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de faire grace à tant de trahisons et d'assassinats! Les peines et les récompenses sont le lien de la société ; l'impunité est un de ses plus grands maux: mais c'est que, dans la guerre civile, il n'existe plus de société, plus de droits, plus de morale, plus de justice. Français, félicitons-nous d'avoir jusqu'aujourd'hui évité ce terrible fléau.

CONTRIBUTION S.

Terminer les opérations des rôles et accélérer le recouvrement, c'est l'objet de ce décret.

Municipalités, districts, départemens, chaque administration choisira des commissaires, soit dans son arrondissement, soit hors de son sein. Ces commissaires, chargés de finir les rôles qui ne le sont pas, on de réformer ceux qui le sont, auront un salaire fixé le corps qui les aura choisis.

par

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Comme tous les termes sont échus, tout contribuable qui voudra former une demande en réduction, ne le pourra faire qu'en payant les deux tiers de sa

cotte.

Les deux tiers des contributions de 1791 sont exigibles au premier avril, et le reste avant le premier juillet.

Les contributions de 1792 seront payables par neuvièmes, de mois en mois, depuis le 31 juillet prochain jusqu'au 31 mars 1793.

Quelque sages que soient ces dispositions, si celles, des citoyens ne sont point meilleures encore, la loi échouera, et la liberté avec elle.

Sur la ville d'ARLES.

Il est maintenant prouvé qu'une faction contre-révolutionnaire préparoit dans cette ville un lieu de ralliement à nos ennemis. Les citoyens patriotes y étoient indignement opprimés. On y amassoit des armes et des munitions de guerre. L'or de l'Espagne paroît avoir alimenté la rebellion. L'assemblée à décrété que tous les habitans de cette ville seroient désarmés, ses remparts et ses fortifications démolis, ses canons trans

portés au dehors. Une force publique imposante mar che pour l'exécution de cette loi qui sauve le midi de toutes les horreurs d'une immense guerre civile.

DÉCOLLATION.

Les criminels condamnés à mort seront décapités par le moyen d'une machine dont l'académie de chirurgie a donné le plan : elle est composée de manière que le patient, frappé avec la rapidité de la foudre, peut à peine souffrir un instant, et qu'en même temps les yeux du spectateur ne sont point révoltés par des préparatifs hideux, ou des images sanglantes.

Loi sur les Actes de Naissance, de Mariage, et de Mort.

La naissance est un fait purement physique. La mort est un événement semblable. Le mariage est une convention entre deux personnes, dont l'une s'enà vivre avec l'autre, à condition que cette autre regage connoîtra ses enfans. Ces événemens de notre vie fondent tous nos droits civils. Par eux nous héritons, nous possédons, nous disposons de nos biens. De là l'obligation imposée à tout citoyen de les faire constater par un acte public que dresse un magistrat civil. Permis à vous de sanctifier ces événemens par telle cé rémonie religieuse qui vous conviendra, administrée par tel prêtre qu'il vous plaira : mais quant à l'acte, et au registre sur lequel il doit être inscrit, aucun prêtre ne doit s'en mêler; car il faut que cette forme soit commune à tous les citoyens ; et un prêtre, quel qu'il soit, ne peut convenir qu'à ceux qui sont de sa secte. Du moment que les cultes sont libres, de tels actes doivent se faire devant un officier civil qui appartient a la nation entière.

Maintenant qu'y a-t-il de commun entre une loi semblable et la religion? que voit-on là qui puisse troubler les consciences? Est il donc vrai, honnêtes et sages cultivateurs, que des choses si simples et si conformes au bon sens, ne seront jamais bien comprises par

vous? Que penseriez-vous d'un homme qui diroit, en présence du peuple, que le peuple est trop stupide pour qu'on le gouverne par des lois raisonnables? Ne croiriez-vous pas cet homme un fou, à moins que

ce ne fût un prêtre ?

C'est pourtant ce qu'a prétendu un député de l'assemblée nationale, lors de la seconde discussion de cette loi si nécessaire.

On a vu des tuteurs faire déclarer imbécilles et insensés leurs pupilles, afin de jouir de leur bien. Les gouvernemens. les papes, tous les hypocrites de la terre et les hommes foibles, à leur exemple, ont joué le même rôle. Ils ont toujours soutenu que le peuple n'étoit pas digne de la vérité, pour pouvoir le tromper

en toute sûreté de conscience.

ÉVÉNEMENS

E T

NOUVELLES.

LONDRES. Une seule maison de banque a fait ici une faillite de plus de soixante millions. Il est bien des potentats qui ne trouveroient pas assez de crédit pour faire une aussi belle banqueroute. Agassis, Rougemont et compagnie, c'est le nom des négocians qui ont manqué. L'un d'eux, le principal auteur de cette déroute, s'est tué pour fuir sa honte et ses remords. Les spéculations qui ont bouleversé leurs affaires, s'étendoient sur toute l'Europe. Ayant formé dans tous les pays d'énormes amas de marchandises, ils vouloient en faire hausser le prix, par-tout où ils se proposoient de vendre ; et pour cela, ils avoient entrepris de faire baisser les effets publics et les changes. Les sacrifices immenses qu'il falloit faire, la complication et la grandeur de ces opérations gigantesques les frais monstrueux et les hasards incalculables d'un si gros jeu, enfin leur ambitieuse cupidité a perdu ces banquiers. Leur ruine venge le peuple, sur les besoins duquel ils spéculoient barbarement; elle venge tous les commerçans honnêtes et modérés, dont leurs manœuvres déroutoient à chaque instant les

combinaisons; elle venge le gouvernement, dont ils ébranloient sans cesse le crédit par les mouvemens de leur audacieux agiotage.. Leur exemple, en rassurant les peuples, doit faire trembler les accapareurs avides. Voici ce qu'il annonce au monde entier : Le Monopole est un méchant fils qui tuera son père aussi-tôt qu'il sera grand.

SUÈDE. Voici encore un exemple de l'horreur qu'inspire l'aristocratie des nobles aux peuples qu'ils ont foulés. Le roi de Suède, Gustave, a déclaré à la diète un déficit énorme ; il a demandé des impôts très-lourds. Le peuple a tout approuvé, tout consenti. Tant il craint de retomber sous le despotisme du sénat et des seigneurs !

PRUSSE. Tous les habitans de ce pays étoient enrôlés et enrégimentés comme soldats. Le roi, inquiet du mouvement général des peuples vers la liberté, vient de faire désarmer tous les paysans. Cette précaution le rassure contre ses sujets; mais aussi elle le livre à ses ennemis. Il ressemble à un homme qui feroit arracher les dents à son chien; il seroit sûr de n'être pas mordu; mais les voleurs en seroient sûrs aussi.

:

A

LISBONNE (Portugal). La reine de Portugal est folle à lier elle avoit tenté d'entamer et l'autorité et le trésor des prêtres. Ils l'ont tellement effrayée de leurs menaces infernales, qu'elle croit voir sans cesse les démons l'entraîner à travers les brasiers dévorans. Maintenant ils ont beau lui faire baiser les reliques vermoulues de tous les saints; plus elle voit de moines et dé prélats autour d'elle; plus elle crie que tous les diables l'emportent.

Nouvelles des Départemens.

par

Le fanatisme continue à donner, dans une grande partie de la France, tantôt des farces burlesques, tantôt des scènes atroces. Les administrations luttent, tous les moyens de la force ou de la persuasion, contre les cabales des prêtres, et contre les préjugés do la multitude.

Dans le bourg de Roubaix, aux environs de LILLE, le curé élu a été empoisonné à la messe, dans le vin consacré à cette cérémonie religieuse. Des douleurs dont il ignoroit la cause, lui font quitter l'autel; son vicaire l'y remplace, même événement. Cependant celui-ci, plus jeune, ayant eu des secours, ayant provoqué des vomissemens, on ne craint plus pour sa vie; mais on désespère du pauvre curé.

On a vu, dans ce même pays, des béguines folles de rage, s'élancer, comme des harpies, sur trois magistrats, et les déchirer de leurs ongles dévots. Les gardes nationaux accourent; mais dans leur accès, à peine les furies virginales ont-elles cédé à la pointe des baïonnettes.

Dans beaucoup de départemens, la portion du peuple qu'égaroient les prêtres non assermentés, commence à s'éclairer, et à repousser leurs perfides suggestions. Quelques administrateurs ont habilement employé contre eux l'arme du ridicule.

A BLOSHEIM (département du Bas-Rhin), un crucifix placé dans le réfectoire des capucines versoit jour et nuit des larmes de sang; tout le monde le disoit ; tout le monde le croyoit ; tout le monde l'avoit vu. Le département, voulant que chacun pât voir bien mieux encore ce grand miracle, a fait mettre le crucifix dans l'église paroissiale. Le dénagement l'a consolė. Depuis ce jour, i na coulé de ses yeux ni sang, ni

eau.

A Sulz (même département), un habitant s'est avisé de vendre quatre sous la pinte d'eau, bénite par un prêtre non assermenté. La municipalité ne lui a point interdit cette nouvelle industrie; elle l'a seulement obligé de prendre une patente de limonadier.

LA FERTÉ SOUS-JOUARE ( Département de Seine et Marne). On avoit répandu des craintes sur les subsistances. Le peuple s'inquiétoit : la circulation étoit menacée. La municipalité de cette ville rassemble autour d'elle les magistats et les cultivateurs des communes voisines. On délibère, et voici la résolution que le patriotisme et le bon sens dictent à ces citoyens. Chaque laboureur s'engage volontairement à faire

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