Page images
PDF
EPUB

bien penser que l'armée prussienne ne serait pas restée en place à l'attendre. Il fallait donc se hâter de l'atteindre de nouveau et de la serrer d'aussi près que possible; c'est ainsi qu'on suit et qu'on éclaire les mouvemens de son ennemi. C'est pour cela qu'on lui avait donné trente mille hommes; car sans ce but, une division de cavalerie légère aurait suffi. Lorsque le maréchal Grouchy fut arrivé à Walhain, avec sa colonne, on entendit les premiers coups de canon du Mont-Saint-Jean. Le général Gérard, commandant le 4° corps, ouvrit l'avis de passer la Dyle et de marcher, par la rive gauche, au bruit du canon, afin de se rapprocher de l'armée principale et agir sur la même base d'opérations. Le maréchal Grouchy allégua les instructions qu'il avait reçues, et témoigna craindre que Blücher ne marchât sur Fleurus. Le général Gérard lui représenta que les instructions, qui lui prescrivaient de marcher sur Wavre, étaient du 17, et qu'il avait jugé à propos de ne pas les exécuter, étant incertain des mouvemens de Blücher. Le 18, il était évident que les Prussiens avaient gagné une demi-marche, et qu'ils en profiteraient pour se porter ailleurs, pendant qu'on marcherait sur Wavre; au lieu qu'en marchant droit sur la violente canonnade qui se faisait entendre, on était sûr de trouver à qui parler. Mais le maréchal Grouchy, trompé par un faux rapport, croyait avoir l'armée ennemie en entier de

[ocr errors]

vant lui; dans ce moment, il apprit que la tête de l'avant-garde avait rencontré les Prussiens à la Baraque, et il persista dans son dessein de marcher à Wavre.

Vers une heure, le 3° corps, qui était en tête de colonne, arriva devant la Baraque, où étaient encore deux bataillons et deux régimens de cavalerie du corps de Bülow. Après un engagement assez court et une légère canonnade, l'arrière-garde ennemie se retira sur Wavre, et de là rejoignit son corps. Vers trois heures après midi, les 3° et 4° corps débouchèrent des bois, et arrivèrent sur les hauteurs devant Wavre. La division prussienne de Brause était encore à la droite de la Dyle, avec la division Bork. Les dispositions d'attaque furent faites. Le 3o corps prit position sur les hauteurs d'Alsemont; le 4°, plus à gauche; le corps du général Excelmans, que les coups de canon tirés à la Baraque avaient rappelé, revint, par Dion-le-Mont, se placer en arrière et à droite du 3 corps; la division légère du général Maurin (*) observait les ponts de Limale et Limelette, et se trouvait en présence de l'arrière-garde du corps de Ziethen.

Pendant que le corps du maréchal Grouchy débouchait du bois de Ménil, le général Thielemann, qui avait réuni trois divisions du sien

(*) Le général Maurin avait été blessé le 16, et sa division était commandée par le maréchal-de-camp Vallin.

derrière Wavre, donna ordre à la division Bork de se reployer à la gauche de la Dyle, pour suivre le mouvement qu'il allait commencer. Il était alors environ trois heures, et la division Brause, du 2o corps, qui se mettait en marche pour Saint-Lambert, se trouva peu après engagée avec les premières troupes du corps du général Vandamme. Cette circonstance engagea le général Thielemann à ordonner à la division Bork de soutenir et de couvrir le mouvement de celle de Brause. Il ordonna cependant aussi au général Bork de disposer de trois bataillons pour la défense de Wavre et de Bas-Wavre; de les y envoyer sur-le-champ et d'enjoindre à l'officier qui les commanderait, de s'occuper sans délai de barricader les ponts et de créneler les maisons voisines. Trois bataillons de la division Bork, avec une batterie, furent poussés au-devant de l'avant-garde du corps de Vandamme. Pendant que le combat s'allumait de ce côté, la division Brause traversa Wavre et continua sa marche vers Neuf-Cabaret. La division Bork suivit peu après. Le général Thielemann, qui l'avait destinée à tenir la tête de son corps, lui fit continuer son mouvement, à l'exception des trois bataillons qui étaient à Wavre et qui y restèrent. Lui-même se disposait à suivre, avec ses trois autres divisions, lorsque les têtes de colonnes du corps de Grouchy parurent sur les hauteurs de Wavre. Le combat au faubourg était devenu tellement vif,

que cette double circonstance fit juger au général Thielemann, que trois bataillons ne suffiraient pas pour défendre le passage. Il se décida en conséquence à déployer son corps, et à attendre le développement de l'attaque, afin de juger des forces qu'il avait devant lui. La 12° divi→ sion prussienne prit position sur les hauteurs de Bierge, ayant un bataillon au moulin; la 10° prit position entre Bierge et Wavre; la 11°, derrière Wavre; la cavalerie, à cheval sur la chaus→ sée de Bruxelles, vers la Bavette. La ville de Wavre était défendue par deux bataillons de la division Bork; un autre bataillon de la même division était à Bas-Wavre. Derrière ce village, fut établie une batterie de douze. La division Bork, qui s'était déjà mise en marche, continua son mouvement, mais elle ne dépassa pas Couture, où elle arriva à la nuit close.

Cependant le maréchal Grouchy se disposa, vers quatre heures, à forcer le passage de la Dyle. Le 3 corps fut chargé de l'attaque de Wavre et Bas-Wavre; le 4° corps, de celle de Bierge. En même temps, il donna l'ordre au général Pajol de quitter Tourines et de se rapprocher; et, par une disposition dont il est difficile de saisir le but, il ordonna au général Excelmans, d'envoyer le 17° régiment de dragons en reconnaissance par Dion-le-Mont, vers la route de Louvain à Namur. La nature du terrain ne permettait pas de déployer un quart des forces qu'avait le maré→

chal Grouchy; l'infanterie et la cavalerie étaient en colonnes, à l'exception des bataillons employés aux attaques. Aucune tentative n'était faite sur le pont de Limale. Ce fut ce dernier motif qui engagea le général Thielemann à ne pas rappeler la division Bork: il jugea qu'il n'avait devant lui que les troupes qu'il voyait et qu'il évalua à environ huit mille hommes. A cette époque, le corps de Ziethen était déjà vers Genval; celui de Bülow, entre Saint-Lambert et Lasne; celui de Pirch arrivait à Saint-Lambert, excepté la division Brause qui était encore en arrière.

L'attaque de Wavre et de Bierge continuait avec acharnement; la première, surtout, avait eu quelques succès. Nos tirailleurs étaient venus à bout de se rendre maîtres du faubourg, malgré la résistance des Prussiens. Le pont fut vivement attaqué, et la barricade même, forcée un moment; mais deux nouveaux bataillons de la 12° division, que le général Thielemann y envoya, la reprirent. Les Prussiens établirent sur les hauteurs de Wavre une batterie de douze et une de six, et la canonnade s'engagea avec vigueur d'un bord à l'autre de la Dyle, tandis qu'une fusillade meurtrière, près du pont, faisait perdre beaucoup de monde des deux côtés. Le pont du moulin de Bierge, où fut envoyé un second bataillon de la 12° division prussienne, fut défendu avec une égale opiniâtreté. Pendant ce temps, le canon du Mont-Saint-Jean continuait à se faire enten

« PreviousContinue »