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fixée fur l'axe de la manivelle. C, poignée de la ma

PLANCHE CXX.

étoffes.

nivelle, du centre de laquelle partent les quatre Elevation antérieure de la machine à cylindrer les bras terminés par des boules de plomb qui compofent le volant; trois de ces quatre boules, de forme lenticulaire, font visibles; la quatrièmè eft cachée par les montants de la machine: 22, vis à pitons, qui fixent le collier qui fufpend le rouleau fupérieur à l'entre-toife dd. Au-devant de la machine, eft le rouleau, chargé de la pièce d'étoffe que l'on veut cylindrer.

L'analogie de cette machine eft facile à trouver, en multipliant, par ordre, les analogies particulières de chaque levier; ainfi l'effort du poids r, eft à l'effort qui fe fait en O, comme MO eft à MR, le levier étant du premier genre. L'effort fait en O, eft le même que celui fait en oo, extrémité du le vier inférieur Koo, qui eft du fecond genre; & par la nature de ce levier, on verra que l'effort fait en o o, eft à celui fait en H, comme K H eft à Koo. Voici les deux analogies en proportionsnommant r le poids fufpendu à l'extrémité R du levier fupérieur, & O, l'effort de ce poids, réduit à l'extrémité fupérieure du tirant vertical Ooo, qui unit les deux leviers, & H, l'effort fait en H, pour comprimer les cylindres, le premier levier donne cette proportion.

1.0::MO.MR

Le fecond levier donne celle-ci:

O.H:: KH.Koo.

Fig. 1. a a, a, a a, a, montants antérieurs, fi gnalés des mêmes lettres dans les planches précédentes: KL, barre de fer qui traverse ces montants, & fert d'hipomoclion, ou points d'appui aux leviers inférieurs : K, extrémités des leviers inférieurs, placés au-deffous du rez-de-chauffée, où ils font recouverts de planches: HI, fommier qut foutient les fupports des tourillons du cylindre de bois fg; ED, lanternes qui communiquent le mouvement aux roues dentées, qui terminent le cylindre de cuivre F G. Entre la machine & la muraille, on voit la manivelle ABCD, réunic en D, à l'axe commun des deux lanternes: A, piz vot de la manivelle, près duquel eft fixé le volant: ee, chapeaux qui affemblent les montants, & les contient dans la fituation verticale: M N, barre de fer qui fert de point d'appui aux leviers fupérieurs: OP, extrémités des leviers fupérieurs, audeffus defquels on voit les clayettes qui fixent les

tirants.

2. Elévation perpective d'un des deux fupports des tourillons du cylindre inférieur, & d'une par tie du fommier auquel ils font affemblés: on voit dans cette figure les laguettes qui coulent dans les rainures des montants.

3. Elévation d'une partie de la roue & du cylin dre de cuivre, pour faire voir comment la roue eft affemblée fur le tourillon du cylindre: ce tourillon eft de forme octogone dans la partie qui

Multipliant par ordre, & divifant les deux pre- reçoit la roue. F, ouverture par laquelle on intromiers termes par O, on aurą

T.H::MOX KH.MR Koo:

proportion qui exprime le rapport de la puiffance 7, à l'effort fait en H; effort qui eft la mesure de la compreffion des cylindres.

Dans les figures les diftances MO & KH, font chacune de treize pouces & demi, le bras de levier MR, a deux toifes un pied fix pouces cent foixante-deux pouces, & le levier inférieur Koo, une toife deux pieds cinq pouces cent un pouces. Subftituant donc ces valeurs dans la proportion précédente, elle deviendra r. H:: 13 × 13 162 x 101, d'où on tire que le poids r, eft à l'effort fait en H, comme cent quatre-vingt-deux un quart eft à feize mille trois cents foixante-deux. Divifant le conféquent de ce rapport, par fon antécédent, on aura celui de l'unité un à quatre-vingt-neuf 3: rapport qui ne diffère que très-peu de celui d'un à quatre-vingt dix; prenant donc ce dernier rapport, la proportion ci-deffus deviendra celle-ci, r. H:: 1 à 90, par laquelle on voit que fi le poids r eft de mille livres, la force avec laquelle les cylindres font comprimés, fera de quatre-vingt-dix milliers,

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duit les barres de fer rougies fur un fourneau à grille où elles font échauffées avec du charbon; cette figure ainfi que la fuivante font deffinées fur une échelle double.

4. Autre manière de conftruire le cylindre. Il y a quatre trous dans lefquels on introduit des barres d'une groffeur convenable; cette conftruction pro cure l'avantage d'avoir des tourillons de fer & d'un plus petit diamètre; ce qui diminue confidérablement les frottemens.

J'ai parlé précédemment d'une calandre à cylin dre dont on pouvoit à volonté changer le mouver ment fans changer la direction de fon moteur, & j'en ai expliqué le jeu auffi - bien qu'il m'a été poffible, fans le fecours d'aucune figure; mais j'ai fenti que, faute de ce fecours, cette mécanique feroit difficilement comprife, & qu'il feroit peutêtre impoffible de l'exécuter. Dans cette idée, j'en ai fait deffiner le plan & la coupe, & comme elle n'a point été publiée, que je fache, j'en joins la gravure au recueil des planches de mon Dictionnaire des Manufactures. J'y ai encore été déterminé par un autre motif, étant à Troyes, où eft établie la calandre à cylindre & à engrenage fous terre, dont j'ai parlé précédemment; on m'en fit mystère, à moi, Infpecteur des Manufactures, qui en ai ung

femblable dans mon département, établie de père | en fils depuis quarante ans, dont le mouvement, vifible à quiconque entre dans l'attelier, abfolument le même que celui de la calandre de Troyes, au lieu d'être fous le plancher, eft élevé en-deffus de manière que le cheval tournant paffe par-deffous. Je fus d'ailleurs qu'on me faifoit partager le fort de tous les curieux, à qui l'on refufoit également de voir ce mécanifme; & ce feroit peutêtre en faire acheter trop cher la connoiffance à ceux à qui elle peut être utile, que de les obliger d'aller dans une Province, quelquefois éloignée de leur demeure; c'eft pour leur éviter cette perte de tems & cette dépenfe; c'eft pour eux enfin, & pour l'extenfion des connoiffances utiles aux hommes, que je travaille; voici l'explication des figures de cette calandre.

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A, plan du bâti ou base de la calandre: 4, jumelles ou montans de fes quatre angles.

B, cylindre de cuivre, en vue d'oiseau & en coupe, ayant fon axe commun avec la roue C.

b, jumelles du milieu, avec des feuillures verticales fur leurs faces intérieures, pour le jeu haut & bas de trois cylindres.

C, roue de fer denté, engrenant dans la lanterne ou pignon e.

D, cylindre ou rouleaux de bois d'environ huit pouces de diamètre.

d, vis de preffion des cylindres, par l'entremise de la double équerre E.

E, double équerre en fer, dont les bouts portent fur les extrémités de l'axe du cylindre fupérieur, & preffent ou ferrent plus ou moins les cylindres les

uns contre les autres.

e, lanterne ou pignon de fer, porté par l'axe ou tourillon K, & engrenant dans la roue dentée C.

F, robage en bois du tourillon de fer, cerclé en molles bandes pour foutenir le tourillon & empê-. cher qu'il ne fe torde dans fa longueur.

G, bafcule mouvante par l'action de l'ouvrier, lorfqu'il pofe le pied au point i: cette bafcule a fon point d appui fur un étau en g, où elle eft arrêtée par un boulon; elle eft arrêtée par un autre boulon à fon extrémité h; & elle s'appuie feulement fans y être fixée au point H, d'où elle fe détache quand l'ouvrier preffe en i fur le levier G; elle y retombe quand l'ouvrier ceffe de preffer. Dans le premier cas, la roue fupérieure I engrène dans la lanterne L: alors, le tourillon, fon pignon, la roue dentée C, & le cylindre B, tournent dans un fens: dans le fecond cas, c'eft la roue inférieure I qui engrène dans la lanterne L, & toutes les pièces précédentes tournent dans le fens contraire. Les deux engrenages oppofés fe font au moyen de l'appui de l'axe de la lanterne, qui eft le même que celui du tourillon K au point m fur la bafcule même, qui elève ou abaiffe cette lanterne fuivant

le mouvement du levier ou bafcule. Entre les deux mouvemens extrêmes du pied, fi le mécanisme de l'engrènage eft au bas de l'arbre vertical O, pivotant fur la crapaudine n, ou de la main, fi ce mécanisme eft élevé au-deffus du cheval au tra• vail; il est un milieu où la lanterne, foutenue dans une pofition horizontale, n'engrène ni dans la roue fupérieure ni dans la roue inférieure ; l'ouvrier tient ce milieu lorfqu'il veut arrêter le mouvement de la calandre; les roues de bois tournent auffi long-tems que le cheval marche; comme fur une eau courante, qu'on ne fufpend ni ne détourne, le défengrènage rétablit, change ou rompt fubtile ment la communication du mouvement.

H, étau ou point d'appui de la bascule, à l'angle de fes deux parties.

h, dernier appui où cette bascule eft fixée par un boulon.

I, grandes roues de bois parallèles & horizonta les, dont les alluchons engrènent alternativement dans la lanterne L.

L, ladite lanterne, portée fur l'axe du tourillon K. M, arbre vertical, fervant d'axe aux deux roues de bois I.

N, Emmanchement du levier P dans cet arbre. crapaudine dans laquelle pivote ce même arbre. O, pivot de fer fervant d'axe à cet arbre. P, levier où eft attaché le palonnier p. P, ce palonnier où eft attelé le cheval. Q, maçonnerie en contre-bas du rez-de-chauffée, portant la charpente de la calandre, & envi ronnant le mécanisme du mouvement.

R, ligne ponctuée, indiquant la marche circu

laire du cheval.

r, ligne de terre ou rez-de-chauffée, fait de planches qu'on puiffe lever au befoin, lorfque le mouvement eft en-deffous, & que pour fa communication le terrein eft excavé; fait en terre durcie ou en pavé, lorsque le mouvement étant au-deffus, il n'y a point d'excavation. Dans tous les cas, on jète un peu de fumier fur la trace du cheval, pour lui rendre le marcher plus doux, & éviter la pouffière.

S, plancher ou cloifon horizontale pour garantir de la pouffière & d autres ordures, les roues & autres parties de l'engrénage : ce plancher fert auffi le mystère.

, cloifon verticale qui fépare la calandre où fe tiennent & s'apprêtent les marchandises, du travail du cheval, où, quoi qu'on faffe, il y a toujours de la mal-propreté & de l'odeur.

On fent que la direction de la bafcule peut être plus ou moins rapprochée du lieu des cylindres, de manière, fi l'on veut, que l'ouvrier affis & dirigeant l'étoffe fous la calandre, puiffe la faire agir à l'inftant, & fans fe déranger. Il en eft de même lorfque le mouvement eft en-deffus : cet ouvrier l'arrête ou le change en tirant ou lâchant une corde qui pend au long de l'une des jumelles, & qui eft à portée de fa main.

APPENDICE.

J'AV015 terminé le traité de la foierie lorfquement dérangées, que la manufacture s'eft trouvée

j'ai eu connoiffance des inventions & découvertes de M. Villard, co-propriétaire & chef d'une manufacture d'organfin à Salon en Provence.

Ces inventions, autant que j'en puis juger par plufieurs procès-verbaux, & le rapport de MM. les Commiffaires de l'académie des Sciences, que j'ai fous les yeux, ainfi que les deffins des mécaniques qu'ils décrivent, qu'ils comparent, & d'après lefquels ils rappellent une fuite de procédés & d'expériences, donnent des réfultats fupérieurs à tout ce que nous connoiffons de ce genre. Il est donc important de les indiquer, & c'en eft ici le lieu.

Cependant je n'entrerai pas dans le détail de la conftruction des machines inventées par M. Villard. L'adminiftration l'a chargé, & il s'en occupe en ce moment, de faire conftruire des modèles qui feront dépofès à Paris, afin que toutes les perfonnes qui font dans le cas d'en faire ufage, puiffent les connoître, & en faire conftruire de femblables. Je me bornerai à indiquer les effets de ces machines & à les comparer avec celles de M. Vaucaníon, qui ont pour objet les mêmes opérations.

On peut mettre en queftion s'il feroit avantageux de chercher à augmenter la récolte de foie en France; peut-être cette augmentation ne pourroitelle s'opérer qu'aux dépens de productions plus importantes: mais on ne fauroit douter qu'il ne fût avantageux de tirer un meilleur parti de cette récolte, telle qu'elle eft aujourd'hui, de diminuer les déchets qu'elle effuie par un travail mal entendu, ou d'augmenter fa valeur fans accroître la quantité, en perfectionnant les foies nationales.

On eft encore éloigné de ce but en France; à l'exception d un certain nombre de manufactures, dirigées par des entrepreneurs plus intelligens ou plus foigneux que la multitude de tireurs de foie, & qui encore fourniffent généralement des organfins inférieurs à ceux du Piémont; le refte de la récolte des cocons eft employé à faire des foies fouvent mal filées, fufceptibles du moins de beaucoup de déchet au dévidage & au travail, & qui fouvent auffi ne font propres qu'a faire des trames plus ou moins communes.

La manufacture d'Aubenas en Vivarais, à la perfection de laquelle a tant travaillé M. Vaucanfon, a fourni à la vérité des organfins de qualité égale a celle des organfins de Piemont ; mais malgré l'empreffement des fabricans de Lyon à fe procurer de ces organfins, & le haut prix qu'ils y mettoient, malgré les encouragemens accordés à cette manufacture, fon exploitation n'étoit pas avantageuse à l'entrepreneur, puifqu'après des anpées & au fort du travail, fes affaires ont été telle

& eft reftée dans le plus grand délabrement.

Cet exemple n'étoit pas propre à exciter d'au tres manufacturiers à adopter les procédés établis à Aubenas; auffi a-t-on vu que lorfque l'adminiftration a entrepris de les propager, elle n'y a réuffi qu'en donnant les machines néceffaires aux entrepreneurs, & en leur accordant en outre des encou ragemens capables de les déterminer; encore les procédés dont il s'agit n'ont-ils été établis que dans un petit nombre de fabriques, & ne font-ils reftés en ufage que dans un plus petit nombre encore.

Ce peu d'empreffement des entrepreneurs de manufactures à en faire ufage, femble prouver que M. Vaucanfon a plus travaillé en mécanicien qui cherche à fe faire admirer des favans, qu'en artifte, qui doit être très-utile aux fabriques. Si la perfection a été fon but, il paroît n'avoir compté pour rien les dépenfes, les retards, les longueurs, les réparations: ce n'eft pas calculer au profit

des arts.

M. Villard perfuadé que la perfection en ce genre fe réduit à un objet de curiofité, quand elle eft achetée à trop haut prix, & qu'elle n'eft utile que lorfqu'elle jointe à l'économie, a cherché à allier l'une & l'autre.

Nous allons examiner fuccin&tement les additions qu'a faites M. Vancanson au tour ordinaire à tirer la foie, & nous verrons enfuite en quoi le tour à guindre de M. Villard diffère des deux autres.

On fait que fur le tour ordinaire la tourneufe après avoir paffé les deux fils de foie dans la filière, fixée au-deffus de la baffine, tord ces deux fils entre le doigt index & le pouce, pour former la croifure, les fépare enfuite, les paffe dans les guides du va-&-vient, enfin les arrête fur le guindre ou afple, où chaque fil forme un écheveau.

Il eft aifé de concevoir que la croifure des fils de foie, faite de la manière qu'on vient de l'indiquer, ne peut être régulière. Comme il eft impoffible à la tourneufe de compter les tours, elle en donne tantôt plus tantot moins, mais prefque toujours un nombre infuffifant, parce que, plus les fils font croifés, plus leurs ruptures font fréquentes; ce qui retarde le travail en obligeant la tourneufe de refaire la croilure.

La négligence fur ce point eft la principale cause de l'imperfection des foies; pour s'en convaincre, il ne faut que confidérer les effets d'une bonne croifure.

1. Le frottement réciproque des fils de foie croifés enfemble, en détache une infinité de parties aqueufes, qu'on voit fe diffiper en vapeurs, à l'endroit de la croifure, Ces fils à leur arrivée fur

le guindre étant par ce moyen dépouillés d'une partie de leur humidité, font beaucoup moins fujets, en féchant, à fe coller les uns aux autres; par conféquent le devidage en eft plus aifė.

2°. Les défectuofités nommées côtes, bouchons, &c. que les fils de foie entrainent quelquefois avec eux, franchiffent la croifure lorfqu'elle eft trop foible, & vont fe dépofer fur le guindre; mais fi cette croisure eft affez forte, c'est-à-dire, compofée d'un nombre fuffifant d'hélices, elle oppofe une barrière aux impuretés; elle en arrête la plus grande partie, & elle contribue d'autant à la netteté

de la foie.

3°. Enfin, & c'eft ici l'effet le plus important d'une bonne croifure, elle donne aux fils de foie du nerf, cette confiftance, l'une de leurs qualités les plus précieufes, & qui réfulte de la parfaite adhésion entre eux des différens brins de cocons dont la réunion forme ces mêmes fils; adhéfion qui elle-même réfulte de la preffion qu'effuie chaque fil à fon paffage dans un nombre convenable d'hélices, Ce nombre eft-il infuffifant? L'adhésion eft incomplette; le fil eft fujet à fe rompre, à s'écorcher, à fe divifer parallèlement à fa longueur: il devient velu, bourru; & le duvet dont il fe garnit prive les étoffes qui en font compofées, de ce brillant, de cet état, l'un des grands mérites des étoffes de foie.

M. Vaucanfon, pénétré des avantages d'une bonne croifure, a fourni aux tireufes un moyen de l'opérer aifément : il a placé fur le devant de fon tour un cercle en cuivre à jour, cannelé à l'extérieur de fa circonférence, & garni intérieurement de deux guides diametralement oppofés, dans lefquels font paffés les fils de foie. Ce cercle n'a point d'axe ; il eft foutenu par quatre poulies tangentes à fa circonférence, & communique par une corde fans fin à une poulie en bois à cannelure, enarbrée dans un axe de fer horisontal, terminé du côté de la tireufe par une manivelle qui fe trouve à portée de fa main. On conçoit qu'au moyen de cette manivelle la tireufe pourra aifément donner aux fils de foie autant de tours de croifure qu'on le jugera convenable, puifque la poulie cannelée, fixée à l'axe de cette manivelle, communique le mouvement au cercle de cuivre qui y correfpond. Les fils de foie qui font arrêtés dans les guides attachés à ce cercle, fe tordent néceffairement au tour l'un de l'autre, en avant & en arrière de ce cercle; ce qui forme une double croifure, compofée en total d'un nombre d'hélices, double du nombre des révplutions qu'on fait faire au cercle de cuivre. On preferit ce nombre à la tireufe, qui doit avoir foin de le completter exactement chaque fois qu'elle

refait la croifure.

Au tour ordinaire, le mouvement du va-&-vient fe communique par une corde fans fin, de l'afple à une poulie cannelée, placée dans un plan horifontal fur l'un des côtés du tour. A cette poulie eft un clou excentrique, auquel eft arrêtée, par une

de fes extrémités, une règle légère en bois qui porte deux guides où font paffés les fils de foie.

Mais par ce mécanisme, la distribution de la foie fur le guindre eft fujète à varier; l'humidité ou la féchereffe raccourcit ou allonge la corde fans fin qui embraffe les deux poulies: cette corde eft fujère à gliffer fur leur circonférence. Les mêmes caufes agrandiffent ou diminuent le diamètre de ces poulies. Il réfulte de ces variations que les vibrations du va-&-vient n'étant plus dans une proportion convenable avec les révolutions du guindre, la difperfion de la foie fur celui-ci devient vicieuse, au point de rendre le devidage très-difficile, & de caufer un grand déchet.

M. Vaucanfon a remédié à cet inconvénient, en faifant communiquer le mouvement du guindre au va-&-vient, comme aux tours à la Piemontoife, par quatre roues dentées, dont les diamètres & le nombre de dents font calculés de manière que le fil de foie ne revient fe dépofer fur lui-même dans une même ligne, qu'après que le guindre a completté huit cent foixante-quinze révolutions. Cet intervalle laiffe au fil de foie le tems de fécher en partie avant qu'un autre fil vienne fe joindre à lui: par ce moyen, les fils font moins fujets à fe coller enfemble; le devidage en devient plus aifé, & moins onéreux.

Telles font les principales rectifications que préfentent les tours de M. Vaucanfon (1). Il les a de plus accouplés deux à deux à une même baffine, & prétend diminuer par cet arrangement la dépense pour l'entretien du feu.

Venons maintenant au tour que propose M. Vil lard, pour les petits tirages qui vendent leurs foies grèzes.

Quelqu'ingénieux que foit le moyen employé par M. Vaucanfon pour croifer la foie fur fon tour, il eft furprenant qu'il n'y ait pas reconnu la même inexactitude qu'il a rectifiée dans le mouvement du va-&-vient. En effet, les révolutions de fon cercle en cuivre pour la croifure étant déterminées par une poulie en bois qui mène une corde fans fin, il eft clair que le gliffement de cette corde fur la gorge de la poulie & celle du cercle, l'humidité & la féchereffe auxquelles cette machine eft continuellement expofée par fa fituation au - deffus & tout près de la baffine, cauferont dans fon mou. vement des irrégularités fréquentes.

C'est à quoi M. Villard a parfaitement remédié Sa manière de croifer eft indépendante des varia tions de l'atmosphère ; elle l'eft même de l'attention des ouvrières, qui font difpenfées de compter lequel on ne doit guère compter de leur part. M. les tours des croifures qu'elles donnent; foin fur Villard, après s'être affuré par un grand nombre d'expériences que le nombre de vingt-trois tours

(1) On peut voir dans les Mémoires de l'Académie des Sciences, année 1770, les deffins & la defcription détaillée du tour de M. Vaucanfon,

de croifure eft le plus convenable dans tous les cas, s'eft fixé à ce nombre; de manière que, par la construction de fon rouage à croifer, les ouvrières ne peuvent aller au-delà, & que fi elles reftoient en-deçà, un coup d'œil fuffiroit pour en avertir, parce que les guides où font paffés les fils de foie ne fe trouveroient plus dans une ligne horifontale.

M. Villard regarde comme effentielle l'imparité, ou nombre des tours de croifure, pour éviter l'inconvénient qu'on appelle en terme d'art mariages, qui arrive lorfqu'un des fils de foie fe trouvant plus fort que l'autre, le fait caffer, & l'entraîne avec lui fur le même écheveau.

En effet, cette imparité fait que le fil de foie de la droite de la tireufe, répond au guide de la gauche du rouage à croifer, & que le contraire a également lieu pour l'autre fil; de forte que leur point d'interfection fe trouvant naturellement dans le prolongement de la ligne qui feroit tirée par le milieu de l'intervalle des guides, il faudroit qu'il furvint une très-grande inégalité entre les fils de foie, pour que le fort entraînât le foible. Il n'en eft pas de même, lorfque le nombre des tours de croifure eft pair; alors le fil de la droite de la tireuse fe trouvant répondre au guide de la droite du rouage à croifer, & le même effet ayant lieu pour l'autre fil, ces fils par l'effort qu'ils éprouvent tendent à s'écarter pour fe remettre en ligne droite. Il est évident qu'à la moindre inégalité dans cette fituation forcée, le plus foible cédera au plus fort, & cela arrivera fouvent dans les méthodes où l'on croise au hafard, & fouvent auffi & néceffairement il en résulte du retard dans le travail pour enlever les mariages ou fils doubles, refaire la croifure, & renouer les fils. Le rouage à croifer de M. Villard procure tous les avantages qui résultent d'une croifure exacte & déterminée; il est d'ailleurs de la plus grande folidité.

Dans l'intervalle des battues, on enlève ordinairement hors de l'eau les cocons montans, & on les dépofe fur le bord de la baffine, pour les mettre à l'abri des atteintes du balai que la tireufe promène fur les cocons dont elle veut ramaffer les fils. Cette pratique eft vicieuse: les cocons montans fe defsèchent, & rifquent de fe brûler par l'effet de la chaleur du métal; & quand on les remet dans l'eau pour reprendre le travail, leur fil altéré ne peut fe devider aifément.

que la tireufe fait de battues, eft un défaut réel. M. Villard l'évite en rapprochant, par un mouvement de bafcule fort fimple, les cocons montans des guides qui reçoivent leurs brins réunis. A ce moyen, il n'a plus à craindre le defféchement & la brûlure de ces mêmes cocons, qui font remis à flots par un mouvement contraire à celui qui les avoit élevés.

On a vu précédemment que M. Vaucanfon, pour régler le mouvement du va-&-vient, avoit adopté, avec quelque différence cependant dans la proportion & la difpofition de fes roues dentées, l'engrenage employé aux tours à la Piémontoife; mais les roues de M. Vaucanfon, relativement à leur diamètre, ont un grand nombre de dents que la petiteffe & la forme à angle aigu rend très-fragiles.

M. Villard a trouvé qu'on pouvoit obtenir une diftribution très-convenable des fils de foie fur le guindre, en y employant de même quatre roues d'un moindre nombre de dents, ce qui permet de leur conferver plus de groffeur. Il a fait arrondir ces dents extérieurement & intérieurement; ce qui ajoute à leur folidité, & adoucit en même tems le mouvement. Au moyen de ces changemens, fon va-& vient, d'ailleurs différemment difpofé que celui de M. Vaucanfon,*& beaucoup plus léger, n'oppofe que très-peu de réfiftance au mouvement du guindre.

Mais la perfection du tour à guindre à l'ufage des petits tirages, dont on vient de donner une idée, n'eft pas l'objet effentiel des inventions de M. Villard, qui a eu en vue les manufactures qui ouvrent les foies qu'elles font tirer. Ce n'eft guère en effet que de ces manufactures qu'on peut attendre les foins & les précautions qu'il eft néceffaire d'obferver pour obtenir des foies propres à faire de beaux organfins.

On fait que leur fabrication exige fix opérations. 1°. Le tirage; 2o. le devidage; 3°. le premier apprêt au moulin; 4°. le brevage; 5°. le doublage; 6. le fecond apprêt au moulin, ou torfe. La trame n'exige que quatre de ces opérations; la troisième & la qua trième font fupprimées.

Suivant la méthode propofée par M. Villard, quatre opérations fuffifent pour la fabrication de l'organfin; il fupprime le devidage & le brevage.

trame

Pour celles des trames ordinaires à deux bouts, il fupprime également le devidage, & il fait en deux opérations une nouvelle espèce de qu'il appelle trame à deux bouts adhérens, ou miorganfin, laquelle fort du tirage toute devidée & doublée, & n'a plus à recevoir que l'apprêt de torfe fur le moulin.

M. Vaucanfon fait enlever ces cocons avec une efpèce de cuiller, dans laquelle ils demeurent pendant la battue, & qui fert à les replonger. M. Villard a obfervé un inconvénient attache à l'une & à l'autre de ces pratiques. Les brins de cocons divergens avant leur réunion dans la filière ou dans les guides placés au-deffus de la baffine, fe fèchent Le tour à bobines, au moyen duquel M. Villard dans l'intervalle des battues; leur fubftance gom-abrège & fimplifie ainfi la fabrication des organfins meufe fe durcit de manière qu'à la reprife du travail ils ne peuvent, malgré la preffion de la croifure, s'unir & fe coller enfemble, pour former un feul fil. Cette disjonction répétée autant de fois

& des trames, réunit les avantages du rouage à croifer, & de la bafcule qui hauffe les cocons pendant les battues, pour éviter la disjonction de leurs brins. Dans la vue d'étendre l'ufage de ces méca

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