Page images
PDF
EPUB

aux conditions du traité qui, ainsi qu'on le dit confidentiellement, a été signé le 3 à six heures après-midi. La nouvelle la plus vraisemblable, et que nous donnons sur l'autorité d'un avis particulier, annonce que Landau, Sarre-louis et Philippeville seront cédés par la France, qu'elle payera une contribution de 700 millions de francs et qu'une armée alliée de 150,000 hommes sera entretenue à ses frais pendant quelques années. Nous ne donnons ces conditions que comme des approximations de la substance du traité dont les détails ne seront rendus publics qu'après la réunion des chambres. Il paraît certain que l'ouverture de la session législative a eu lieu Samedi dernier, attendu que la réunion préalable du roi et des députations des deux chambres, à la messe préparatoire du Saint Esprit, était fixée au Vendredi 6. Les papiers publics parlent à peine de ce qui fait le principal objet de la plupart des lettres particulieres l'enlévement des tableaux, des statues et d'autres objets d'art. Il n'existe qu'une légere allusion à cette circonstance dans un journal, et c'est la mention de quelque dommage supposé avoir été fait à la Vénus de Médicis, par le défaut de soins et la précipitation avec laquelle elle a été retirée du musée. Des avis particuliers, nous sommes fâchés de le dire, annoncent l'existence d'une forte animosité contre les Anglais, que l'on suppose convoiter pour euxmêmes la possession de quelques-uns des plus beaux monuments des arts. Cet injuste soupçon a vraisemblablement été provoqué par les propos déraisonnables qu'ont tenus à cet égard quelquesuns de nos compatriotes. Toute cette affaire a pris une tournure malheureuse; la justice exigeait que les fruits de la rapacité révolutionnaire fussent rendus à leurs vrais possesseurs et cette vérité était aussi évidente au moment de la reddition de

Paris qu'elle l'est aujourd'hui. On assure même que notre illustre héros déclara à cette époque ses intentions à Fouché, et il est vivement à regretter qu'elles n'aient pas été immédiatement mises à exécution avec le concours publiquement avoué du Roi de France; mais malheureusement le Roi et ses alliés placerent alors leur confiance dans des hommes qui n'en méritaient aucune, qui les tromperent, et à la duplicité desquels est due cette maligne irritation de l'esprit des Parisiens, qui, nous l'apprenons avec peine, se dirige principalement aujourd'hui contre les Anglais. Ce délai a occasionné l'inconvénient ultérieur que, lorsqu'enfin la mesure a été exécutée, elle l'a été précipitamment et sans une grande attention à la sensibilité du monarque luimême. Quelques rapports vont jusqu'à donner à entendre qu'on est entré une fois dans les appartements de Sa Majesté, pour faire la recherche de quelques tableaux qui manquaient au musée. Nous espérons que ces assertions se trouveront erronnées. Tout défaut de respect pour la personne du Roi de France retombe dans ses conséquences sur notre propre souverain et sur tous les autres. Les Français aussi sont plus sensibles à ce manque de bienséance que nous ne sommes disposés à le croire. On annonce, qu'un soir de la semaine derniere, deux étrangers étaient entrés par hasard, dans la loge du Roi à l'un des théâtres, les cris de "respect à la loge royale" retentirent de toutes parts et les obligerent promptement à se retirer. Il faut avouer encore que les basses, perfides et persévérantes calomnies des révolutionnaires contre la maison royale de Bourbon, ont par leur répétition continuelle, fait une impression plus profonde sur les esprits des anglais qu'on aurait pû le désirer. C'est la raison pour laquelle il n'est pas

difficile aux artificieux partisans du jacobinisme, de donner à nos compatriotes qui vont voir cette capitale, des notions très erronnées sur le Roi et sur les autres membres de sa famille. Les gens dont ils pourraient recevoir des informations plus exactes, sont malheureusement peu en état d'exercer une hospitalité étendue; tandis que les êtres méprisables et corrompus des deux sexes qui ont brillé à la cour de Buonaparte sont encore chargés de richesses et de titres. Leur société est consé

quemment recherchée par le voyageur peu refléchi qui devient la dupe de leurs artifices et croit facilement à leurs impostures. C'est donc un service essentiel à rendre à ceux de nos lecteurs dont l'intention est d'aller visiter Paris, que de leur recommander de s'informer, avant d'entrer dans un hôtel splendide, si le maître ou la maîtresse, dans le cours de la révolution, ne s'est pas déshonoré par quelque crime infâme ou par quelque tâche notoire. Quel spectacle humiliant que celui d'avoir vu des personnes de notre plus haute noblesse faire leur cour à Murat, qui sur le trône ne ressemblait pas plus à un prince qu'il n'en avait eu autrefois l'apparence dans une écurie! Loin de nous l'intention de parler irrespectueusement des vertus qui souvent répandent de l'éclat sur les conditions les moins élevées. Avec quelle vénération nous contemplerions les parents du pauvre paysan Cathelineau, premier chef des Vendéens!. Il a péri pour son Roi, son pays et son Dieu. Son frere cadet se mit après sa mort à la tête d'une autre réunion, et mourut aussi glorieusement. Deux autres freres, quatre beau-freres et seize cousins germains du général Cathelineau, ont tous succombés dans la même cause honorable, les armes à la main. Un fils et quatre filles de ce général existent encore, mais ils restent dans un état de misere absolue, confondus parmi les paysans de la Ven

dée. Si le mérite héréditaire a donné un titre aux honneurs, le jeune Cathelineau doit certaine ment être créé pair de France. Que l'on compare maintenant la' vertueuse pauvreté de cette famille héroïque avec la vie d'un Fouché telle qu'elle est décrite d'après ses propres actes officiels dans un mémoire récemment publié. Il est difficile de concevoir comment l'auteur des crimes qui s'y trouvent détaillés a pu jamais fixer l'attention de personnes ayant droit à une considération ordinaire. Cependant par des moyens étranges il est parvenu à se faufiler dans la confiance de Louis XVIII et du duc de Wellington, et il en est résulté qu'il les a trompés tous les deux. On trouve dans une gazette d'hier un nouveau rapport de cet insidieux ministre. On prétend que cette piece a été adressée le 8 Août dernier aux ministres des puissances alliées. Il y est dit avec la fausseté la plus grossiere et la plus insultante, que "le Roi depuis son retour à Paris a trouvé dans tous les cœurs les éléments d'une prompte pacification." Il est vrai que la grande majorité est disposée à obéir aux lois et au Roi; mais il est également vrai et également notoire qu'il existe une faction activement conspiratrice qui travaille à l'anéantissement de l'un et de l'autre. Dans ces derniers jours le ministre de la police s'est même vu forcé d'arrêter quelques individus qui étaient impliqués dans un nouveau complot. Le rapport continue de spécifier avec le même mépris pour la vérité, que dans le cours de l'année derniere "un zele imprudent et outré pour les regles et les maximes de l'ancienne monarchie a fait commettre beaucoup de fautes," tandis qu'il est aussi clair que le jour que les fautes du gouvernement étaient dans un sens tout à fait opposé et que presque toutes les anciennes regles et maximes de la monarchie, (comme on se VOL. LI.

H

plait à les appeller) étaient délaissées et méconnues. Il est certain que les représentants actuels de la nation recourront plus décidément à ce qu'on appelle les anciennes institutions de la monarchie subsistante, et qu'ils chercheront en quelque sorte à remplir la longue lacune qui, pendant ces 25 dernieres années, a séparé la monarchie d'ellemême. Le rapport entreprend ensuite de prouver "qu'il n'y a pas eu de conspiration pour ramener Buonaparté :" et il argumente sur l'état des choses, après que celui-ci se fût ressaisi du pouvoir, d'une maniere entierement subversive de toutes les idées de loyauté et de fidélité envers le souverain ;-" Nous ne connaissions pas les projets du Roi." "On craignait que les ministres ne voulussent persister à donner dans les mêmes erreurs que le gouvernement précédent,-et ces arguties sont gravement données comme des motifs justificatifs du parti pris de rester en rébellion. Que dirions-nous dans ce pays-ci d'un ministre qui oserait traiter ses devoirs envers un souverain avec un mépris aussi avéré?-Il faut espérer que les yeux de la France et du monde entier s'ouvriront maintenant sur le caractere véritable d'une pareille politique révolutionnaire. Plusieurs écrivains très-instruits et très-éloquents ont déjà commencé à la montrer sous son vrai point de vue. donnons quelques extraits d'une brochure intitulée le Contrepoison, dans laquelle l'auteur fait voir la coïncidence des sentiments entre les deux fameux rapports attribués à Fouché et les productions mises au jour l'année derniere par Carnot et Méhée. Quelque temps après la chûte de Robespierre il parut un ouvrage intitulé: la Queue de Robespierre. Ces rapports, dit l'auteur, peuvent être aussi appelés la queue de Carnot et de Méhée.

Nous

« PreviousContinue »