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l'acteur qui manque la RÉPÉTITION, ou son ENTRÉE, ou arrive en retard, etc... Le plus malheureux, c'est que l'amende n'amende personne.

Il y a à Paris, dans ce qu'on est convenu d'appeler les théâtres de genre (?), des pensionnaires au féminin qui payent en amendes, chaque mois, deux ou trois fois le montant de leurs appointements annuels, et qui n'en sont pas plus pauvres... au contraire. Ce que c'est pourtant que l'économie !

Emploi

AMOUREUX, AMOUREUSE. généralement tenu par trop de personnes

dans une troupe.

AMOUR-PROPRE.

Sentiment qui tient le milieu entre l'orgueil et la VANITÉ, et que VOLTAIRE a défini ainsi : << L'amourpropre est un ballon gonflé de vent dont il sort des tempêtes quand on y fait une piqûre. >>

Si cette définition peut s'appliquer à quelqu'un, c'est à coup sûr aux comédiens, qui n'admettent ni les conseils, ni la critique. C'est encore avec raison que IMBERT a dit :

L'amour-propre fait peut-être

Autant de tyrans que l'amour...

AMUSER L'ENTR'ACTES1.

- Petite comédie qui se joue dans la salle, quelquefois par la volonté et avec la participation du directeur, qui trouve ainsi moyen de dissimuler la longueur des entr'actes. Exemples: Si un monsieur s'approche trop près d'une dame pour causer avec elle, aussitôt un loustic de crier : Il l'embrassera! et un autre de répondre Il ne l'embrassera pas ! Cela amuse l'entr'actes. - Un spectateur des loges ou des galeries se tourne-t-il pour parler derrière lui: Face au· parterre! face au parterre! crie une voix d'en bas, bientôt accompagnée d'un formidable chorus. On amuse l'entr'actes. - Un enfant, qu'une mère a eu la malheureuse idée d'amener avec elle, vient-il à crier, aussitôt on entend de tous les coins de la salle : Donnez-lui à téter ! Asseyez-vous dessus! Au vestiaire !— On amuse l'entr'actes, et le public ne s'est pas aperçu de sa longueur quand le rideau se relève. Cette pratique théâtrale s'est introduite dans la politique à la Chambre, on amuse la séance.

1 C'est à tort, suivant nous, que l'Académie et tous les grammairiens écrivent le mot entr'acte au singulier. Qu'est-ce qu'un entr'actes? le temps qui s'écoule entre deux actes. - Peut-il y avoir entr'actes sans cette condition absolue de deux actes?

Non.

Que signifie logiquement, rationnellement ce mot, sans tenir compte de l'élision? entre les actes. Donc, grammaticalement,

entr'actes, comme on écrit entremets.

ANNÉE THÉATRALE.

Voici une circu

laire ministérielle en date du 20 février 1815, qui décide la question:

« D'après les règles précédemment établies, « l'année théâtrale finissait le 20 avril de chaque << année, et recommençait le 21.

<< Mais, à partir de 1816 et par la suite, « l'année théâtrale finira le dimanche avant « Pâques, et ne recommencera que le dimanche « après cette fête. >>

ANNIVERSAIRE. Au Théâtre-Français, il est de tradition de célébrer les anniversaires de la naissance de CORNEILLE, MOLIÈRE et RACINE. La cérémonie pour CORNEILLE a lieu le 6 juin, celle pour MOLIÈRE le 15 janvier, et celle pour RACINE le 21 décembre.

Ce jour-là, la représentation est entièrement composée des œuvres du maître fêté. Celle en l'honneur de MOLIÈRE est la plus attrayante, parce qu'elle comporte ordinairement une pièce qui permet à tout le personnel de la Comédie-Française, sociétaires et pensionnaires, de paraître sur la scène.

L'Odéon, subventionné par l'État et considéré comme second Théâtre-Français, suit les errements de son chef de file.

Il serait à désirer que les grandes villes

assez heureuses pour être honorées par la naissance d'une célébrité dramatique, célébrassent dignement l'anniversaire de leurs glorieux enfants. Ces hommages, tout en satisfaisant l'orgueil local, ne pourraient qu'être profitables à l'art.

ANNONCE. L'annonce incombe ordinaire

ment au RÉGISSEUR, qui est tenu d'endosser l'habit noir et de mettre des gants pour venir annoncer aux spectateurs, après avoir fait les trois saluts traditionnels, que M. ***, ténor, ayant attrapé un rhume en allant à la chasse au marais, réclame l'indulgence du public, ou bien que Mile Virginie Lucrèce, venant d'être enlevée « subitement », Mlle Blanche Hermine veut bien se charger, PAR COMPLAISANCE, et pour ne pas faire manquer la représentation, du rôle de Mlle Lucrèce. On annonce encore les représentations au bénéfice d'un camarade.

Aux xvII et XVIIIe siècles, l'annonce du spectacle du lendemain était faite chaque jour, au Théâtre-Français, entre les deux pièces, par un acteur de la troupe. Il profitait de cela pour faire l'apologie de la pièce en vogue et pour indiquer celles qui étaient en répétition. Ces harangues demandaient un certain talent

d'élocution; il fallait vanter sa marchandise, sans passer les bornes, et surtout savoir tourner un compliment au public. Aussi voyonsnous figurer parmi les comédiens-orateurs : BELLEROSE, FLORIDOR, MONDORY, LAROQUE, MOLIÈRE, de LA GRANGE, et enfin LECOMTE qui fut le dernier annoncier en titre du ThéâtreFrançais.

Dans la dernière moitié du XVIIIe siècle, l'annonce continua d'être faite, non par le premier venu, mais par le dernier venu de la troupe. Cet usage fut entièrement abolien 1793 et se réfugia dans les spectacles forains, où il subsiste encore l'annonce s'y fait après la parade sous le nom de « boniment ».

APARTÉ. Petit écueil semé sur la route

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théâtrale. L'aparté est en quelque sorte un monologue que l'acteur doit se dire à lui seul, et non au public, comme beaucoup ont la mauvaise habitude de le faire. Le public ne doit pas exister pour l'acteur en scène. Dans l'aparté, l'acteur doit encore économiser les gestes, autrement il attirerait l'attention de ses interlocuteurs.

Dans une réunion de beaux esprits où se trouvaient LAFONTAINE, BOILEAU, MOLIÈRE, on discutait sur les apartés, que plusieurs trou

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