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violer Fafile des écrivains & des typographes, impofer filence aux colporteurs & aux motionnaires, & transformant des citoyens foldats en janiffaires ou en sbires, oter au peuple tout moyen de manifefter fon vou, & fempêcher de foutenir, au moins par fa préfence, fes repréfentans patriotes, dont une infernale majorité étouffoit la voix généreufe dans la falle du manége.

On le verroit, par une négligence concertée avec l'af femblée nationale, qui avoit fes vues, favorifer l'évafion inftantanée du fois après avoir tenté de la protéger à force ouverte, en provoquant la loi martiale.

On le verroit profiter de la néceffité de garder à vue Louis XVI, pour fermer les Tuileries au public, lui interdire toutes les approches de la falle du manége, áfin de laiffer les Barnave, les Dandré, les Chapelier, consommer tout à leur aife la dégradation de la conftitu tion, & la réhabilitation d'un monarque qui, fans elle, de fe feroit jamais rétabli dans l'efprit de la nation.

On le verroit, depuis l'inftant de fon inauguration à la place de commandant-général, mettre adroitement tout en œuvre, fans se compromettre, pour dénigrer, avilir, harceler, décourager les ci-devant gardes-françaises, & les punir d'avoir fervi la révolution. De là tous les paffe-droits qu'il leur fit effuyer, le traitement infligé aux grenadiers de l'Oratoire, & enfin le décret, monument honteux de l'ingratitude la plus infigne, qui incorpore les vainqueurs de la baftille à la queue de toutes les troupes de ligne, après en avoir tiré 800 au fort pour remplir à Paris les nobles fonctions de la robe courte.

Enfin, pour couronner fa vie publique par un dérnier ttait qui ne la démente point, on le voit, après avoir contribué à l'élévation de Duportail au ministère, fe brouiller avec ce miniftre, dont il n'a pu obtenir des brevets de grades fupérieurs dans l'armée en faveur de fes aidede-camp, trop connus pour ce qu'ils font. On voit le héros parifien quitter la partie, tout de bon cette fois, en vertų d'un décret follicité par lui fous main, & s'éclipfer un moment en Auvergne, pour reparoître fur nos frontières, quand le roi ira les vifiter, & nous rendre Bouillé, que nous nous felicitions d'avoir perdu pour toujours.

Voilà une partie des fervices que Mottier la Fayette a rendus à la révolution française. Nous déclinerons avec la même impartialité, toutes nos obligations envers lui. Ceft lui qui a dreffé les gardes nationales parifiennes aux cé

n'ofer en Europe fe rendre au vou du peuple fans avoir l'attache du monarque.

On le verroit s'empreffer de faire prendre l'uniforme aux Parifiens, & métamorphofer les foldats de la patrię en fatellites du defpotifme.

dire au

On le verroit pâlir le 5 octobre 1789, à la vue des gardes nationaux en route pour Verfailles; & voulant le ménager à la fois & la cour & la ville roi: je ne vous amène pás l'armée parifienne, c'eft elle qui m'amène à vous.

On le verroit, par une fécurité impardonnable, livrer fa troupe au repos, au milieu de tous les dangers,qui l'affiégeoient, & ne pas prévoir la fcène du 6 octobre, que l'événement a juftifié en dépit du général novice.

On le verroit fe concerter avec Mirabeau pour 'faire paffer le décret de la loi martiale & celui du droit de paix & guerre, & auffi celui de l'initiative accordée 'au roi, & bien d'autres encore auxquels nous n'obéirons qu'en rougiffant.

On le verroit dans l'affemblée nationale s'opposer_de tout fon pouvoir à ce qu'on fût les dépêches des Brabançons réclamant l'appui de la France devenue libre contre Jofeph II qui rivoit leurs chaînes.

On le verroit dans cette même tribune voter des remercîmens, & s'il eût ofé, les honneurs du triomphe pour fon coufin le maffacreur de Nancy.

On le verroit folliciter & obtenir du maire Bailly Fordre de jeter dans les prisons les vingt-quatre foldats députés à Paris pour juftifier leurs camarades de Nancy calomniés par leurs officiers d'une manière atroce.

On le verroit composer fon état-major d'officiers tous ramaffés dans les îles, & fe choifir pour aides-de-camp de bas flatteurs dont il put faire, dans le befoin, fes nouchards & fes recors.

On le verroit rentrer dans Paris, traînant à fa fuite les mains liées, de braves citoyens dont tout le crime étoit d'avoir voulu faire du donjon de Vincennes ce qu'on avoit fait de la bastille.

On le verroit, le lendemain de la foirée des poignards, toucher cordialement la main de ceux-là qu'il avoit feint de dénoncer la veille à l'indignation publique.

On le verroit, allant au-devant d'un décret contre la liberté de la preffe, ordonner, de fon autorité privée, de faire main-baffe fur les imprimés & les imprimeries,

violer l'afile des écrivains & des typographes, impofer filence aux colporteurs & aux motionnaires, & transformant des citoyens foldats en janiffaires ou en sbires, ôter au peuple tout moyen de manifefter fon vou, & l'empêcher de foutenir, au moins par fa préfence, fes représentans patriotes, dont une infernale majorité étouffoit la voix généreufe dans la falle du manége.

On le verroit, par une négligence concertée avec l'af femblée nationale, qui avoit fes vues, favorifer l'évafion inftantanée du fois après avoir tenté de la protéger à force ouverte, en provoquant la loi martiale.

On le verroit profiter de la néceffité de garder à vue Louis XVI, pour fermer les Tuileries au public, lui interdire toutes les approches de la falle du manége, afin de laiffer les Barnave, les Dandré, les Chapelier, consommer tout à leur aife la dégradation de la conftitu tion, & la réhabilitation d'un monarque qui, fans elle, ne fe feroit jamais rétabli dans l'efprit de la nation.

On le verroit, depuis l'inftant de fon inauguration à \ la place de commandant-général, mettre adroitement tout en œuvre, fans se compromettre, pour dénigrer, avilir, harceler, décourager les ci-devant gardes-françaises, & les punir d'avoir fervi la révolution. De là tous les paffe-droits qu'il leur fit effuyer, le traitement infligé aux grenadiers de l'Oratoire, & enfin le décret, monument honteux de l'ingratitude la plus infigne, qui incorpore les vainqueurs de la baftille à la queue de toutes les troupes de ligne, après en avoir tité 800 au fort pour remplir à Paris les nobles fonctions de la robe courte.

Enfin, pour couronner fa vie publique par un dernier tait qui ne la démente point, on le voit, après avoir contribué à l'élévation de Duportail au miniftère, fe brouiller avec ce ministre, dont il n'a pu obtenir des brevets de grades fupérieurs dans l'armée en faveur de fes aidede-camp, trop connus pour ce qu'ils font. On voit le héros parifien quitter la partie, tout de bon cette fois, en vertu d'un décret follicité par lui fous main, & s'éclipfer un moment en Auvergne, pour reparoître fur nos frontières, quand le roi ira les vifiter, & nous rendre Bouillé, que nous nous felicitions d'avoir perdu pour toujours.

Voilà une partie des fervices que Mottier la Fayette a rendus à la révolution française. Nous déclinerons avec la même impartialité, toutes nos obligations envers lui. C'est lui qui a dreffé les gardes nationales parifiennes aux cé

rémonies religieufes & civiques; c'eft lui qui les a familiarifées au bruit du canon & aux fatigues des évolutions du matin au champ de Mars & aux Champs-Elyfées; c'eft lui qui a mis les fermens militaires à la mode, ainfi que les repas de bataillons, dont un feul coûta 10 mille livres à' défunt Mirabeau. C'est lui....

Il feroit trop long d'énumérer tout ce dont nous lui fommes redevables. Faifons-lui donc auffi nos adieux, & difons-lui en toute fincérité, mais en reprenant le ton qui fied à la gravité du fujet :

La Fayette! Jamais peuple ne donna à la terre un plus grand exemple que la nation françaife au mois de juillet 1789. Pour confommer la plus belle des révolutions du globe, il nous falloit un chef dont le caractère fût au niveau de l'événement. Plufieurs voix perfides & concertées te nommèrent, & nous t'acceptâmes. ... Les mufcles fouples de ta phyfionomie, ton maintien maniéré, tes allures équivoques zes difcours étudiés, tes apophtegmes long-temps médités, tous ces produits de l'art défavoués par la nature, parurent fufpects aux patriotes clairvoyans. Les plus courageux s'attachèrent à tes pas, & crièrent à la multitude idolâtre : Citoyens! ce héros n'eft qu'un courtifan; ce légiflateur n'eft qu'un charlatan. Vains efforts! le preftige l'emporta fur la vérité. Et tu refpiras fans pudeur l'encens qui n'étoit dû qu'à la patrie & à la liberté. Graces à tes foins & à ceux de tes dignes collègues ; la révolution ne peut plus faire de mal au defpotifme. Tu as limé les dents du lion; le peuple n'eft plus à craindre pour ses conducteurs; ils ont repris la verge & l'éperon, & tu pars!

Les applaudissemens, les couronnes civiques (1) vont te fuivre dans ta retraite.

(1) Jeudi 13 octobre, le confeil général de la commune de Paris, entre autres moyens préfentés pour témoigner fa reconnoiffance à M. la Fayette, a adopté celuici dans l'arrêté fuivant:

1o. Il sera frappé, en l'honneur de M. la Fayette, une médaille, dont l'académie des infcriptions fera priée de donner les emblêmes & les infcriptions en français. Une de ces médailles fera frappée en or poar M. la Fayette. 2o. La ftatue de Washington en marbre,faite par M. Houdon, fera donnée à M. la Fayette, pour être placée dans

Et

Et nous, dans notre folitude, nous nous féliciterons du départ de Marc-Antoine: mais où trouverons-nous un Brutus?

Injure faite à l'affemblée nationale par le nommé d'Hermigny:

M. Goupilleau dénonça un fait grave au commencement de la féance du famedi 8 octobre. « Le décret fur le cérémonial étoit, dit-il, l'objet d'une converfation que j'avois avec quelques-uns de mes collègues, hier matin, » un inftant avant l'ouverture de la féance: tout-à-coup » un officier aide-major de la garde nationale s'avance au » milieu de nous, avec un air furieux, & me dit, d'un » ton menaçant, que le mot majesté convenoit feul au » roi & non au peuple, que le roi étoit tout, que le » peuple n'étoit rien, que nous n'étions que des fonction»naires falariés par l'état, qu'il connoiffoit bien mes

principes, & que fi je perfiftois, il me hacheroit avec »les baionnettes ». Plufieurs députés, notamment M. Couton, fe plaignirent également d'avoir effuyé des injures perfonnelles dans la falle de l'affemblée: un individu s'approcha de M. Couton, lui dit que les nouveaux dépu tés étoient des va-nuds-pieds, qui venoient des départemens pour porter le défordre dans Paris & dans le royaume. Cet individu ajouta que M. Couton étoit un intrigant, en lui déclarant que tous les yeux étoient fixés fur fui, & qu'on ne le perdroit pas de vue. Ces faits

celui de ses domaines qu'il défignera, afin qu'il ait toujours devant les yeux fon ami & celui qu'il a fi glorieu

fement imité.

3°. L'arrêté contenant ces difpofitions fera placé fous le bufte de la Fayette, donné, il y a douze ans, par les états unis de l'Amérique, à la municipalité de Paris.

Projet d'emblême & d'infcription pour la médaille d'or en P'honneur de la Fayette.

La liberté française embraffée par le général parifien;

avec ces mots:

N°. 118.*

Il la careffe, pour l'étouffer.

C

t

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