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A notre aile droite, le maréchal Grouchy avait fait bien peu de mouvemens. Nous avons vu que le général Berton avait rendu compte, dès le matin, que le gros de l'armée prussienne s'était retiré sur Wavre. Il reçut l'ordre de se rendre, avec sa brigade de dragons (14° et 17° régimens), devant Gembloux; il y arriva vers neuf heures du matin, et put reconnaître le corps de Bülow, qui était encore en position derrière l'Orneau. Peu après, le général Chastel y vint avec la brigade Bonnemain (4° et 12° régimens), et lorsque, vers deux heures, le corps de Bülow se mit en retraite par Sart-à-Walhain et Tourines, la division Chastel traversa la ville à la suite de l'ennemi. Le maréchal Grouchy la fit arrêter à une lieue de là, où elle fut rejointe par la division Strolz. Le corps du général Excelmans prit alors position, jusqu'à la nuit, à une lieue en avant

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de Gembloux. La brigade Bonnemain fut poussée jusqu'à Walhaing et ce général rendit également compte de la rétraite des Prussiens sur Wavre. Un rapport pareil fut encore fait par le colonel Chaillot, qui avait été envoyé à Perwez-le-Marché avec son régiment (15° dragons). Les 3 et 4° corps et la division Maurin restèrent à Gembloux, où le maréchal Grouchy établit son quartier-général. Le général Pajol, avec les divisions Soult et Teste, revint de Saint-Denis, par Bossières, s'établir à Mazy.

Il ne pouvait pas y avoir de difficulté pour l'aile droite, de s'établir le 17 au soir, à Sart-àWalhain, où se trouvait déjà la brigade du général Bonnemain. De ce point, au champ de bataille de Ligny, il n'y a que quatre petites lieues ou neuf mille toises au plus. En admettant que l'ordre de marche n'ait été donné que vers midi, à deux heures, toutes les troupes devaient être en mouvement, et elles pouvaient arriver avant neuf heures, malgré le mauvais état des chemins. Le lendemain il ne restait au maréchal Grouchy que trois lieues à parcourir, et il pouvait être arrivé à dix heures du matin devant Wavre. Le maréchal convient (*) qu'il avait reçu l'ordre de suivre les Prussiens, d'attaquer leur arrière-garde, et de ne jamais les perdre de vue.

(*) Observations sur l'ouvrage du général Gourgaud. Paris, 1819, pages 12 et 68.

Il convient encore (*) qu'à son arrivée à Gembloux, il apprit que les colonnes prussiennes avaient quitté la route de Namur, et qu'il jugea qu'elles se retiraient sur Bruxelles ou Louvain. Dans l'un et dans l'autre cas, c'était à Wavre qu'il devait se rendre, pour les atteindre et couvrir la colonne de gauche. Les Prussiens avaient douze heures d'avance, dira-t-on : cela est vrai, pour les corps qui avaient combattu à Ligny; mais le corps de Bülow n'était parti de Gembloux que vers trois heures, et ne s'était pas retiré sur Namur, puisqu'il n'avait pas attaqué le général Pajol, à Saint-Denis. Il n'en fallait pas davantage pour indiquer au maréchal Grouchy, qu'il fallait s'avancer encore vers Wavre le même jour. Cependant, le maréchal Grouchy s'arrêta à Gembloux, et rendit compte le même soir, l'empereur Napoléon, de son indécision au sujet de la direction qu'avaient prise les Prussiens. Plus tard, vers deux heures du matin, lorsque les guides qui avaient conduit la colonne prussienne rentrèrent, le maréchal Grouchy, ne pouvant plus douter de la direction de leur retraite, annonça à Napoléon qu'il partirait au point du jour pour se rendre à Sart-à-Walhain. Nous trou vons dans l'ouvrage du général Gourgaud (**), que l'empereur Napoléon expédia au maréchal

(*) Observations sur l'ouvrage du général Gourgaud, page 13. (**) Page 82.

Grouchy, le 17, à dix heures du soir, un officier d'état-major pour lui annoncer qu'il était en présence de l'armée anglaise, et lui prescrire de se rapprocher du restant de l'armée. Le maréchal Grouchy nie l'existence d'une dépêche de cette date qu'il n'a pas reçue. La mission était-elle verbale, ou la dépêche se trouve-t-elle sur le registre du major-général? C'est ce que nous ignorons encore. Mais un fait vient à l'appui de l'assertion du général Gourgaud. Dans la nuit du 17 au 18, un officier d'état-major français fut tué, avec son ordonnance, sur la route romaine, au-delà de Marbais, par des fuyards et maraudeurs prussiens, embusqués dans les broussailles (*). Au reste, la question est de peu d'importance, car un ordre qui n'est pas parvenu, peut être censé n'avoir pas été donné.

Les dispositions préparatoires du duc de Wellington étant achevées, dans la nuit même du 17

(*) Un fait singulier est rapporté dans le Journal Militaire antrichien *(1819, 7o cahier, pages 66 et 67), et on ne le cite ici que parce que l'impartialité de l'auteur, et l'indication des témoins semblent y donner du poids. Selon l'auteur, M. Delrue, chez qui le maréchal Grouchy logeait à Gembloux, aurait dit que, « le 17, à onze heures du soir, le prince « Jérôme, et un aide-de-camp de Napoléon, arrivèrent chez le maré« chal, et lui témoignèrent leur étonnement de le trouver encore là. « Ils lui répétèrent le contenu des ordres, qui déjà lui avaient été ex« pédiés, et qu'il n'avait pas reçus. A deux heures du matin, ils repar« tirent chargés d'une dépêche du maréchal Grouchy. »>

Nous avouons qu'il nous paraît assez etrange que, si cette mission a existé, ce soit précisément le prince Jérôme, commandant une division, qui en ait été chargé.

au 18, il en prévint le maréchal Blücher, et convint avec lui des mouvemens principaux qui auraient lieu, d'après le système d'attaque de l'armée française; il ne pouvait pas méconnaître la faiblesse de la position de son aile gauche. Elle était en l'air, et n'avait pour appui, que celui que l'armée prussienne devait lui donner. Il n'en était pas de même de son aile droite, qui touchait à Braine-la-Leud, et que l'ennemi ne pouvait pas même attaquer de front, sans quitter la ligne d'opérations de Charleroi, pour prendre celle de Nivelles. Toutes les probabilités se réunissaient donc, pour faire présumer que Napoléon attaquerait l'aile gauche de l'armée anglaise, afin de la séparer tout-à-fait des Prussiens. Cependant Wellington, pour ne pas s'écarter des règles scolastiques, établit dans ses communications avec Blücher, même les possibilités improbables. Il classa les dispositions de la bataille qu'il allait livrer, dans trois cas généraux, en en proposant en même temps les solutions. Voici comme il les établit.

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1 CAS. L'armée française attaque l'aile droite des Anglais.

Alors l'armée prussienne s'avancera par SaintLambert sur Ohain, pour entrer de là en ligne.

2o CAS. L'armée française attaque le centre ou la gauche des Anglais.

Alors un corps prussien viendra, par Lasne, s'établir sur le plateau entre Frichermont et Ay

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