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Février mil fix cent cinquante. 1650. » Signé : LOUIS. Et plus bas, »PHELIPPEAUX. »

Et fur la fufcription

"A MONSIEUR DUPLESSIS-BELLIERES » MARECHAL DE CAMP EN MES ARMÉES, ET " » COMMANDANT POUR MON SERVICE, EN M VILLE DE DIEPPE. »

COPIE DE LA SECONDE.

«CHERS ET BIEN AMÉS,

« Il vous eft fi ordinaire de donner > des marques de votre fidélité au bien » de cet État, & d'acquérir, par ce moyen, autant de mérite que d'hon>>neur, qu'il Nous femble auffi difficile » de prétendre autre chofe de votre » part, que de vous donner de la nôtre, » de nouvelles preuves de l'affection

que Nous vous portons. Nous ne »laiffons pourtant pas, quoique les » Rois nos prédéceffeurs aient été libé raux de leurs graces envers ceux qui » les ont bien méritées, de conferver » le fouvenir de ce que firent vos pères, >lorfque notre aïeul combattit pour fa

1650. gloire, pour fa vie, & enfin pour le » falut de la France, aux environs de » vos murailles; & Nous voyons, par » la fuite de vos actions, que comme » vous avez été héritiers de leurs biens, » vous l'avez auffi été de leur zèle au » fervice de leur Souverain, qui, ayant » fuccedé à la Couronne de fon père

a pareillement fuccedé à l'amour qu'il >> vous portoit comme vous Nous » l'avez fait voir en la dernière occa»fion qui s'eft préfentée depuis peu >> en notre ville de Dieppe, que votre » fidélité est à l'épreuve de tous les » artifices de la corruption, & qu'il eft > impoffible d'arracher de vos cœurs, » les refpects que vous devez à votre » Roi; Nous avons réfolu, pour vous » témoigner la fatisfaction qui Nous en >> demeure, de vous faire jouir pleine>ment de vos priviléges, de vous les » confirmer, & de les augmenter, s'il » vous en refte à defirer; afin que la » poftérité fache que Nous avons été » auffi reconnoiffant en votre endroit, » que les Rois nos ancêtres, & que

vous n'avez pas moins mérité de » Nous, que les vôtres avoient fait » d'eux. Vous conferverez en vos archives cette lettre que Nous vous fai

» sons, de l'avis de la Reine Régente, 1650. >> notre très-honorée Dame & Mère, afin que vos enfants la montrant aux » Monarques qui Nous pccéderont, » les excite à les avoir en la même » confidération que Nous vous avons, » & que vous l'avez mérité. Cependant >> Nous vous affurons que durant le » cours de notre règne, Nous ferons foigneux de vous départir les effets » de notre bienveillance, & toutes les >> faveurs qui pourront contribuer à » votre avantage, & à l'accroiffement » & richeffe de votre ville. Donné à » Rouen, le dix-huitième jour de Fèvrier » mil fix cent cinquante. Signé: LOUIS. Et plus bas : PHELIPPEAUX ».

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Et fur la fufcription:

« ANOS CHERS ET BIEN-ÂmÉS LES MAIRE, "CONSEILLERS ÉCHEVINS, PROcureur» SYNDIC ET Habitants de noTRE VILLE DE >> DIEPPE. "

Sa Majefté ne borna pas à cette lettre, la preuve de la fatisfaction qu'elle avoit de la fidélité & de la bonne conduite des bourgeois, dans une conjoncture auffi difficile; elle honora

1650. encore de lettres de nobleffe, les Eche vins en exercice, & plufieurs capitaines des compagnies bourgeoifes. It eft vrai qu'ils méritoient cette décoration: mais qu'on nous permette une réflexion fur ces ennobliffements de bourgeois; il en réfulta que loin d'avoir été avantageux à la ville, ils lui ont au contraire été très-préjudiciables.

Certainement les citoyens de Dieppe qui ont été ennoblis par nos Rois, fur-tout ceux qui l'ont été par Henri IV, ainfi que dans cette occafion par Louis XIV, avoient mérité & même gagné cet honneur au péril de leur vie: mais cette décoration perfonnelle a fait perdre à la navigation & áu commerce de leur ville, une grande partie de leur étendue. En effet, ces nouveaux nobles, la plupart négociants & les plus forts armateurs de Dieppe, quittèrent le négoce, & acquirent, avec leurs fonds, des terres fur lefquelles ils furent demeurer, & où leurs defcendants vivent encore. Toutes ces familles refpectables ont donc été perdues pour Dieppe: il y a plus, c'eft que plufieurs des autres familles de négociants riches, & qui

1650.

ne s'étoient pas trouvés dans l'occafion d'être ennoblis comme les autres, devinrent jaloux de la diftinction de ces nouveaux nobles, qu'ils avoient regardés, de père en fils, comme leurs égaux. Ces négociants ne purent étouffer une paffion qui dévore & terraffe les ames les plus fortes, & ils tournèrent leurs vues fur des charges qui leur donnoient la même diftinction, Par cette défertion, la navigation & le commerce furent encore privés de leurs fonds & de leur induftrie. Enfin, du côté du moral, l'émigration de ces bons citoyens fit encore un grand préjudice à la ville; puifqu'elle n'en reçut plus les exemples de vertu, qui auroient porté au bien, les autres ci

toyens.

M. le Duc de Longueville rentra en grace, & le Roi lui rendit le gouvernement de Normandie Ce Seigneur fe rendit à Dieppe le 21 Juin 1651: 1651 les bourgeois fe mirent fous les armes, & tâchèrent, par les honneurs qu'ils lui rendirent, de lui faire oublier la difgrace que Madame de Longueville avoit eue dans leur ville. Ce Prince n'y tefta que deux jours; & comme à fon arrivée M. Dupleffis-Bellières s'étoit

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