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vaient inutiles et peu naturels. LAFONTAINE surtout se déchaînait contre leur invraisemblance, et ne pouvait comprendre qu'on fit dire tout haut des paroles que l'interlocuteur n'entendait pas.

BOILEAU, pendant ce temps, disait tout haut Le butor de Lafontaine ! l'entêté, l'extravagant, que ce Lafontaine ! sans que le fabuliste y prit garde tant il mettait de vivacité dans son dire. Tout le monde partit d'un grand éclat de rire dont LAFONTAINE demanda. la cause. << Vous déclamez contre les apartés, lui dit BOILEAU; il y a une heure que je vous débite aux oreilles une kyrielle 'd'injures sans que vous y ayez fait attention. » Le procès était jugé.

APLOMB. Contre-partie du mot aisance. Pour beaucoup d'acteurs il remplace le talent et y supplée souvent; le public auquel il jette de la poudre aux yeux l'accepte comme tel: c'est déjà quelque chose.

APPLAUDISSEMENTS.-Monnaie de satisfaction avec laquelle le public paye l'acteur. A voir la manière dont elle se dépense, on la croirait de peu de valeur. Elle devrait être d'or fin et distribuée à qui de droit. Heureu

sement que les comédiens acceptent facilement la fausse monnaie... Ils sont si habitués aux mauvaises pièces. V. Claque.

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besoin d'expliquer ce mot; nous nous contenterons de mettre en parallèle les appointements anciens et nouveaux.

D'après des documents trouvés par M. NUITTER, les premiers sujets du chant, à l'OpéraComique, touchaient 350 fr. par mois; les danseurs, 100 fr.; le maître de ballet et le maître de musique, 200 fr. chacun.

Avant 1740, les premiers sujets de l'Opéra touchaient par an 2,000 à 2,500 fr.; les autres variaient de 800 à 1,000 fr. Au commencement de ce siècle, le maximum était de 9,000 fr. Aujourd'hui ces mêmes sujets touchent de 60,000 à 100,000 fr. et plus; voici pour le chant.

Dans la comédie, nous voyons LEKAIN, pour ne pas remonter plus loin, toucher, en 1757, 2,000 et 2,500 fr. par an.

Maintenant voyons ce que touchait RACHEL. En 1838, elle fut engagée à 4,000 fr.; mais elle força bientôt la caisse, car en 1840 elle touchait 37,000 fr. de fixe, plus soixantequatre feux à 281 fr. 25 c.; plus un BÉNÉFICE

garanti 15,000 fr.; plus trois mois de congé, et elle ne s'arrêta pas là. Chacun la suivit bientôt dans cette voie, et nous savons des GRUES des Folies et des Délassements mieux appointées que ne l'étaient la MALIBRAN et Mlle MARS.

Pour donner une idée du prix de revient de ce que chante un ténor à 100,000 fr., c'est le bas prix aujourd'hui, prenons un exemple dans GUILLAUME TELL. Arnold chante :

« Ma (1 fr.) présence (3 fr.) pour vous est peut-être un outrage (9 fr.).

« Mathilde (3 fr.), mes pas indiscrets (5 fr.) « Ont osé jusqu'à vous (6 fr.) me frayer un passage (7 fr.). »

Total pour Arnold: 34 fr. Mathilde répond: « On pardonne aisément (3 fr. 50 c.) des torts que l'on partage (3 fr. 50 c.).

« Arnold (1 fr.), je vous attendais (2 fr. 50).» Total pour Mathilde: 10 fr. 50 c. Remarquez que nous ne comptons la prima dona qu'à 50,000 fr. Ainsi, cinq petits vers coûtent à la direction 44 fr. 50. C'est roide! Qu'on vienne donc après cela parler de l'économie des chants.

Il faut encore remarquer que dans le tarif ci-dessus nous supposons au moins sept repré

sentations par mois, et un rôle de 1,100 notes chaque fois.

APPUYEZ. Terme de machiniste qui veut dire « enlevez ». Tout ce qui monte, soit du DESSOUS, soit dans le cintre se commande à la manœuvre par le mot appuyez !

A-PROPOS.

L'esprit d'à-propos n'est pas donné à tout le monde, pas plus aux gens d'esprit qu'aux autres; on ne peut donc rien. reprocher aux acteurs qui ne l'ont pas, tout en félicitant ceux qui l'ont eu et qui l'ont. C'est une qualité professionnelle.

Mile FANIER, jouant le rôle de Lisette, de la Métromanie, fut arrêtée par un défaut de mémoire, après avoir dit ce vers :

« Et je prétends si bien représenter l'idole.., »

alors songeant qu'elle jouait une soubrette étudiant un rôle, elle fit ce vers :

« Mais j'aurai plutôt fait de regarder mon rôle. »

qu'elle tira en effet de sa poche. Elle eut l'air de le parcourir et continua, sans que le public y vît rien. C'était de l'à-propos.

Mile DELIGNY, dans l'Avare, rôle de Marianne, perdit complétement la mémoire à la

scène xi du troisième acte, où elle devait répondre aux compliments de Cléante. L'acteur BONNEVAL, voyant son embarras, s'écria soudain : « Elle ne répond pas, elle a raison : à sot compliment pas de réponse. » C'était de l'à-propos.

CHASSE Conduisait une marche de soldats courant. En traversant la scène, il tombe; mais prévoyant que cet accident allait arrêter la marche des soldats et troubler la représentation, il crie aux exécutants : « Marchez-moi sur le corps et passez. » C'était de l'à-propos et du feu sacré.

ARLEQUIN. - Principal personnage de l'ancienne comédie italienne, dont l'esprit, la souplesse et la gaîté amusèrent nos pères jusqu'en 1789. D'après MENAGE le premier comédien italien qui vint à Paris jouer ce personnage, sous HENRI III, allait souvent chez le président DU HARLAY, ce qui fut cause que ses camarades le surnommèrent Harlequino, ou petit Harlay. Ce surnom resta au personnage.

Les plus remarquables parmi les arlequins furent DOMINIQUE, GHERARDY, THOMASSIN, FRANCISQUE et le fameux CARLIN. Le dernier arlequin fut LAPORTE, du Vaudeville; il quitta

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