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Mais il eft attaché à la condition humaine de ne produire aucun Ouvrage où il ne fe gliffe quelque imperfection : il n'eft point d'efprit, quelque vafte qu'il foit, qui puiffe tout prévoir; & les Légiflateurs les plus éclairés n'ont pas rougi d'avouer qu'ils devoient plus fouvent au fecours de l'ufage & de l'expérience, qu'à leurs propres réflexions. C'eft cer ufage & cette expérience, plus fûre que les loix mêmes, qui ont montré qu'il manquoit encore quelque chofe à l'entière perfection des Ordonnances qui ont établi les règles de la procédure; & c'est par cette raifon qu'on jugea à propos d'en faire une revifion exacte, foit pour en bannir toute obscurité ou toute équivoque, foit pour fuppléer ce qui y manque en quelques endroits, foit enfin pour effayer de fimplifier encore plus le ftyle judiciaire, d'abréger la longueur & de diminuer les frais de la procédure. Comme il étoit impoffible d'embraffer, en même temps, toutes les parties d'un projet fi étendu, & que les inftructions criminelles font les plus importantes & les plus privilégiées; Louis XV crut qu'il falloit commencer cet Ouvrage par un nouvel examen de l'Ordonnance de 1670;

&, dans le grand nombre de matières que cette Ordonnance contenoit, on donna la préférence à ce qui regarde l'inftruction du faux; foit parce que la rédaction des deux titres qui s'y rapportent n'a pas été faite avec autant d'exactitude, de diftinction & de détail qu'il auroit été à defirer; foit parce que les Juges, obligés de fuppléer, par leur attention, ce qui manquoit à ces deux titres de l'Ordonnance, l'ont expliquée fi différemment, ou quelquefois même avec fi peu de fuccès, qu'il fe trouve peu d'inftructions uniformes & régulières fur le faux. Delà vient qu'il n'y en avoit presque point où l'on ne découvrît des défauts effentiels, qui obligent les Tribunaux fupérieurs à la déclarer nulle. Ce fut donc pour prévenir tous ces Jugemens, que M. le Chancelier d'Agueffeau travailla, fous l'autorité du Souverain, à la rédaction de l'Ordonnance de 1637. M. Ser. pillon, qui avoit étudié, toute sa vie, les loix criminelles, s'étoit fur tout appli qué à éclaircir toutes les queftions qui avoient rapport au crime de faux ; le feul contre lequel nous ayons confervé la voie d'infcription que le droit Romain exigeoit pour les plus grands crimes : c'eft ce qui

a fair dire à Coquille, qu'en France nous n'avons pas reçu la peine du talion, pratiquée chez les Romains, finon en cas de crime de faux, auquel l'infcription eft requife; &, par conféquent, qu'elle a lieu, dans ce cas, contre le calomniateur qui accufe.

Chymie Hydraulique, pour extraire les fels effentiels des végétaux, des animaux, par le moyen de l'eau pure; par M. Je Comte de la Garaye: nouvelle Edi tion, revue, corrigée & augmentée de notes, par M. Parmentier, Pensionnaire du Roi, Maître en Pharmacie, ancien Apoticaire Major de l'armée Saxone & de l'Hôtel des Invalides, Membre de l'Académie Royale des Sciences, Belles-Lettres & Arts de Rouen, &c. &c. A Paris, chez Didot le jeune, Libraire, quay des Auguf

tins.

La première édition de la Chymie Hydraulique parut en 1746. M. le Comte de la Garaye répandoit auparavant, dans le Royaume, les remèdes qui provenoient de fa nouvelle méthode mais

le Roi ayant defiré que ces remèdes, dif

tribués dans le filence, fuffent rendus publics, pour le bien de fes Sujets & de l'humanité, l'Auteur fe rendit bientôt aux vœux de Sa Majefté, & publia fes expériences; & l'on peut dire que jamais homme ne porta à un plus haut degré, l'amour de l'humanité, le zèle du bien public, la fenfibilité pour les malheurs d'autrui, le defir de prévenir & de soulager l'infortuné fouffrant. Auffi M. Parmentier compare-t-il ce vertueux cisoyen à M. de Chamouffet; & voici com me il termine le parallèle qu'il en fait : » Ces deux amis des hommes laiffent de grands exemples à fuivre; j'ofe affurer que leurs imitateurs, quoiqu'en difent » les détracteurs du genre humain, ne font pas auffi rares qu'on voudroit le faire entendre. Le fentiment de bienfaifance nous eft tellement naturel, » qu'en France fur-tout, depuis notre » jeune Monarque jufqu'au dernier de »fes Sujets, l'humanité eft fûre d'avoir fes partifans & fes protecteurs.

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Cette nouvelle édition eft confidérablement augmentée de notes. Dans la multitude de celles qui nous ont paru les plus intéreffantes, nous allons en citer une, que nous prenons au hafard, afin de faire juger du mérite des autres.

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» Il en eft, fans doute, des fels appli qués à l'extérieur, dit M. Parmentier, » comme de ceux que nous prenons inté»rieurement; c'est-à-dire que dans le » nombre il y en a plufieurs qui ont » un effet plus efficace & plus marqué, » que les plantes d'où on les a extraits: par exemple, il eft bien certain que le » fel de Thymelea, pour parler le langage de cette Chymie, ne produira » jamais une action auffi prompte, ni » auffi vive, que le végétal lui-même dont l'ufage, comme topique ou exutoire, eft en vogue, depuis que M. le Roi nous en a fi bien démontré les avantages, dans beaucoup de mala» dies rebelles & difficiles à guérir. A » ce fujet, je dois faire part d'une ob» fervation qui m'a été communiquée » par une Dame aimable & auffi in»téreffante par les charmes de la figure, que par les qualités du cœur & de l'efprit. Madame de B. qu'un tendre & » folide attachement pour fon époux, avoit condamnée, pendant plufieurs » années, aux fonctions pénibles & défagréables d'une garde malade affidue, » a remarqué que quand on fait fubir à » l'écorce du Garou, ou Thymelea, une

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