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qu'il ne paye pas, apportent le plus grand soin à leur JEU. Il n'y a pas de claque ce jour-là; cependant, il n'y a pas un mot marquant, une situation intéressante, une tirade remarquable qui ne soient saisis, appréciés et applaudis par ce public. Auteurs et acteurs peuvent être fiers de ces applaudissements de bon aloi.

GRATTER au FOYER. Cette locution, très-ancienne, provient d'un acteur de la Comédie italienne qui, n'ayant jamais rien à faire, « sa valeur attendant le nombre des années», s'amusait à gratter les murs du foyer. Aujourd'hui, on dit d'un acteur qui attend un rôle et d'un auteur qui attend le tour de sa pièce, qu'ils « grattent au foyer ».

GRÊLE. V. Pluie.

GRIL. Premier plancher général au-dessus de la SCÈNE, après les corridors du CINTRE. Son nom vient de ce qu'il est effectivement fait comme un gril, aucune des pièces de bois ou de fer qui le compose n'étant proche l'une de l'autre et laissant un intervalle entre chacune d'elles. C'est sur ce plancher que sont attachées les poulies où passent les nom

breux FILS qui supportent et font manœuvrer les rideaux de fond, bandes d'air, frises, plafonds, etc., à l'aide des treuils et tambours auxquels ils communiquent. Il y a souvent au-dessus du gril un petit gril.

GRIMACES.

J.-J. Rousseau a dit : « L'expression des sensations est dans les gri« maces, et l'expression des sentiments est <«< dans les regards... » Il faut croire que le philosophe de Genève a forcé le mot pour mieux exprimer la chose, car le bon comédien ne doit jamais aller jusqu'à la grimace, ce qui serait fausser et forcer l'expression: Dépasser le but n'est pas l'atteindre.

GRIME. EMPLOI. Il consiste principalement dans les rôles de vieillards qui représentent un caractère comique, ridicule ou sérieux par la tête. L'art de se grimer, ou, pour mieux dire, l'art de se faire une tête est difficile à atteindre; il demande une longue étude et des notions de peinture et de dessin. Les rôles de l'Avare, de Bartholo, de Sganarelle sont des grimes.

GROS-GUILLAUME.

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V. Farceurs.

GROSSESSE.

On ne s'attendait certes

pas à trouver ce mot dans un vocabulaire théâtral, et il ne s'y trouverait pas s'il n'était urgent d'apprendre au spectateur qui pourrait s'étonner de voir paraître en scène une ingénue qui aurait besoin de la sage-femme que, par jugement du tribunal de commerce de la Seine, en date du 2 janvier 1857, il a été décidé « qu'une actrice non mariée ne peut invoquer son état de grossesse pour se dispenser de remplir les devoirs de son engagement ». Il nous semble que, dans l'espèce, ce n'est plus un engagement, mais un contrat à la grosse.

GRUES. Les savants prétendent que c'est un oiseau de l'ordre des échassiers; d'autres, que c'est une construction mécanique destinée à soulever les fardeaux.

Nous sommes fort embarrassés, car les caractères de la grue, oiseau, sont d'avoir les jambes demi-nues, d'aimer à voyager, d'avoir le sommet de la tête nu et rouge; et la grue mécanique se compose d'engrenages, de pignons, de treuils, est mobile ou fixe, simple ou double.

Notre grue participe un peu des deux : elle est simple, a souvent les cheveux rouges, beaucoup d'engrenages et les jambes assez

nues,

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sans compter le reste; a quelquefois pignon sur rue; est mobile et voyageuse. Elle vit un peu partout et s'acclimate surtout dans les petits théâtres de Paris. Appartientelle à l'ornithologie ou à la mécanique ? Nous sommes perplexes.

GUILLOT-GORGU.

V. Farceurs.

GYMNASE-DRAMATIQUE (Théâtre du).

La

création de ce théâtre fut autorisée en 1820 comme succursale du Théâtre-Français et de l'Opéra-Comique. Son privilége lui donnait le droit de jouer les pièces d'auteurs lyriques morts depuis dix ans au moins.

Son existence assez précaire se vit assurée solidement par le titre de Théâtre de Madame, que son directeur, M. POIRSON, obtint le droit de prendre par la faveur de la duchesse de Berry, après une saison dramatique passée à Dieppe, où MADAME prenait les bains, et par l'engagement que prit SCRIBE de travailler exclusivement pour ce théâtre. Après la révolution de 1830, il reprit son premier titre.

Ce théâtre est le seul où les traditions du bon goût se soient conservées au milieu du dévergondage de la littérature dramatique moderne. Toujours peuplé de comédiens de

valeur et alimenté par des auteurs comme ÉMILE AUGIER, SARDOU, DUMAS fils, il voit ses acteurs et ses pièces passer au Théâtre-Français.

HABILLEMENT.

H

Le mot habillement n'a

pas rapport au mot COSTUME, comme nous l'avons traité, mais bien à la manière de le mettre, de l'endosser, de s'en vêtir; il s'applique également à l'habit de ville.

L'acteur doit veiller à ce que son habillement n'ait pas l'air d'un musée dont chaque pièce appartient à une époque ou à une nation différente, ce que nous voyons trop souvent. Si vous voulez vous rendre compte de la manière dont on procède à cet article, regardez le chœur des Écossaises de la Dame blanche; vous n'en trouverez pas deux chaussées de même vous y verrez des pantoufles, des souliers à rubans, des souliers lacés, des bottines à boutons, à lacet, à caoutchouc, et des bottes à glands. Comme tout cela est couleur locale !

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