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et à prendre des mesures efficaces pour parvenir à ce but important. Le roi a indiqué dans son discours les branches principales de leur travail et l'ordre dans lequel il devra s'effectuer. Commençons par ce qui devrait être la premiere et la derniere des méditations humaines, la religion. L'adresse électorale du Haut-Rhin aborde ce sujet avec une éloquence entraînante et pleine d'intérêt. "Que la religion sous le fils de St. Louis devienne encore une fois la gardienne du trône, la conservatrice des mœurs, l'auxiliaire des lois! Qu'elle et ses ministres obtiennent enfin la protection si nécessaire après de longues persécutions, et des revenus sans lesquels cette profession sacrée, doit comme toute autre, cesser bientôt d'exister dans l'état." Le grand politique, qui en proposant jadis de tirer des propriétés du clergé de quoi subvenir aux besoins de la nation, déclara en même temps qu'un revenu de 100 millions était une juste compensation pour les propriétaires des biens éclesiastiques, vit encore,* et doit sans doute désirer de voir mettre sa proposition à execution. Que l'on ne dise pas que les finances sont en mauvais état. Elles le sont aussi et l'ont été depuis long-temps en Angleterre, mais toutes les classes doivent supporter leur quote, part du fardeau de l'état, et nous n'avons jamais pensé à dégrader notre clergé ni à le réduire à la mendicité, afin de soutenir le crédit public.

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SUR LE DISCOURS DE S. M. LOUIS XVIII.

Extrait du Courier, du 13 Octobre.

Nous avons hier brièvement examiné deux points dans le discours par lequel le Roi de France a ouvert la session du corps législatif: le premier, l'omission de l'épithete Alliées en parlant des puissances étrangeres. L'intention était probablement d'insinuer que les puissances étaient moins alliées pour entamer des négociations pacifiques, que pour prendre des mesures hostiles. On assure à Paris (et nous n'avons pas de motifs pour croire cette assertion fausse) que la Russie était moins disposée à imposer des conditions séveres à la France que les autres puissances, et cette assertion tire un degré d'importance considérable d'une circonstance qui a occasionné une très-grande surprise, c'est qu'on a vu le gouvernement français accorder des honneurs aux principaux officiers de l'armée russe, qui n'ont pris aucune part à la grande bataille par laquelle l'usurpateur a été renversé et le souverain légitime replacé sur son trône. On croit que l'empereur Alexandre a été d'avis de laisser la France dans la situation où elle était placée, l'année derniere, par le traité de Paris; et de là les panégyriques de Sa Majesté Impériale qui ont retenti dans les papiers français, tandis qu'à peine a-t-il été dit un mot en faveur des autres grandes puissances. Dans les journaux que nous avons reçus ce matin, nous voyons annoncé d'une maniere très-saillante que lorsque l'empereur Alexandre passa à Rheims, la populace le salua des cris de vive l'ami de notre bon roi! comme si Sa Majesté Impériale méritait seule ce titre !-comme si, sans vouloir manquer au respect et à la justice due aux efforts de Sa Majesté, la Grande-Bretagne, la Prusse et l'Au

triche, (les deux premieres surtout,) n'avaient pas prouvé par leurs sacrifices de sang et d'argent, qu'elles méritaient au moins aussi bien ce titre que l'empereur de Russie! Mais ce dont les Français en général aiment à parler et à se vanter, c'est que la Russie est disposée à former les liaisons les plus intimes avec la France, et que nous la verrons aussi étroitement unie à la puissance qu'elle a combattue, qu'elle l'a été elle-même avec celles avec lesquelles elle a fait cette guerre. Nous ne faisons que répéter le langage des Parisiens. Ceuxci peut-être ne font qu'exprimer des vœux qui ne respirent qu'hostilités et vengeance contre la Prusse, la Grande-Bretagne et l'Autriche, mais plus particulierement contre la Prusse et l'Angleterre. Mélange inconcevable de vanité, d'égoïsme et d'aveuglement ! Ils se plaignent de l'injustice qui a été exercée contre eux, ils crient hautement contre la conduite qui a été adoptée à leur égard, ils parlent et agissent comme si le traitement qu'ils éprouvent n'était pas la conséquence et la punition de leurs atrocités passées, mais bien une cruauté non méritée, non provoquée !-Comme si, au lieu de recevoir un châtiment comparativement doux des crimes et des forfaits d'un quart de siecle, ils avaient été attaqués avec la plus grande injustice au milieu des soins qu'ils prenaient pour former des liens d'amitié, de bonne intelligence et de paix avec leurs voisins! Ils ne se rappellent pas, ou ne veulent pas se rappeler, quand ils déclament contre la Prusse, que les Prussiens n'ont pas été autant de mois en France que les Français n'ont été d'années en Prusse-Que les Français, au lieu de faire en Prusse ce que les Prussiens ont fait en France, protéger et soutenir le monarque légitime, ont tourmenté, vexé, insulté, humilié Sa Majesté Prussienne de toutes les manieres imaginables.Que les insultes grossieres et inhumaines du tyran

auquel ils obéissaient et qu'ils caressaient, ont précipité dans la tombe ce modele de vertu et de beauté, la reine de Prusse qu'elles ont fait mourir de chagrin! Si, oubliant ou mettant de côté ces sentiments de douceur et de clémence qui ont toujours dirigé ses actions, le roi de Prusse avait donné un libre cours à toute sa colere; s'il était accouru chez la nation française, la vengeance dans le cœur; s'il avait fait retomber sur elle tous les crimes et toutes les insultes qui lui ont plongé dans le cœur un trait que la mort seule pourra en arracher; s'il avait déversé sur elle tout le torrent de sa colere et de sa puissance, nous aurions pu dire qu'il aurait agi avec sévérité, mais les Français seraient convenus que "cette sévérité était une justice." Ayons toujours présent à l'esprit que la conduite des Français envers les autres nations a été le résultat d'un désir effréné de s'aggrandir, de soumettre et de tyranniser les autres nations, tandis que la coalition de ces dernieres contre la France a eu pour but de rétablir son indépendance et sa sécurité, ainsi que d'empêcher la France de répéter ces mêmes scenes d'insulte et d'agression. Leur bon roi est entierement à l'abri de ces accusations et n'a participé à aucun de ces actes de cruauté et d'oppression. Il aurait pu leur dire avec l'accent du reproche le plus amer, mais le plus juste:

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Voyez les effets des serments violés, de la perfidie et de la trahison-Vous avez préféré la tyrannie d'un homme qu'aucun lien, qu'aucunes lois humaines ou divines ne pouvaient enchaîner, au gouvernement débonnaire de votre souverain qui avait pris pour guides la loi et la constitution Aucun de vos bras ne s'est levé pour sa défense Vous n'avez pris aucune mesure pour assurer ou protéger son trône-Vous avez vu son départ avec indifférence et apathie-Vous avez ouvert les portes

de votre coupable cité à un usurpateur qui a porté la désolation dans toute l'Europe-Vous n'aviez point à faire valoir pour excuse l'ignorance où vous étiez de son caractere et de ses desseinsUne longue expérience ne vous avait laissé aucun doute sur son ambition insatiable, sur son naturel dépourvu de remords Vous avez préféré la tyrannie à la liberté, le crime à la vertu, la cruauté à la clémence, et c'est pour cette raison que tous ces malheurs ont fondu à-la-fois sur vous-Dieu et l'homme vous ont combattus-Vous avez attiré une seconde fois sur vous les forces et la vengeance combinées de l'Europe, et l'indulgence n'ayant produit aucun effet sur vous, la douceur doit faire place à la sévérité et au châtiment.

Le second point du discours auquel nous faisons allusion se rapporte à une phrase que quelques personnes ont considérée comme une plainte indirecte contre les alliés. Les expressions sont: "J'ai conclu avec les puissances qui, après avoir renversé l'usurpateur, occupent aujourd'hui une grande partie de notre territoire, une convention."

Le Roi n'a sûrement pas pu penser que tout ce que les Alliés avaient à faire était d'effectuer la chûte de Buonaparte, et qu'ils auraient dû se retirer au moment où celui-ci s'était rendu à bord du Bellerophon. Ce n'était pas Buonaparte seul, mais ses principes et ses partisans qu'il fallait renverser. Pourquoi l'armée a-t-elle été licenciée, si ce n'est parce qu'elle a violé son serment et qu'elle était en conséquence regardée comme indigne de la confiance du monarque légitime? Hélas! Qui eût eu autant de motifs de se plaindre des alliés que les Bourbons eux-mêmes, s'ils s'étaient conduits de cette maniere? Le roi eût pu leur dire ; "Vous n'avez qu'à moitié rempli votre mission-Vous nous avez fait retentir à l'oreille le mot de promesse, mais vous l'avez violée en anéantissant mes VOL. LI.

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