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avait été employé à Waterloo, moins vingt-sept canons qui repassèrent la Sambre, c'est-à-dire, deux cent vingt-sept bouches à feu. Les généraux Devaux, et Michel furent tués. Les généraux comte de Lobau, Duhesme (*), Compans et Cambrone furent faits prisonniers.

Les ennemis perdirent aussi vingt-cinq mille hommes, d'après le tableau suivant, extrait des rapports officiels.

Anglais, légion allemande, et Hanovriens.

11,678

Hollandais.

3,547

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Les généraux Picton, Ponsonby, Van-Merlen, les commandans de brigade, Duplat, Ompteda, Schwerin et Lettow et le colonel Heinemann, qui à la fin de l'action commandait la division de Brunswick, furent tués. Le généraux prince

consistait l'exposition: 1o des habillemens fort maussadement brodés à Londres, et baptisés sur l'affiche; 2o une caisse d'armes de Versailles, donnée au général en chef Bonaparte par le Directoire, achetée à Paris, et devenue turque à Londres; 3° une collection de vieilles bottes, de vieux chapeaux, de boulets, d'obus, de cuirasses, etc., venus en partie de Waterloo, en partie de la boutique des fripiers.

(*) Le 19 au matin, à Genappe, le général Duhesme fut massacré de sang-froid par les hussards de Brunswick, en présence de son escorte prussienne, qui trouva la chose toute naturelle, et conforme à sa manière de voir. Combien de nos blessés sur le champ de Waterloo, n'ont-ils pas été égorgés par les Prussiens?

d'Orange, lord Uxbridge, Alten, Collaert, Cooke, Barnes, Kempt, Halkett, Adams, Doernberg, Pack, Bylandt, et le colonel Olfermann, commandant la division de Brunswick, furent blessés. Nous venons de donner le récit fidèle de la bataille du 18 juin, à laquelle nous avions donné le nom du Mont-Saint-Jean, point stratégique, de l'occupation duquel dépendait le succès de la journée; les Prussiens l'avaient nommée BelleAlliance, parce que c'est là qu'elle fut décidée; l'usage a prévalu de l'appeler bataille de Waterloo, parce que le duc de Wellington avait passé la nuit dans ce village : il fallait bien que l'histoire conservât le nom de l'endroit où le héros de la Grande-Bretagne avait couché. Ce récit est en entier tiré des documens et des relations authentiques, fournis par nos ennemis mêmes; nous y avons ajouté les circonstances de détail, que nous avons pu recueillir dans notre armée, et que nous ont fournies les généraux Gourgaud et Berton. Tous ces matériaux ont été pesés dans la même balance, et leur coïncidence sur les faits principaux, nous a permis de les employer tous. Nous avons cru devoir entrer dans un détail qu'on trouvera peut-être trop circonstancié et trop minutieux. Plusieurs motifs nous y ont décidé. D'abord l'importance de cette journée, qui a eu une si grande influence sur nos destinées, et qu'on a si mal à propos voulu comparer à celle d'Azincourt. Dans cette dernière, la présomp

tion, l'inconduite et l'indiscipline de la gendarmerie française, ont seules causé la perte de l'infanterie à Waterloo, nous avons succombé sous le nombre. Le second motif a été celui d'assigner les véritables causes des désastres de notre armée. Pour cela, il fallait, non-seulement classer exactement et par ordre tous les mouvemens et tous les événemens de la bataille, mais même assigner l'heure où ils avaient eu lieu. Les résultats de la journée du 18 juin ont, jusqu'ici, servi de guide unique aux écrivains ennemis, pour distribuer le blâme aux uns, et donner un développement fantasmagorique à quelques réputations. Ce n'est pas toujours la sottise qui juge d'après les événemens; l'amour-propre et l'esprit de parti s'en emparent souvent à leur profit: l'un et l'autre est arrivé dans ce cas. Il est donc enfin temps que le flambeau de la vérité vienne se placer à côté des principaux acteurs de ce drame sanglant, et éclaire le rôle de chacun; les faits doivent seuls décider de la portion de mérite qui leur revient : eux seuls nous serviront de guide.

Jusqu'ici on paraît assez généralement avoir suivi les erremens du vulgaire, pour juger la bataille de Waterloo. L'armée française a été battue, donc elle a été mal commandée; voilà ce qu'on peut lire dans vingt amplifications auxquelles on a donné le nom de relations véridiques, impartiales, etc. Si l'on avait osé dire qu'elle avait manqué de valeur, on l'aurait fait;

mais un reste de pudeur a empêché cette accusation. Nous n'y répondrons donc pas, et nous nous contenterons d'examiner cette bataille sous le rapport stratégique. Cet examen est d'autant plus nécessaire, que là création de tant de réputations européennes, sorties tout à coup, pour ainsi dire, par le trou du souffleur, nous offre un pendant de l'illustration du très-médiocre Guillaume III, tentée pour offusquer celle de Louis XIV. La seule différence qu'il y ait entre les deux époques, est qu'alors les coalisés se contentèrent d'un seul fantôme, dont ils exaltèrent même les sottises, que le succès avait couronnées ; aujourd'hui, chacun d'eux veut avoir le sien. Ce jeu des passions est un effet direct et inévitable des écarts de l'amour-propre long-temps humilié: la postérité en fait justice.

On a beaucoup reproché de fautes à Napoléon, dans les trois journées des 16, 17 et 18; quelques reproches sont même en contradiction directe entre eux; cela devait être, parce que la plupart sont mis en avant au hasard, ou par des militaires qui sont encore bien loin de savoir la guerre, ou par des hommes qui veulent faire ou blier qu'ils ont trouvé toutes ses conceptions sublimes quand il était tout-puissant.

Nous examinerons successivement toutes les

fautes qu'on lui impute; nous y opposerons les considérations que peuvent fournir les faits et la situation des choses: le lecteur jugera. Pour le

mettre mieux en état de porter son jugement, nous remettrons sous ses yeux le tableau succinct des mouvemens et des événemens du 17 et du 18.

Le lendemain de la bataille de Ligny, Napoléon, voyant que l'armée anglaise était encore, à dix heures du matin, devant son aile gauche, se décida à marcher contre elle. Le duc de Wellington, en s'arrêtant aux Quatre-Bras, paraissait avoir l'intention de recevoir la bataille; il fallait la lui livrer sur-le-champ, avant que l'armée prussienne ne pût reprendre l'offensive. Cette dernière était battue et non détruite; la direction de sa retraite était incertaine; il fallait donc laisser un corps pour l'observer et là suivre: Napoléon en chargea le maréchal Grouchy. Wellington, que l'indécision où il était sur les événemens du 16, avait seule retenu aux Quatre-Bras, se hâta de se mettre en retraite. On le suivit deux heures trop tard, parce que son mouvement avait échappé au maréchal Ney, et on ne put entamer l'armée anglaise. Le soir on la rencontra sur les hauteurs du MontSaint-Jean, et là elle parut décidée à tenir ferme. Dans cette position, totalement contraire aux rè gles de la stratégie, sur cent chances, elle en mettait quatre-vingts en notre faveur. Le seul débouché qu'elle eût derrière elle, était un défilé au travers de la forêt de Soignes. Son aile droite, extrêmement avancée, se trouvait plus loin de la grande route que la gauche. Une attaque, sur cette dernière, pouvait donc avoir pour résultat

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