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nécessaire de remonter enfin, par une étude consciencieuse et suivie, à la cause première, déterminante de cette situation, en dehors de tout esprit de parti, mais dans les limites éternelles d'une vérité, qui, seule, peut prononcer avec une autorité suprême entre le vrai et le faux, le juste et l'injuste, en même temps que fixer, par l'étude et l'analyse complètes des idées qui lui sont opposées, l'opinion de tous ceux qui, dans les affaires humaines, ont besoin de trouver une règle au-dessus des passions et des entraînements dont elles sont la cause.

Et ce recours à une vérité plus haute que la vérité politique, cet examen d'idées et de faits qui n'ont pas même été indiqués par d'autres historiens, qu'ils ont à peine effleurés, l'auteur de cette nouvelle histoire n'y a pas vu un système, un plan qu'il pût choisir ou rejeter à son gré; il y a reconnu le seul plan, le seul système qui expliquassent, non-seulement pour les hommes religieux, mais pour tout le monde, la Révolution de 89, en simplifiant la grande question de son origine.

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y a toujours, à l'heure où un événement éclate, quelque fait capital qui en marque l'origine et le

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caractère, un fait dont personne ne refuse de reconnaître l'importance, et qui, s'il est bien étudié, bien compris, et ramené à la cause dont il est le résultat, renferme la définition la plus sûre, la plus exacte, la plus complète de cet événement ou de cet ordre de faits.

Quand la Révolution de 89 a-t-elle commencé, non pas comme un accident, non plus par une súrprise, mais par un fait éclatant, incontestable, général, et d'une telle nature qu'il ne peut y avoir d'incertitude ni de division d'opinions à cet égard? Nous nous efforçons de l'indiquer au début même du livre que nous publions en ce moment, et, pour éviter les répétitions inutiles, nous dirons seulement ici ce qui est la suite et la logique même de l'ouvrage que nous venons de terminer.

Ce que nous pouvons et nous devons dire d'avance, c'est que, dans les prolégomènes de ce livre, nous avons cru devoir étudier la philosophie du dix-huitième siècle.

Cette philosophie ne voulait-elle changer, réformer que la France, et n'aspirait-elle pas à étendre beaucoup plus loin son influence? Ne s'agissait-il pas, pour elle, de beaucoup détruire pour beaucoup

édifier? Mais que voulait-elle détruire, et que voulait-elle édifier?

Jugerons-nous et condamnérons-nous à priori la philosophie du dix-huitième siècle et les hommes qui en furent les chefs? Nous tâcherons de mieux faire en racontant les théories et les hommes, les idées, et les faits, l'origine de ces idées et de ces faits; si les écrivains du dix-huitième siècle ont exercé beaucoup d'influence sur cette époque, d'où viennent-ils? C'est le seul moyen de savoir où ils vont.

Ce n'est point là de la polémique, c'est de l'histoire.

Ne sommes-nous pas arrivés, maintenant, à une époque de récapitulation, de résumé, où l'histoire a plus d'autorité que la polémique?

N'est-il pas évident qu'il y a dans la Révolution de 89 quelque chose de complexe? N'est-elle pas, comme nous l'avons déjà indiqué, française et européenne? N'est-ce point pour cela même qu'il importe de la simplifier, en revenant à ce que nous appellerons l'unité générale de son origine? Or, peut-on chercher cette unité autre part que dans les idées ?

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Si cette question n'était pas dégagée d'avance dans le livre que nous venons soumettre à tous les esprits de bonne foi, parce qu'il est lui-même une œuvre de bonne foi, ne pourrait-on pas prétendre que ce livre n'est que le développement d'une thèse préconçue, et que, si l'histoire de la Révolution est complexe, la simplification en est arbitraire? C'est ainsi qu'une thèse, même très-logique, ne serait pas encore de l'histoire, dont elle n'offrirait peut-être que la théorie, tandis que, dans le livre dont nous cherchons ici à montrer le véritable but, nous avons voulu réellement écrire une histoire, raconter les idées elles-mêmes.

Et si, par une étude aussi complète que possible de l'ancien régime comme des temps qui l'ont précédé, du passé historique de la France, dont il était la suite même, on plaçait, à côté des idées, les faits, cette société, ce gouvernement, qui ont succombé ou paru succomber tout entiers après 89, ne pourrait-on pas faire alors, de la manière la plus sûre et la plus juste, la part des causes d'une telle révolution, s'il y en a plusieurs, .signaler la cause première des événements, s'il y en a une en effet qui domine les autres, et, à mesure que les faits, les

conséquences matérielles se développeront jusqu'à notre époque, apprécier clairement, pratiquement, la nature, le principe toujours persistant de ces résultats?

Tout le premier volume de cette « Histoire nouvelle de la Révolution de 89 » a été consacré à ce travail d'ensemble, à ce rapprochement entre la logique des idées et celle des faits que nous venons d'indiquer, et aux circonstances préliminaires qui mènent à la convocation des états géné

raux.

Le second volume entre naturellement dans le récit des faits qui se pressent bientôt à la suite du premier acte, de la première initiative de l'Assemblée constituante.

Il semble qu'à dater de cette initiative extraordinaire, tout s'agite et tout fermente: l'Assemblée at-elle eu tort, a-t-elle eu raison? C'est l'étude même à laquelle nous allons nous livrer.

Après avoir suivi attentivement, dans le premier volume, l'origine de la Révolution de 89, nous assistons, dans le second et le dernier, à ses actes, à ses aspirations, quand elle ne peut agir, ou, si l'on aime mieux, aux conséquences de l'esprit dont

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