes à ses négocians par l'introduction des marchandises européennes dans l'Amérique ci-devant Espagnole. On avait proposé il y a quelques années de déclarer Willemstadt port franc. Des fortificatious considérables ajoutent à l'importance de cette ville, dont on porte la population à près de 8000 âmes.

Dans le GOUVERNEMENT DE ST-EUSTACHE. ST-EUSTACHE, petite ville bien forlifiée, avec un petit port, et très importante par son commerce très florissant, dû en grande partie à la franchise accordée à son port. On peut regarder celle place comme un entrepôt considérable de marchandises d'Europe, qui sont introduites clan destinement dans les iles voisines, où elles sont échangées contre des denrées coloniales que ses négocians envoient ensuite en Europe. Il parall que sa population actuelle s'élève à près de 6ơ âmes

AMÉRIQUE-ESPAGNOLE.

POSITION ASTRONOMIQUE de l'ile de Cuba. Longitude occidentale, entre 76° et 87°. Latitude boréale, entre 20° et 23°.

CONFINS de l'ile de Cuba. Au nord, le golfe du Mexique, le détroit de la Floride, le canal de Bahama. A l'est, ce même canal, ensuite le canal nommé par les marins Passe-du-Vent, qui sépare Cuba de la république d'Haiti. Au sud, la mer des Antilles qui la sépare de la Jamaïque et de la confédération de l'Amérique-Centrale. A l'ouest, le canal de Yucatan, qui la sépare de la confédération Mexicaine.

L'ile de Porto-Rico, située entre l'Océan-Atlantique et la mer des Antilles, a, àl'est, les Antilles-Danoises et Anglaises, et à l'ouest, la république d'Haïti.

FLEUVES. Bien que l'ile de Cuba soit la plus grande terre de l'Archipel Colombien ou des Antilles, elle n'a pas de fleuves considérables, surtout lorsqu'on veut les comparer à son étendue. Tous ont un cours très borné, et la plupart de leurs lits sont presque toujours à sec dans les grandes chaleurs. Parmi le très petit nombre de fleuves dignes d'attention, on peut citer les suivans:

Le RIO-CAUTO: c'est le plus considérable de tous; il prend sa source sur le versant septentrional de la Sierra del Cobre. Il doit la longueur de son cours, qu'on estime à près de 150 milles, à

la direction tortueuse de sa marche. Le Cauto

fertilise le département Oriental et débouche à

quelques milles au-dessous de Manzanillo.

Le RIO DE GUINES, remarquable par le projet

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DIVISION et TOPOGRAPHIE. Après la perte définitive des magnifiques et vastes Nouveau-Continent, cette puissance n'epossessions que l'Espagne avait sur le iles de Cuba et de Porto-Rico; la pretend plus sa domination que sur les deux mière est la plus étendue de l'Archipel des Antilles; la seconde est la plus petite deux iles forment deux capitaineries gedu groupe des Grandes-Antilles." Ces nérales qui offrent différentes subdivisions, dont les détails sont étrangers a cet ouvrage. Nous ferons cependant une exception pour l'ile de Cuba, à cause de sa grande importance. Le tableau suivant. rédigé sur des documens officiels, offre les lieux les plus remarquables; les chiffres ajoutés après les noms indiquent la population de chaque lieu, d'après le recensement de 1827. Pour ménager l'espace, on s'est borné à indiquer en milliers le nombre d'habitans, en exprimant en fractions décimales les centaines d'habtans de tous les lieux, dont la popu'ation est au-dessous d'un millier

ILE DE CUBA et dépendances.

DÉPART. OCCIDENTAL.. LA-HAVANE (Havana), 112. Guanajay, 2. Jesus-del-Monte, 2. Madragu, 1. Cano, 1. Calvario, 0.9. Mariel, v.8. Guatao, 0.7. San-José de las Lajas, 0.5. Los Quemados, 0.4. Puentes-Grandes, 0.3. Gibacoa, 03. Matanzas, 14. Seiba-Mocha, 0.3. Pinal del Rio, 0.3. Santiago, 0.2. Batabano, 0 3. L'ile de Pinos avec la colonie Reina-Amalia, 0.2. Jaruco 0.9. Santa-Maria del Rosario, 1. Bejucal, 2. Guanabacoa, 5. Guines, 3. Villa de San-Antonio, 3. Caimito, 0.3.

DEPART. DU CENTRE.. Puerto-Principe (Ciudad de Santa Maria de Puerto-Principe), 49. Colonia de San-Fernando de Nuevitas, 0.7. Cubitas, 0.3. Guaimaro, 0.3. Sibanicu, 0.4. Guanaja, 0.050. Trinidad (Ciudad Maritima de Trinidad), 13. Curacucey, ? Villa de Santa-Clara, 9. La Puerta del Golfe (Nuestra Señora de la Esperanza), 0.7. Sagua-la-Grande (El-Embarcadero), 0.5. Colonia de Santo-Domingo, 0.8. San-Narciso de Alvarez, 0.3. Quemado de Guines 0.2. Villa do Espiritu-Santo, 11. Moron, 0.7. Villa de San Juan de los Remedios, 5. San-Agustin de Mayagigua, 0.2. Ciudad Fernandina de Jagua, 08.

DÉPART. ORIENTAL... Santiago de Cuba (Ciudad Maritima de Santiago de Cuba), 27. SanLuis del Caney, 0.5. Caridad del Cobre (Villa de Nuestra Señora de la Caridad del Cobre), 0.6. San-Gregorio de Mayari, 0.7. Sagua, 0.4. Villa de Bayamo, 7. Manzanillo, 3. Cauto del Embarcadero, 5. SanGeronimo de las Tunas, 2. Higuany (San-Pablo de Jiguani), 2. Holguin (Ciudad de San-Isidoro de Holguin), 8. Puerto de Gibara, 0.3. Baracoa (Ciudad y Puerto de Nuestra Señora de la Asumpcion de Baracoa), 3.

ILE DE PORTO-RICO. SAN-JUAN (San-Juan de Puerto-Rico); Manaty; Arecive; Coamo; Guayama; San-German; Mayaguez (Magagua; Miaguessé); CaboRoxo; Ponce. Dans le Groupe des Vierges, les iles Grand et Pelit Pas sage, Colubra (Serpent), Bieque (Boriquem; Crabe ou Krabben).

LA-HAVANE, grande ville, très forte et très peuplée, située sur la côte septentrionale de l'ile de Cuba, qui y forme un des plus beaux ports du monde. C'est la résidence du capitaine général, de l'intendant ou gouverneur civil du département occidental et d'un évêque, qui jouit d'un revenu estimé à 110,000 piastres. « Vue de l'entrée du port, dit M. Galibert, La-Havane offre un des coups-d'œil les plus rians et les plus pittoresques dont on puisse jouir sur le littoral de l'Amérique-Equinoxiale. Ses environs, sans avoir la sauvage majesté des côtes du Brésil, réunissent à la grâce des scènes de la nature cultivée de nos climats, la vigueur organique qui caractérise les productions végétales de la zone torride. Les châteaux forts qui couronnent les rochers à l'est du port, son bassin entouré de villages, et dans lequel se déploient les brillantes couleurs des pavillons de diverses nations, les flèches pyramidales d'un grand nombre de clochers qui se confondent, tantôt avec la cime panachée du palmier royal tantôt avec la mâture des vaisseaux, la couleur verdoyante des jardins intérieurs, le faite rougeâtre des maisons, présentent, par un beau soleil, le spectacle le plus ravissant. Mais l'intérieur de la ville est loin de répondre à ce premier coup-d'œil. A l'exception de la douane, de l'hôtel

des postes, du palais du gouverneur, de la manufacture des tabacs et de quelques hôtels de la noblesse, on ne voit partout que maisons basses, construites, il est vrai, avec solidité, mais encombrées de balles, de caisses, de tonneaux. Dans ses rues, presque toutes étroites et mal pavées, où l'on est suffoqué par l'odeur du lasajo (viande salée), on ne rencontre que portefaix et esclaves chargés, que charrettes, que volantes (espèce de chaise de poste) de gens d'affaires, cabriolets sans ressorts, qui, dans leur marche rapide, soulèvent des flots de boue ou des nuages de poussière. Dans le port, sur les quais, à l'intérieur de la ville, tout respire l'activité et le mouvement, mais sans ce luxe, sans cette recherche, sans ce comfort que l'on trouve dans la plupart des villes commerçantes de l'Europe. Le soir seulement ses délicieuses alamedas (promenades) sont envahies par un concours varié de promeneurs des deux sexes, dont l'élégance et la toilette pourraient rivaliser avec celles de nos fashionables; et lorsque, au théâtre, qui est assez vaste pour admettre 1800 spectateurs, on représente un opéra de quelque maestro fameux, on est sûr de pouvoir y admirer les grâces et la beauté piquante des Havanaises de distinction. »

Parmi les belles maisons de La-Havane,

dit un jeune voyageur qui l'a visitée il y a quelques années, et qui confirme la peinture que nous en avons donnée, on remarque celle du comte de Fernandida, qu'il a payée 1,500,000 francs; il y en a sept on huit dans la ville qui ont coûté cette somme; on ne peut se figurer le luxe déployé par les nobles habitans de ces palais. La plaza de armas, qui est la place principale de La-Havane, est ceinte par le palais du gouverneur et par celui de l'intendant; elle est ornée de statues, de vases, de fleurs, de plantes indigènes et exotiques, coupée de jolies allées sablées et entourée de bancs de pierre avec des dossiers en fer; le soir elle est très bien éclairée. Vis-à-vis du palais du gouverneur, dit M. Eugene Ney, est une chapelle élevée en mémoire de la première messe, qui, à la découverte de l'ile, se célébra dans cet endroit, à l'ombre d'un immense ceiva, qui existait encore il y a peu d'années. Les ouvrages qui font de La-Havane une des plus fortes places du monde, méritent une mention particulière par leur importance, leur solidité et par les sommes dépensées pour leur construction le seul ancien chemin couvert du comte de SantaClara a coûté 700,000 piastres; le Morro, qui avec le fort de la Punta défend l'entrée du port, exige 800 hommes de garnison; la Cabaña, qui en demande 2000, est une superbe citadelle, avec de vastes casemates; le Fort situé à l'est de la Cabaña; les châteaux de Atarès et del Principe, et la batterie de Santa-Clara, sont les autres ouvrages les plus importans. On ne doit pas oublier l'arsenal, qui doit être rangé à côté des principaux établissemens de ce genre que possède l'Amérique. On y a construit de superbes vaisseaux qui, dit M. de Humboldt, sont plus chers sans doute que les vaisseaux des chantiers d'Europe; mais ils ont sur ces derniers, par la nature des bois des tropiques, l'avantage d'une longue durée. Depuis 1778 jusqu'en 1827, cet arsenal a fourni à la marine militaire de l'Espagne 22 frégates, 7 paquebots, 9 brigantins, 14 goëlettes et 49 petits navires.

La-Havane possède plusieurs institutions scientifiques et littéraires, qui, en rehaussant les facultés de l'homme, concourent à le faire avancer rapidement vers un état de civilisation plus perfectionné qui distingue avantageusement

cette ville de plusieurs autres grandes capitales de l'Amérique ci-devant Espagnole. « L'université, dit M. de Humboldt, avec ses chaires de théologie, de jurisprudence, de médecine et de mathématiques, établies depuis 1728 dans le couvent des Padres Predicatores; la chaire d'économie politique, fondér en 1818; celle de botanique agricole, le musée et l'école d'anatomie descriptive, due au zèle éclairé de don Alexandro Ramirez; la bibliothèque publique, l'école gratuite de dessin et de peinture, l'école nautique, les écoles lancastriennes et le jardin botanique, sont des institutions en partie naissantes, en partie vieillies. Elles attendent, les unes, des améliorations progressives, les autres, des réformes totales, propres à les mettre en harmonie avec l'esprit de siècle et les besoins de la société. » Depuis 1793, La-Havane possède une société patriotique, d'où dépendent celles de Santo-Espiritu, de Puerto-Principe et de Trinidad, et depuis quelques années elle se distingue aussi favorablement par l'activité de la presse périodique; en 1830 on y publiait 7 journaux, dont un en anglais et un mensuel; ce dernier, qui paraissait sous le titre d'Annales de Ciencias, était rédigé par M. Ramon de la Sagra; il traitait de l'agriculture, du commerce et des arts, et a enrichi la géographie et la statistique de documens précieux qui ont rempli bien des lacunes qu'offraient ces deux sciences dans la description des îles de Cuba et de PortoRico. A la demande de M. de Humboldt, la Société patriotique a ordonné la construction d'une maison magnétique pour y faire annuellement, d'heure en heure, et pendant un jour et demi, des observations sur les variations horaires de la déclinaison magnétique ainsi que sur tout ce qui est relatif à la déclinaison et l'inclinaison absolues et à l'intensité magnétique. De semblables établissemens ont été fondés d'après le plan formé par ce savant, à Pekin, à Kazan, à Pétersbourg, à Nicolajev dans le gouvernement de Kherson, à Berlin, à Freiberg, à Paris, de manière que, sur une longueur de 198 méridiens, depois l'Amérique-Centrale jusqu'à l'extrémité de la Chine, depuis les tropiques jusqu'au 60° parallèle boréal, et dans les profondeurs des mines comme sur le sommet

de hauts plateaux, on exécute un système d'observations simultanées et correspondantes, au moyen d'instrumens de même construction. Ces observations, continuées pendant un temps suffisant, conduiront sans doute à la connaissance des lois du magnétisme terrestre dans ses divers élémens, magnétisme qui joue un si grand rôle dans les phénomènes naturels, et qui depuis quelque temps, a tant excité l'attention des naturalistes, des physiciens et des géographes.

La-Havane est, sans contredit, une des villes les plus riches et les plus peuplées du Nouveau-Monde; son heureuse situation, la sûreté et l'étendue de son port, la variété et l'abondance des produits qu'elle offre à l'exportation, l'accroissement successif de sa population, la prudence et la sagacité de ses commerçans, lui donnent sur les autres places, ses rivales, des avantages immenses. Sa population, tant dans la ville proprement dite que dans les faubourgs, s'est élevée, en 1827, à 112,023 âmes; dans ce nombre, 22,830 étaient esclaves. A la même époque, on n'y comptait pas moins de 2651 voitures de maîtres ou de louage;

on estimait le montant annuel de ses im

portations à 60,000,000 francs, et celui de ses exportations à 50,000,000 francs, et le mouvement de son port égalait ou même surpassait celui de Bristol, de Nantes, de Bordeaux, d'Anvers, de Riga, d'Odessa, de Porto, de Boston, de Philadelphie et de Baltimore, places maritimes toutes justement renommées par le grand nombre de navires qui les fréquentent et dont la valeur des importations et des exportations était inférieure à celle de La-Havane.

Voici les autres villes et lieux les plus remarquables de l'île de Cuba, d'après les divisions administratives auxquelles ils appartiennent

DANS le DEPARTEMENT OCCIDENTAL: REGLA et GUANABACOA, situées sur la partie méridionale et orientale du beau bassin qui forme le port de La Havane; les collines qui s'élèvent entre ces deux grosses bourgades sont couronnées de jolies maisons de campagne où se retire la population aisée de la ville, lorsque la fièvre jaune (vomilo negro) y exerce ses ravages avec une terrible fréquence; on y a formé plusieurs établissemens de bains alimentés par des sources minérales. MADRUGA, bourgade remarquable par ses bains minéraux renommés dans toute l'ile et très fréquentés. PUERTO-MARIEL et BAHIA-HONDA,

beaucoup plus petites, mais très importantes par leurs ports superbes. MATANZAS, dans un site pittoresque, quoique marécageux, à l'est de Laimportance, tant à cause de sa faible population, Havane. En 1762 ce n'était encore qu'un point sans que du peu de commerce qu'elle faisait; mais depuis l'ouverture de son port en 1793 et la levée des entraves qui s'opposaient au développement du commerce, Matanzas est devenue la seconde

place commerçante de l'ile; en 1827 elle a vu s'élever ses exportations à 9,101,939 fr., et ses importations à 7,353,750 fr. Nous nommerons

encore l'ILE DE PINOS, cause de sa grande étendue et parce qu'on y a fondé la colonie de la Reina Amalia, et le CAP ANTONIO, auquel les atrocités commises dans ces dernières années par des corsaires espagnols et anglo-américains, lébrité. C'est dans le voisinage de cette pointe commandés par Gibbs, ont donné une triste céque ces flibustiers, aussi intrépides, mais peut-être plus cruels que ceux qui dans les 17 et 18° siècles furent la terreur de St-Domingue, dirigeaient leurs attaques contre les vaisseaux de toutes les nations qui naviguent dans la Méditerranée-Colombienne. C'est sur une espèce de campement

établi sur le cap Antonio et défendu par une batterie de quatre canons, qu'ils dirigeaient leurs prises et que là ils faisaient transporter à La

Havane, sur des navires côtiers, les marchandises qui en provenaient. Les innombrables ilots situés à l'est de l'ile de Pinos et ceux qui forment une de Cuba, sont d'autres repaires de flibustiers non grande partie de l'archipel de Bahama au nord moins cruels et aussi entreprenans que ceux du cap Antonio; depuis plusieurs années, ils répandent la terreur et la désolation dans les mers des Antilles. Gibbs, tombé entre les mains de la justice de New-York, a péri à Long-Island, par la main du bourreau, après avoir pris, dans l'espace de quatre ans, treize vaisseaux à l'abordage

et avoir massacré près de quatre cents hommes dans ses terribles exploits.

Dans le DEPARTEMENT DU CENTRE: Puerto

PRINCIPE, située dans l'intérieur des terres; quoique chef-lieu du département, siège de la Real Audiencia ou cour d'appel de l'ile, et renfermant une population de 49,000 âmes, celte sible d'imaginer. Ses rues sont étroites, tortueuville offre l'aspect le plus misérable qu'il soit pos

ses et dégoûtantes par leur saleté. Les parties basses seraient même absolument impraticables. si les habitans, en construisant leurs maisons à trois ou quatre pieds au-dessus du sol, pour se garantir de l'humidité, n'avaient eu soin d'y adapter des galeries extérieures, espèce de trottoirs qui, seuls, entretiennent la communication au-dessus des mares infectes qui séjournent dans les rues. Puerto-Principe possède une société patriotique, fait un assez grand commerce avec l'intérieur de l'ile, mais son commerce extérieur par la baie de Nuevitas est de très peu d'importance. En 1830 on y publiait une gazette. COLONIA DE SAN-FERNANDO DE NUEVITAS, fondée en 1818 sur la magnifique baie de Nuevitas, est le chef-lieu d'une des cinq divisions maritimes de l'ile; malgré son importance on cherche en vain son nom sur

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