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bras, les mains, les jambes, la tête, le corps doivent se joindre à cette expression et la compléter. Ce n'est pas tout; il faut exprimer ce que disent les autres, et réciproquement, afin que la position générale de l'ACTION soit exprimée par tous.

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FAIRE DE LA TOILE. Perdre le fil de son discours et dire ce qui passe par la tête de l'acteur en attendant que le souffleur le tire d'embarras, c'est faire de la toile. Dans ce cas, l'esprit d'à-propos est d'un grand secours.

FAIRE FEU. C'est un tic assez commun au théâtre. Beaucoup trop d'acteurs, surtout dans la tragédie et le drame, accentuent leurs phrases et les fins de tirades en frappant du pied la scène c'est ce qu'on appelle faire feu. Allusion au cheval qui frappe le pavé du pied et fait feu.

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FAIRE LA SALLE.- Une première est une grande bataille qui doit être décisive; aussi,

acteurs et directeurs veulent la gagner, et sachant, par expérience, que le public est de la race des moutons de Panurge, trouvent plus prudent de faire la salle, c'est-à-dire de choisir leur public ce jour-là. C'est une pluie de billets de faveur amis du directeur; amis du ou des auteurs; amis des acteurs, actrices, du concierge, des ouvreuses, des contrôleurs, du coiffeur, du costumier, etc., etc., en sont inondés. Les bureaux n'ouvrent que pour la forme. Il va sans dire que la claque occupe les deux tiers de la salle.

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FARCES. Les confrères de la Passion ayant le privilége exclusif de représenter les MYSTÈRES et autres sujets religieux, les Enfants sans souci, et les Clercs de la basoche durent chercher un genre différent et donnèrent naissance aux pièces nommées MORALITÉS, SOTIES et farces, qui fleurirent durant les xv, xvi et même XVIIe siècles, car les comédiens de I'HOTEL DE BOURGOGNE jouèrent des farces et eurent des FARCEURS jusqu'à leur réunion à la troupe de MOLIÈRE, en 1680.

La farce était une sorte de petite comédie généralement très-courte, roulant sur des tours de friponnerie ou sur des sujets graveleux. On peut en juger par ces titres: Farce joyeuse

d'une femme qui demande des arrérages à son mari. - Farce fort joyeuse, des femmes qui font escurer leurs chaulderons et défendent qu'on ne mette la pièce auprès du trou; et il y avait plus fort. Bref, l'immoralité en devint telle qu'en 1588 l'autorité en défendit les représen-, tations.

Un véritable petit chef-d'œuvre en est cependant sorti; c'est la Farce de maistre Pathelin, avec laquelle BRUYS et PALAPRAT ont fait leur charmante comédie. Nous croyons qu'on nous saura gré de reproduire la fable suivante tirée de la Farce de Pathelin :

GUILLEMETTE

Il m'est souvenu de la fable
Du corbeau qui étoit assis
Sur une croix de cinq à six
Toyses de haut; lequel tenoit
Un fromage au bec: Là venoit
Un renard qui vit ce fourmaige,
Pensa à luy « Comment l'auray-je? »
Lors se mit dessoubz le corbeau :
<< Ha! fist-il, tant as le corps beau,
<< Et ton chant plein de mélodie ! »
Le corbeau, par sa conardie,
Oyant son chant ainsi vanté,
Si ouvrit le bec pour chanter,
Et son fourmaige chet à terre
Et maistre renard vous le serre
A bonnes dents et si l'emporte.

La Farce de Pathelin est de 1470, ou quel

ques années avant; on en ignore la date précise et le nom de l'auteur.

FARCEURS. — La farce devait naturellement faire naître les farceurs. Les noms des plus célèbres sont parvenus jusqu'à nous ce sont ceux de TABARIN, GROS-GUILLAUME, GAUTIERGARGUILLE, TURLUPIN, GUILLOT-GORGU et BRUSCAMBILLE. Tabarin débitait ses farces, ou plutôt ses obscénités, sur la place Dauphine, en compagnie de son associé MONDOR, quand tous deux ne couraient pas la province.

Gautier-Garguille, dont la femme était fille de TABARIN, et dont le nom était HUGUES GUERET DE FLESCHELLES, appartenait à la troupe de l'HOTEL DE BOURGOGNE. Il mourut à soixante ans. Sa veuve se remaria avec un gentilhomme normand.

Gros-Guillaume se nommait GUÉRIN; il était garçon boulanger avant de faire partie de l'hôtel de Bourgogne. Ivrogne, gros, gras et ventru,

se cerclait le corps au haut des jambes et sous les bras de façon à représenter un tonneau. Il vécut quatre-vingts ans.

Turlupin, de son vrai nom HENRY-LE-GRAND, (pas Henri IV) était, comme les précédents, attaché à la troupe de l'hôtel de Bourgogne, où il joua la farce pendant cinquante-cinq ans.

C'était un très-bel homme, et de plus un excellent comédien.

Guillot-Gorgu avait nom BERTRAND HARDUYN; il avait étudié la médecine et exercé la profession d'apothicaire. Après avoir joué la farce pendant huit ans, il s'établit médecin à Melun,

pays des anguilles sensibles, - et y gagna une maladie noire ou spleen, dont il vint mourir à Paris.

Bruscambille, nommé DESLAURIERS, auteur et acteur de l'hôtel de Bourgogne, vint longtemps après débiter des facéties dans les entr'actes; il a laissé un recueil sous ce titre : Fantaisies et Paradoxes.

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FAUX-CHASSIS. Ils se composent de deux montants de sapin, reliés en haut et en bas, en forme de cadre et s'emmanchant par la COSTIÈRE dans le chariot logé sous le plancher de la scène; ils sont garnis d'une échelle et servent à guinder (attacher) les décors ou châssis sur les côtés.

FÉERIE.

Pièce à grand spectacle, où le sujet est remplacé par les décors, le dialogue par les trucs, l'esprit par des actrices deminues, quand elles ne le sont pas tout à fait, au maillot près. Ce genre a pris depuis quelques

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