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L'armée française, forte d'environ vingt mille hommes, partit de Saint-Wendel et de Tholey, le 28 novembre, et se dirigea par Zerf et Hermeskeil sur la roule de Trèves. Un petit corps de deux mille hommes seulement se porta par la voie romaine dans la presqu'ile.

sur Pel

tagne

verte.

Le 6 décembre, le général Ligneville qui s'était Attaques réuni à l'aile droite, fit des attaques sur la Montagne lingen et verte, tandis que les brigades Lagrange et Destourmel la Monassaillirent Pellingen: ces efforts exécutés à vingtquatre heures d'intervalle, et sans concert, furent re- 6 déc. poussés. A lieu de renouveler une tentative avec des moyens suffisants contre Pellingen, on fit des contremarches pour porter le général Ligneville de l'extrême droite à la gauche, vers Wildingen, le long de la Sarre, perdant plusieurs jours à méditer, à écrire et à détruire ce qu'il y avait de bien dans la première direction donnée aux forces. L'armée qui était partie brusquement de ses cantonnements, sans être pourvue de tout son attirail de campagne, fut surprise par la neige et un verglas affreux, ses vivres et ses munitions eurent la plus grande peine à gravir les côtes escarpées qui coupent à chaque pas les routes de cette contrée, la pénurie et le mauvais temps avaient déjà introduit la désertion, les murmures et l'indiscipline dans le corps l'expédition. Au lieu de se hâter de frapper un coup décisif pour remédier ensuite à ces maux, soit en occu-Nouvelles pant Trèves, soit en se repliant sur Sarrelouis, on disposiimagina d'étendre la faible armée sur les deux rives de plus faula Sarre, de porter le général Delaage sur Wawren tives que les prepour attaquer Konz par la presqu'île, et de renouveler les attaques vers Pellingen: projet bizarre, et qui suffit pour caractériser toute cette entreprise.

tions

mières.

12 déc.

Ainsi une armée qui se trouvait déjà sur la droite de la Sarre, en face de l'ennemi, allait faire passer une division d'élite sur la rive gauche, pour avoir la peine de retourner sur la rive droite de vive force, et sous les yeux d'un ennemi retranché et supérieur au détachement qui l'attaquait une telle faute serait difficile à croire, si on ne l'avait vu renouveler de nos jours d'une manière bien plus criante dans une occasion ou il s'agissait des destins de l'Europe.

Seconde Le 12 décembre, l'attaque projetée s'exécuta. Non attaque content d'être détaché sur un point où il ne pourrait rien faire de bon, le vieux général Delaage divisa encore sa petite troupe en trois colonnes, celle dirigée vers Grewenmacheren, fut complètement culbutée; la deuxième manoeuvra vers les bois de Wawren, et la troisième tourna les hauteurs de Bilbelhausen, mais l'échec survenu à la première rendit inutiles ces mouvements décousus.

13 déc.

Le 13, la tentative fut renouvelée avec des renforts. Les grenadiers emportèrent les hauteurs de Wawren; les généraux Pully et Landremont ayant repoussé les Impériaux jusqu'à leurs batteries de seconde ligne, menaçaient Konsarbruck, lorqu'une réserve ennemie culbuta de nouveau la colonne de gauche, et força les autres à renoncer à leurs avantages. Plusieurs versions ont attribué à des renforts venus de Luxembourg l'honneur de cette petite victoire ; il serait possible que le corps de Beaulieu replié sur les Ardennes, eût fait quelques détachements qui eussent contribué avec la garnison de Brentano à chasser les Français de Grewenmacheren et Tavern; le défaut de documents certains sur cette épisode de la guerre, et le peu d'intérêt

que cette circonstance offre pour l'histoire nous a empêché d'en vérifier l'authenticité.

Le général Bournonville n'avait pas été plus heureux vers Pellingen qu'il occupa instantanément, mais qu'il dut abandonner à l'arrivée des réserves ennemies.

attaque.

L'inutilité et les mauvaises combinaisons de cette en- Troisième treprise ne sont comparables qu'à l'opiniâtreté que l'on y mit. Le général en chef renforça ses colonnes pendant la nuit, et le 15, on attaqua de nouveau les hauteurs 15 déc. de Ham, sur quatre points différents. Les résultats ne pouvaient manquer d'être les mêmes; malgré la constance des troupes et le courage du général Pully, on ne réussit sur aucun point. Les Autrichiens déployèrent dans ces combats une valeur également honorable pour les troupes et pour celui qui les commandait.

ville re

nonce à

blâmait.

Beurnonville convaincu que l'utilité de son expédi-Beurnontion, n'était pas proportionnée aux sacrifices qu'elle coûtait à son armée, trouvait ceux-ci d'autant plus pé-l'attaque nibles, et ne cherchait qu'un prétexte pour y renoncer. qu'il Les représentants envoyés à l'armée de la Moselle jugèrent par eux-mêmes que toutes tentatives ultérieures seraient sans succès, et la retraite fut ordonnée. Les troupes qui se trouvaient à la droite de la Sarre se-replièrent sur Mertzig, masquées par celles de la gauche. L'infériorité des Autrichiens ne leur permit pas de sortir de leurs retranchements, pour inquiéter la retraite ; elle s'exécuta sur Sargelouis, aussi bien qu'une telle opération peut se faire dans des circonstances semblables; et le général Labarolière eut la sagesse de la couvrir par plusieurs attaques réitérées, et une vive canonade Sur Konsarbruck, sans lesquelles elle eût vraisemblablement dégénéré en déroute.

Ainsi finit une expédition mal conçue, dont plusieurs écrivains ont parlé avec emphase: on épuisa inutilement par cette campagne pénible, faite dans un pays difficile, et dans une saison extraordinairement rigoureuse, des troupes qu'on aurait pu employer avec un grand avantage entre le Rhin et la basse-Meuse ou sur le Mein. On fut contraint de les mettre en quartiers d'hiver sur les rives de la Sarre, dans un état de dénuement difficile à dépeindre, et auquel la proximité des grands dépôts de Metz pouvait seule apporter quelque remède.

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tions des Suisses.

Instruit de la réussite de l'invasion du comté de DisposiNice, et convaincu que les troupes sardes rentreraient en Piémont à l'approche de l'hiver, le général Montesquiou ordonna aux généraux Rossi et Casabianca de s'avancer jusqu'au Mont-Cénis et au Petit-Saint-Bernard, où ils parvinrent sans résistance. Dès-lors la Savoie entière se trouvait soumise, et la chute des neiges en assurait la paisible possession jusqu'au printemps. Cette circonstance vint fort à propos mettre le général français en état de tourner ses vues du côté de la Suisse, qui commençait à s'agiter.

L'invasion de l'évêché de Bâle, le désarmement du régiment de Wateville à Aix, et, plus que tout cela, le massacre du 10 août, avaient excité le juste ressentiment des cantons : le licenciement inopiné des douze autres régiments vint y mettre le comble. Malgré l'apparente neutralité du cabinet britannique, et en dépit des assurances données par Brissot et Dumouriez des dispositions de l'Angleterre envers la République naissante, l'agent du cabinet de Londres près la confédération, ne manquait pas de tirer parti de l'aigreur des esprits. Ses insinuations, puissamment et ouvertement secondées par les ministres d'Autriche et de Sardaigne, et par l'influence que la cour de Vienne exerçait sur l'avoyer Steiguer, étaient sur le point de décider une rupture.

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