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avancé le long du Rhône, et était arrivé devant la tête du pont de Perte-du-Rhône; elle fut évacuée et le pont détruit. Le général Merville en fit jeter un autre un peu plus bas, à Gresia, et ses troupes passèrent le Rhône le lendemain matin. Le 3, les corps de Radiwojewich et de Merville s'avancèrent sur Nantua; le premier, par la route de Saint-Claude, l'autre, par celle de Châtillon; le maréchal Suchet occupait Nantua, ayant des troupes à Oyonnax et à Charix. Le poste d'Oyonnax fut attaqué par le général Bogdan; celui de Charix, par le général Hardegg avec douze bataillons; le combat fut assez vif et coûta, sur les deux points, près de six cents hommes aux ennemis; ils furent contenus de l'un et de l'autre côté; le maréchal Suchet sentit cependant qu'il ne lui était pas possible de se soutenir, contre plus de trente-cinq mille hommes qu'il avait devant lui; il était exposé à être tourné à sa gauche par Bourg, que le général Radiwojewich pouvait atteindre sans difficulté; à droite, le général Pannetier ne pouvait se soutenir devant le corps de Bubna et les Piémontais; l'accès de Lyon allait donc se trouver également ouvert de ce côté. Une nouvelle tentative, pour obtenir une suspension d'armes, avait été inutile, parce que le général Frimont exigeait la remise de Lyon. Ces réflexions engagèrent le maréchal Suchet à se replier, d'abord sur Nantua, et ensuite sur Pont-d'Ain.

Cependant le général Bubna, ayant débouché par les deux vallées de l'Arc et de l'Isère, avait étendu son corps d'armée entre Montmélian et le Bourget; ce dernier point était occupé par la brigade Trenck; les Piémontais étaient à Montmélian. Le 6, le général Bubna fit occuper le pont de Beauvoisin, par l'avant-garde du géné– ral Bretschneider. Le même jour, le général Trenck, ayant laissé un petit détachement pour observer le fort de Pierre-Châtel, s'avança à Saint-Geniés; le général Bubna avait poussé, dès le 2, le corps piémontais sur Grenoble ; l'avant-garde, commandée par le général Gifflenga, arriva devant la ville dès le 4; le corps du général Latour y arriva le 6, et la brigade d'Andezène, occupa les hauteurs de Voreppe. Le faubourg fut attaqué, et après une vive résistance, emporté et saccagé. La ville de Grenoble, gardée par quelques bataillons de garde nationale, fut alors étroitement resserrée; le général Pannetier, placé aux Échelles, avec quelques bataillons de garde nationale, se voyant tourné par sa droite et par sa gauche, se replia sur La Tourdu-Pin, le 6, ayant fait rompre la grande route, et laissé une centaine d'hommes au fort Lacrotte. Le même soir, le régiment autrichien de Kerpen, s'étant présenté devant ce fort, le commandant se rendit sans tirer un coup de fusil. Le7, le général Bubna ayant fait réparer la route, fit occuper les Échelles par la brigade Klopfstein.

Le 9, le général Frimont continua son mouvement. Le corps de Radiwojewich occupa Bourg, où le général Frimont établit son quartier-général; le corps de Merville s'établit à Nantua ; celui de Bubna s'était avancé jusqu'à La Tour-du-Pin. Ce jour-là, la ville de Grenoble se rendit au général Latour; la garde nationale mobile qui y était en garnison, fut licenciée.

Le 10, le général Frimont détacha la brigade Pflüger au pont de Macon, qui était défendu par quelques gardes nationaux de Saône-et-Loire. A minuit, la tête du pont fut attaquée, et après un combat assez vif, les Autrichiens, favorisés par leur nombre, l'emportèrent, malgré la valeureuse résistance des braves gardes nationaux de Saôneet-Loire: le corps de Merville s'avança à Pontd'Ain; celui de Bubna était vers Bourgoin.

Le maréchal Suchet, après les combats de Charix et d'Oyonnax, s'était mis en retraite sans tenter davantage la fortune des armes. La capitulation de Paris, qu'il apprit peu après, acheva de fixer ses déterminations; il aurait pu, en s'enfermant dans Lyon, conserver les magasins et le matériel d'artillerie, qui y avait été réuni pour la défense de la place; il préféra accéder aux conditions imposées par l'ennemi, et abandonner Lyon. Le 11, une convention, conclue entre le maréchal Suchet et le général Frimont, remit aux Autrichiens la place de Lyon; l'armée française se retira derrière la ligne de démarcation établie

par cette convention; elle passait de Macon par Beaujeu, Tarare, Montrottier, Izeron, SaintAndeol, Condrieux, le Rhône, jusqu'à l'embouchure de l'Isère; le Drac et le cours de la Romanche (*). Cette convention fut encore violée comme à l'ordinaire, puisque, le 12 août, les Piémontais allèrent s'emparer de la place d'Embrun et du matériel qu'elle contenait.

Après la reddition de Lyon, dont l'occupation fut confiée au général Bubna, le corps de Radiwojewich, se dirigea de Bourg sur Macon, où il arriva le 12; son avant-garde occupa le même jour Châlons-sur-Saône; le corps de Merville se dirigea de Nantua sur Lons-le-Saunier. Le général Laplane, qui ne pouvait plus tenir les passages du Jura, avait quitté Pontarlier, défendu encore par le fort de Joux, et s'était replié à Salins, avec sa faible division de gardes nationales. Le 16, la brigade Mumb et la brigade Hecht, du corps de Merville, se présentèrent devant Salins; le général Radiwojewich avait fait avancer la brigade Folseis devant Besançon; le général Laplane, se voyant enveloppé, consentit à une convention, ensuite de laquelle la garde nationale fut licenciée, et les officiers se retirèrent derrière la Loire. Dans le mois d'août, l'armée du général Frimont occupa les positions suivantes : le corps de Radiwojewich, à Vienne; le corps de Bubna, à Lyon;

(*) Voyez Pièces justificatives, N° XLIV.

le corps de Merville, à Macon; le corps piémontais, à Gap.

Vers le commencement de Juin, le maréchal Brune avait réuni sa petite armée sur les bords du Var, entre Antibes et Gilette. Hors d'état de rien entreprendre, il se contenta de défendre les frontières de l'empire, contre un corps piémontais qui s'assemblaient à Nice, sous les ordres du général d'Osasco. La nouvelle des désastres de Waterloo ne tarda pas à exciter la plus grande fermentation, dans les départemens du Var, des Bouches-du-Rhône et des Hautes-Alpes. Une insurrection éclata le 25 juin à Marseille, où elle coûta la vie à plus de huit cents personnes, particulièrement aux Mamelouks et aux Égyptiens qui s'y trouvaient, et qui furent massacrés sans distinction d'âge ni de sexe. Cette insurrection força le général Verdier à se retirer avec sa garnison à Toulon. D'un autre côté, les généraux Pereymond et Loverdo, ayant organisé des troupes dans le district de Digne, marchaient contre l'armée du Var. Le maréchal Brune, attaqué de front par les Piémontais, et harcelé sur ses derrières par les généraux Pereymond et Loverdo, songea à sauver Toulon, qu'il craignait de voir livrer à l'ennemi, malgré la résistance du général Verdier, qui n'avait que quinze cents hommes à ses ordres (*). Il conclut, le 9 juillet, un armis

(*) Deux bataillons de marine.

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