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Nantes.

Imp. Vincent Forest et Émile Grimaud, place du Commerce, 4.

Nijhoff

2-25-27 13603

ÉTAT

DU DIOCESE DE NANTES

EN 1790

PRÉFACE

La grande révolution politique et religieuse qui, à la fin du siècle dernier, est venue jeter le trouble au milieu de nos institutions nationales, a fait passer sur la France un niveau dévastateur. L'Église catholique fut particulièrement ravagée par cet indomptable torrent notre terre française, si belle et si riche en monuments chrétiens et en fondations pieuses, devint comme une table rase. Spectacle effrayant que ce théâtre où s'étaient amoncelées, pendant une période de dix ans, les ruines morales et religieuses de tout un pays! Rien n'avait été épargné : les couvents ouverts et violés, les temples brûlés et abattus, les religieux et les prêtres dispersés et massacrés.

Ainsi cette révolution a creusé comme un abîme, qui sépare nettement les temps présents des temps passés et qui force à reconnaître, dans l'organisation de l'Église de France, deux époques bien distinctes: celle qui précède et celle qui suit la fatale date de 1789. A l'heure où nous écrivons, la dernière génération qui ait connu ces institutions oubliées, a disparu tout entière, et la majeure partie de nos contemporains s'imagine volontiers que l'état actuel des choses a subi peu de changements. Par bonheur, l'impulsion historique qui entraîne les esprits de notre temps, a pour but précis de faire tomber ces illusions; et nous entrons nous-même dans ce mouvement, en préparant pour le public un travail sur l'ancien Diocèse de Nantes. Nous voulons en effet reconstituer, jusque dans les plus petits détails, l'Église nantaise, cette portion de la grande Église catholique, si bien cultivée et si féconde, telle que l'ont vue

nos pères, à cette triste époque où, par une permission divine l'Esprit de l'enfer, se servant des hommes, est venu disperser les pasteurs et le troupeau, détruire et spolier les sanctuaires de la foi, de la charité, de la prière et de la science....

Suit une longue introduction sur les Origines, transformations' limites et divisions du Diocèse: elle sera publiée avec l'ouvrage complet 1.

Deux parties divisent notre livre: I. Paroisses et chapitres ; II. Abbayes et communautés. Pour mettre de l'ordre dans les matières qui seront traitées en premier lieu, nous suivrons le sectionnement de l'administration ecclésiastique: 1. Archidiaconé de Nantes; 2. Archidiaconé de la Mée. Nous grouperons les paroisses sous le titre de chaque doyenné : il sera traité du nom, des origines connues, du patron, des revenus, des charges, du clergé ; de l'église et des chapelles rurales et domestiques, de leurs fondations, style et richesses, des oratoires et des cimetières, grands et petits;

des confréries pieuses, des écoles, régenteries et collèges; des bureaux de charité et hôpitaux ; - des bénéfices simples, prieurés et chapellenies, avec leurs présentateur, titulaire, revenus et charges.

Dans la seconde partie, les communautés d'hommes seront distinguées de celles de femmes, et sur les unes et les autres, nous donnerons les mêmes renseignements que sur les paroisses: nom, fondateur, patron, titulaire, collateur, revenus, charges, coutumes, personnel, inventaire des biens meubles et immeubles 2.

Pour recommander l'ouvrage que nous préparons, fruit de multiples, difficiles et patientes recherches, nous n'avons aucune pièce à produire, si ce n'est les sources pures où nous avons puisé 3. Toutefois, nous ne saurions avoir la prétention de défier la cri

↑ Nous plaçons également en tête une carte diocésaine, indiquant les archidiaconés, doyennés et paroisses.

2 Nous insérons à la suite de cette préface quelques pages détachées de l'ouvrage : nous prenons de préférence la petite ville de Clisson, comme offrant un ensemble assez complet, et par conséquent pouvant servir de spécimen mieux que bien d'autres localités.

3 Dans notre livre seront indiquées toutes les preuves auxquelles nous avons eu

recours,

:

tique les lacunes, les erreurs même se glisseront à notre insu; mais ce que nous osons revendiquer, c'est le soin scrupuleux que nous avons mis dans la composition.

Cette Statistique aura son utilité. Au point de vue des intérêts humains, beaucoup de nobles et pieuses familles y reconnaîtront leurs ancêtres; bien des prêtres y retrouveront leurs noms. Elle peut servir de préambule à l'histoire de la persécution religieuse dans le Diocèse, et demeurera en même temps, pour les biographes ecclésiastiques et pour les auteurs de monographies paroissiales, une source sûre et féconde où ils pourront puiser. Du reste, n'est-ce pas justice de sauver de l'oubli tous ces noms de fondateurs et bienfaiteurs de nos églises et de nos chapelles? Si le don a été emporté par la tempête révolutionnaire, si les biens ont été vendus et les temples ruinés, le bienfait demeure... Puisse Dieu bénir notre travail, en inspirant à d'autres l'amour et la passion des études d'histoire locale, pour rendre à notre beau Diocèse toute la gloire qui lui revient !

Pour élever ce monument qu'on appelle l'Histoire d'un Diocèse, il ne faut pas que la main d'un seul ouvrier: chacun doit y apporter sa pierre. Si dans les presbytères et les communautés l'on travaillait à rédiger des monographies locales, nous verrions bientôt surgir comme par enchantement cette œuvre capitale, dont l'exécution est si ardemment désirée. Il appartient surtout aux ecclésiastiques d'y prendre une part active par leur état ils ont la science et la grâce, et, nous osons le dire, ils doivent avoir les loisirs et le goût pour traiter ces questions qui sont de leur ressort. Dans ces temps gros de menaces, où toutes ces institutions catholiques qui ont eu le bonheur de survivre au grand bouleversement du siècle dernier, pourront dès demain peut-être disparaître dans un nouveau naufrage, c'est l'heure, l'heure pressante, de marquer définitivement les vestiges d'un passé qui fuit déjà loin de nous. La devise notre force et notre lumière, que nous prenons, c'est celle de nos Bibliophiles Bretons: PRO PATRIÆ LAUDE.

L'ABBÉ P. GRÉGOIRE.

DOYENNÉ DE CLISSON

Le Climat de Clisson, membre du grand-archidiaconé, contient 52 paroisses et 5 trèves. Il a pour chef-lieu S-Sébastien d'Aigne, près Nantes.

Il est borné au Nord, par le cours de la Loire, depuis Pirmil jusqu'à Liré inclusivement; à l'Est, d'abord par une ligne droite tracée de ce dernier point au prieuré de la Regrippière, puis par une ligne sinueuse enclavant Tillers, Montfaucon et Boussay; au Sud, par de capricieuses échancrures comprenant la Bruffière, la Bernardière, St-André-de-Treize-Voix, et laissant Montaigu, Rocheservière et la Grolle; à l'Ouest, par les paroisses de St-Colombin, St-Philbert, la Chevrolière, Pont-St-Martin et Rezé, dépendant du doyenné de Retz.

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L'an 855, l'évêque intrus Gislard, forcé de descendre du siège qu'il avait usurpé, céda à l'évêque canoniquement établi le Doyenné de Clisson: c'était donc dès cette époque reculée un chef-lieu ecclésiastique. On ne sait comment et à quelle date le vicaire perpétuel de Saint-Sébastiend'Aigne devint Doyen rural du climat. Le premier prébendé de la collégiale garda le titre, mais ne s'attribua jamais aucune juridiction ou droit de visite en dehors de son Chapitre. Du reste depuis de longues années déjà a dignité décanale n'est plus qu'honorifique.

CLISSON, une des plus anciennes villes du pays nantais, capitale des marches communes de la Bretagne et du Poitou, renferme: quatre paroisses, une collégiale, deux prieurés séculiers sans résidence, un prieuré conventuel, une maison de Cordeliers, une commanderie annexe, un Hôpital général et un collège d'humanités.

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