Aux trois Capotes du Eal de S... Mde de P... Mde de L... & Mlle B... que l'Au
teur n'avoit pas reconnues fous ce déguifement, & à qui il n'avoit pas même parlé dans le Bal.
PARDON, Meldames les Capotes ;
Hélas! je m'en veux bien du mal. Oui, j'ai méconnu dans le bal Votre prix fous ces paquingotes. Quels yeux ne s'y feroient trompés ? Dans un coin, toutes trois affiles, Tous vos charmes enveloppés, Aux regards ne donnoient point prifes, Mon cœur, (vit-on telles méprises!) Mon cœur vous pafloit sous le nez Sans reflentir les moindres crifes. Revenez-y, Capotes grifes, Nous n'y ferons plus attrapés ?
Mais vous partez fans qu'on vous voie; Alors le fecret eft connu.
Ciel! j'apprends ce que j'ai perdu... Guillaume, en apprenant que l'oie
* L'Auteur avoit joué le même jour le rôle de Guillaume dans l'Avocat Patelin.
Vient d'être mangée à dîné, Ne fut jamais fi confterné.
Encor fi la jeune Capote, Qui complettoit votre trio, Eût fait danfer fon domino; Cette grâce qui la dénote. Me l'eût fait connoître bientôt. A fon maintient noble & modefte, A la juftefle de fes pas, A fa taille élégante & lefte, J'aurois preffenti les appas, Et je tenois la clef du refte. Enfin je ne devinai pas
Que ces triftes métamorphofes Tenoient tant de grâces encloses; Mais je retiendrai la leçon,
Et ne verrai plus de buison
Que je n'aille y chercher des rofes.
Par M. de J.....
EPITRE A LA FOLIE.
Toi que ce fiècle ofe profcrite,
Qui cependant fur les efprits Exerces un fi grand empire, Comme l'attefte le délire
De tant d'extravagans écrits;
Toi que fous le nom de Thalie Sifflent aujourd'hui nos Savans, Epris des beaux raisonnemens De Melpomene travestie, En Philofophe de ce temps ; Permets, agréable Folie, Qu'un de tes moindres lectateurs, Par l'offre d'un fincere hommage, Publiquement te dédommage Du mépris de tes détracteurs. Je pourrois, en fuivant l'usage, Satisfaire ma vanité,
Et me parer En depit de la vérité:
du nom de fage
Mais, d'une fagelle empruntée, Je hais les vains rafinemens:
J'aime mieux, portant ta livrée, Partager tes amusemens.
Ce goût anti philosophique Pourra prêter à la critique
Des cercles brillans de Paris :
Ah! dira Life à fa toilette,
Où le trouve un fringuant Marquis, Un Savant, un jeune Poëte: Il faut être bien pea jaloux D'illuftrer un jour fa mémoire, Pour fe faire une vaine gloire D'être mis au nombre des fous:
A la décifion de Life
Chacun d'abord applaudira: Notre Marquis perfifflera L'Auteur d'une telle fottife; Le Savant le réfutera Par les règles de l'analyse; Le Poëte le confondra Par une piece raisonnée; Où galamment il soutiendra Que Life eft de vertus ornée, Charmante, fage, & cætera, Que quiconque en difconviendra Doit avoir la tête tournée, Ce que fans peine il prouvera. De grâce, athlète redoutable, Calmez un peu votre courroux: Qui, malgré fon ton aigre-doux, Life, je l'avoue eft aimable: Avec du fard & des bijoux Elle peut même être jolie: Mais elle n'eft pas plus que vous Mon cher, exempte de folie. N'eft-elle pas, depuis un mois, Folle de ce Marquis volage, Qui porte un inconftant hommage A cent Beautés tout à la fois ? Et ce Marquis, dont la parure, Les petits airs de conquérant
Font le principal agrément, N'eft-il pas fou de fa figure? Et ce Savant, plein de travers, N'eft-il pas fou de fa fcience? Et vous, parlez en confcience, N'êtes-vous pas fou de vos vers? C'est ainsi, charmante Déefle, Que tu fais, fur des cœurs divers, Répandre une agréable ivreffe, Et par-là te rendre maîtresse Des habitans de l'Univers.
Qui peut donc empêcher les hommes De reconnoître tes arrêts ?
Nous te devons ce que nous fommes, Et nos plaifirs font tes bienfaits. C'est toi dont la main complaifante Sans cefle à nos regards préfente Les fpectacles les plus flatteurs ;
Toi qui ranimés l'espérance
D'un malheureux, dont les douleurs
Auroient épuifé la conftance;
Toi qui, lorfque du fort jaloux La fureur fur nous se déchaîne, Sais guérir les plus rudes coups Que nous avoit portés la haine. L'homme, privé de ton fecours, Etudie en vain la sagesse: Les nuages de la tristesse
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