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l'incendier. Le combat se soutint pendant quelque temps stationnaire sur ce point. A notre droite, les soixante-deux bouches à feu qui couvraient le 1 corps, avaient ouvert leur feu vers midi. L'importance que le duc de Wellington attachait à la position de Goumont, où se trouvaient engagées ses meilleures troupes, était d'un bon augure pour le succès de l'attaque, qui devait avoir lieu sur l'aile opposée. En prolongeant le combat avec vigueur à notre gauche, on pouvait espérer d'y attirer une partie des réserves de l'ennemi, et d'alléger par-là les difficultés que pouvait présenter l'attaque de Mont-Saint-Jean. Tel était en effet l'aspect sous lequel se présentait alors la bataille. Mais une circonstance toutà-fait imprévue, allait en changer les combinaisons, et obliger l'empereur Napoléon à disposer du 6° corps, d'une autre manière qu'il ne l'avait d'abord pensé. Wellington, de son côté, dont toute la sollicitude se portait sur sa gauche, par où les Prussiens devaient le joindre, ne pouvait faire aucun changement dans sa ligne. Obligé de livrer un combat de pied ferme, et de passer par-dessus tous les sacrifices d'hommes, pour se maintenir dans sa position, il ne pouvait disposer de ses réserves, ailleurs qu'à l'aile gauche et à la plus grande extrémité.

A peu près dans le moment où l'attaque de Goumont commença, Napoléon avait aperçu sur les hauteurs de Saint-Lambert, un corps de trou

pes qui y arrivait (ii). Si le maréchal Grouchy avait quitté Gembloux au point du jour, il pouvait avoir passé la Dyle, et son avant-garde avoir atteint les hauteurs de Saint-Lambert à cette heure; la première idée qui se présenta, fut donc que c'étaient ses troupes qu'on voyait. Mais bientôt des chasseurs à cheval de la division Domont, lui amenèrent un ordonnance prussien, porteur d'une dépêche, par laquelle Bülow annonçait son arrivée au duc de Wellington. Cette circonstance changea toutes les dispositions, jusqu'alors décidées pour la bataille. Le corps de Bülow se trouvait entre l'armée française et l'aile droite, que commandait le maréchal Grouchy. Ce dernier pouvait bien, à la vérité, l'arrêter et même le disperser, en arrivant à temps sur ses derrières. Mais il était possible qu'il fût retardé lui-même au passage de la Dyle, ou qu'il eût rencontré des obstacles imprévus. L'interposition d'un corps ennemi, à Saint-Lambert, était toujours un présage défavorable, en ce qu'il allait paralyser une partie de la réserve. La distance de Saint-Lambert au champ de bataille, n'était pas de deux lieues; il fallait donc tenir un corps prêt à se porter au-devant de Bülow et le contenir. Dèslors, il ne fallait plus penser à prolonger l'attaque du 1 corps jusqu'à l'extrême gauche, puisqu'il n'était plus possible de remplir le vide, que ce mouvement à droite aurait laissé entre le 1er et le 2o corps. Napoléon, forcé de tenir sa réserve

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disponible contre une attaque de flanc, se vit donc obligé de changer la disposition d'attaque du 1 corps. Il prescrivit en conséquence au maréchal Ney, d'entamer l'action par l'attaque vers la Haye-Sainte, par la division de gauche du 1a corps. La ligne de bataille, contre les Anglais, n'allait plus être composée que de trente mille hommes environ; Wellington y en avait déjà soixante mille. Plus tard, dans les plus grands efforts de la journée, quarante mille hommes furent employés; alors Wellington en avait réuni quatre-vingt mille, et Ziethen lui en amena vingt.

La première mesure que prit Napoléon, lorsqu'il apprit l'arrivée de Bülow à Saint-Lambert, fut celle d'envoyer la division légère de Suberwick, renforcer celle de Domont (q). Ces deux divisions, fortes environ de deux mille cinq cents chevaux, devaient chercher à contenir l'avant-garde de Bülow, occuper les débouchés, pour empêcher la cavalerie ennemie de se jeter sur nos derrières, et pousser des partis à la rencontre du maréchal Grouchy. Le comte de Lobau fut reconnaître la position qu'il devait occuper, en avant de Planchenoit, pour combattre les Prussiens, s'ils débouchaient du bois de Paris. Un officier d'état-major fut expédié vers une heure au maréchal Grouchy, pour lui porter un nouvel ordre d'appuyer à gauche, et de chercher à empêcher les Prussiens d'inquiéter l'aile droite de l'armée principale. Le maréchal fut également

prévenu du mouvement de Bülow, qui devait l'engager à se hâter (*). Cet officier d'état-major, qui était le colonel Zenowitz, averti de l'importance de sa mission, aurait dû arriver près du maréchal Grouchy vers trois heures; il ne le rejoignit cependant qu'à sept heures du soir, et trop tard, par une négligence bien coupable. Nous ne rapporterons pas les bruits qui ont couru dans le temps sur son compte.

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Cependant l'empereur Napoléon se décida à faire attaquer sur-le-champ l'aile gauche ennemie, sans attendre plus long-temps le succès de l'attaque de Goumont. Vers une heure, le 1a corps reçut l'ordre de changer de direction. Pour suivre de plus près cette attaque, Napoléon se porta avec ses escadrons de service, sur la hauteur en arrière de la Belle-Alliance (V). Le maréchal Ney, qui se trouvait au 1° corps, le forma en quatre colonnes serrées et le dirigea en échelons, la gauche en avant, sur la division Picton, laissant la Haye-Sainte à gauche. Les colonnes des quatre divisions (7, 8, 9, 10), étaient tellement rapprochées, qu'il aurait été impossible de les déployer. L'artillerie resta sur le plateau (11) où elle avait d'abord été mise en batterie. La colonne de gauche (7) s'avança jusqu'au chemin creux qui couvrait la division Picton (**), et se trouva bientôt

(*) Pièces justificatives, N° XIX.

(**) Les haies qui bordent ce chemin creux avaient été coupées à hau

engagée avec la brigade hollandaise de Bylandt (cc). Cette brigade fut culbutée presque au premier choc; mais la brigade Kempt (bb) soutint le combat; le 32° régiment anglais, qui était en seconde ligne, vint remplir le vide laissé par les Hollandais. Dans ce moment, le général Picton fit faire un mouvement à droite aux 42° et 92o régimens, qui étaient en première ligne de la brigade Pack (aa). Nos troupes, prises en flanc, furent arrêtées. Le 105° régiment, qui était en tête de la colonne, fut mis un instant en désordre et perdit son aigle. Le combat se soutint cependant avec le plus grand acharnement sur ce point. Le général Picton, frappé d'une balle à la tête, tomba aux premiers rangs de ses troupes, qu'il encourageait par son exemple.

La division de gauche du 1" corps souffrait beaucoup et commençait à perdre du terrain. La 2o colonne (8) allait entrer en action, lorsque Wellington pensa à profiter de la faute qu'avait faite le maréchal Ney. Le premier objet de l'attaque qu'il dirigeait aurait dû être de s'assurer un point d'appui, en occupant la Haye-Sainte. Tant que ce poste restait entre les mains de l'ennemi, ce dernier pouvait déboucher par-là, pour prendre nos colonnes en flanc; et d'un autre côté, l'artillerie, qui ne pouvait pas bien se mouvoir dans

teur d'appui pour découvrir le feu de l'artillerie; elles formaient cependant un parapet suffisant contre la cavalerie.

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