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CHAPITRE III.

la France.

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Conséquences militaires de la bataille de Waterloo. Ressources de Moyens des coalisés. — Conséquences politiques. · Situation de la France depuis le 20 mars. - Retour de Napoléon à Paris, et son effet. Les deux chambres se déclarent en permaMessage de Napoléon. · Nomination d'une commission de salut public. Délibération de cette commission, et ses conséquences. Abdication de Napoléon. - Nomination d'un gouvernement provisoire. - Réflexions sur les actes du 22 juin.

nence.

LES Conséquences militaires de la bataille de Waterloo n'étaient rien, ou au moins bien peu de chose; ses conséquences politiques furent terribles, et elles pouvaient être encore bien plus désastreuses qu'elles ne le furent. Ceux de nos lecteurs qui ont parcouru toutes les phases de la guerre que nous avions soutenue jusqu'alors pour le maintien de notre indépendance; ceux qui ont vu réparer, par le patriotisme des Français, des revers bien plus signalés, des désastres bien plus grands; ceux, en un mot, qui ont connu la situation de leur patrie en 1793, en 1795 et en 1799; ceux-là nous accorderont facilement la première

moitié de notre proposition. Nous aimons à croire que ce sera la majorité. Les autres croiront peutêtre y voir un paradoxe; c'est ce que nous allons examiner.

Nous avions perdu trente-sept mille hommes et deux cents canons; l'ennemi en avait perdu près de cinquante-quatre mille (*) : tel était le résultat des événemens qui s'étaient passés dans le nord, du 15 au 20 juin. Nous avions donc sacrifié un cinquième de la totalité de nos armées disponibles, et la coalition, seulement un dixhuitième. Mais était-ce sous ce point de vue qu'il nous convenait de considérer la situation défensive de la France? Avait-on jamais pu croire qu'une seule bataille, gagnée ou perdue, dût amener d'un seul coup la fin de la guerre? En un mot, les destinées de la France devaient-elles reposer en entier sur l'armée du nord? Nous avons vu dans l'introduction et dans le chapitre 1°, quelles étaient les ressources qui avaient été préparées pour une guerre défensive. Sur plus de cent vingt mille hommes, existans dans les dépôts des différens régimens (**), près de quarante

(*) Voyez Pièces justificatives, No XXII.

(**) Troupes existantes dans les dépôts au 15 juin.

3o, 4* et 5o bataillons des régimens d'infanterie.. $5,000 hommes. Régimens étrangers

8,000

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mille étaient armés, équipés, et prêts à marcher. L'armée du Rhin était disponible, et pouvait rejoindre Paris par la rive gauche de la Seine. Les régimens de marine étaient organisés; on pouvait tirer deux cents bataillons d'élite de vingt-deux départemens, des 14°, 15°, 18°, 21° et 22° divisions militaires; ceux des sept départemens de la re division étaient sous la main. Nous allons établir le calcul de la masse des moyens qui nous restaient encore à opposer à l'ennemi, en restant dans le système défensif.

La ligne des frontières étant abandonnée, les places fortes, depuis Huningue jusqu'à Dunkerque, se trouvaient couvertes ou gardées par les bataillons mobiles des 2o, 3o, 4o, 5o et 16° divisions, au nombre de cent quarante-six. L'armée des Alpes et le corps des Vosges, se réunissant à Lyon, y conduisaient dix-huit mille hommes de troupes de ligne, et les cinquante-huit bataillons mobiles des 6° et 7 divisions; ceux de la 19°, au nombre de quarante, auraient porté l'armée de défense

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de ce point stratégique, à plus de quatre-vingt mille hommes, dans les premiers jours de juillet. C'en était assez pour paralyser l'armée du général Frimont et la plus grande partie de celle du prince Schwarzenberg. Nous ne parlons pas de l'arméc du Var et des corps de Toulouse et Bordeaux, qui comprenaient, outre environ douze mille hommes de ligne, les bataillons mobiles des 8o, 9°, 10° et 11° divisions: il aurait été possible d'en disposer plus tard. L'armée de la Vendée elle-même, qui comptait près de quinze mille combattans, aurait pu être dans le commencement de juillet sous les murs de Paris; nous avons vu que la perte de la bataille de Waterloo n'a pas empêché les Vendéens de se soumettre.

Cependant il restait encore quarante mille hommes des troupes qui avaient combattu à Waterloo; le maréchal Grouchy en ramenait vingthuit mille; les dépôts seuls de la garde pouvaient fournir six mille hommes. Nous avions perdu des canons, mais la plus grande partie des chevaux du train avaient été sauvés, et nous pouvions encore atteler deux cents bouches à feu, qu'il était aisé de tirer des parcs de Vincennes et de Paris. L'armée du Rhin, en lui donnant télégraphiquement l'ordre de se mettre en mouvement le 22 juin, pouvait arriver le 6 juillet à Paris, pour peu qu'elle voulût hâter sa marche (*). Pour ne

(*) En faisant 18,000 toises par jour, ce que nos armées ont fait bien

souvent.

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