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douze mille hommes à Givet, se dirigeait sur Namur

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afin de déborder la gauche les Impériaux. Ces forces réunies devaient être successivement renforcées, et marcher selon l'occurrence sur Liége ou Bruxelles.

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. Il n'est
pas
difficile de se convaincre des vices de cette
disposition en débutant par des opérations décisives,
il était puéril de laisser des garnisons compiètes dans des
places couvertes par les mouvements même de l'armée
et qu'on pouvait, sans danger, confier à la garde na-
tionale renforcée de quelques bataillons. Il était surtout
ridicule de ne renforcer que successivement l'armée ex-
péditionnaire; car c'était dire, en d'autres termes : « l'en-
<< nemi à trente-cinq mille hommes en Belgique, met-
tez-vous a la tête de vingt-cinq mille, chassez-le et
<< quand vous l'en aurez expulsé, on vous enverra soi-
«xante mille hommes; » combinaison bizarre, aussi
fausse comme manoeuvre de guerre que comme opéra-
tion politique.

Premiè- Le maréchal Rochambeau, encore tout occupé des contres, préparatifs de défense qu'il avait proposés, reçut le 24 avril l'ordre d'exécuter le plan du ministère; bien qu'il différât essentiellement du sien, il crut, néanmoins, de son devoir d'y procéder sans retard.

Lafayette, de son côté, se mit en mouvement à la fin d'avril, et laissant vingt-quatre mille hommes à Dun, et Tiercelet pour couvrir le centre, qui n'étaìt menacé alors que par une poignée d'émigrés peu en mesure de prendre l'offensive, il se dirigea avec l'élite de son corps par Stenai, Sedan et Mezières sur Givet, où il arriva le 29 après avoir fait plus de cinquante lieues en quatre jours.

Les trois colonnes de l'armée du Nord s'ébranlèrent

les

de la co

lonne de

le 28. Le général Dillon, partant de Lille avec quatre Déroute mille hommes, donna le 29 au matin, vers Lamain, sur l'ennemi qui marchait au-devant de lui. Peu prépa- Dillon. rées à cette apparition subite, comme si à la guerre on marchait à l'ennemi pour ne pas le rencontrer, troupes françaises voulurent se replier sur Baizieux; mais poursuivies par quelques escadrons et batteries légères qui culbutèrent l'arrière-garde, elles se sauvèrent dans le plus grand désordre à Lille, criant de toutes parts à la trahison! Le général Dillon blessé par ses propres soldats, entraîné dans leur déroute, fut massacré par la populace. Les Autrichiens, stupéfaits d'avoir remporté une victoire si facile, rentrèrent à Tournay avec six pièces de canon et un butin considérable.

de la co

lonne de

D'un autre côté la plus forte attaque, partie de Va- Déroute lenciennes aux ordres de Biron, s'avança sur deux colonnes vers Quareignon. Beaulieu qui commandait sur Biron. ce point, avait garni de tirailleurs le ravin qui porte le nom de ce village, et rassemblé quatre mille hommes sur les hauteurs de Jemmapes, qui acquirent depuis tant de célébrité. Le général français fit déployer ses troupes, engagea une canonnade et porta une colonne dans le ravin. Mais deux mille chevaux autrichiens s'étant montrés à l'improviste, Biron crut prudent d'ordonner la retraite sur Bossu. A peine les troupes sont-elles établies, que deux régiments de dragons se précipitent vers l'infanterie, criant: nous sommes trahis! et prennent en désordre la route de Valenciennes, où la majeure partie du corps, sourde à la voix de Dampierre et de Biron, ne tarde pas à les suivre. Le reste rallié à Hornu, et attaqué le 30 au matin par Beaulieu,

TOM. II.

2

la colon..

renouvela la scène de la veille, et s'enfuit dans le plus grand désordre d'abord à Quiévrain, puis à Valenciennes. Le maréchal de Rochambeau eut la plus grande peine à rassembler les fuyards derrière la Ronelle. Beaulieu satisfait de la capture de quelques pièces de canon et d'une centaine de prisonniers, ramena sa petite troupe chargée de butin dans sa première position.

A l'extrême gauche, le général Carle s'était avancé avec sa faible colonne, de Dunkerque sur Furnes, où il répandit des proclamations: la nouvelle des évéments de Lille et de Mons le fit bientôt rentrer dans son camp.

A la première nouvelle de l'approche des Français, le duc Albert avait ordonné un mouvement tardif vers sa gauche, en portant dix mille hommes du camp de Leuze sur Mons, et prescrivant à Starray de se prolonger, avec cinq à six mille hommes, sur la direction de Charleroi pour couvrir la Sambre.

Opéra- Tandis que ces scènes ridicules se passaient à l'armée tions de du Nord, Lafayette avait poussé son avant-garde vers ne de Bouvines et Flamignolles, se disposant à marcher sur Lafayette. Namur: instruit de ces déroutes et de la marche du

corps de Starray, il jugea que le seul parti à prendre était de revenir au camp de Rancennes.

Malgré le peu d'importance militaire de cette entreprise, les résultats en sont trop singuliers pour ne pas faire naître de pénibles réflexions. Sans doute le conseil commit une faute grave, de confier l'exécution d'un plan à un général qui le désapprouvait, et pour lequel il devait être, en quelque sorte, un sujet de mortification.

Mais il faut convenir cependant, que ces cris de

trahison élevés à la même heure vers Mons et sous Lille, cet empressement des deux généraux français à ordonner un mouvement rétrograde aussitôt qu'ils aperçurent l'ennemi, sont des circonstances fort extraordinaires; tous les détails, enfin, de ces échauffourées, prouvent que si les généraux avaient perdu la confiance des troupes, ils justifiaient en quelque sorte la méfiance de celles-ci, par l'irrésolution de leur conduite.

Ces échecs, si minces en apparence, menaçaient néanmoins de suites plus graves; le moindre de leurs résultats semblait être de porterà son comble la démoralisation des armées françaises et leur insubordination ; ils devaient répandre la terreur dans les provinces frontières, et même dans les parties les plus reculées du royaume. En effet, si toutes les forces disponibles de la France venaient d'échouer contre quelques brigades impériales, que fallait-il espérer, lorsque les masses de l'Autriche et de la Prusse seraient présentes? Les promesses de Calonne et des émigrés devenaient de justes prophéties; la marche du roi de Prusse sur Paris, ressemblerait à une promenade. Il n'en fût pourtant pas ainsi les Jacobins, tout en mesurant le danger qui les menaçaient, furent assez adroits pour ne rien laisser percer de leurs craintes, assez présomptueux, ou assez énergiques pour n'en point concevoir.

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le ma

Le maréchal Rochambeau, auquel des calculs pru- Luckner dents jusqu'à la pusillanimité avaient fait improuver le remplace projet de Dumouriez, ne jouit pas longtemps de l'hon- réchal. neur d'avoir mieux jugé que lui. Le ministre usant de Rochaml'arme favorite des ambitieux de ce temps, l'accusa d'avoir préparé ses revers par jalousie ; et le vainqueur de Cornwallis ayant perdu la confiance de la nation,

beau.

de

guerre.

se vit réduit à se justifier et à demander son rempla

cement.

Le maréchal Luckner, âgé de soixante-dix ans, que nous avons vu figurer avec quelque distinction, comme officier de troupes légères, dans plusieurs escarmouches de la guerre de Hanovre, fut choisi pour lui succéder : le gouvernement n'avait pas d'idée assez juste des talents nécessaires à un général en chef, pour juger la différence qui existe entre un hussard hanovrien et un maréchal chargé du destin de la France. Luckner " qui fut toujours un homme médiocre, était devenu, en avançant en âge, pusillanime, faible, irrésolu et incapable de tout commandement.

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Conseil Les premiers soins du nouveau général furent d'assembler un conseil de guerre, pour blâmer tout ce qui avait été fait, sans rien proposer de plus convenable; il procéda, ensuite, à une nouvelle distribution des arrondissements que chaque armée devait défendre. Ce système d'assigner à plusieurs chefs sur une même frontière, le terrain que chacun d'eux doit particuliérement garder est des plus dangereux ; c'est le moyen d'empêcher qu'ils ne se prêtent un mutuel secours chacun ne voulant pas laisser en prise le point qui lui est confié. Une telle répartition serait tout au plus applicable aux divisions d'une armée, subordonnées à un seul général en chef qui pût prescrire sur les lieux, et à l'instant même, tous les mouvements nécessités par les circonstances. On comprend qu'on se distribue des arrondissements pour cantonner; mais pour bien opérer à la guerre, il est indispensable de diriger toutes les forces disponibles, où le besoin l'exige, et sans égard à des répartitions de commandements.

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