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conduire au marché de la Ferté la quantité de trois minots de blé par semaine et par charrue, jusqu'au 15 août prochain. Depuis ce moment la paix est dans les campagnes, l'abondance dans le marché, et la liberté sur la route.

PONTAVEST (Département de l'Aisne). Ce village n'a pas plus de cent vingt feux. Sous l'ancien régime, il fournissoit, conjointement avec cinq ou six paroisses voisines, un milicien. Sous le régime de la liberté, Pontavest a vu quinze de ses généreux enfans voler au secours de la patrie.

PARIS. Le roi a nommé pour ministre des contributions M. Clavière, célèbre par ses grandes lumières en finances; et M. Roland de la Platière,, connu par de bons écrits sur le commerce; tous deux d'un patriotisme éprouvé.

L'argent a diminué; les effets publics ont gagné considérablement, Les agioteurs, qui espéroient voir les assignats à cent pour cent de perte, étoient désolés. Quel métier, quelle industrie, que celle qui fait qu'un homme s'arrache les cheveux quand la chose publique s'améliore et fleurit!

Un banquier de Paris, M. le Normand, vient de faire une banqueroute de douze à treize millions. Nouvelle leçon, nouveau châtiment des spéculations. démésurées du monopole ! Il faut dire des accapareurs ce qu'on a dit des habitans de Sodome.

Contre eux à quoi bon le tonnerre ?

Pour détruire ces vilains-là,

Dieu n'avoit qu'à les laisser faire.

N. B. Nous avons omis d'annoncer sous son véritable titre, l'ouvrage excellent dont l'analyse se trouve dans notre N°. 15; il est intitulé: Accord de la Religion et des Cultes, chez une Nation libre, par Charles-Alexandre de Moy, député-suppléant à l'assemblée nationale, et curé de la paroisse Saint-Laurent à Paris. Il se vend chez Garnery, Libraire, rue Serpente, No. 17. Prix, 24. sous.

De l'Imprimerie de DESENNE, rue Royale, butte S. Roch, no. 25.

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ET VINGT-HUITIEME SEMAINE.

DE LA SECONDE ANNÉE

DE LA

FEUILLE VILLAGEOISE.

Jeudi 4 Avril 1792.

INSTRUCTION

DES Administrateurs du Directoire et Procureură Général-Syndic du Département,

AUX HABITANS DES DISTRICTS RURAUX.

Sur les désordres et les troubles relatifs aux grains.

CITOYEN'S,

Vous désirez que le prix du blé baisse, ou dữ moins qu'il ne s'élève pas; nous formons le même væ que vous. Mais pour empêcher le surhaussement que vous craignez, les habitans de plusieurs communes s'introduisent armés, et en grand nombre, dans les maisons des laboureurs, des fermiers, et autres propriétaires de grains, y font l'inventaire des denrées quž s'y trouvent, font souscrire des soumissions d'en con duire à tel jour déterminé des quantités fixes à des marchés indiqués, et en taxent le prix. Citoyens ! nous devons le dire, ces moyens sont propres à produire à Paris et dans les environs, la disette, et non Quatrième partie.

B

r.

l'abondance; la famine, et non le bas prix des subsis

tances.

Lorsque vous entrez à main armée dans la maison d'un laboureur, pour dresser un état de ses grains, le forcer à en vendre à un jour et à un prix fixes, vous répandez par-tout la frayeur; la frayeur fait que chacun cache sa denrée, où la fait sortir clandestinement du canton, ne fût ce que pour éviter votre visite; et les greniers se trouveront dissipés, sans qu'on sache

comment.

Quand une fois vous aurez fait fuir le blé qui étoit dans votre canton, il faut vous attendre qu'on ne vous en amenera plus du dehors; les laboureurs et marchands ne viendront pas chercher des périls auxquels vos frères domiciliés au milieu de vous se sont à peine soustraits. Figurez-vous un laboureur qui est en route pouramener dix voitures de blé de Melun à Choisy. S'il apprend que sur le marché de Choisy on taxe le blé, et qu'il sera peut-être forcé de vendre ses dix voitures perte, il s'en retournera aussi-tôt dans son pays, et le marché manquera d'autant.

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Ce n'est pas tout; en inquiétant les laboureurs, vous réduisez certainement la culture, et vous diminuez les récoltes à venir. Le laboureur sème pour recueillir; il recueille pour vendre librement; s'il ne peut ni choisir son moment, ni son acheteur, ni son marché pour vendre ses récoltes, il cultivera moins ; celui qui est riche ne cultivera plus; et la terre qui ne produit pas d'elle-même, qui a besoin d'avances, en sera moins féconde.

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Il en est du commerce et de la culture du blé, comme du commerce et de la fabrication de toute autre marchandise. Si, au mépris de la propriété, les laboureurs se réunissoient pour taxer l'ouvrage du charron, du serrurier, du maréchal, du cordonnier, du tailleur, la marchandise du marchand, ils pourroient bien arracher une fois, par la force, la marchandise ainsi taxée; mais la force ne pourroit pas faire que tous ces ouvriers et ce marchand continuassent à travailler et à fournir leurs boutiques et magasins; et ainsi la force qui auroit violé la justice, au

roit aussi blessé l'intérêt de ceux mêmes qui en au roient abusé.

Savez-vous en quoi l'ancien régime étoit le plus ennemi du peuple et de l'abondance? C'est en ce qu'au lieu d'honorer, de chérir, d'encourager les laboureurs, qui sont nos nourriciers, il les molestoit en cent manières; les impôts, les corvées, la milice, les exactions des commis, les vexations des intendans, les insolences de tous les genres tomboient toujours sur eux aussi étoient-ils mal à l'aise; aussi un homme riche ne vouloit-il pas mettre ses capitaux à cultiver la terre, et la terre ne rapportoit pas, à beaucoup près, tout ce qu'elle auroit pu produire. Eh bien, s'introduire de force dans les fermes, y menacer', y faire trembler hommes, femmes, vieillards et enfans, taxer les blés, n'est-ce pas faire pis encore que l'ancien régime? Vous disiez au gouvernement: Honorez les laboureurs, afin que nous ayons du pain; honorez-les donc vous-mêmes, ou craignez la mis

sère.

Prenez garde aussi, citoyens, que vos récoltes et vos greniers ne suffisent pas pour nourrir Paris. Paris a besoin du royaume; mais les départemens éloignés ne répondront pas à nos besoins et à nos demandes, s'ils savent que le trouble est à nos portes, que nos fermiers ne sont pas libres, et que les voituriers qui nous amenerofent des denrées, courroient risque d'être forcés de vendre à un prix arbitraire : réfléchissez que compromettre la subsistance de Paris, c'est non seulement blesser la justice, mais encore compromettre votre propre sûreté; car si Paris cessoit d'être le,' centre de l'abondance, vous ne seriez pas long-temps sans éprouver la disette; au lieu que Paris, pourvu par la France entière, ne laissera pas ses voisins languir dans le besoin.

Voulez-vous que vos marchés soient autant garnis qu'ils peuvent l'être? faites-y une bonne police, faites. y bon accueil au marchand de blé; donnez lui sûreté, protection, encouragement. Le laboureur qui travaille sans cesse pour les besoins de ses frères, ne les délaisse jamais: faites sur-tout qu'il soit hibre et paisible

dans sa maison; car c'est là qu'est la source de l'abondance; c'est dans la sécurité du cultivateur qu'est la sûreté du consommateur.

Fait en Directoire, le 22 mars 1792, l'an 4c. de le Liberté.

Signé LA ROCHEFOUCAULD, président.

Signé BLONDEL, secrétaire.

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INSTRUCTION PASTORALE

D'un Evêque citoyen.

Les méchans prêtres et les nobles orgueilleux ent beau faire; malgré tout ce qu'ils imaginent pour égarer et pour corrompre l'esprit public, il s'éclaire. Les philosophes étoient seuls autrefois contre eux, et l'ont cependant emporté. Que sera- ce donc maintenant que les bons prêtres se joignent aux philosophes; que les exhortations des curés et même les mandemens des évêques respirent la tolérance et la philosophie?

Nous remercions l'un de nos nouveaux prélats les plus zélés, l'un de ceux qui réunissent le plus de civisme et le plus de lumières, M. Massieu, évêque du département de l'Oise, qui nous a envoyé, dans une instruction pastorale, sa profession de foi patriotique. Il pense bien, raisonne juste, et écrit aussi bien qu'il pense. Tous les misérables argumens des réfractaires, qui prétendent que la religion est blessée, que le dogme et la foi sont altérés, il les renverse, et les met en poudre ; il leur prouve que ce sont eux qui, éteignant le feu de la charité, allarmant celui du fanatisme, armant les frères contre les frères, soufflant de toutes parts l'esprit de guerre et de discorde, sont les véritables ennemis d'une religion de concorde et de paix.

Mais en les combattant à putrance, en ne leur laiss

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