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s'aviferoit pas de leur donner aujourd'hui des ordres de l'efpèce de ceux qui ne furent que trop bien fuivis au champ de la fédération le 17 juillet dernier.

«Gardez-vous cependant de croire, meffieurs, que tous » les genres de defpotifme foient détruits' ».

Si cette phrafer étoit adreffée au peuple, il en fentiroit davantage encoré la vérité, puifqu'il en a tous les jours la trifte expérience. Au defpotifme ministériel, qui eft toujours le même, au defpotifme de la cour, qui n'a fait que fommeiller pendant vingt-fept mois par impuifance, mais qui va reprendre de plus belle, auffi-tôt l'entier réveil des fonctions royales, les adminiftrateurs de départemens, les officiers municipaux, & l'état-major dés gardes nationaux, n'ont-ils pas ajouté déjà plufieurs autres genres de defpotifme? Ah! craignons que le defpotifme, bien loin d'être détruit, ne renaiffe de fes cendres ! ...... Et que la liberté, parce qu'elle eft conftituée & ché>>rie parmi nous, y foit déjà fuffifamment établie: elle ne »le feroit point, fi d'un bout de l'empire à l'autre tout

ce que la loigner défend pas n'étoit pas permis; fi la » circulation des perfonnes, des fubfiftances, du numé raire, éprouitoient quelque résistance ».

foDe ce côté, il n'y a pas de reproche ni de leçon à nous faire. Nous obeillons aux décrets avec une ponctualité effrayante; car on nous écrit de toutes nos frontières que la libre émigration des perfonnes, des grains & des espèces eft complète, & n'éprouve aucune forte de réfiftance. M. la Fayette doit être content de nous à cet égard.

Si ceux qui font appelés en jugement pouvoient être » protégés contre la loi; fi le peuple, négligeant fon plus >> précieux devoirs & fa dette la plus facrée, n'étoit ni >>sempreffé de concourir aux élections, mi exact à payer les contributions publiques .....

Le moyen de sempreffer autour de l'urne des fcrutins, quand on a fuivi la marche déloyale des électeurs de Paris dans la nomination à l'affemblée nationale législative! La coalition de la chapelle baffe du palais n'eft-elle pas faite pour dégoûter le citoyen d'aller donner fa voix, qu'il fait d'avance être perdue, puifqu'un candidat ministériel eft déjà porté par une cabale qui s'eft affurée de la majorité?

Si des oppofitions arbitraires, fruits du défordre ou » de la méfiance, paralyfoient l'action légale' des autori»tés légitimes

Mais fi ces autorités légitimes fe conduifoient de manière à détruire toute notre confiance dans leur action légale, ne s'expoferoient-elles pas elles-mêmes à des oppo fitions qui ne feroient pas le fruit du défordre, mais de ce fentiment profond d'indignation & de répugnance que les honnêtes gens les plus modérés ne peuvent s'empêcher d'éprouver à la vue de l'injuftice & du defpotifme ? & n'en: avons-nous pas fous les yeux, en ce moment, un exemple déplorable dans la manière dont on en agit envers l'armée parifienne du centre, & envers plufieurs de fes membres en particulier?

que

Si des opinions politiques ou des fentimens perfonnels, fi furtout l'ufage facré de la liberté de la preffe pouvoit jamais fervir de prétexte à des violences ». Ah! M. la Fayette, que ces aveux tombés de votre plume font précieux, mais qu'ils font tardifs! ce n'étoit pas au moment de la ceffation de vos fonctions qu'il fal-› foit folennellement reconnoître la liberté ne feroit pas fuffifamment établie, fi des opinions politiques & l'ufage libre de la preffe pouvoient fervir de prétexte à des vio lences. Ah! que ne parliez vous fur ce ton à M. Bailly, le 17 juillet dernier, quand celui-ci defcendoit avec précipitation les degrés de la maifon commune pour aller déployer le drapeau rouge contre les pétitionnaires raffemblés fans armes à l'autel de la patrie, dans le champ de la fédération? Ces trois lignes de vos adieux euffent fans doute fauvé la vie aux 300 citoyens fufillés fans: être entendus. Mais ils feront vengés; le remords vous: pourfuivra jufque dans vos montagnes d'Auvergne.

«Si l'intolérance des opinions religieufes, fe couvrant ≫ du manteau de je ne fais quel patriotifme, ofoit admettre » l'idée d'un culte dominant ou d'un culte profcrit ».

Allez, M. la Fayette! l'inftinct moral du peuple de Paris l'a mieux guidé dans cette occafion que vous. Si les: autres départemens l'euffent imité, les prêtres réfractaires n'auroient pas fait tant parler d'eux.

«Si le domicile de chaque citoyen ne devenoit pas! » pour lui un afile plus inviolable que la plus inexpugnable fortereffe ».

Le héros des deux mondes ne penfoit pas tout à fait de même, quand fur fes plans, le fameux Carle faifoit le fiége de la maifon de Marat,

No. 118.

B

«Si enfin tous les Français ne fe croyoient pas foli» daires pour le maintien de leur liberté civile, comme » de leur liberté politique, & pour la religieufe exécu» tion de la loi ; & s'il n'y avoit pas dans la voix du » magiftrat qui parle en fon nom, une force toujours. » fupérieure à celle des millions de bras armés pour la » défendre.

Tout cela eft vrai & bien dit : mais le magiftrat ne peut prétendre à cette force qu'autant qu'il gagne la confiance & mérite la confidération. Si la foi, par fon carac tère facré, doit faire respecter le magiftrat, le magiftrat à fon tour doit faire refpecter la loi par fa conduite, par fon impaffibilité, par fes lumières. Le peuple ne compromet le magiftrat que quand celui-ci fui en a montré l'exemple en compromettant la loi : jamais le peuple n'a méconnu la loi; il en a donné une preuve éclatante lors de la fuite du roi. La voix du premier magiftrat. fuyard perdit toute fon autorité, toute fa force fur la nation, & la nation s'en paffa, & lui ôta toute fa confiance, toute fon eftime. Ainfi donc ce n'eft pas le peuple qu'il faut prêcher, mais bien fes magiftrats inhabiles où infidèles.

Puiffent tous les caractères, tous les bienfaits de la » liberté, en confolidant de plus en plus le bonheur » de notre patrie, récompenfer dignement le zèle de

toutes les gardes nationales de l'empire, armées pour » la même cause réunies par un même fentiment ! & qu'il » me foit permis de leur exprimer ici une reconnoiffance, » un dévoûment fans bornes, comme le furent pendant cette révolution les témoignages de confiance & ďa» mitié dont elles m'ont fait jouir »!

Que l'ex-général eft loin des principes qui doivent diriger toutes les démarches d'un fonctionnaire public d'une nation libre! Il ne s'en doute feulement pas. Que parle-t-il de reconnoiffance? Eft-ce en retour de la confiance, de l'amitié dont on l'a fait jouir? mais s'il a mérité cette confiance par un patriotifme loyal, on la lui devoit : c'est une dette dont on s'eft acquitté envers lui. S'il n'a pas fait fon devoir, fa reconnoiffance devient la fatyre des gardes nationaux qui ont placé mal leur eftimé & leur attache

ment.

«<< Meffieurs, en ceffant de vous commander, à cet inftant pénible de notre féparation, mon cœur péné

tré de la plus profonde fenfibilité, reconnoît plus que » jamais les immenfes obligations qui l'attachent à vous ». Quelle afféterie! quelle fadeur! les courtifans de l'Eilde-Boeuf à Versailles ne s'exprimoient pas autrement. Que ces complimens vont mal dans la bouche du général d'une armée d'hommes libres ! & de quelle nature font-elles, ces immenfes obligations qui attachent M. la Fayette aux gardes nationales parifiennes ? Il a commandé pendant 27 mois; on lui a obéi pendant 27 mois, tout eft dit. Si chacun a fait fon devoir, on ne fe doit plus rien, chacun est quitte, excepté envers la patrie avec laquelle on ne s'acquitte jamais.

« Recevez les vœux de l'ami le plus tendre pour la prospérité commune, pour le bonheur particulier de chacun de vous; & que fon fouvenir, fouvent préfent à votre pensée, fe mêle au ferment qui nous unit » tous, de vivre libre ou mourir.

(Signe) LA FAYETTE.

Cette fignature inconftitutionnelle eft de mauvais exemple. Nous ne favons trop que penfer de cette opiniâtreté de M. Mottier à ne vouloir pas quitter fon nom de terre, profcrit par les décrets. Mais, nous dira-t-on, on ne fe réfout pas facilement à quitter un nom devenu le fynonime de la gloire. Tout un canton de la Pensylvanie en Amérique, & une rue de Paris le portent, pourquoi exiger que M. Mottier y renonce tout de fuite? Si vous lui ôtez ce nom, que lui reftera-t-il? vous l'expofez à être confondu avec le vulgaire des hommes M. Mottier, ne voilat-il pas un nom bien fonore? Le heros des deux mondes mérite une exception en fa faveur.

Du moins on conviendra que c'est à nous à la faire, cette exception, & non à M. Mottier à fe la permettre de fon chef. A fa place nous goûterions un fenfible plaifir à chaque méprife qu'occafionneroit fon nom, un peu roturier, il faut en convenir; nous aimerions à entendre dire fur notre paffage: il a beau fe dérober à la renommée; nous favons bien que M. Mottier eft le même que M. de la Fayette.

Nous le demandons à nos lecteurs : de quelle utilité a pa être le difcourts que nous venons d'analyser? Quel bien eft-il capable de produire? a-t-il appris quelque chofe de nouveau à ceux à qui il est adresse. Il faut être poffédé de

B

J

« Si enfin tous les Français ne fe croyoient pas foli» daires pour le maintien de leur liberté civile, comme » de leur liberté politique, & pour la religieufe exécu» tion de la loi; & s'il n'y avoit pas dans la voix du » magistrat qui parle en fon nom, une force toujours. » fupérieure à celle des millions de bras armés pour la » défendre.

Tout cela eft vrai & bien dit : mais le magiftrat ne peut prétendre à cette force qu'autant qu'il gagne la confiance & mérite la confidération. Si la foi, par fon carac tère facré, doit faire respecter le magiftrat, le magiftrat à fon tour doit faire refpecter la loi par fa conduite, par fon impaffibilité, par fes lumières. Le peuple ne compromet le magiftrat que quand celui-ci fui en à montre l'exemple en compromettant la loi: jamais le peuple n'a méconnu la loi; il en a donné une preuve éclatante lors de la fuite du roi. La voix du premier magiftrat, fuyard perdit toute fon autorité, toute fa force fur la nation, & la nation s'en paffa, & lui ôta toute fa confiance, toute fon eftime. Ainfi donc ce n'eft pas le peuple qu'il faut prêcher, mais bien fes magiftrats inhabiles où infidèles.

»Puiffent tous les caractères, tous les bienfaits de la » liberté, en confolidant de plus en plus le bonheur » de notre patrie, récompenfer dignement le zèle de

toutes les gardes nationales de l'empire, armées pour » la même caufe réunies par un même sentiment! & qu'il » me foit permis de leur exprimer ici une reconnoiffance, » un dévoûment fans bornes, comme le furent pendant • cette révolution les témoignages de confiance & d'a» mitié dont elles m'ont fait jouir »>!

Que l'ex-général eft loin des principes qui doivent diriger toutes les démarches d'un fonctionnaire public d'une nation libre ! Il ne s'en doute feulement pas. Que parle-t-il de reconnoiffance? Eft-ce en retour de la confiance, de l'amitié dont on l'a fait jouir? mais s'il a mérité cette conGance par un patriotisme loyal, on la lui devoit : c'est une dette dont on s'eft acquitté envers lui. S'il n'a pas fait fon devoir, fa reconnoiffance devient la fatyre des gardes nationaux qui ont placé mal leur eftime & leur attache

ment.

<<< Meffieurs en ceffant de vous commander, à cet instant pénible de notre féparation, mon cœur péné

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