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atteint leur feptième année. On favoir » que cette illuftre jeuneffe y vivoit fous les loix d'une difcipline févère, qui l'épuroit pour ainfi dire, & la rendoit digne de monter un jour au Temple de » l'honneur; mais ce qui ajoutoit fur-' tout à l'éclat de cette école de Cheva»lerie, c'étoit Emilie, la fille d'Amauri. » La renommée avoit fait connoître à » toute l'Europe les charmes & la cour toifte de cette jeune Beauté. Chaque »père étoit jaloux que fon fils fût formé

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par elle à la Religion & au commerce » du monde ; car on doit fe fouvenir que »les Dames étoient chargées d'enfeigner » à cette fleur de Nobleffe, & le cathé» chifme & l'art d'aimer. Emilie venoit » d'atteindre fa dix-septième année, lors. qu'arrivèrent à la Cour de fon père Roger & Victor de Sabran, deux frères »jumeaux déjà hors de page depuis quatre »ans, & d'une reffemblance fi parfaite, que leur mère elle-même avoit be » foin, pour les diftinguer, de donner à Victor une écharpe écarlate qu'il ne quittoit jamais. Quoique déjà formés » aux fonctions pénibles d'Ecuyer, ils » vouloient perfectionner leur éducation » chez le Connétable, & mériter de re

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cevoir fous lui le haut grade de Chevalier, Trois années leur reftoient enncore à paffer dans ces longues épreu ves, avant de toucher à l'âge de vingt » & un ans, terme ordinaire auquel on pouvoit obtenir l'Ordre de Chevalerie. A peine furent-ils au milieu de cette brillante jeuneffe, raffemblée dans le » Château d'Amauri, qu'une fecrette voix, une certaine fympathie d'humeur firent diftinguer Roger par Emilie. Lorfqu'en tourée d'un cercle nombreux elle tenoit école de Religion & d'Amour, elle s'adreffoit à lui plus fouvent qu'à tout » autre. Le fourire qu'elle donnoit à » les réponses étoit toujours gracieux. Si elle le voyoit difputer à fes camarades » le paffage d'une rivière, la prife de » quelque fortereffe; un tendre intérêt, dont elle ne foupçonnoit point la caufe, tournoit auffitôt fon cœur vers le plus aimable des deux frères, & lui faifoit fouhaiter de lui voir remporter la victoire. De leur côté, Roger & » Victor nourriffoient pour elle une égale » tendreffe: mais comme l'amour reçoit » toujours l'empreinte du caractère de » celui qu'il maîtrife, il étoit modeste, » intéressant dans Roger; dans Victor

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» ardent,

ardent, impétueux & toujours voifin » de la jalousie ».

L'Auteur, dans la fuite de cette Nou velle, nous développe ces deux, caractères par les fentimens qui leur font propres, & par des actions relatives à l'ancienne Chevalerie. Il tire même fon dénouement du choc de ces deux caract tères; mais ce dénouement pourra révolter quelques Lecteurs. Ils fouffriront de voir la belle Emilie exiger de Roger une vengeance cruelle d'un Chevalier qui avoit refufé de fecourir une Beauté malheureufe. Ce Chevalier difcourtois fe rend à un tournois que Louis donnoit à Paris pour célébrer les noces des Princes Robert & Alfonfe, frères du Monarque. Roger, pour obéir à fa Maîtreffe, cherche l'inconnu dans la lice, l'appelle au combat, l'attaque, & le bleffe à mort. Il s'approche de fon ennemi renverfé, lui détache fon cafque & découvre fon vifage. Quel coup de foudre pour le Chevalier victorieux! « C'est » mon frère, s'écria t-il, c'eft Victor » que j'ai égorgé »! Et il tombe fans force, fans voix & fans chaleur à côté du mourant. Quelques mois s'écoulèrent avant que Roger pût fe confoler de fon II. Vol.

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crime involontaire; mais enfin l'amout triompha de fa douleur. « Emilie, dit »l'Historien, devenue l'époufe de fon amant, redoubla de foins & de tendreffe, & ferma une plaie qui avoit faigné trop long-temps ».

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Précis des maladies chroniques & aiguës; par M. Didelot; fervant de fuite à l'avis aux gens de la campagne du même Auteur: contenant l'histoire des maladies, la manière de les traiter, d'après les plus célèbres Médecins; avec des remarques & des obfervations très-intéreffantes pour la pratique.

Inventionis remediorum omnium due nobis ¡funt inftrumenta, videlicet experientia & ratio.

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Gal.

2 vol. in 12. A Nancy, chez Matthieu, Marchand Libraire.

L'Auteur, dans un Difcours préliminaire qui fert d'introduction à cet Ou vrage, nous entretient des changemens & des altérations qui s'opèrent dans la nature, & particulièrement qu'éprouve le corps de l'homme. « Ce corps n'eft

» pas plutôt arrivé à fon point de per»fection, qu'il commence à déchoir; le dépériffeinent eft d'abord infenfible; il fe paffe même plufieurs années avant

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que nous nous appercevions d'un chan •gement confidérable: mais à mesure » que nous avançons en âge, les os, les cartilages, les membranes, la chair, » la peau & tous les fibres du corps de» viennent plus folides, plus dures & » plus féches; toutes les parties du corps »fe retirent, fe refferrent; tous les mou» vemens deviennent plus lents, plus difficiles; la circulation des fluides fe » fait avec moins de liberté, la tranfpi» ration diminue, les fecrétions s'a tè»rent, la digeftion des alimens devient » lente & laborieufe; les fucs nourriciers » font moins abondans, & ne pouvant être reçus dans la plupart des fibres, » devenus trop foibles, ils ne fervent plus à l'entretien ; ces parties, trop lo»lides, font des parties déjà mortes puifqu'elles ceffent de fe nourrir; le » corps meurt donc peu à peu & par » parties; fon mouvement diminue par degré; la vie s'éteint par nuances fuc» ceffives, & la mort n'eft que le dernier » terme de cette fuite de degrés, la der» nière nuance de la vie ».

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