Lettres-patentes du roi, portant réglement pour la fabrication des étoffes de laine dans la généralité de Tours; données à Versailles le 22 juillet 1780, registrées en parlement le 22 août de la même année.

Louis, par la grace de Dieu, roi de France & de Navarre à nos amés & féaux confeillers les gens tenant notre cour de parlement à Paris, falut. Nous avons, par nos lettres-patentes du 4 juin 1780, déterminé les loix de police concernant les étoffes de laine qui feroient dans le cas d'être revêtues du plomb de réglement. Et ayant annoncé que nous fixerions, par des tableaux particuliers pour chaque province ou généralité, ce qu'on devroit obferver, tant pour les matières qui doivent être employées dans lefdites étoffes, que pour leurs apprêts, nous avons eu foin de le faire d'après les divers renfeignemens qui nous ont été fournis fur les ufages obfervés dans les principaux lieux de fabrique. A ces caufes, & pour faire connoître nos intentions en ce qui concerne la fabrication des étoffes de laine de la généralité de Tours, nous avons, par ces préfentes fignées de notre main, de notre certaine fcience, pleine puiffance & autorité royale, dit, déclaré & ordonné, voulons & nous plaît ce qui fuit:

ART. I. Le tableau annexé fous le contre-fcel des préfentes, fera déposé au greffe de la jurifdiction des manufactures, dans chaque lieu de fabrique. Il fera auffi infcrit dans le regiftre des délibérations de chaque communauté de fabricans, & affiché dans le lieu le plus apparent des bureaux deftinés à la vifite & à la marque des étoffes.

II. Toutes les étoffes énoncées dans ledit tableau, & auxquelles les fabriquans defireront faire appofer les marques deftinées aux étoffes réglées, feront à l'avenir fabriquées avec les matières, le nombre de fils en chaîne, & conformément aux dimenfions & largeurs indiquées par ledit ta

bleau.

III. Pourront néanmoins les fabricans, dans la compofition des étoffes énoncées audit tableau, employer des laines autres que celles qui y font

indiquées, pourvu qu'elles foient équivalentes en fineffe & en bonté.

IV. Toutes les étoffes énoncées dans ledit ta bleau, & qui font ordinairement revêtues de lifières, pourront l'être de celles que les fabricans jugeront convenable d'adopter, pourvu qu'elles diffèrent des lifières déterminées par l'article III des lettres-patentes du 5 mai 1779, pour les étoffes libres. Et à l'égard des étoffes qui ne font point fufceptibles de lifières, les fabricans feront tenus de fe conformer à l'article VIII des lettres-patentes du 4 juin 1780. Et feront les barres tranfverfales, ordonnées par ledit article, de la largeur au moins de trois lignes.

V. Les étamines de toutes qualités auront fur le métier quarante-trois aunes de longueur, pour res venir à quarante-deux aunes après les apprêts.

VI. Il fera libre à tous fabricans de faire toutes les espèces d'étoffes de laine, fil & laine, ou filofelle, comprises dans les tableaux de fabrication qui feront dreffés pour les autres généralités du royaume. Et feront lefdites étoffes revêtues de la marque de vifite, fi elles font conformes à ce qui aura été prescrit par lefdits tableaux,

VII. La marque qui, conformément à l'article III de nos lettres-patentes du 5 mai 1779, doit être appofée, au fortir du métier, fur les étoffes réglées, aura la forme d'un quarré long, & fera appliquée avec de l'huile & du noir de fumée. Et le plomb qui, fuivant nofdites lettres-patentes, doit être appofé après les derniers apprêts, fera d'une forme ronde, & d'un pouce de diamètre.

VIII. Il fera permis aux gardes-jurés, lors de la vifite defdites étamines en toile, d'appofer un plomb, au lieu de l'empreinte à l'huile & au noir de fumée, prefcrite par les lettres-patentes du 5 mai 1779.

IX. Voulons que les préfentes foient exécutées felon leur forme & teneur, dérogeant à cet effet à tous édits, déclarations, lettres-patentes, arrêts & réglemens, en tout ce qui pourroit y être con traire.