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drame moderne commence à DIDEROT, dans le Père de famille, et vient aboutir à DUMAS fils et SARDOU, de nos jours.

Le drame devrait toujours être le développement d'une action intime et poignante, sans les emphases de la tragédie ni la gaîté de la comédie; mais nos auteurs modernes ont tellement enjambé sur les limites de chaque genre, qu'ils ne savent plus dans lequel classer leurs productions, et que nous voyons l'affiche porter: Pièce en 4 actes. Cette pièce est-elle une tragédie? un drame? un mélodrame? une comédie? un vaudeville? L'auteur n'en sait rien lui-même, car il y a un peu de tout. C'est une olla-podrida dramatique; enfin c'est une pièce !

DROIT DES PAUVRES. Ce droit remonte aux origines de notre théâtre. Un arrêt du 10 décembre 1541 ordonne aux entrepreneurs du « jeu du Vieux Testament de donner mille « livres aux pauvres, après avoir vu l'état de « leurs frais et gain ». Un autre arrêt de FRANÇOIS Ier porte que « les théâtres bailleront « aux pauvres mille livres tournois, sauf à « ordonner plus grande somme ».

Cet impôt prélevé sur le plaisir est, malgré la guerre à outrance que lui font MM. les

directeurs, le plus juste et le plus humain qu'on puisse établir. Né, en principe, des deux arrêts ci-dessus indiqués, il fut régularisé par LOUIS XIV dans l'ordonnance

que voici :

ORDONNANCE DU ROI, en date du 25 février 1699, pour la levée, en faveur de l'Hôpital-Général, du sixième en sus de ce qui se reçoit aux entrées des opéras et comédies.

<< Sa Majesté voulant, autant qu'il est possible, contri<< buer au soulagement des pauvres dont l'Hôpital-Géné<< ral est chargé, et ayant pour cet effet employé tous les << moyens que la charité lui a suggérés. Elle a cru devoir << encore leur donner quelque part aux profits considé<rables qui reviennent des opéras de musique et des << comédies qui se jouent à Paris par sa permission; c'est << pourquoi Sa Majesté a ORDONNÉ et ORDONNE qu'à l'ave<< nir, à commencer du 1er mars prochain, il sera levé et << reçu au profit dudit Hôpital-Général un sixième en << sus des sommes qu'on reçoit à présent, et que l'on << recevra à l'avenir pour l'entrée aux-dits Opéras et << Comédies; lequel sixième sera remis au receveur < dudit Hôpital pour servir à la bienveillance des pau« vres,

« LOUIS XIV. »

Ce document ne laisse aucun doute sur l'origine et le but de ce droit tant attaqué par les directeurs, et constate d'une manière formelle que c'est le public qui le paie et non eux, puisqu'il est prélevé EN SUS DU PRIX D'ENTRÉE.

Ce droit fut aboli le 6 août 1789, et devait être remplacé par des représentations au profit des hospices, représentations qui n'eurent ja

mais lieu, ce qui motiva l'arrêté suivant en date du 11 nivôse an IV.

« Art. 1er. Tous les entrepreneurs ou sociétaires de << tous les théâtres de Paris et des départements sont << invités à donner tous les mois, à dater de cette << époque, une représentation au profit des pauvres, << dont le produit, déduction faite des frais journaliers << et de la part de l'auteur, sera versé dans les caisses << désignées.

<< Art. 2. Ces jours-là les comédiens concourront par << tous les moyens qui sont en leur pouvoir à rendre la « représentation plus lucrative.

<< Art. 3. Les entrepreneurs ou sociétaires seront auto<< risés à tiercer le prix des places et à recevoir les <<< rétributions volontaires de tous ceux qui désireraient << concourir à cette bonne œuvre.

<< Art. 4.....

<< Art. 5. Deux théâtres ne pourront donner le même « jour, dans la même commune, de représentations << pour les pauvres. »

Cet arrêté n'eut aucun effet fructueux; les représentations données couvrirent rarement les frais, du moins les directeurs le dirent et une loi du 7 frimaire an v rétablit le droit de un décime par franc, en sus du prix de chaque billet.

La loi que nous rapportons ci-dessous confirme et étend celle du 7 frimaire.

Loi du 8 thermidor, an V (26 juillet 1797):

<< Le Conseil de Cinq-Cents, considérant combien les << besoins des hospices sont pressants et l'utilité qu'on << peut retirer d'une augmentation de la rétribution

<< imposée sur les produits des bals, concerts, feux << d'artifices, courses et exercices de chevaux, et autres << fêtes où l'on est admis en payant,

<< Déclare qu'il y a urgence et prend la résolution << suivante :

<< Art 1er. Le droit d'un décime par franc, établi par << la loi du 7 frimaire an v prorogée par celle du 7 <«< floréal dernier, continuera à être perçu jusqu'au 7 << frimaire de l'an vi, en sus du prix de chaque billet << d'entrée et d'abonnement dans tous les spectacles où << se donneront des pièces de théâtre. »

L'art. 2 concernait les bals, concerts, etc. Cette loi fut prorogée chaque année jusqu'au 9 décembre 1809, époque à laquelle un décret déclare que ces droits seront indéfiniment perçus. Enfin le budget de 1817 contient un article ainsi conçu :

• Continuera d'être faite, conformément aux lois existantes, la perception du dixième des billets d'entrée dans les spectacles, d'un quart de la recette brute dans les lieux de réunion et de fêtes où l'on est admis en payant, et d'un décime par franc sur ceux de ces droits qui n'en sont pas affranchis. »>

Depuis cette époque, ces droits font partie du budget, et sont entièrement perçus par les hospices, tant à Paris qu'en province.

Devant ces pressantes sollicitations en faveur de misères à soulager, nous ne savons quelles bonnes raisons les directeurs donnent pour demander la suppression de cet impôt; toujours est-il que la guerre contre lui re

commence. Un directeur de théâtre vient de publier un long mémoire, chargé à mitraille, contre ce droit. Il croit avoir trouvé un argument victorieux en établissant le bilan d'un directeur failli et en faisant ressortir que le total de la faillite est inférieur aux sommes payées par lui pour le droit des pauvres. Mais à ce compte-là le directeur était en faillite dès, le premier mois de son exploitation! Et tous les commerçants devraient demander la suppression des impôts, car il serait facile d'établir dans la plupart des faillites que si l'on n'avait payé ni patente, ni foncier, ni portes et fenêtres, ni loyer, on serait au-dessus de ses affaires.

Ce n'est pas le droit des pauvres qui ruine les directeurs; ce sont les folles dépenses faites pour monter des pièces ridicules qui, en admete tant le succès, ne couvrent jamais les frais qu'elles occasionnent. On a établi par des chiffres que le Roi Carotte avait coûté 345,000 francs à monter, plus les frais généraux. Ensuite le haut prix auquel on s'arrache quelques acteurs ou actrices en vogue. Nous laissons de côté la vie à grandes guides de MM. les directeurs.

Voici, selon nous, qui simplifie la question : Quand un directeur entreprend l'exploitation

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