Page images
PDF
EPUB
[ocr errors][merged small]

Gouvernement, cette église paroiffiale fut mife fous l'invocation de faint Remi.

1044.

CONQUÊTE de l'Angleterre, par Guillaume le Conquérant; Événements arrivés à Dieppe fous fes Succeffeurs, jufqu'à Philippe-Augufte.

GUILLAUME, fils de Robert-le

Diable, Duc de Normandie, & de la fille d'un pelletier de Falaife, quoique bâtard, fuccéda au Duché de Normandie. Son père avoit fini fes jours à Nicée en Bithynie, l'an 1044. Robert avoit pris la croix, fuivant l'ufage du temps; mais, avant de partir pour la Paleftine, il avoit déclaré Guillaume, fon fils unique, fucceffeur de fes Etats. Ce dernier fe montra digne de cette élévation. Il fut obligé de commencer par foumettre fa propre famille. Télo, Comte d'Arques, & Mauger, Archevêque de Rouen, fils de Richard II, & frères de Robert-le- Diable, ne voulurent point reconnoître l'autorité d'un bâtard, qui leur enlevoit une fi

riche fucceffion. Guillaume obligea le Comte de fe fauver dans fon château d'Arques, l'y affiégea & le fit pritonnier. Le jeune Duc de Normandie se trouvoit trop près de Dieppe, pour ne pas s'y rendre: il y reçut l'hommage de fes citoyens en 1047.

Ayant pacifié fes Etats, & pressé par les invitations d'Edouard-le-Confeffeur, Roi d'Angleterre, Guillaume s'embarqua à Dieppe, d'où il fe rendit à Londres: il y captiva la bienveillance d'Edouard, qui le défigna pour fon fucceffeur à la couronne d'Angleterre.

Celui-ci étant mort fans enfants, les Anglois fe divisèrent fur le choix d'un maître. Guillaume, Edgard, Atheling & Harold avoient chacun leurs partifans; mais le plus grand nombre fe décida en faveur du dernier.

[ocr errors]

1047.

La minorité de Philippe I, & la régence de la France dans les mains 1066. de Baudouin, Comte de Flandres beau père de Guillaume, furent des circonftances favorables, qui affurèrent à ce dernier que la Normandie ne feroit point inquiétée des François pendant fon abfence: c'eft ce qui le détermina à foutenir par les armes, les droits qu'Edouard lui avoit tranfmis fur la

1066.

[ocr errors]

couronne d'Angleterre. Guillaume fit des préparatifs proportionnés à la grandeur de fon entreprife: ce Prince commanda aux Dieppois d'armer tous leurs vaiffeaux, pour tranfporter fes troupes. Ils obéirent avec joie: c'étoit pour eux une occafion de prouver leur attachement à leur Souverain & de fatisfaire leur goût pour les expéditions mari

times.

Leurs navires furent les premiers arrivés dans le port défigné pour l'embar quement de l'armée. On fait que la victoire couronna Guillaume dans la plaine de Péévenfé, au Comté de Suffex, en 1066.

Dieppe tira le plus grand parti de la réunion de l'Angleterre & de la Normandie, fous le même Prince. Notre port étoit celui de la province le plus à proximité des deux Villes capitales de ces Etats. Cette fituation favorable, jointe au penchant décidé de fes citoyens pour la navigation, rendirent cette Ville l'entrepôt des marchandifes des deux nations, & le paffage ordinaire des fujets de l'une & de l'autre. Nos citoyens ont joui de ces avantages jufqu'en 1194.

En cette année, Richard-Coeur-de

Lion Roi d'Angleterre & Duc de Normandie, vint pour reprendre le château d'Arques, dont Philippe-Augufte s'étoit emparé. Celui-ci étoit trop brave pour fe laiffer impunément enlever fa conquête; la gloire & la rivalité, lui donnèrent des ailes. Richard attaqué à l'improvifte, & vaincu fous les murailles du château d'Arques, fe retira dans Dieppe. De fon côté, Philippe voulut tirer tout le fruit poffible de fa victoire : à peine Richard fut-il entré dans cette Ville, que Philippe animant l'impétuofité naturelle des François, livra des affauts d'autant plus vifs & meurtriers, que l'objet en étoit important. Les Dieppois, fidèles à leur Prince, & pour lui donner le temps de s'embarquer, défendirent leurs paliffades avec la plus grande valeur : mais le troifième jour, attaqués de tous côtés en même temps, nos citoyens périrent en grande partie fur leurs foffés, qu'ils ne purent plus défendre.

Philippe - Augufte irrité de cette réfiftance, qui lui avoit fait manquer l'occafion de faire Richard fon prifonnier, & de la perte de quantité de braves François, n'écouta plus que la

I 194.

1194.

vengeance. Sans égard pour la fidélité de nos malheureux habitants envers leur Souverain, ce Prince fit mettre le feu à leurs maifons & à leurs navires, fit détruire leurs paliffades, combler leurs foffés, & ne laiffa que la place où Dieppe avoit été,

Philippe ne mit aucunes bornes à fa vengeance: il fit tranfporter dans le milieu de fes Etats, les citoyens des deux fexes qu'il trouva encore dans Dieppe. La grandeur d'ame de ce Roi eft trop connue, pour ne pas penser qu'il ne se détermina à cette deftruction totale, que par raifon de politique. En effet, notre port étoit le plus fréquenté de la province par les Anglois, qui y faifoient paffer leurs troupes fur les navires que nous leur fourniffions.

On obferve qu'il y a lieu de croire que ce Prince fit camper fon armée à l'endroit fitué à une demi - lieue de Dieppe, qu'on nomme Camp de Céfar: erreur de dénomination, qui a pu venir du furnom d'Augufte, donné à ce Prince; car il ne paroît aucune indication que Céfar foit venu en ce lieu : à moins que Charlemagne, lors de la vifite de nos côtes, pour les prémunie contre les premières incurfions des

« PreviousContinue »