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que cet Ouvrage manque de ce flyle heureux, qui donne aux chofes paffées, la chaleur de la vie ; & je n'ai l'honneur, MES CHERS CONCITOYENS, de vous préfenter que des matériaux qui pourront fervir à une meilleure plume, pour faire l'hiftoire de notre Ville.

Le bombardement de Dieppe, etc 2694, nous a nous a privé d'une grande partie de nos archives, & des titres & notes de familles, qui auroient pu aider à détailler les faits. J'ai été obligé de me refreindre à travailler d'après les Manufcrits de MM. Étancelin, Dablon, Gouïe & Affeline, qui vivoient dans les feizième & dixfeptième fiècles, & de M. Guibert, qui étoit un des Prêtres des plus vénérables & le plus âgé de notre Ville. Ainfi je n'ai d'autre mérite, que celui de la critique des faits, de la vérification de leurs dates, & de l'ordre fous lequet je vous donne cés Mémoires.

Il est étonnant qu'aucun de nos Ci

toyens de l'autre fiècle, qui avoient tous les fecours & les titres que l'incendie nous a enlevés, n'ait pas rendu publiques les expéditions maritimes de nos ancêtres: cet Ouvrage eût guidé Hiftorien de la Navigation Françoife. MES CHERS CONCITOYENS, je vous préfente de grands modèles. Si je n'ai pas rendu les glorieufes actions de vos ancêtres, avec l'énergie qu'elles méritent, je crois néanmoins vous en avoir fait appercevoir les principes. Vos pères n'ont dú leur gloire qu'à leur amour pour leurs Souverains, qu'à la réunion de leurs volontés en une feule, qui n'avoit pour objet, que le plus grand bien de la Patrie & la gloire de leur Ville. Enfin, jamais ils n'ont ambitionné d'étre nommés aux Offices Municipaux ; mais à fe rendre tels, que les gens de bien trouvaffent de la fatisfaction à en remplir les fonctions.

MÉMOIRES

celle de Brotone (1). Tous fe trompent. La preuve en eft fenfible, fi, en raifonnant d'après Grégoire de Tours, on ne peut s'empêcher de croire que la forêt d'Arelanum couvroit autrefois le pays de Caux; car il eft évident que celles d'Orléans & de Brotone n'y font pas fituées, puifque la première en eft à une diftance qui ne permet pas d'en douter ; & la feconde, ainfi que le Roumois, dont elle fait partie, en est féparée par la Seine.

Ce n'eft, en effet, que par le fignalement laiffé par cet hiftorien, qu'on peut reconnoître le terrein où campa Clotaire. Les principaux renfeignements que cet Auteur nous a transmis fur la fituation de ce lieu, fe réduisent à ceux-ci.

On l'appelloit de fon temps Bellencombre, à cause du grand nombre d'arbres qui y avoient été abattus, & il étoit entre Oromella & le Fort d'Arelanum, à-peu-près également éloigné de l'un & de l'autre, & entre les rivières de Varenne & d'Adelanum.

(1) M. de Velly le place dans la forêt de Brotone.,

Ces traits s'appliquent parfaitement au bourg fis fur la première de ces deux rivières, dans la forêt d'Eawy, à côté de celle d'Yaulne, à quatre lieues environ d'Ormefnil qui eft au-deffus, & d'Arques qui eft au-deffous. On le nomme encore aujourd'hui Bellencombre, fans qu'on puiffe affigner à cette dénomination, une autre époque, que celle de l'abattis de bois fait par Clotaire.

On prétend que le mot de Bourreau pour défigner l'Exécuteur de la HauteJuftice, a pris naiffance dans ce même bourg, & que delà il a paffé & s'eft répandu dans le refte de la France. Voici quelle en fut l'occafion. Richard Borel, lors de la création des fiefs, ne put obtenir celui de Bellencombre qu'à la charge de mettre à exécution les condamnations à peines afflictives, prononcées contre les criminels du pays: il fit faire ce fervice par fes valets, & le public s'accoutuma peu-à-peu à les appeller de fon nom.

La mer couvroit encore, & découvroit périodiquement, au commencement du neuvième fiècle, un marais qui, dans une largeur proportionnée s'étendoit jufqu'à une lieue & demi

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où fe trouve le Fort d'Arelanum, aujourd'hui Arques.

Charlemagne inftruit, par les pre mières irruptions des peuples de Nord, en craignit de nouvelles, & voulut les prévenir non content de créer une marine capable de protéger puiffamment les côtes qu'il avoit à garder, ce Prince, dont le génie embraffoit tout, les vifita en perfonne, & mit en état de défense, celles dont la fituation pouvoit provoquer à un débarquement. Cet Empereur ayant reconnu par luimême, que la baie occupée par le marais qu'on vient de décrire, offroit, par fa pofition, des facilités pour une defcente, bâtit en 809, fur la falaife du couchant, un Fort deftiné à en commander l'entrée, fous le nom de Berthe, porté par fa mère & une de fes filles dont on fit bientôt, fuivant l'ufage du temps & du pays, Bertheville : mais cette dénomination dura peu.

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La protection du nouveau Fort, les profits journaliers fur l'approvifionnement de fa garnifon, & les inconvénients multipliés qui réfultoient de l'éloignement de la mer, engagèrent les pêcheurs, qui jufques-là s'étoient retirés fous le Fort d'Arques, à établir leurs cabanes fous celui de Bertheville, au pied même

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