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Loix ne plaifoient point à l'un ou l'autre parti, le Sr. Drewnowski, Secretaire de la Diéte, fe rendant au Greffe, les changeoit au gré des parties, aux quelles ces Loix n'étoient point favorables. C'est ce qui eft arrivé à l'égard d'une Loi très-ancienne dans le Duché de Mafovie, où eft fitué Varfovie. Cette Loi porte défense aux Juifs d'appro¬ cher de cette ville & leur ordonne de s'en tenir éloignés de trois milles : la derniere Diéte l'avoit confirmée; mais lorfque la bourgeoisie en a demandé l'exécution, il eft furvenu un différent qui a été porté par devant le Confeil-permanent. Les Juifs ont préfenté une Loi de la même Diéte, qui leur permet de refter à Varsovie & d'y continuer leur commerce derriere les foffés. Le Confeil-permanent a été furpris de trouver deux Loix contradictoires fur la même mațiere. On a eu recours aux Actes publics, dont le Sr. Puchata eft le gardien; cité luimême par devant le Confeil-permanent, il a avoué que le Sr. Drewnowski, Secretaire de la Diéte, avoit raïé des Actes la Loi, portant que les Juifs s'éloigneroient de trois milles de Varfovie, & fubftitué cette autre qu'il leur feroit libre de demeurer derriere les foffés de la ville & d'y faire commerce. Ce n'eft pas la feule fourberie découverte en pareille matiere, & l'on doit pourfuivre très-férieufement cette affaire.

Il est arrivé ici un conflit de Jurifdi&tion fort éclatant entre le Prince Martin Lubomirski, Starofte de Bar, & le Comte Rze

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wuski, Maréchal de Cour de la Couronne. Le premier de ces Seigneurs avoit fait emprifonner il y a quelque tems & détenir dans les caves de fon palais quelques perfonnes pour des délits affez légers, entre autres fon Ecuïer, Gentilhomme polonois de bonne famille, coupable d'avoir vengé par un foufflet des épithètes offen fantes, que lui avoit données une fille au fervice de ce Prince, pour la quelle celui-ci femble avoir beaucoup d'affection. Non content de les avoir long-tems tenues enfermées, il vouloit les faire punir; mais, comme il n'a point de jurifdiction à Varfovie, il avoit formé le projet de les faire tranfporter dans fa Staroftie de Bar. Le Comte Rzewuski, qui comme Maréchal de Cour de la Couronne eft feul compétent pour de pareils délits à Varfovie, aiant été informé de ce deffein, réclama les prifonniers mais le Prince Martin Lubomirski, opiniâtre dans fes entreprises, refufa d'y déférer, & donna mê me ordre d'exécuter le tranfport au plûtôt. On mit les prifonniers fur un chariot, & on les emmena par le fauxbourg de Cracovie fous l'escorte de quelques Huffars de la maifon de ce Prince. Le Maréchal de Cour, de fon côté, fe voïant ainfi obligé de réfifter à une violence ouverte, envoïa auffitôt un détachement de vingt Uhlans, qui fe faifirent du chariot, de l'efcorte & des prifonniers qu'ils ramenerent: mais cette expédition n'a pû fe faire, fans qu'il y ait eu plufieurs bleffés de part & d'autre. L'affaire va, dit-on, être portée devant le Tri

bunal

bunal du Maréchal. On écrit de Lemberg que le même Prince Lubomirski a levé un corps de quelques centaines d'hommes parmi les quels il y a des déferteurs allemands. Un Officier avec 80 hommes vint pour les demander, mais on dit que le Prince les fit defarmer; fur quoi on envoïa ordre d'Allemagne de fe faifir de fa perfonne.

Des avis de la Grande-Pologne portent que les Pruffiens font encore arpenter quelques diftricts de cette Province, fur-tout depuis le lac Goploer jufqu'à la Warthe & qu'ils doivent creufer un canal de communication entre ce lac & cette riviere, qui par-là deviendroit la frontiere des Etats de S. M. Pruffienne. D'autres avis de Podolie donnent à entendre que le nombre des régimens ruffes s'y augmente tous les jours; ce font les mêmes qui avoient quitté il y a quelque tems ce Palatinat. Ils y rentrent, fous le prétexte de courir après leurs déferteurs; mais néanmoins ils s'y établissent & y forment en même tems de grands maga

fins.

Le Magiftrat de Dantzick vient d'effuïer encore une nouvelle difgrace; il avoit défendu aux Juifs pruffiens qui étoient dans la ville de fortir pour aller à la foire de Neu-Schottland. Sa Maj. Pruffienne ne paroît pas avoir été fatisfaite de cette défense; elle a foumis auffi tôt à un nouveau droit de 24 pour cent, les vaiffeaux destinés pour Dantzick, & qui étoient du côté de la mer,

Plufieurs marchands ont mieux aimé décharger leurs vaiffeaux que de païer ce droit.

Il y a eu ici ces jours derniers un orage auffi violent qu'extraordinaire. Le tonnerre eft tombé fur l'aile droite du palais de Bruhl, appartenant aujourd'hui au Prince Poninski. Une muraille en a été fendue & les tuiles en ont été pulvérifées dans la même direction. Il y a eu des plaifans qui ont fait à cette occafion des réflections divertiffantes mais un peu trop malignes.

ESPAGNE.

MADRID (le 30 Août.) Tout confirme que la flotte ne tentera pas cette année une nouvelle entreprise contre Alger; la partie femble remife au printems prochain; mais il peut furvenir d'ici à là des évenemens qui changeront la difpofition des chofes. Il paroît du reste que nos Généraux en chef auront des défagrémens à effuïer au fujet de notre échec fur les côtes d'Afrique. On les a embarqués fur un vaiffeau de guerre pour Cadix, d'où ils viendront probablement à lat Cour pour y rendre compte de leur conduite. Ce qu'il y a de plus fâcheux, c'est que la nation en général eft fort mécontente du mauvais fuccès de l'effai qu'on vouloit faire contre les puiffances barbarefques; & elle fait éclater tout haut fon mécontentement par une foule d'écrits fatyriques qui fe répandent journellement. La fermentation: elt fur-tout très-considérable dans cette capitale,

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pitale, où l'on ne ceffe d'afficher des pafqui nades & des fatyres, malgré la vigilance & la févérité du gouvernement. Mr. le Comte d'Aranda, notre Ambassadeur à Paris, a remis aux Miniftres étrangers un mémoire, tendant à prouver, que toutes les Puiffances chrétiennes font intéreffées à la deftruction de ces pirates maures, qui troublent le commerce de l'Europe & qui exercent fouvent des cruautés inouies envers les Chrétiens, devenus leurs captifs ; & les Souverains qui fe laiffent peu glorieusement rançonner par ces brigands maritimes, font exhortés à fe réunir plûtôt au Roi d'Efpagne pour les dompter, de maniere à n'en avoir plus rien à craindre. On dit encore que les Maures veulent aller contre 'Oran & Mélille, & que les Saletins qui fe font unis à eux, doivent y tranfporter par mer plufieurs groffes pieces d'artillerie pour le fiege de ces deux places. C'eft pourquoi on a fait partir de nos ports la petite flottille des chébecs fous le commandement de Dom Barcelo pour croifer dans ces mers & s'oppofer à ce tranfport d'artillerie. Nous armons trois vaiffeaux de guerre pour Buenos-Ayres où les Portugais paroiffent avoir des projets qui nous engagent à nous tenir fur nos gardes.

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qui

La Cour a reçu avis, que les vaiffeaux de guerre le Rufé & le St. Michel, & les hourques le St. Charles & la Santa Rita arriverent le 11 de ce mois de la Havane à Cadix, ont eu à bord, pour le compte de

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