duire aussi la lettre de Lally-Tollendal, contenant les motifs de sa retraite de l'Assemblée nationale. << Parlons du parti que j'ai pris ; il est bien justifié dans ma conscience. Ni cette ville coupable, ni cette assemblée, plus coupable encore, ne méritent que je me justifie; mais j'ai à cœur que vous et les personnes qui pensent comme vous ne me condamnent pas. Ma santé, je vous jure, me rendait mes fonctions impossibles; même, en la mettant de côté, il a été au-dessus de mes forces de supporter plus longtemps l'horreur que me causaient ce sang, ces têtes, cette reine presque égorgée, ce roi amené esclave, entrant à Paris au milieu de ses assassins, et précédé des têtes de ses malheureux gardes; ces perfides janissaires, ces assassins, ces femmes cannibales, ce cri de Tous les évêques à la lanterne! dans le moment où le roi entre dans sa capitale avec deux évêques de son conseil dans sa voiture; un coup de fusil que j'ai vu tirer dans un des carrosses de la reine; M. Bailly appelant cela un beau jour; l'Assemblée ayant déclaré froidement le matin qu'il n'était pas de sa dignité d'aller tout entière environner le roi; M. de Mirabeau disant impunément dans cette assemblée que le vaisseau de l'État, bien loin d'être arrêté dans sa course, s'élançait plus que jamais vers sa régénération; M. Barnave riant avec lui quand des flots de sang coulaient autour de nous; le vertueux Mounier échappant comme par miracle à vingt assassins qui auraient voulu faire de sa tête un trophée de plus. « Voilà ce qui me fit jurer de ne plus mettre le pied dans cette caverne d'anthropophages, où je n'avais plus la force d'élever la voix, où, depuis six semaines, je l'avais élevée en vain, moi, Mounier et tous les honnêtes gens. Le dernier effort à faire pour le bien était d'en sortir. Aucune idée de crainte ne s'est approchée de moi; je rougirais de m'en défendre. J'avais encore reçu sur la route, de la part de ce peuple moins coupable que ceux qui l'ont enivré de fureur, des acclamations et des applaudissements dont d'autres au raient été flattés, et qui m'ont fait frémir. C'est à l'indignation, c'est à l'horreur, c'est aux convulsions physiques que le seul aspect du sang me fait éprouver, que j'ai cédé. On brave une seule mort, on la brave plusieurs fois, quand elle peut être utile; mais aucune puissance sous le ciel, mais aucune opinion publique ou privée, n'ont le droit de me condamner à souffrir inutilement mille supplices par minute et à périr de désespoir, de rage, au milieu des triomphes du crime, que je n'ai pu arrêter. Ils me proscriront, ils confisqueront mes biens; je labourerai la terre, et je ne les verrai plus. Voilà ma justification. Vous pourrez la lire, la montrer, la laisser copier. Tant pis pour ceux qui ne la comprendront pas; ce sera alors moi qui aurai eu tort de la leur donner1. » 1 Cette impression faite par les journées d'octobre, dont il avait été témoin, sur l'esprit d'un homme qui avait accepté le 14 juillet, et qui avait alors parlé à l'Hôtel de Ville avec l'espoir de rapprocher la royauté et le peuple, malgré le sang répandu et les crimes déjà commis, mérite une sérieuse attention. FIN DU TOME PREMIER. ERRATA Page 18, au lieu de Michelet, lisez: M. Michelet. 23, au lieu de christianism, lisez: christianisme. 30, au lieu de les négations plus ou moins absolue, lisez : absolues. 66, au lieu de nous reproduirons plus loin, lisez : nous avons déjà reproduit. 76, au lieu de avant d'autres libres penseurs, lisez : et. 272, au lieu de tout votre droit, lisez tout notre droit. 380, dans la note, au lieu de mafeste, lisez: manifeste; au lieu de x, lisez ceux; au lieu de 1, lisez : la; au lieu de nique, lisez unique; au lieu de pou, lisez : pouvoir. INTRODUCTION. TABLE DES MATIÈRES V CHAPITRE PREMIER. 89: la Papauté. - Logique des idées. - -- - La grande cause de la Révolu- - - Pourquoi ce Histoires diverses de la Révolution. - Paroles de Bos- suet. Ce que dit Condorcet dans la Vie de Voltaire; fin du règne de 1 CHAPITRE II. Luther et Voltaire. - Protestantisme du seizième siècle et philosophie Origine de la lutte livrée par la philosophie du dix-huitième siècle au Étude nécessaire de la philosophie du dix-huitième siècle. Ce qu'elle a - - et l'humanité entière. -- Intuitions de Voltaire. contre le christianisme. - de Voltaire, et leurs conséquences. - - . 53 CHAPITRE V. Voltaire et Rousseau. du mouvement antichrétien. - Insurrection de la raison humaine. . Initiative Voltaire. La raison humaine. - A quoi sert la philosophie rale de Rousseau et celle de Voltaire. - Créateur et le droit absolu du libre examen. - Le ministre Jurieu cité du dix-huitième siècle tend à l'universalité. La société française la Rencontre de l'esprit nouveau avec l'ancien régime de France. |