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les terres détrempées du vallon qu'elle avait devant elle, avait besoin de la grande route pour se porter en avant. La brigade de dragons de Ponsonby (ff) déboucha par la grande route et vint charger la colonne de gauche en flanc; cette charge inattendue y jeta quelque désordre : elle s'appuya sur la colonne voisine (division Donzelot), et la fit également plier. Le comte d'Erlon, dont le cheval venait d'être tué, fit former les carrés. Mais les dragons ennemis, par un motif dont il est difficile de se rendre compte, passèrent outre, en frisant les carrés de si près, que des hommes et des chevaux furent tués à coups d'épée par nos officiers. Il semblait que l'ivresse les entraînât, sans but, au travers de l'armée française. Dans ce moment, par une autre faute inexcusable, l'artillerie quittait sa position (11), et s'avançait dans le vallon pour suivre le 1 corps. Les dragons anglais se portèrent sur elle (12), sabrèrent un nombre de chevaux et désorganisèrent une quinzaine de pièces. Le général Milhaud fit alors arrêter la charge de l'ennemi, en portant en avant la brigade Travers de la division Wathier (7 et 12 cuirassiers) (13). Le général Jacquinot, par un mouvement habile, se porta sur la ligne de retraite des Anglais (14); la brigade Gobrecht (3o et 4o lanciers) les chargea en flanc et à dos. La plus grande partie de la brigade ennemie y périt, avec le général Ponsonby; les restes regagnèrent la Haye-Sainte en désordre. En

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même temps que la brigade Ponsonby, celle du général Vandeleur avait débouché par l'extrême gauche de la ligne anglaise; mais le mouvement du général Jacquinot l'obligea à se replier sans s'être engagée avec notre cavalerie.

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L'empereur Napoléon, voyant le désordre que la charge des dragons anglais avait mis dans une partie du 1 corps, se porta en avant. Le corps du général Milhaud prit position en arrière de la Haye-Sainte (15); la cavalerie de la garde en seconde ligne (16). Les colonnes d'attaque du 1o corps furent reformées. Aucun mouvement ne s'étant fait apercevoir dans la ligne anglaise, Napoléon ordonna de renouveler l'attaque, mais d'enlever d'abord la Haye-Sainte. Wellington, de son côté, avait déjà donné l'ordre à la division Clinton (a, b, c) de s'approcher un peu du centre de sa ligne; elle s'avança jusqu'à la route de Nivelles (17). Un peu après trois heures, le dommage fait aux batteries du 1 corps ayant été réparé, les colonnes se remirent en mouvement. Le général Milhaud et la cavalerie légère de la garde, chargèrent par la gauche de la Haye-Sainte les brigades Ompteda (K) et de Nassau (0). L'infanterie ennemie se forma en carrés, et les canonniers, abandonnant leurs pièces, se réfugièrent dans les carrés. Dès le commencement de l'ac→ tion, le duc de Wellington avait fait retirer derrière la ligne, les chevaux des batteries qui étaient sur le front. Nos cuirassiers enfoncèrent les ba

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taillons de gauche de la brigade Ompteda et dépassèrent la ligne. Une charge de la brigade Sommerset les ramena, et l'infanterie n'étant pas encore en mesure de les soutenir, ils furent obligés par le feu de l'ennemi à se replier. Peu après, la gauche du 1er corps étant arrivée de nouveau à la hauteur de la Hayc-Sainte, le comte d'Erlon fit attaquer ce poste par quelques bataillons. Malgré la résistance opiniâtre de la brigade Ompteda, il fut enlevé, et nos troupes s'y établirent vers quatre heures. Alors le duc de Wellington fit avancer la brigade Mitchel (b) à la droite de la division Clinton (18). I ordonna aussi au général Chassé de faire avancer la brigade Ditmers de Braine-la-Leud, pour remplacer la division Clinton, dans sa première position (a); de retirer également la brigade d'Aubremé de la ferme de Foriez, et de s'approcher avec elle de Mont-Saint-Jean : cette brigade se plaça plus tard en avant de la route de Nivelles (19). Wellington voyait alors, par la direction des attaques, qu'il n'avait rien à craindre pour son extrême droite, contre laquelle il n'y avait eu jusqu'alors d'autre mouvement, que quelques reconnaissances poussées par le général Piré, sur les bords du ruisseau de Hain. A la gauche, le combat se soutenait toujours à Goumont. Le château avait été réduit en cendres, et l'incendie avait été allumé d'une manière si violente, que l'ennemi occupé, à se défendre contre des attaques opiniâtres, n'avait

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enlever ses blessés qui y étaient restés, par une négligence qui ne fait pas honneur à l'humanité. Cependant il nous fut impossible d'emporter le jardin, dont les murs solides résistaient au feu de l'artillerie. La perte de l'ennemi fut très-grande sur ce point; le général Cooke fut grièvement blessé. De notre côté, le prince Jérôme, blessé au bras, ne quitta pas le champ de bataille.

Pendant que ces événemens se passaient, le corps de Bülow s'était réuni à Saint-Lambert. Vers trois heures, toutes les troupes de ce corps étant arrivées, le maréchal Blücher, qui s'y trouvait en personne, le porta en avant. A quatre heures, l'avant-garde de Bülow occupait le bois de Paris, et une demi-heure plus tard, les 15° et 16 divisions, la cavalerie et l'artillerie y furent réunis. Dans ce moment Blücher reçut l'avis que le corps de Thielemann était fortement attaqué, et que l'arrière-garde, que Ziethen avait laissée à Limale, était elle-même engagée. Il n'y avait plus moyen de reculer; une marche rétrograde au travers des défilés qu'il venait de passer, le ramenait à Wavre, trop tard pour soutenir son troisième corps; d'ailleurs il sentait parfaitement, ce qui paraît avoir échappé au maréchal Grouchy, que les événemens de la campagne de Belgique devaient se décider à Mont-Saint-Jean et non pas à Wavre. Il donna donc l'ordre au général Thielemann de se défendre comme il pourrait, et en cas de malheur, de se retirer à Liége; au général Bülow,

il donna celui de déboucher du bois; au général Pirch 1, celui de suivre son mouvement sans retard; le général Ziethen, continuait le sien. Ainsi, un renfort de quatre-vingt mille hommes allait arriver aux Anglais (*) et changer entièrement l'aspect de la bataille, dont toutes les chances étaient pour nous jusqu'à ce moment.

Un peu après quatre heures et demie, les troupes de Bülow débouchèrent des bois de Paris, en trois colonnes (20). Blücher leur donna la ferme élevée de la Belle-Alliance pour point de direction (**). Les deux autres divisions de ce corps étaient encore en arrière du bois (21). Le général Domont prévint sur-le-champ l'empereur Napoléon de l'approche de l'ennemi, qui paraissait au nombre de

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(**) Nous ne pouvons pas passer sous silence l'anecdocte romanesque que rapporte un écrivain anglais. (Boyce, History of the second usurpation of Bonaparte, 11, page 68.) Selon lui, Blücher, en débouchant du bois de Paris, voulait se diriger par Smohain sur la gauche des Anglais. Mais son guide lui conscilla d'attaquer Planchenoit, afin de tourner l'armée française. Nous remettrons ce conte à la Bibliothèque avec les neuf dixièmes des écrivasseries des Anglais sur cette journée, fruits de la speculation uw com

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