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partaient pour Lille, le duc Saxe-Teschen, par une marche opposée, détachait douze mille hommes du camp de Mons dans l'intention d'attaquer l'avant-garde de Affaire Lafayette, postée à Gliswelle à une lieue de Maubeuge, de et séparée de l'armée par le défilé de la Sambre.

Gliswelle

16 juin.

Cette entreprise, favorisée par le mauvais temps, eut un plein succès; les avant-postes furent surpris et enlevés au point du jour, le corps lui-même eut à peine le temps de se former; le général Gouvion, qui le commandait, ayant été tué, la défaite de ce détachement fut complète. Les renforts, arrivés à six heures du matin, déterminèrent les Autrichiens à se replier sur Mons, satisfaits d'avoir atteint le but de leur course.

D'ailleurs, le duc de Saxe-Teschen, informé du rassemblement des forces ennemies vers Lille, résolut de leur opposer un mouvement parallèle, et renforça le corps de Latour à Tournay, jusqu'à vingt mille hommes. Douze mille environ restèrent à Mons pour faire face à l'armée de Lafayette. Ce dernier semblait avoir une occasion favorable pour entreprendre quelque attaque importante; mais soit qu'il ignorât la force réelle de l'ennemi, soit qu'il mit toute son attention à prévenir les bouleversements qui menaçaient le trône, en iuformant l'Assemblée Nationale des complots qui se tramaient, il n'osa pas commettre son armée encore un peu ébranlée de la surprsie de Gliswelle; nous verrons plu tard que la catastrophe du 20 juin excusa assez sa circonspection.

Luckner, qui n'était pas homme de parti et n'avait aucun motif de retenue, n'en agit guère mieux pour cela.

Le duc Albert de son côté, tremblant de voir deux

petites masses ennemies se former vers ses ailes, prit un singulier moyen pour leur faire face. Déjà las d'avoir fait des dispositions passables, il dissémina entièrement le corps de Latour persuadé sans doute, qu'en mettant un poste sur chaque route, il empêcherait Luckner d'avancer. Enfin oubliant que toutes ses communications, et sa base étaient à sa gauche, il s'étendit vers la droite, pour se rapprocher de la mer du Nord; Beaulieu fut porté avec cinq mille hommes à Wicht, pour couvrir. Audenarde; Clairfayt conduisit le gros du camp de Tournai à Coeghem; le colonel Mylius revint à Harlebeck, et Latour resta avec quatre mille hommes à Tournai.

Maréchal

sur

Cette dispersion des forces impériales, à l'instant Retraite même où il eût été sage de les concentrer, fournit à du Luckner une belle occasion pour tomber avec ses 28 Luckner mille hommes, sur chacun de ces petits corps. Bien loin de la saisir promptement, il se laissa prévenir; le Lille. colonel Mylius lui enleva le poste de Harlebeck avec une partie de la garnison, et les Autrichiens, enhardis par ce succès, se présentèrent devant Courtrai. Le pusillanime maréchal, déjà éperdu, convoqua aussitôt un conseil, à la suite duquel l'armée française se hâta de regagner ses frontières, n'osant pour ainsi dire soutenir l'aspect d'une poignée d'ennemis. A cette époque, les généraux se formait la plus singulière idée de la guerre; on eût dit que toute entreprise militaire devait reposer sur l'absence de l'adversaire, et que dès qu'il paraissait, il fallait décamper: on ne manqua pas, quelques années plus tard, de laver ce ridicule des chefs de 1792; mais on tomba dans l'excès contraire, en attaquant avec une impétuosité meurtrière les postes

les plus difficiles, sans se donner souvent le temps ou la peine de les reconnaître, et sans que leur occupation méritât les sacrifices qu'on faisait pour les obtenir.

Au reste, ces réflexions n'ont d'autre but que de caractériser le genre de guerre que. l'on faisait alors, et les différentes combinaisons qu'il fournit à la méditation des hommes de l'art. Nous ne prétendons point rabaisser le courage des généraux qui servirent dans les premières campagnes leur position fut cruelle ; abreuvés de dégoûts par les Jacobins de Paris, et par leurs propres troupes; manquant de confiance en ces bandes récalcitrantes; peu expérimentés eux-mêmes ; on doit leur savoir gré de n'avoir pas désespéré de la France dans la situation horrible où ils se trouvèrent. Nouvelle L'approche des troupes prussiennes qui s'avançaient ré parti.- sur le Rhin, le rassemblement d'Autrichiens sous le armées prince de Hohenlohe-Kirchberg à Spire, et sous le françaiprince d'Esterhazy dans le Brisgau, décidérent le goules fron- vernement français à rester sur la défensive, et à sontières. ger aux moyens de couvrir sa propre frontière du danger dont elle allait être bientôt menacée.

tion des

ses sur

Une nouvelle répartition des forces fut arrêtée, Lafayette eut à défendre tout l'espace depuis la mer jusqu'à Longwi, en tenant son corps principal sur la Chiers, à Villers-le-Rond près de Sedan et ensuite à Vaux, vers Carignan. Luckner se chargea de la droite, depuis la Moselle jusqu'au Jura; il s'établit à Metz, pour mieux surveiller le point menacé par les préparatifs de l'ennemi. Des lieutenants de ces deux généraux commandaient les deux extrémités, Dillon Nord, et Biron sur le Rhin.

au

Dumouriez dégoûté par les tracasseries que le minis

tère éprouvait dans sa marche, et ayant perdu d'ailleurs la confiance du Roi par ses intrigues contre Servan, remit le portefeuille, et vint servir à l'armée du Nord, comme lieutenant-général.

Les affaires de l'intérieur étaient moins rassurantes encore que celles des armées : nous retracerons au chapitre suivant les débats qui eurent lieu au sujet du camp de Soissons, imaginé par le ministre Servan, pour servir dé réserve générale aux troupes destinées à l'invasion, mais qui fut rejeté, et devint un prétexte d'insurrection.

tions

hostiles

Le général autrichien, informé des mouvements Disposiauxquels les nouveaux arrangements de ses adversaires donnaient lieu, et ayant reçu de son côté des renforts des Auqui portèrent ses forces disponibles à quarante mille trichiens combattants, résolut de menacer les frontières du Nord, sur la pour rendre plus faciles les opérations qu'on méditait du Nord. sur le centre: il fit attaquer, par le comte de Latour ' 14 juillet le poste d'Orchies, d'où un bataillon de la Somme fut expulsé après une belle résistance.

frontière

Le général Alvinzy vint camper à Oudaing, avec quinze mille hommes, menaçant le camp de Maulde. Dumouriez qui le gardait avec huit mille, fut heureusement renforcé par le général Dillon, venant commander toute la gauche de l'armée : celui-ci rassembla cinq mille 22 juillet hommes vers le Quesnoy; le général Lanoue campa sous Maubeuge, avec huit mille combattants; douze mille restèrent sous Dumouriez à Maulde, gardant Orchies et Marchienne par des corps volants.

Ces nouvelles dispositions et le départ du général Clairfayt, détaché avec quinze mille hommes pour se réunir au duc de Brunswick qui arrivait au même instant

sur le

à Coblentz avec l'armée prussienne, décidèrent bientôt les Autrichiens à se replier sur Mons.

Les choses en restèrent là, sur cette frontière, pendant le mois d'aout. Les troupes du camp de Maulde stimulées par Dumouriez, qui avait toute la souplesse et la ruse d'un chef de parti, se disciplinèrent et s'aguerrirent par de fréquentes chicanes de postes, et devin. rent le noyau d'une bonne armée.

État des Nous ne ferons pas l'énumération insignifiante de armées tous les mouvements exécutés sur le Rhin pendant les Rhin. trois mois qui venaient de s'écouler; il suffira d'en indiquer les plus importants.

A la déclaration de guerre, le général Custine chargé de prendre possession de l'évêché de Bâle, marcha avec huit mille hommes sur Porentruy, où il n'y avait que quatre cents Autrichiens, appelés imprudemment par le Prince-Evêque, et qui se sauvèrent à son approche.

Deux camps formés à Hesingen et à Plobsheim, observaient les forces qui se rassemblaient dans le margraviat de Baden.

Kellermann, qui commandait d'abord à Landau, alla camper à Neukirch, près de Sarguemines, puis à Wadgast, sous Sarrelouis, point intermédiaire pour se lier au besoin à l'armée du centre, ou se rapprocher du Rhin. Il prit ce dernier parti, lorsque le prince de Hohenlohe-Kirchberg rassemblant environ vingt mille Autrichiens, fit mine de passer le fleuve, pour s'avancer sur Spire, avec le prince de Condé. Kellermann reprit alors la position de la Queich, et Biron vint avec un corps de douze mille hommes, tirés du haut Rhin, pour le soutenir et s'établir à Weissembourg. Ces mesures furent prises fort à propos, les Autrichiens et les émigrés s'é

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